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Catégorie : CORPS SUBTIL
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Corps astral

Le corps astral est, en occultisme, l'un des sept corps dont les êtres humains sont censés être constitués. Il vient en troisième après le corps physique et le corps éthérique (voir Septénaire). Son nom vient de ce qu'il se composerait de forces et de substances empruntées au plan astral. Il disposerait d'organes suprasensibles nommés différemment selon les traditions ésotériques, comme les fleurs de lotus ou chakras. Parmi les êtres vivant sur Terre, seuls les humains et les animaux en possèderaient un. Uniquement perceptible grâce au don de clairvoyance, il entourerait les êtres vivants et serait animé d'une sorte d'aura parcourue de courants colorés et lumineux qui refléteraient leur état psychique.

Synonymes selon Pierre A. Riffard[1] : « âme sensitive » (chez Aristote), « corps-âme » (soul body chez Crookall), « corps de désir » (chez les hindouistes et les théosophistes), « corps émotionnel », evestrum (chez Paracelse), « force neurique » (dans le magnétisme animal), kâma-rupa (en sanskrit, « forme de désir »), première composante du linga-sharîra (« corps-signe »).

Histoire de la notion

« Différent de ce soi qui consiste en l'essence de l'énergie vitale [le prânamaya-kosha, l'enveloppe vitale, le corps éthérique], bien que situé à l'intérieur de l'enveloppe de celui-ci, se trouve un autre soi intérieur qui, lui, est fait de conscience, de matière mentale (manas). Oui, c'est par lui qu'est remplie l'enveloppe d'énergie vitale. Et ce Soi possède également la forme humaine, calquée sur celle de l'enveloppe d'énergie vitale. Les mantra [formules liturgiques] du Yajur-Véda sont bel et bien sa tête ; ceux du Rig-Véda sont son flanc droit ; ceux du Sâma-Véda, son flanc gauche ; la portion des Véda portant le nom de Brâhmana est son tronc ; les mantra “vus” par Atharvangiras, le Rishi [prophète des Véda], sont ses membres inférieurs et son support. » Taittirîya-Upanishad [1] (VIIe s. av. J.-C.).

« Cette théorie admet entre le corps physique et l'anatomie et l'esprit immortel et la psychologie un principe intermédiaire chargé d'assurer les relations des deux extrêmes et qui relève du domaine de la physiologie (...) Les anciens hermétistes nommaient ce principe corps formateur ou corps astral et c'est à lui qu'ils attribuaient cette conservation et cet entretien des formes de l'organisme. Or, je puis dire que l'étude de ce corps astral, que je poursuis depuis bientôt dix ans, m'a permis d'établir une explication très scientifique de ces étranges phénomènes hypnotiques et spirites qui déconcertent tant en ce moment certains professeurs de la Faculté de Paris. » (Notes d'autobiographie spirituelle, in L'Initiation, décembre 1895).

Manifestations

Phénomènes et expériences qui, selon les ésotéristes, prouveraient l'existence du corps astral :

  1. le sommeil profond. L'existence du corps astral serait attestée par le sommeil profond sans rêve. D'après Rudolf Steiner, « chaque soir, en s'endormant, l'homme sort de son petit univers, de son microcosme, pour entrer dans le grand univers, le macrocosme, et il s'unit à ce macrocosme en y répandant son corps astral et son Je » (Macrocosme et microcosme, p. 29).

  2. les expériences d'hypnotisme, de magnétisme animal. Certaines ont été exposées par Alfred Binet et Charles Féré [4] [24]. Les passes magnétiques, les séances d'hypnose permettraient de séparer le corps astral du corps physique.

  3. la bilocation. Quand des saints se trouvent, dit-on, en deux lieux à la fois, il y aurait le corps physique en un lieu, le corps astral en un autre. « Jeanne-Marie Bonomo (de Bassano) relate elle-même des détails de ses voyages. Elle se trouvait, pendant ses extases, transportée dans des lieux éloignés, adressant la parole et donnant des conseils à certaine spersonnes qui en éprouvaient le besoin et qui attestèrent l'avoir vue et entendue alors que les religieuses de sa congrégation affirment qu'elle n'avait pas quitté sa cellule » (Hélène Renard, Des prodiges et des hommes, 1989, Pocket, p. 231-232).

  4. le voyage astral. Lors de l'expérience de décorporation, ou Out-of-Body-Experience, le corps astral se détacherait et vivrait une vie autonome. Voici le témoignage de Mollie Fancher, de New York : « Je tombe en extase, je sors de moi-même, je vais deci delà, et je vois beaucoup de choses. Parfois j'entre dans une maison, je regarde la disposition des pièces, mais je n'aperçois personne. D'autres fois, je vois des gens et rien d'autre. »[25]. Les psychiatres restent en désaccord sur cette interprétation.

