LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4 Thu, 18 Apr 2024 19:49:20 +0000 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr bon.christo@free.fr (MAITRE M) LA DOCTRINE SECRETE - VOLUME IV https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/192-la-doctrine-secrete-volume-iv https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/192-la-doctrine-secrete-volume-iv

LA DOCTRINE SECRETE

VOLUME IV

 

 Synthèse de la Science, de la Religion et de la Philosophie

 H. P. BLAVATSKY

 DEUXIEME PARTIE

 

LE SYMBOLISME ARCHAIQUE DES RELIGIONS DU MONDE

   

TABLES

 DIAGRAMMES

Principes humains et Principes de la Nature Physique

Parallèle entre Principes Humains et Principes Cosmiques

Généalogie des Singes – Homme Astral Primordial

Diagramme de Schmidt - Mammifères ongulés

Facteurs auxquels se rapporte l'origine des espèces animales et végétales

Description de la Chaîne de notre Terre

 

 

TABLEAUX

Les Principes dans la Métaphysique égyptienne

Noms Cabalistiques et Hiéroglyphiques des Principes humains

Parallélisme de la Vie : Hypothèses scientifiques et ésotériques

 

LIVRE

  

PARTIE II

LE SYMBOLISME ARCHAÏQUE DES RELIGIONS DU MONDE

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 09:57:40 +0000
PARTIE II - LE SYMBOLISME ARCHAÏQUE DES RELIGIONS DU MONDE https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/193-partie-ii-le-symbolisme-archaique-des-religions-du-monde https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/193-partie-ii-le-symbolisme-archaique-des-religions-du-monde

PARTIE II

LE SYMBOLISME ARCHAÏQUE DES RELIGIONS DU MONDE

 

[IV 2]

  

Les récits de la Doctrine constituent son manteau. Les simples ne considèrent que le vêtement extérieur – c'est- à-dire les récits de la Doctrine ; ils n'en connaissent pas davantage. Les érudits au contraire, ne voient pas seulement le manteau, mais aussi ce que recouvre le manteau.

Zohar (III, 152 ; FRANCE, 119).

 

Les Mystères de la Foi ne doivent pas être divulgués à tous... Il est nécessaire de voiler de mystère la sagesse exprimée.

Stromates (12, CLEMENT D'ALEXANDRIE)

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 09:58:34 +0000
SECTION I - DOGMES ESOTERIQUES CORROBORES DANS TOUTES LES ECRITURES https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/194-section-i-dogmes-esoteriques-corrobores-dans-toutes-les-ecritures https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/194-section-i-dogmes-esoteriques-corrobores-dans-toutes-les-ecritures

SECTION I

DOGMES ESOTERIQUES CORROBORES DANS TOUTES LES ECRITURES

 

En raison de l'étrangeté des renseignements et de bien des doctrines qui doivent paraître absurde, au point de vue de la science moderne, il est nécessaire de fournir quelques explications supplémentaires. Les théories que renferment les stances du deuxième volume sont encore plus difficiles à assimiler que celles qui sont comprises dans le premier volume, sur la Cosmogonie. Il faut donc discuter avec la Théologie, ici dans cette deuxième Partie, comme il faudra discuter avec la Science dans la troisième Partie ; en effet, puisque leurs doctrines diffèrent si complètement des idées qui ont cours dans le Matérialisme et la Théologie, les Occultistes doivent se tenir toujours prêts à repousser les attaques de l'un comme de l'autre.

On ne saurait rappeler trop souvent au lecteur que ces enseignements, ainsi que le prouvent les abondantes citations tirées des antiques Ecritures, sont aussi vieux que le monde et que cet ouvrage ne constitue qu'une simple tentative de traduire, en langue moderne et en phrases qui soient familières aux étudiants scientifiquement érudits, la Genèse Archaïque et l'histoire, telles qu'elles sont enseignées dans certains centres asiatiques de Savoir ésotérique. On doit les accepter ou les repousser, complètement ou partiellement, suivant le mérite, qu'on leur reconnaît, mais pas avant de les avoir soigneusement comparées aux dogmes théologiques et aux  théories et  spéculations  scientifiques  modernes  auxquels  elles correspondent. [IV 4]

On doute sérieusement de pouvoir découvrir, à notre époque,  malgré la subtilité intellectuelle de celle-ci, dans chaque nation Occidentale, ne fût-ce qu'un seul savant ou philosophe non-initié, qui soit capable de comprendre d'une façon complète l'esprit de la Philosophie Archaïque. On ne peut attendre cela d'aucun d'eux, avant qu'ils n'aient complètement compris le sens réel de l'Alpha et de l'Oméga de l'ésotérisme Oriental, les termes Sat et Asat, tant employés dans le Rig Véda et ailleurs. Sans cette clef de la Sagesse Aryenne, la Cosmogonie des Richis et des Arhats court le risque de rester lettre morte pour l'Orientaliste ordinaire. Asat n'est pas simplement la négation de Sat et ne veut pas dire, non plus, "n'existant pas encore", car Sat n'est lui-même ni l' "existant", ni l' "être". Sat est l'immuable, l'éternel présent, l'inchangeable et la Racine éternelle, du sein de laquelle tout procède, mais c'est plus encore que la force potentielle renfermée dans le germe et actionnant le processus de développement, ou ce qu'on appelle maintenant l'évolution. C'est ce qui devient toujours sans se manifester jamais 1. Sat est né d'Asat et Asat est engendré par Sat – c'est, en vérité, un perpétuel mouvement circulaire ; toutefois c'est un cercle dont on ne réalise la quadrature qu'au moment de l'Initiation Suprême, sur le seuil du Parinirvâna.

1 La doctrine de Hegel, qui identifie l'Etre Absolu ou "Etreté" avec le "Non-Etre" et qui représente l'Univers comme une chose qui Devient éternellement, est identique à la Philosophie Védânta.

