LA DESTINÉE DU DOUBLE ÉTHÉRIQUE
Le double éthérique est la contrepartie éthérée du corps grossier de l'homme. C'est ce double que, pendant la vie, l'on aperçoit quelquefois près du corps, et dont l'absence plonge ce dernier dans une espèce de coma ou semi-léthargie. Ce double étant le réservoir ou véhicule du principe de vie pendant la vie terrestre, sa sortie du corps se fait sentir par un ralentissement général de toutes les fonctions vitales, même lorsque le fil qui unit ces deux corps persiste. Comme nous l'avons déjà dit, la rupture de ce fil c'est la mort du corps.
Quand le double éthérique abandonne définitivement le corps, il ne s'en éloigne pas beaucoup et flotte généralement au-dessus de lui, dans un état de rêverie paisible, à moins que de violents chagrins, de bruyantes émotions n'entourent le cadavre dont il vient de se séparer. [37] Et ici, nous saisirons l'occasion de dire combien il est nécessaire d'observer une grande tranquillité et de rester maitre de soi, dans la chambre mortuaire, pendant que le double éthérique se retire du corps en entrainant avec lui les principes supérieurs, aussi bien qu'après qu'il s'est retiré. Car, pendant ce temps, l'Égo voit passer rapidement devant lui sa vie tout entière, comme l'ont raconté certaines personnes qui, pendant la submersion, sont passés par cet état spécial de conscience, tandis que leur corps se trouvait comme mort. Un Maitre a écrit :
"Lorsque nous touchons à nos derniers moments, notre vie tout entière se réfléchit dans notre mémoire, et les faits les plus oubliés surgissent de tous côtés ; une image chassant l'autre, un évènement succédant à l'autre… L'homme peut souvent paraitre mort, et pourtant, même après sa dernière respiration, après le dernier battement de son coeur, après que le dernier degré de chaleur ait abandonné le corps, le cerveau pense et l'Égo revoit toute sa vie en quelques instants. Parlez bas, vous qui vous trouvez auprès d'un lit d'agonie, en face de la présence solennelle de la mort ! Et, surtout, gardez le silence, au moment où elle a saisi le mourant de sa main de glace. Parlez bas, je le [38] répète, de peur de troubler la tranquillité de ses pensées, et d'empêcher le passé de compléter son oeuvre en projetant ses reflets sur le voile de l'avenir." 13
C'est le moment où les formes-pensées sans nombre qui ont agité la vie qui vient de s'éteindre, se groupent autour de celui qui les a créées. Elles s'entrecroisent, s'entrelacent pour former l'image complète de cette vie, et c'est alors qu'elles sont empreintes, dans leur totalité, sur la lumière astrale. Les tendances prédominantes, les pensées et les habitudes les plus enracinées, affirment leur suprématie et forment les signes caractéristiques qui apparaitront dans les incarnations successives, et auxquels on donne le nom de "qualités innées". Cette minute solennelle, où se fait comme un compte rendu de la vie et la lecture des annales karmiques, est bien mal choisi par les parents et amis pour donner libre cours à leur douleur.
"Au moment solennel de la mort, même lorsque cette mort est soudaine, tout homme voit reparaitre devant lui les scènes de sa vie passée, jusque dans leurs moindres [39] détails. Pendant un court instant, la personnalité devient une avec l'Égo individuel qui sait tout. Mais cet instant suffit pour lui montrer l'enchainement des causes qui ont déterminé toutes les actions de sa vie. Il se voit et se comprend alors tel qu'il est véritablement, sans se flatter, sans se faire illusion. Il lit sa propre vie, restant comme un spectateur qui regarde la scène qu'il est en train de quitter." 14
13 Man : Fragments of Forgotten History, pp. 119-120.
14 Clef de la Théosophie, H. P. Blavatsky.
À cette vision éblouissante succède, pour le commun des mortels, l'état paisible et rêveur, à moitié léthargique, qui a été décrit plus haut, et, pendant ce temps, le double éthérique flotte au-dessus du corps auquel il a appartenu et dont il est, à ce moment, entièrement séparé.
Quelquefois ce double est aperçu dans la maison ou dans le voisinage, quand la pensée du mourant s'est portée fortement vers quelqu'un qu'il a quitté, ou lorsqu'il n'a pu achever une chose qui lui tenait à coeur, qu'il est inquiet et agité, ou, encore, lorsque quelque dérangement particulier est venu troubler la tranquillité de son départ. Dans ces conditions, ou dans d'autres de même nature, le double éthérique peut être vu ou entendu. Il a l'air rêveur, distrait ; il est silencieux, vague et indifférent.
Comme les jours s'écoulent, les cinq principes [40] supérieurs se dégagent peu à peu de leur enveloppe éthérique et l'abandonnent, de même qu'ils ont abandonné déjà le corps physique. Ils passent alors, comme entité quintuple, dans un état qui formera un prochain sujet d'étude, laissant le double éthérique avec le corps dense, dont il est la contrepartie ; le double éthérique devient ainsi un cadavre astral, tout comme le corps est devenu un cadavre physique. Ces deux cadavres restent l'un près de l'autre, et se décomposent ensemble. Ces fantômes éthériques sont vus quelquefois dans les cimetières par les clairvoyants. Ils ressemblent parfois au corps physique de la personne morte, quelquefois affectent la forme d'un brouillard léger ou d'une faible lumière violette. Un de mes amis vit, une fois, un de ces cadavres éthériques dans un état de décomposition repoussante ; vision horrible qui, dans ces cas, ne rend certainement pas le don de clairvoyance désirable ! Cette décomposition continue pari passu, jusqu'à ce que tout le corps physique, à l'exception du squelette, ait disparu. Les particules ainsi dispersées vont former d'autres combinaisons.
L'un des grands avantages de la crémation, indépendamment des raisons sanitaires qui militent [41] en sa faveur, c'est qu'elle rend plus promptement à la Mère-nature les éléments matériels et éthériques des cadavres, réduits par la combustion. Au lieu d'une décomposition lente et graduelle, c'est une dissociation rapide, et il ne reste aucune particule de ces deux corps qui soit capable de devenir une source de maux sur les plans auxquels ils appartiennent.
On peut donner un semblant de vie aux cadavres éthériques après la mort, mais seulement pour un court espace de temps. Le Dr Hartmann écrit à ce sujet :
"Le cadavre récent d'une personne morte subitement peut être galvanisé et acquérir un semblant de vie par l'application d'une batterie galvanique. De même, on peut donner au cadavre astral (éthérique) une vie artificielle, en lui transmettant une partie du principe vital d'un médium. Si ce cadavre astral a appartenu à une personne intelligente, il parlera comme une personne intelligente ; si c'était le cadavre d'un sot, il parlera comme un sot." 15
15 Magic, White and Black, pp. 109-110, 3e édition.
Cette horrible action ne peut être exécutée que dans le voisinage du cadavre physique et pendant très peu de temps après la mort ; mais il a été enregistré de semblables cas de galvanisation [42] du cadavre éthérique, pratiqués sur la tombe de la personne défunte. Inutile d'ajouter que c'est là un acte très coupable et qu'il entre dans le domaine de la Magie noire. Si le cadavre éthérique et le cadavre physique ne sont pas promptement détruits par le feu, il faut les laisser dans le silence et l'obscurité, silence et obscurité qui font, de celui qui les trouble, le pire des profanateurs.