  5. la transe chamanique. Le chaman déclare d'une part que la maladie est due au fait que le malade a subi une perte de l'âme, d'autre part qu'il va le guérir en sortant lui-même du corps, soit de façon volontaire soit de façon involontaire, et en état de transe soit cataleptique (auquel cas son corps physique est immobile au sol), soit somnambulique (auquel cas il s'agite, danse, chante, mime le voyage, imite un animal).

  6. l'enfer. Selon les partisans de la réincarnation, de l'école théosophiste (Helena Blavatsky) ou anthroposophique (Rudolf Steiner), après la mort se produit un moment de purification de l'âme, où les passions sont purgées : alors, le corps astral est nettoyé de ses passions. Omraam Mikhaël Aïvanhov écrit dans L’homme à la conquête de sa destinée (1981), p. 161 : « [Voici, à la mort], les différents corps dont vous devez vous libérer les uns après les autres : d’abord le corps physique, puis, quelques temps après, une semaine ou deux, le corps éthérique ; ensuite le corps astral, et, là, c'est beaucoup plus long, parce que, dans le plan astral, sont entassés les passions, les convoitises, tous les sentiments inférieurs. Et c’est cela l’Enfer : le plan astral, et le plan mental inférieur où l’on doit rester quelques temps pour se purifier. Ensuite vous vous libérez du corps mental, et c’est là que commence le Paradis, avec le premier ciel, le deuxième ciel, le troisième ciel… »

  7. les fantômes. Pour Paracelse, « si l'on affirme avoir vu le défunt en personne, ce n'est pas la vérité. Ce qu'on a vu, ce n'était que son corps astral qui, lui aussi, était mort, comme le corps enseveli » (La Grande astronomie, p. 176). Selon les spirites, le corps éthérique qui se désagrège forme un spectre, tandis que le corps astral qui se désagrège forme un fantôme.

  8. le foie et les organes sexuels seraient les sièges du corps astral[26], de sorte que leur santé renseignerait sur l'état du corps astral.

Idées

Satyananda : « Les attributs du corps astral sont trois : enfumé, solide et éclairé » (Kundalinî tantra, Éditions Swam, 2007).

La luminosité et l'ampleur du corps astral dépendent de la qualité et du niveau d'évolution émotionnel, intellectuel et spirituel des individus. La substance du corps astral est constamment en mouvement. Le corps astral permet la sensation et est aussi le véhicule des sentiments, des émotions et des désirs. Pour cette raison, il est souvent appelé kama rupa ou « corps des désirs » ou encore parfois « âme animale » dans les écrits anciens. À chaque affect particulier correspondrait une lumière colorée dans le corps astral[27] (tout comme la perception due à certaines synesthésies entre sons et couleurs). Le corps astral est aussi le siège du plaisir et de la douleur. Les impressions venant de l'environnement matériel agissent d'abord sur le corps physique, sont transmises par la vitalité ou prana au corps astral, qui par son principe karmique transforme l'impression en sensation. On expliquerait ainsi l'absence totale de sensations des individus connaissant des extases[28], leur corps astral étant détaché (insensibilité des membres physiques exposés à la flamme d'une bougie, aux piqûres d'aiguilles).

Selon Annie Besant, « la connaissance des phénomènes du monde astral nous est transmise par le corps pituitaire » (La vie occulte de l'homme, p. 52).

Les ésotéristes mettent en parallèles les corps subtils et les plans subtils, c'est-à-dire les niveaux du monde invisible. Il y aurait dans le macrocosme, dans le monde, un plan éthérique, comme dans le microcosme, dans l'homme un corps éthérique ; un plan astral, etc.

Le cordon d'argent

Le « cordon d'argent » ou « corde astrale » désigne un mince câble lumineux, composé de nombreux fils ou filaments, infiniment extensible, reliant le corps physique (l'organisme) au corps éthérique (la force vitale).

Le voyage astral

Il est possible que ce qu'on appelle « voyage astral », « projection astrale », en anglais out-of-the body experience, se rapporte au corps astral, qui se détacherait du corps physique. Le cofondateur de la Société Théosophique, le colonel Henry Steel Olcott a confié dans son journal intime Old Diary Leaves (1895-1935), qu'il avait expérimenté plusieurs fois des sorties hors du corps. Il fait part de ses observations sur le corps astral, à savoir qu'il peut être dangereux de se dédoubler avec un double trop dense, si ce dernier se trouve exposé à des coups, lacérations, objets contondants. Le corps physique réagirait comme s'il avait été lui-même exposé à ces chocs ou pénétrations. Il a nommé cet effet : « répercussion ». Ce phénomène de répercussion est corroboré par Yram, Hector Durville et Sylvan Muldoon qui expliquent que c'est « le cordon d'argent » qui transmettrait toutes les sensations d'un véhicule à un autre, c'est-à-dire du corps astral au corps physique. Henry Steel Olcott a traduit en anglais un ouvrage français qui parlait de cette possible dissociation et de cette répercussion : Essai sur l'Humanité posthume de A. Assier (1883).