 

Barth a émis sur le Rig Véda une réflexion qu'on supposait être une sévère critique, une appréciation inusitée et par suite, pensait-on, originale, de ce volume archaïque. Il se trouve cependant que la critique de ce savant révélait une vérité, sans qu'il eût lui-même conscience de toute son importance. Il commençait par dire que "ni dans les termes ni dans la pensée du Rig Véda" il n'avait pu "découvrir cette qualité de simplicité naturelle primitive que tant de personnes prétendent y voir". Barth pensait à, Max Müller, lorsqu'il écrivait ceci. En effet, le fameux professeur d'Oxford a toujours caractérisé les hymnes du Rig Véda en disant qu'ils représentaient la pure expression des sentiments religieux d'un peuple innocent, aux mœurs pastorales. Dans l'opinion de cet érudit en Sanscrit : "les idées et les mythes sont exposés, dans les hymnes védiques, sous leur forme la plus simple et la plus fraîche". Barth est toutefois d'un avis différent.

Les opinions des Sanscritistes sont tellement divisées et personnelles sur l'importance et la valeur intrinsèque du Rig Véda [IV 5] que ces opinions sont entachées de préjugés de quelque côté qu'elles inclinent. Ainsi le professeur Max Müller déclare que :

On n'est jamais plus impressionné par la considérable distance qui sépare les anciens poèmes de l'Inde de la plus  ancienne  littérature de la Grèce, que lorsqu'on compare les mythes en voie de formation du Véda avec les mythes pleinement développés et déjà affaiblis, sur lesquels est basée la poésie d'Homère. Le Véda constitue la véritable Théogonie des Races Aryennes, tandis que celle d'Hésiode est une caricature déformée de l'image originale.

C'est là une assertion bien catégorique et peut-être un peu injuste dans son application générale, mais pourquoi ne pas chercher  à,  nous l'expliquer ? Les Orientalistes en sont incapables, car ils repoussent la chronologie de la Doctrine Secrète et pourraient difficilement admettre que des dizaines de milliers d'années se soient écoulées entre l'époque des hymnes du Rig Véda et celle de la Théogonie d'Hésiode. Ils ne peuvent donc se rendre compte que les mythes grecs ne représentent plus  le langage symbolique primitif des Initiés, des Disciples des Dieux Hiérophantes, des antiques "Sacrificateurs" divins et que défigurés par la distance et envahis par le développement exubérant de l'imagination profane, ils ne ressemblent plus qu'au reflet déformé des étoiles sur les vagues mouvantes. Mais si l'on doit considérer la Cosmogonie et la Théogonie d'Hésiode comme des caricatures des images originales, c'est encore bien plus vrai pour les mythes de la Genèsehébraïque, aux yeux de ceux pour qui ce ne sont pas plus des révélations divines que ne l'est la Théogonie d'Hésiode pour M. Gladstone.

Comme le dit Barth :

La poésie qu'il contient (le Rig Véda) me paraît être, au contraire, d'un genre singulièrement raffiné et élaboré avec art, plein d'allusions, et de réticences, plein de prétentions (?) au mysticisme et à l'intuition théosophique et les expressions qui y sont employées sont de nature à nous rappeler plus fréquemment les phrases employées dans certains petits groupes d'Initiés, que le langage  poétique  d'une  communauté considérable 2.

 2 The religions of india, p. XIII.

 

Nous ne nous attarderons pas à, demander au critique ce qu'il peut connaître des phrases en usage parmi les "initiés", ou bien s'il appartient lui-même à l'un de ces groupes, car dans ce dernier cas, il n'aurait probablement pas employé un [IV 6] pareil langage. Toutefois, cette citation fait ressortir le remarquable désaccord qui divise les  savants, même en ce qui concerne le caractère extérieur du Rig Véda. Que pourraient donc savoir nos modernes sanscritistes, au sujet de son sens interne ou ésotérique, de plus que la supposition correcte de Barth, d'après laquelle ces écritures ont été compilées par des Initiés ?

Tout l'ouvrage que nous écrivons n'est qu'une tentative ayant pour but de bien établir cette vérité. Les anciens adeptes ont résolu les grands problèmes de la Science, si peu disposé que soit le Matérialisme  moderne à admettre le fait. Les mystères de la Vie et de la Mortétaient compris par ces grands et puissants esprits de l'antiquité et s'ils ont observé le silence à leur sujet et les ont gardés secrets, c'est parce que ces problèmes faisaient partie des Mystères Sacrés, qui ont dû rester incompréhensibles pour la majorité des hommes d'alors, comme ils le sont pour ceux d'aujourd'hui Si ces enseignements sont encore considérés comme des chimères par nos adversaires en Philosophie, il peut être consolant pour les Théosophes d'apprendre, avec preuves à l'appui, que les spéculations des Psychologues modernes – qu'il s'agisse d'Idéalistes sérieux, comme Herbert Spencer, ou de Pseudo-Idéalistes sans esprit – sont infiniment plus chimériques encore. Au lieu d'être solidement basées sur des faits naturels, ce ne sont en vérité que de malsains feux follets dus à l'imagination matérialiste des cerveaux dans lesquels ils ont pris naissance et rien de plus. Alors qu'ils nient, nous affirmons et notre affirmation est corroborée par presque tous les Sages de l'antiquité. Ayant de bonnes raisons pour croire à l'Occultisme et à l'existence d'une légion de Puissances invisibles, nous disons : Certus sum, scio quod credidi ; à quoi nos critiques répondent : Credat Judaeus Apella. Aucun des deux n'est converti par l'autre et ce résultat n'affecte même pas notre petite planète. E pur se muove !

Il n'est pas non plus nécessaire de faire des prosélytes. Comme le fait remarquer le sage Cicéron :

Le Temps détruit les spéculations des hommes, mais il confirme le jugement de la Nature.

