EQUILIBRE ACIDO BASIQUE ET VIE BIOLOGIQUE

EQUILIBRE ACIDO BASIQUE ET VIE BIOLOGIQUE

soren sorensen

C’est en 1909 que le chimiste danois Sörensen introduit la notion de pH, dans un mémoire resté fameux et intitulé : « Etudes enzymatiques. Sur la mesure et la signification en ions hydrogène dans les processus enzymatiques ».
Peu compréhensible pour les profanes, ce mémoire, écrit en langage scientifique, explique à l’aide de formules chimiques et de graphiques les caractéristiques des composants d’une solution acide ou basique (alcaline). Très en vogue pendant plus d’un siècle, ils furent plus ou moins abandonnés dans les années cinquante, c’est-à-dire après l’avènement de la chimie.

LE PH: UN PEU DE BIOCHIMIE

Pour les scientifiques, pH veut dire puissance d’hydrogène ou exposant d’hydrogène. Ce qui, en clair, signifie mesure de la concentration en ions d’hydrogène d’une solution et réactions biochimiques qu’ils entraînent au sein de cette solution en sachant que celle-ci peut, selon qu’elle gagne ou perd des ions d’hydrogène, évoluer vers l’acidité ou, au contraire, l’alcalinité.

PH ET BIOLOGIE

Les fonctions organiques de l’être humain obéissent également à des constantes biologiques soit acides, soit basiques. Ainsi le cerveau et le liquide céphalorachidien sont alcalins leur pH varie entre 7,9 et 8,1.
La bouche et la salive sont naturellement alcalines pH: de 7,1 à 7,4 (la salive contient des bicarbonates qui sont chargés de neutraliser les toxines alimentaires acides et l’acide lactique issus du sucre et des hydrates de carbone).
Le sang est alcalin, son pH normal, à la température du corps, varie entre 7,38 et 7,43.
Le pH de l’humeur aqueuse et celui de la lymphe sont voisins de 7,9, donc alcalins. Le pH de l’oreille interne se tient aux alentours de 7,4. Les diverses sécrétions (mucus, glaire, bile, larmes, sécrétions utérines, sperme) sont généralement tamponnées (alcalines) pour maintenir la réaction du milieu dans une zone favorable à l’activité des enzymes (diastases).
Les selles normales sont très légèrement alcalines (pH entre 7 et 7,5) : un pH de 6 est donc signe de fermentations anormales. En revanche, les sécrétions de l’estomac sont très acides : le suc gastrique contient de l’acide chlorhydrique libre et son pH est voisin de 1 (du moins chez l’adulte, car le contenu de l’estomac du nourrisson présente un pH supérieur à 5).
Les sécrétions vaginales sont acides par la présence d’acide lactique leur pH est de 4,5. Le pH normal de l’urine est acide et varie entre 5,8 et 6,2.
Les acides biliaires ont un pH qui varie entre 3,8 et 4,3.
Tous ces pH biologiques correspondent à l’état normal.
Des variations entraînent des troubles pathologiques. Sont acides : les vinaigres - le jus de citron - le jus d’orange - le jus de groseilles - les acides organiques : acide urique.

EQUILIBRE ACIDO-BASIQUE ET VIE BIOLOGIQUE

Acide lactique - l’acide chlorhydrique - l’acide nitrique - l’acide sulfurique - le yoghourt - les tomates - le miel. Sont basiques ou alcalins : les bicarbonates : de calcium, de potassium de sodium - les hydroxydes : de magnésium, d’aluminium - les pommes de terre - les légumes verts crus ou cuits : salades, haricots verts, chou - le lait - les eaux minérales alcalines.
Les phénomènes vitaux ne peuvent se produire que dans une zone très limitée de pH, en dehors de laquelle toute vie, depuis celle du plus simple des micro-organismes jusqu’à celle de l’homme, peut être paralysée. Une telle sensibilité aux variations du pH nécessite une possibilité de régulation très efficace : les milieux biologiques sont tamponnés, c’est-à-dire alcalins.
Ainsi, l’eau des mers dont on pense aujourd’hui qu’elle fut la soupe prébiotique, d’où les premières formes vivantes émergèrent et des océans constitue un énorme milieu tamponné : la vie n’y est possible que si le pH varie en moyenne entre 7,5 et 8. Une acidification du pH marin (fonte des glaces, pluies acides, chaleur excessive) entraîne les migrations saisonnières de certains poissons qui ne peuvent se développer en milieu trop acide.
Chez les animaux supérieurs et chez l’homme, c’est le pH du milieu intérieur qui reste constant : le pH du contenu cellulaire varie peu, tout comme celui du milieu extra-cellulaire.

LES MODIFICATIONS DU PH

Le Dr Kousmine explique que l’alimentation et le métabolisme tendent à provoquer dans l’organisme de grandes variations de l’acidité ou de l’alcalinité. Un régime riche en viandes sera acidifiant car les acides aminés soufrés des protides fournissent de l’acide sulfurique.
De même un régime trop riche en yoghourts, surtout ceux qui contiennent de l’acidophilus bifidus, crée un terrain acide en vidant l’intestin de ses réserves alcalines. L’intestin utilise ses bicarbonates et ses hydrogénates pour neutraliser l’acidité naturelle du yaourt.
La publicité outrancière de certaines multinationales alimentaires faite à la télévision pour inciter à la consommation excessive de yaourts est un véritable scandale, surtout lorsqu’elle s’adresse aux enfants qui, on le sait, ont besoin de leurs réserves alcalines pour protéger leurs dents et leur squelette.
Même chose pour les régimes trop riches en miel ou tout simplement en sucres, qui sont des aliments potentiellement acides puisqu’une partie des glucides sera transformée en acide lactique, acidificateur de terrain. En revanche, un régime trop riche en végétaux apportera au contraire un excès de bases.