En bouddhisme, le voyage astral (manomaya iddhi, « voyage par un corps fait de mental »,) est un des « pouvoirs magiques » (iddhipada) qui peuvent apparaître chez les méditants très avancés, ou chez les bouddhas. Les suttras du canon pali mentionnent de nombreux cas parmi les disciples du Bouddha, tel Moggallana.

Bibliographie

Notes et Références

  1.  Pierre A. Riffard, Nouveau dictionnaire de l'ésotérisme, Payot, 2008, p. 69.

  2.  Christian Jacq, La sagesse égyptienne (1981), Pocket, 1997, p. 141.

  3.  Christian Jacq, apud Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, 1998, p. 197.

  4.  Valéry Sanfo, Les corps subtils, trad., Paris, De Vecchi, 2008, p. 106.

  5.  Bernard Bouanchaud, Les Sâmkhya-Kârikâ d'Isvarakrsna, Agamat, 1998.

  6.  Franz Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain (1906), p. 282 ; Les Mystères de Mithra (1894-1900), t. I, p. 15.

  7.  Astrologie en Mésopotamie, Les dossiers d'archéologie, n° 191, mars 1994, p. 47, 50, 70.

  8.  Porphyre, Sentences, 29, édi. et trad. par L. Brisson, Vrin, 2005, t. I p. 329 ; Fragments, 271 F, édi. par Smith, Teubner, 1933, p. 67-70.

  9.  Pierre A. Riffard, Ésotérismes d'ailleurs, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1997, p. 382-383.

  10.  Édouard des Places, in Jamblique Les Mystères d'Égypte, Les Belles Lettres, 1966, p. 26.

  11.  Corpus Hermeticum, traité I : Poimandrès, § 25, trad. du grec André-Jean Festugière, Les Belles Lettres, 1945-1954, t. I, p. 15-16 ; traité X.

  12.  André-Jean Festugière, Études de philosophie grecque, Vrin, p. 480.

  13.  Proclos, Elements of Theology, édi. par Eric Robertson Dodds, Oxford, p. 313 : "The Astral Body in Neoplatonism". Voir Proclos, Commentaire du Timée, Vrin, t. III p. 237, t. II p. 164. Marinus, Vie de Proclus, Les Belles Lettres, p. 68.

  14.  R. C. Kissling, "The όχημα-πνεύμα) of the neoplatonicians and the ‘De Insomniis’ of Synesius of Cyrinth", American Journal of Philology, XLIII, 1922.

  15.  Marsile Ficin, Les trois livres de la vie (1489), III, 21 : Opera omnia p. 563. Voir D.-P. Walker, La magie spirituelle et angélique. De Ficin à Campanella (1958), Dervy, 1988.

  16.  Marsile Ficin, Théologie platonicienne, VII, 6 : Opera omnia, p. 177.

  17.  Marsile Ficin, Théologie platonicienne, XVIII, 4 : Opera omnia, p. 404.

  18.  Paracelse, Astronomia magna oder die ganze Philosophia sagax der grossen und kleinen Welt, 1537, 1re éd. 1571, trad. (incomplète) de l'all. P. Deghaye, Dervy, 2000.

  19.  Helena Blavatsky, Glossaire théosophique (1892), Adyar, 1981, p. 105, 217.

  20.  Arthur E. Powell, Le corps astral et autres phénomènes astraux, Éditions Adyar, 1928.

  21.  Rudolf Steiner, La science de l'occulte (1910), chap. II : L'être humain

  22.  Otto Julius Hartmann, Approche de l'anthroposophie, 1950, Éditions Triades, Paris, 2000.

  23.  Robert Monroe, Le voyage hors du corps (1971), trad., Monaco, Editions du Rocher, 1989. Jeanne Guesné, Le grand passage. Les leçons de mes voyages hors du corps, 1978.

  24.  Binet et Féré, Le magnétisme animal (1887), L'Harmattan, 2006.

  25.  H. Thurston, Les phénomènes physiques du mysticisme, Rocher, 1990, p. 369.

  26.  O. M. Aïvanhov, Oeuvres complètes, t. IX : "Au commencement était le Verbe", chap. "Le corps de résurrection" (1971), Prosveta, 1974, p. 199.

  27.  Anne Givaudan & Daniel Meurois, Les robes de lumière, Le Perséa, 2003.

  28.  Patrick Sbalchiero (dir.), Dictionnaire des miracles et de l'extraordinaire chrétiens, Fayard, 2002.

Liens externes