 Attendons notre heure. D'ici là il n'est pas dans la nature humaine d'assister en silence à la destruction de ses Dieux, qu'ils soient vrais ou faux. Comme la Théologie et le Matérialisme se sont mis d'accord pour détruire les Dieux de l'antiquité et pour chercher à défigurer toutes ses antiques conceptions philosophiques, il n'est que juste de la part des fidèles [IV 7] de l'Antique Sagesse de défendre leur position, en prouvant que tout l'arsenal de ses deux adversaires n'est, tout au plus, constitué que par des armes nouvelles forgées avec de très vieux matériaux.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 09:59:08 +0000
SECTION II - ADAM-ADAMI https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/195-section-ii-adam-adami https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/195-section-ii-adam-adami

SECTION II

ADAM-ADAMI

 

Un nom comme celui d'Adam-Adami, qui est employé par le docteur Chwolsohn dans sa Nabathean Agriculture et qui est tourné en dérision par M. Renan, ne prouve pas grand'chose aux yeux du profane, mais pour l'Occultiste, il suffit qu'on le trouve dans un ouvrage aussi immensément ancien que celui que nous venons de citer, pour qu'il prouve beaucoup. Il prouve, par exemple, qu'Adami était un symbole multiple, ayant pris naissance chez les Aryens, comme le prouve la racine du mot, et qui leur a été emprunté par les Sémites et les Touraniens, comme tant d'autres choses.

Adam-Adami est un nom générique composé, aussi vieux que la langue parlée. La Doctrine Secrète enseigne qu'Ad-i était le nom donné par les Aryens à la première race humaine douée de la parole, dans cette Ronde. De là viennent les noms d'Adonim et d'Adonaï (l'ancien pluriel du mot Adon), que les Juifs donnèrent à leur Jéhovah et à leurs Anges, qui n'étaient que les premiers fils spirituels et éthérés de la Terre et de là vient aussi le nom du Dieu Adonis qui, dans ses nombreuses variations représentait le "Premier Seigneur". Adam vient du mot sanscrit Ada-Nath, qui veut dire aussi le Premier Seigneur, comme Ad-Isvara ou tout préfixe Ad (le Premier) placé devant un adjectif ou un substantif. La raison de ceci, c'est que ces vérités constituaient un héritage commun. C'était une révélation reçue par la première humanité, avant l'époque à laquelle on donne, dans le langage biblique, le nom de "période d'une seule lèvre et d'un seul mot", ou période d'une seule langue ; le savoir se développa plus tard par suite de la propre intuition, de l'homme et plus tard encore fut mis à l'abri de toute profanation, grâce à un symbolisme approprié. L'auteur de la Qabbalah, suivant les écrits philosophiques d'Ibn Gebirol, nous montre les Israélites employant le mot Ad-onaï (A Do Na Y), "Seigneur", au lieu de celui de Eh'yeb, [IV 8] "Je suis" et d'YHVH et ajoute qu'Adonaï est traduit par "Seigneur" dans la BibleLa désignation la plus basse, ou la Divinité dans la Nature, le terme plus général d'Elohim, est traduit par Dieu 3.

Un très curieux ouvrage fut traduit, en 1860 ou à peu près, par l'Orientaliste Chwolsohn et fut présenté à l'Europe, toujours incrédule et légère, sous l'innocent titre de Nabathean Agriculture. Suivant l'opinion du traducteur, ce volume archaïque constituerait une complète initiation aux mystères des nations Pré-Adamites, basée sur des documents indéniablement authentiques. C'est un inestimable, compendium, un précis des doctrines, des arts et des sciences, non seulement des Chaldéens, mais aussi des Assyriens et de Chanaanites des époques préhistoriques 4. Ces Nabathéens – suivant l'opinion de certains critiques – n'étaient autres que les Sabéens ou adorateurs des étoiles Chaldéens. Cet ouvrage est une traduction de l'arabe, langue dans laquelle il avait été déjà traduit du chaldéen.

Masoudi, l'historien arabe, parle de ces Nabathéens et explique ainsi leur origine :

Après le Déluge (?), les nations s'établirent dans différentes contrées. Parmi elles se trouvaient les Nabathéens qui fondèrent la ville de Babylone et ceux des ascendants de Cham qui s'établirent dans la même province, sous la conduite de Nemrod, fils de Cusb, qui fut le fils de Cham et le petit-fils de Noé. Ceci se passa à l'époque où Nemrod fut choisi comme gouverneur de la Babylonie, en qualité de délégué de Dzahhak appelé Biourasp 5

Le traducteur, Chwolsohn, est d'avis que les assertions de cet historien s'accordent parfaitement avec celles de Moïse dans la Genèse; par contre, des critiques moins révérencieux pourraient exprimer l'opinion que c'est précisément pour cette raison que l'on devrait en suspecter la véracité. Il est toutefois inutile de discuter ce point qui est sans importance pour la question que nous traitons. Cet antique problème, usé et enterré depuis longtemps, et la difficulté d'expliquer d'une façon logique la phénoménale origine de millions de gens de races diverses et de nombreuses nations et tribus civilisées qui seraient issus de trois [IV 9] couples – les fils de Noé et leurs épouses – en 346 ans 6 après le Déluge, peuvent être imputés au Karma de l'auteur de la Genèse, qu'il s'appelle Moïse ou Ezra. Ce qui est intéressant dans l'ouvrage que nous étudions, c'est son contenu, ce sont les doctrines qui y sont énoncées et qui sont presque toutes, si on les lit au point de vue ésotérique, identiques aux Enseignements Secrets.