LE DESEQUILIBRE ACIDO-BASIQUE DANS L’APPARITION DES MALADIES FONCTIONNELLES ET INFECTIEUSES

Force est de reconnaître aujourd’hui, en raison de nos habitudes alimentaires et du mode de vie que nous menons, que si l’équilibre acido-basique est rompu, c’est presque toujours vers l’acidification. Le déséquilibre acido-basique, dans le fonctionnement des différents systèmes organiques de l’être humain (sang, lymphe, humeur, bouche, estomac, vésicule, intestin, peau, poumons, reins) entraîne la surcharge du terrain organique en toxines diverses. Les déchets qui s’accumulent sont soit des substances exogènes qui ont trouvé le terrain favorable à leur prolifération (microbes, parasites), soit des toxines alimentaires résiduelles qui n’ont pu être éliminées (acide urique, urée, cholestérol, plaque d’athérome).
La surcharge du terrain en déchets provoque de graves dommages à l’organisme. Les sérums et liquides organiques qui charrient les déchets s’épaississent et circulent de plus en plus difficilement. La circulation sanguine et l’irrigation des tissus se ralentissent et les échanges cellulaires s’appauvrissent. Les substances nourricières et l’oxygène actif ont de la peine à être véhiculés jusqu’à leur site d’utilisation.
Outre les troubles fonctionnels qui en résultent s’ajoutent les lésions provoquées par l’agressivité des déchets. Les toxines acides ou basiques (plus rarement) irritent, enflamment et finissent par détruire les tissus.
Le déséquilibre acidobasique organique entraîne chez l’être humain l’apparition de maladies ponctuelles, chroniques ou dégénératives. Si les deux premières constituent un état morbide facilement réversible (mycoses, aphtes, gastrites, colites, migraines, eczémas, cystites, sinusites), il en va tout autrement des maladies dégénératives. Rien ne résiste aux toxines acides et à leur agressivité. Les tissus osseux, les articulations, les vertèbres sont rongés, cariés, corrodés, induisant des arthroses dégénératives.
De même l’organisme, en puisant sans cesse dans les réserves alcalines intestinales pour neutraliser les toxines acides, finit par déstabiliser la flore microbienne saprophyte intestinale. 400 germes saprophytes vivent dans l’intestin, et ce, en bonne intelligence avec l’organisme. Leur rôle est d’assurer la pérennité du système immunitaire en neutralisant les germes pathogènes. Une simple modification du pH intestinal (naturellement alcalin) vers l’acidité entraîne la prolifération de germes pathogènes avec l’apparition de maladies, hélas trop bien connues : colibacilloses, cystites, pyélonéphrites, mycoses digestives, sinusites, angines, etc.

« DIS-MOI CE QUE TU MANGES, JE TE DIRAI DE QUOI TU SOUFFRES ! »

Les terrains trop acides seront corrigés en supprimant les causes d’acidification. La désacidification entraînera ipso facto la disparition des troubles locaux. Ces derniers néanmoins devront faire l’objet de soins attentifs, tant internes qu’externes et ce avec les médicaments ou topiques nécessaires. Catherine Kousmine disait toujours : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai de quoi tu souffres ! »
Elle prétendait avec raison que l’équilibre acido-basique passe obligatoirement par une réforme diététique complète. Elle préconisait dans un premier temps un régime faiblement protéiné et riche en végétaux : légumes verts crus et cuits, en céréales et fruits alcalins (bananes, châtaignes, fruits secs sauf l’abricot) et, bien sûr, les eaux alcalines. Progressivement, il conviendra d’introduire dans ce régime des protéines d’origine animale : fromages, oeufs et, une fois ou deux par semaine, des dérivés lactés (yaourt maison ou fromage blanc).
Enfin et en cas de forte acidité organique il pourra être utilisé des citrates organiques qui rechargeront les réserves alcalines. L’alimentation préconisée par le Dr Kousmine, qui comportait des oléagineux et des huiles végétales de première pression à froid, était riche en acides gras polyinsaturés. Elle fut un véritable précurseur, dont la science confirme aujourd’hui les découvertes empiriques. Mais elle n’avait pas perçu la fragilité de ces acides gras aux radicaux libres, et le rôle important des vitamines anti-oxydantes.

GRANDS EMONCTOIRES ET EQUILIBRE ACIDO-BASIQUE

Les grands émonctoires (les reins, les intestins, les poumons et la peau) jouent un rôle capital dans l’équilibre acido-basique de l’être humain. Les personnes en bonne santé sont celles dont les émonctoires, à leur insu, assurent le rôle d’éliminateurs des toxines organiques.
Dans l’équilibre acido-basique, le rein est l’organe qui a la fonction éliminatrice et régulatrice la plus importante. Il est le seul organe capable d’éliminer par les urines les ions H+ (anions acides) liés à des anions non volatiles et il adapte sa sécrétion pour maintenir constant le pH du plasma.
Les poumons ensuite interviennent dans la régulation de l’équilibre acido basique en apportant au sang, aux protéinates du plasma et à l’hémoglobine du gaz carbonique qui est transformé en système tampon alcalin par sa conversion biochimique en hydrogénocarbonate, acide carbonique qui maintient le pH du sang entre 7,38 et 7,43. Les intestins participent également à l’équilibre acido-basique organique par l’élimination dans les fèces des toxines acides, des acides et sels biliaires, du cholestérol, des toxines lactiques acides.
La peau enfin joue également un rôle déterminant dans le nettoyage cellulaire par l’élimination dans la sueur de l’excès d’acide urique hautement corrosif. ¦