3 Qabbalah, de Meyer, p. 175.

4 Voyez la Pneumalologiede de Mirville, III, p. 218 et seqq.

5 Op. cit., ibid.

 

Quatremère a suggéré que ce livre pourrait n'être qu'une copie, d'un traité classique "infiniment plus ancien", faite sous Nabuchodonozor II, tandis que l'auteur soutient, en se basant sur des preuves internes et externes, que l'original chaldéen fut écrit d'après les discours et les enseignements d'un riche propriétaire foncier babylonien, appelé Qoû- tâmy, qui s'était servi pour ces conférences de matériaux plus anciens encore. Chwolsohn fait remonter la première traduction arabe jusqu'au treizième siècle avant J.-C. A la première page de cette "révélation", l'auteur, ou copiste, Qoû-tâmy, déclare que "les doctrines qui y sont exposées, furent originairement données par Saturne... à la Lune, qui les communiqua à son idole et que l'idole les révéla à son fidèle, l'auteur" – l'Adepte qui écrivit cet ouvrage – Qoû-tâmy.

Les détails donnés par le Dieu pour le bien et l'instruction des mortels, montrent des périodes d'une incalculable durée et une série d'innombrables royaumes et dynasties, qui précédèrent l'apparition sur la terre d'Adami (la "terre rouge"). Comme on pouvait s'y attendre, ces périodes ont surexcité les défenseurs de la chronologie biblique textuelle, presque jusqu'à la furie. De Rougement fut le premier à organiser une levée de boucliers contre le traducteur. Il lui reprocha de sacrifier Moïse à des auteurs anonymes 7. Il prétendit que Bérose, si grandes que fussent ses erreurs chronologiques, était au moins parfaitement d'accord avec le prophète en ce qui concerne les premiers hommes, puisqu'il parlait d'Alorus-Adam, de Xisuthrus-Noé, de Bélus-Nemrod, etc. En conséquence, ajouta-t-il, l'ouvrage doit être apocryphe et doit être classé parmi ses contemporains – le Quatrième livre d'Esdras, le Livre d'Enoch, les Oracles Sybillins et le Livre d'Hermès – aucun de ces livres ne remontant à plus de deux ou trois siècles avant J.-C. Ewald attaqua Chwolsohn plus rudement encore et enfin ce fut Renan qui lui demanda, dans la Revue Germanique8 de donner les raisons pour lesquelles [IV 10] sa Nabathean Agriculture ne serait pas l'œuvre frauduleuse d'un Juif du troisième ou du quatrième siècle de notre ère. Il serait difficile qu'il en fût autrement, prétend l'auteur de la Vie de Jésus, puisque dans cet in-folio sur l'Astrologie et la Sorcellerie :

Nous reconnaissons dans les personnages présentés par Qoû-tâmy tous les patriarches des légendes  bibliques, tels qu'Adam-Adami, Anouka-Noé et son Ibrahim- Abraham, etc.

6 Voyez la Genèseet la chronologie autorisée. Dans le chapitre VIII "Noé quitte l'arche" – en 2348 av. J.-C. Dans le chapitre X, "Nemrod, le premier monarque", règne en 1998 av. J.-C.

7 Annales de Philosophie Chrétienne, juin, 1860, p. 415.

 

Mais ceci n'est pas une raison, puisque Adam et les autres noms sont des noms génériques. En attendant, nous nous hasardons à émettre l'opinion que, tout bien considéré, une œuvre apocryphe – même si elle date du troisième siècle de notre ère au lieu de dater du treizième siècle avant J.-C, est assez antique pour être considérée comme de bon aloi, en tant que document et pour satisfaire l'archéologue ou le critique le plus exigeant. En admettant même, dans l'intérêt de la discussion, que cette relique littéraire ait été compilée par "un juif du troisième siècle de notre ère" – qu'en résulterait-il ? Laissant pour un moment de côté le degré de créance que méritent ses doctrines, pourquoi serait-elle moins digne de foi ou moins instructive, comme reflétant des opinions plus anciennes que celles que l'on trouve dans tous les autres ouvrages religieux, qui sont, eux aussi, "des compilations de textes antiques" ou de traditions orales – de la même époque ou d'une époque plus récente ? Dans ce cas, il nous faudrait repousser  le  Coran  –  paru  trois  siècles  plus  tard  –  en  le   qualifiant d' "apocryphe", bien que nous sachions, qu'à l'instar de Minerve, il a jailli directement du cerveau du prophète arabe et il nous faudrait dédaigner tous les renseignements que nous pourrions puiser dans le Talmud qui, sous sa forme actuelle, est aussi le fruit de la compilation de matériaux plus anciens et ne remonte qu'au neuvième siècle de notre ère.

Nous mentionnons cette curieuse "Bible" de l'Adepte Chaldéen, ainsi que les diverses critiques dont elle a été l'objet (comme dans la traduction de Chwolsohn), parce qu'elle a d'importants rapports avec une grande partie du présent ouvrage. A part la discussion soulevée par M. Renan, un iconoclaste par principe – auquel Jules Lemaître avait donné le surnom si piquant de "Paganini du Néant" – il semble que le plus grand reproche que l'on adresse à ce livre apocryphe c'est d'avoir la prétention d'avoir été communiqué sous forme de révélation à [IV 11] un Adepte, par "l'idole de la Lune" qui le tenait de "Saturne". On en conclut, tout naturellement, que c'est "un conte de fées, d'un bout à l'autre". Il n'y a qu'une réponse à cela : Ce n'est pas plus un conte de fées que la Bible, et si l'un des deux ouvrages tombe, l'autre doit le suivre. Il n'y a pas jusqu'au mode de divination par l'entremise de "l'idole de la Lune" qui ne soit le même que celui que pratiquaient David, Saül et les Grands Prêtres du Tabernacle Juif, au moyen des Téraphim.

La Nabathean Agricultureest, en effet, le produit de la compilation ; ce n'est pas une œuvre apocryphe, mais bien la répétition des dogmes de la Doctrine Secrète, sous la forme exotérique chaldéenne de symboles nationaux, dans le but de "vêtir" les dogmes exactement comme les Livres d'Hermès et les Pourânas représentent une tentative du même genre faite par les Egyptiens et les Hindous. L'ouvrage était aussi connu dans l'antiquité qu'il le fut durant le Moyen Age. Maimonides en parle et cite plus d'une fois ce manuscrit chaldéo-arabe, en donnant aux Nabathéens le nom de leurs coreligionnaires, les "adorateurs des étoiles" ou Sabéens, mais sans découvrir sous le nom déformé de "Nabathéens" le nom mystique de la caste dévouée à Nébo, le Dieu de la Sagesse Secrète, ce qui prouve jusqu'à l'évidence que les Nabathéens constituent une Fraternité Occulte 9. Les Nabathéens qui, suivant le persan Yézidi, vinrent à l'origine de Busrah jusqu'en Syrie, étaient les membres  dégénérés  de cette fraternité ; pourtant leur religion, même à cette dernière époque, était purement cabalistique 10. Nébo est la Divinité de la planète Mercure et Mercure est le Dieu de la Sagesse, ou Hermès, ou Bouddha, que les Juifs appelaient Kobad בככ "le Seigneur très-haut, l'aspirant" et les Grecs Nabo Ναβώ, d'où le nom de Nabathéens. Bien que Maimonides appelle leurs doctrines des "sottises païennes" et qualifie leur littérature archaïque de "Sabaeorum foetum", il place leur "agriculture", [IV 12] la Bible de Qoû- tâmy, au premier rang de la littérature archaïque et Abarbinel la loue outre mesure. Spencer 11, citant ce livre, l'appelle "très excellent ouvrage oriental", en ajoutant que le mot Nabathéens doit être interprété comme désignant les Sabéens, les Chaldéens et les Egyptiens ; bref toutes les nations contre lesquelles les lois de Moïse étaient le plus sévèrement appliquées.

9 "Je vais te citer, dit-il, les écrits... qui se rapportent aux croyances et aux institutions des Sabéens. Le plus fameux est le livre intitulé l'Agriculture des Nabathéens et qui a été traduit par Ibn Waliahijah. Ce livre est.plein de sottises païennes... Il traite de la préparation des Talismans, de l'art d'attirer ici-bas les pouvoirs des Esprits, de la Magie, des Démons et des Goules, qui résident dans le désert" (Maimonides, cité par le docteur D. Chwolsohn ; Die Ssabier und der Ssabismus, II, 458). Les Nabathéens du Mont Liban croyaient aux sept Archanges, de même que leurs  ancêtres croyaient aux sept Grandes Etoiles, demeures et corps de ces Archanges, auxquels les Catholiques Romains croient jusqu'à présent comme nous l'avons démontré ailleurs.

10 voyez Isis Dévoilée, III, 265.

 

Nébo, le plus antique Dieu de Sagesse de la Babylonie et de la Mésopotamie, était identique au Bouddha Hindou et à l'Hermès-Mercure des Grecs. Un léger changement dans le sexe des parents est la seule modification. De même que Bouddah était, aux Indes, le Fils de Soma (la Lune) et de l'épouse de Brihaspati (Jupiter), de même Nébo était le fils de Zarpanitou (la Lune) et de Mérodach, qui devint Jupiter après avoir été un Dieu-Solaire. De même que la Planète Mercure, Nébo était le "surveillant" parmi les sept Dieux des Planètes, et, en tant que personnifiant la Sagesse Secrète, il était Nabin, un voyant et un prophète. On représente Moïse comme mourant et disparaissant sur la montagne consacrée à Nébo. Ceci prouve que ce fut un Initié et un prêtre de ce Dieu sous un autre nom, car ce Dieu de la Sagesse était la Grande Divinité Créatrice et était adoré comme tel. Il était adoré, non seulement à Borsippa, dans son Temple ou sa somptueuse Tour Planétaire, mais il était aussi adoré par les Moabites, les Chanaanites, les Assyriens et dans toute la Palestine. Alors, pourquoi donc pas les Israélites ? Le "Temple planétaire de Babylone" possédait son "Saint des Saints" dans le sanctuaire de Nébo, le Dieu-Prophète de la Sagesse. On nous dit dans les "Hibbert-Lectures"

Les anciens Babyloniens avaient un intercesseur entre les hommes et les Dieux…et Nébo était le "proclamateur" ou "prophète", car il faisait connaître les désirs de son père Mérodach 12.

 11 I, 354.

12 Sayce ; cf. p. 125 2ème éd.

 

Nébo est, ainsi que Bouddha, un Créateur de la Quatrième et aussi de la Cinquième Race. En effet, Nébo donna naissance à une nouvelle race d'Adeptes, et le Bouddha à la Dynastie Solaire-Lunaire, ou aux hommes de ces Races et de ces Rondes. Ce sont tous deux les Adams de  leurs créatures respectives. Adam-Adami est une personnification du double Adam ; de l'Adam-Kadmon paradigmatique, du Créateur et de l'Adam inférieur et terrestre qui, suivant l'expression des Cabalistes Syriens, ne [IV 13] possédait que le "Néphesh", le "souffle vital", mais n'avait pas d'Ame Vivante jusqu'après sa Chute.

Donc, si Renan persiste à considérer comme apocryphes les Ecritures Chaldéennes, ou ce qui en reste, cela ne peut modifier en rien la vérité et les faits. Il existe d'autres Orientalistes qui peuvent avoir une opinion différente et si même il n'en existait pas, cela n'aurait encore que fort peu d'importance. Ces doctrines renferment les enseignements de la Philosophie Esotérique et cela doit suffire. Aux yeux de ceux qui ne comprennent rien à la symbologie, cela peut ressembler à de l'astrolâtrie pure et simple et même à de la "sottise païenne" aux yeux de celui qui cacherait la Vérité Esotérique ; cependant Maimonides, tout en exprimant son mépris pour l'Esotérisme dans la religion des autres nations, reconnaissait l'Esotérisme et la symbologie dans la sienne, prêchait le silence et le secret au sujet de la véritable signification des doctrines mosaïques, et de là, vint le malheur. Bref, les doctrines du Chaldéen Qoû- tâmy constituent la représentation allégorique de la religion des premières nations de la Cinquième Race.

Pourquoi donc M. Renan ferait-il preuve d'un pareil mépris académique pour le nom d' "Adam-Adami" ? L'auteur des Origines du Christianisme ne connaît évidemment rien des origines du symbolisme païen, pas plus que de celles de l'Esotérisme, autrement il saurait que ce nom d'Adam-Adami constituait une des formes d'un symbole universel se rapportant, même pour les Juifs, non pas à un seul homme, mais à quatre humanités ou à quatre genres humains distincts. Ceci est facile à prouver.

Les Cabalistes enseignent l'existence de quatre Adams distincts, ou la transformation de quatre Adams successifs, émanations du Dyooknah, ou Fantôme Divin, de l'Homme Céleste, combinaison éthérée de Neshamah, l'Ame suprême ou Esprit suprême ; cet Adam ne possédait, bien entendu, ni un corps humain grossier, ni un corps de désirs. Cet Adam est le Prototype (Tzure) du second Adam. Il est certain que ces Adams représentent nos Cinq Races, comme chacun peut s'en  assurer en consultant la description qu'en donne la Kabalah. Le premier est l'Adam Saint et Parfait, "une ombre qui disparut" (Les Rois d'Edom) et qui était tirée de la divine Tzelem (Image) ; le second est appelé l'Adam Androgyne Protoplastique du futur Adam terrestre et séparé ; le troisième est l'homme fait de "poussière" (le premier, l'Innocent Adam) et le quatrième est l'ancêtre supposé de notre propre race – l'Adam Déchu. Voyez toutefois la description admirablement claire qu'en donne Isaac Myer dans [IV 14] sa Qabbalah. Il ne mentionne que quatre Adams, sans doute à cause des Rois d'Edom et ajoute :

Le quatrième Adam... était revêtu de peau, de chair, de nerfs, etc. Ceci répond à l'union du Néphesh Inférieur et du Gouph, c'est-à-dire du corps. Il possédait la faculté animale de reproduction et de continuation de l'espèce 13.

C'est la Race-Mèrehumaine.

Arrivés juste à ce point, les Cabalistes modernes – induits en erreur par les longues générations de Mystiques Chrétiens qui ont joué avec les archives cabalistiques toutes les fois qu'ils l'ont pu – se séparent des Occultistes par leurs interprétations et confondent l'idée plus récente avec l'idée première. La Kabalahoriginale était entièrement métaphysique et n'avait aucun rapport avec les sexes animaux ou terrestres ; la plus récente Kabalah a étouffé l'idéal divin sous le poids du lourd élément phallique. Les Cabalistes disent : "Dieu fit l'homme mâle et femelle". L'auteur de la Qabbalahdit :

Chez les Cabalistes, la nécessité d'une création et d'une existence continues est appelée la Balance14.

Et comme elle ne possédait pas cette "Balance", qui se rattache à Ma- qom (le mystérieux "Endroit") 15, la Première Race elle-même, comme nous l'avons vu, n'est pas reconnue par les Fils du Cinquième Adam. Depuis l'Homme Céleste le plus haut, l'Adam Supérieur, qui est "mâle-femelle" ou Androgyne, jusqu'à l'Adam de poussière, ces symboles personnifiés se rattachent tous au sexe et à la procréation. Chez les Occultistes Orientaux, c'est absolument le contraire. Ils considèrent les rapports sexuels comme un "Karma" se rattachant seulement aux rapports en ce monde de l'homme qui est dominé par l'illusion ; comme une chose à mettre de côté dès que la personne devient "sage". Ils considèrent comme un cas très heureux, celui où le Gourou (l'instructeur) rencontre chez son élève une aptitude à mener la vie pure du Brahmâchârya. Leurs doubles symboles ne sont pour eux que les images poétiques des sublimes corrélations des forces cosmiques créatrices. Cette conception  idéale éclaire comme d'un rayon d'or chaque idole, quelque grossière et grotesque [IV 15] qu'elle soit, dans les étroites galeries des sombres temples des Indes et des autres pays d'origine des cultes.

13 Op. cit, pp. 418, 419.

14 Ibid., p. 118.

15 Simplement la matrice, le "Saint des saints" chez les Sémites.

 

Nous l'établirons dans la Section suivante.

En  attendant,  nous  pouvons  ajouter  que,  pour  les  Gnostiques,  le second Adam émane aussi de l'Homme Primordial, de l'Adamas Ophite "à l'image duquel il est créé" ; le troisième – un Androgyne – émane de ce second.  Ce  dernier  est  symbolisé  par  les  sixième  et  septième  couples d'Æons    mâles    femelles,    Amphian-Essumen    (Άµφαὶν-Έσσουµὲν)    et Vannanin-Lamer   (Οὺανανὶν-Λαµερτάὸε)   Père-Mère 16      –   tandis   que   le quatrième  Adam,  ou  la  Quatrième  Race,  est  représenté  par  un  Priape monstrueux. Ce dernier – fantaisie post-chrétienne – est la copie dégradée du symbole gnostique anté-chrétien de "l'Etre bon" ou de "Celui qui créait avant  que  quelque  chose  n'existât"  le  Priape  Céleste  –  vraiment  né  de Vénus et de Bacchus lorsque Bacchus aussi est Iao ou Jéhovah et Baal ou Adon, tout comme ce Dieu revint de son expédition aux Indes, car Vénus et Bacchus sont les types postérieurs d'Aditi et de l'Esprit. Le Priape plus récent,   bien   que   ne   faisant   qu'un   avec   Agathodaemon,   le   Sauveur gnostique, et même avec Abraxas, ne représente plus le glyphe du Pouvoir créateur   abstrait,   mais   symbolise   les   quatre   Adams   ou   Races ;   la cinquième étant représentée par les cinq branches coupées de l'Arbre de la Vie, sur lequel se tient le vieillard dans les gemmes gnostiques. Le nombre des Races-Mêres était rappelé dans les anciens temples grecs, par les sept voyelles,   dont   cinq   étaient   encadrées   dans   un   panneau   des   Salles d'Initiations  des  Sanctuaires.  Le  glyphe  égyptien  était  constitué  par  une main portant cinq doigts ouverts ; dont le cinquième, ou auriculaire, n'était qu'à demi développé et aussi par cinq "N" – des hiéroglyphes représentant, cette lettre. Les Romains employaient les cinq voyelles A, E, I, O, V, dans leurs temples, et au Moyen Age, ce symbole archaïque fut adopté comme devise par la Maison de Habsbourg.

16 Voyez la Table Valentinienne dans Epiphane. Adv. Hoer., I, XXXI, 2.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 09:59:44 +0000
SECTION III - LE "SAINT DES SAINTS" - SA DEGRADATION https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/196-section-iii-le-saint-des-saints-sa-degradation https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/196-section-iii-le-saint-des-saints-sa-degradation

SECTION III

LE "SAINT DES SAINTS"

SA DEGRADATION

 

Le Sanctum Sanctorum des anciens, appelé aussi l'Adytum – réduit situé à l'extrémité Occidentale du Temple, qui était clos de trois côtés par des murs blancs et dont l'unique ouverture était [IV 16] fermée par un rideau – était commun à toutes les nations anciennes.

On constate aujourd'hui une grande différence entre la signification secrète de cet endroit symbolique, telle qu'elle est expliquée dans l'ésotérisme des païens et celle que lui attribuèrent plus tard les Juifs, bien que son symbolisme ait été originairement identique pour toutes les races et toutes les nations. Les Gentils plaçaient dans l'Adytum un sarcophage ou une tombe (taphos), dans laquelle se trouvait le Dieu Solaire à qui le temple était consacré et, en leur qualité de Panthéistes, ils le tenaient en grande vénération. Ils le considéraient, dans, sa signification ésotérique, comme le symbole de la résurrection, cosmique solaire ou diurne et humaine. Il embrassait le vaste champ des Manvantaras périodiques et ponctuels (dans le temps), ou des réveil du Cosmos de la Terre et de l'Homme à de nouvelles existences ; le Soleil était le symbole le plus poétique et, en même temps, le plus grandiose de ces Cycles, dans le Ciel, et l'homme – durant ses réincarnations – l'était, sur la Terre. Les Juifs – dont le réalisme, si l'on s'en tient à la lettre morte, était aussi pratique et aussi grossier à l'époque de Moïse qu'il l'est aujourd'hui 17 – durant leur éloignement des Dieux de leurs voisins païens, consommèrent une politique nationale et lévitique en mettant en avant leur Saint des Saints comme le plus solennel emblème de leur Monothéisme – exotériquement, alors qu'ils ne voyaient en lui qu'un symbole phallique universel – ésotériquement. Alors que les Cabalistes ne connaissaient qu'Aïn-Suph et les "Dieux" des Mystères, les Lévites n'avaient ni tombe, ni Dieu, dans leur Adytum, mais seulement l'Arche "Sacrée" de l'Alliance – leur "Saint des Saints".

17 mais il n'en était pas ainsi en réalité, comme le prouvent leurs prophètes. Ce sont les Rabbins Postérieurs et le thème talmudique qui ravirent toute spiritualité à, leurs symboles, en ne laissant subsister que leurs Ecritures – une coque vide, dont l'âme avait disparu.

 

Toutefois, lorsque la signification ésotérique de ce réduit sera clairement expliquée, le profane sera plus à, même de comprendre pourquoi David dansait "nu" devant l'Arche de l'Union et cherchait tant à paraître vil en l'honneur de son "Seigneur" et bas à ses propres yeux 18.

L'Arche est l'Argha en forme de navire des Mystères. Parkhurst, qui disserte longuement sur l'Arche dans son dictionnaire grec et n'en dit jamais un mot dans son dictionnaire hébreu, l'explique de  la  façon suivante :

Arché (Άρχὴ) correspond dans ce cas au Rasit ou sagesse des [IV 17] hébreux... mot qui signifiait l'emblème de la faculté génératrice femelle, l'Arg ou Arca, dans lequel on supposait que le germe de toute la nature flottait sur le grand abîme, durant l'intervalle de temps qui suivait chaque cycle de ce monde.

C'est exact ; et l'Arche juive de l'Union avait précisément la même signification en ajoutant, toutefois, qu'au lieu d'un beau et chaste sarcophage (symbole de la Matrice, de la Nature et de la Résurrection), comme dans le Sanctum Sanctorum des Païens, ils avaient rendu la construction de l'Arche plus réaliste, grâce aux deux Chérubins placés face à face sur le coffre de l'Union et dont les ailes étaient déployées de façon à former un parfait Yoni (comme on le voit maintenant aux Indes). En outre, la signification de ce symbole générateur était accentuée par les quatre lettres mystiques du nom de Jéhovah, savoir YHVH (הוהי) ; Jod (י) signifiait le membrum virile ; Hé (ה) la matrice ; Vau (ו) un crochet ou un croc, un clou et encore Hé (ה) qui signifiait aussi "une ouverture" ; le tout formait le parfait emblème ou symbole bisexuel ou Y (é) H (o) V (a) H, le symbole mâle et femelle.

18 Voyez il, Samuel, VI, 16-22,

 

Peut-être aussi que lorsque la véritable signification de la charge et du titre des Kadesh Kadeshim, des "saints" ou des "êtres consacrés au Temple du Seigneur" sera connue, "les Saints des Saints" de ces "êtres Saints" pourront revêtir un aspect fort peu édifiant.

Iaochus aussi est Iao ou Jéhovah et Baal ou Adon, tout comme Bacchus était un Dieu phallique.

"Qui s'élèvera sur la colline (le lieu élevé) du Seigneur, demande le saint roi David, qui, occupera l'emplacement de son Kadoushou (ושדק) 19 ? "Kadesh peut signifier, dans un sens, "dévouer", "sanctifier", "consacrer" et même "initier" ou "mettre de côté", mais il signifie aussi le mystère des rites lascifs – le culte de Vénus – et la véritable interprétation du mot Kadesh est crûment indiquée dans, le Deutéronome XXIII,  17 ;  dans Osée IV, 14 et dans la Genèse XXXVIII, 15-22. Les "saints" Kadeshim de la Bible étaient identiques, au point de vue des devoirs de leur charge, aux Bayadères des pagodes hindoues postérieures. Les Kadeshim hébreux, ou Eunuques, vivaient "près de la maison du Seigneur, où les femmes tissaient des draperies pour le bocage" ou pour le buste de Vénus-Astarté 20.

La danse exécutée par David autour de l'Arche était une "danse circulaire" qui avait été, dit-on, prescrite par les Amazones pour [IV 18] les Mystères. Telle est la danse des filles de Shiloh 21 et tels étaient les  sauts des prophètes de Baal 22. Ce n'était qu'une caractéristique du culte Sabéen, car cela rappelait le mouvement des Planètes autour du Soleil. Il est évident que cette danse était une furie bacchique. On employait des Sistres à cette occasion, et les sarcasmes de Michal, ainsi que la réponse du roi, sont, très expressifs 23.

 19 Psaumes XXIV, 3.

20 II Rois. XXIII, 7 ; voyez Dunlap, Sôd ; The Mysteries of Adoni, p. 41.

21 Juges, XXI, 21, 23 et passim.

22 I Rois, XXVIII, 26.

23 Isis Dévoilée, III, chap. 1.

 

L'Arche dans laquelle sont conservés les germes de toutes les choses vivantes nécessaires au  repeuplement de la Terre, représente la survivance de la Vie et la suprématie de l'Esprit sur la Matière, dans le conflit des forces opposées de la Nature. Dans la carte Astrothéosophique du Rite Occidental, l'Arche correspond au nombril et se trouve placée à gauche, du côté de la femme (la Lune), dont l'un des symboles est le pilier gauche du Temple de, Salomon – Boaz. L'ombilic se rattache (par le placenta) au réceptacle où sont fructifiés les embryons de la race. L'Arche, c'est l'Argha sacrée des Hindous et nous pouvons aisément  nous rendre compte des rapports qu'elle avait avec l'Arche de Noé, lorsqu'on nous dit que l'Argha était un vaisseau oblong, employé par les prêtres en guise de calice, dans les sacrifices du culte d'Isis, d'Astarté et de Vénus- Aphrodite, qui étaient les Déesses des pouvoirs générateurs de la Nature ou de la Matière – et, par conséquent, représentaient symboliquement l'arche contenant les germes de toutes les choses vivantes 24.

Il est dans l'erreur, celui qui accepte les ouvrages cabalistiques d'aujourd'hui et les interprétations que les Rabbins donnent du Zohar comme représentant la véritable science cabalistique de jadis 25. En effet, aujourd'hui, comme à l'époque de Frédéric [IV 19] von Schelling, la Cabale, qui est accessible à l'Europe et à l'Amérique, ne contient guère que :

 Des ruines et des fragments, qui sont cependant les restes bien déformés du système primitif qui est la clef de tous les systèmes religieux 26.

24 Ib. IV, 132.

25 L'auteur de la Qabbalah tente à plusieurs reprises de prouver l'antiquité du Zohar d'une manière concluante. Ainsi il prouve que Moïse de Léon ne pouvait pas être l'auteur ou le falsificateur des ouvrages zohariques du treizième siècle, comme on l'accuse de l'être, puisque Ibn Gébirol donnait les mêmes enseignements philosophiques 225 ans avant l'époque de Moïse de Léon. Aucun Cabaliste ou savant véritable ne niera jamais le fait. Il est certain qu'Ibn Gébirol basait ses doctrines sur les plus antiques sources cabalistique, par exemple sur le Livre des Nombres chaldéen, comme sur certains Midrashim qui n'existent plus et qui sont sans doute, les mêmes que ceux qu'employait Moïse de Léon. C'est justement la différence qu'il y a entre les deux manières de traiter les mêmes sujets Esotériques, qui – tout en prouvant l'énorme antiquité du système Esotérique – établit l'existence d'un cercle bien déterminé de sectaires Talmudiques et même Chrétiens, au moment de la compilation des glossaires du système zoharique par le Rabbin Moïse. Ibn Gébirol ne citait jamais les Ecritures pour donner de la force aux enseignements (Qabbalah, de Myer, p. 7). Moïse de Léon, au contraire, a fait du Zohar ce qu'il est jusqu'à présent, "un commentaire courant des Cinq Livres ou Pentateuque" (ibid.), avec quelques additions plus récentes dues à des mains chrétiennes. L'un suit la Philosophie Archaïque Esotérique ; l'autre ne s'attache qu'à la partie qui fut adaptée aux livres perdus de Moïse, restaurés par Ezras. Aussi, tandis que le système ou le tronc, sur lequel fut greffé l'original primitif du Zohar, est d'une immense antiquité, beaucoup des rameaux zohariques (plus récents) sont fortement colorés par les opinions particulières des Gnostiques Chrétiens (Syriens et Chaldéens), amis et collaborateurs de Moïse de Léon qui, acceptait leurs interprétations, ainsi que Munsk le prouve.

26 Voyez la Préface de la Cabbalede Franck. Paris 2ème édition.

 

Le plus ancien des systèmes et la Kabalahchaldéenne étaient identiques. Les versions les plus récentes du Zohar sont celles de la Synagogue des premiers siècles – c'est-à-dire la Thorah (ou Loi), dogmatique et intransigeante.

La "Chambre du Roi" de la pyramide de Chéops est donc un "Saint des Saints" égyptien. A l'époque des Mystères de l'Initiation, le Candidat, représentant le Dieu Solaire, devait descendre dans le Sarcophage et représenter le rayon vivifiant pénétrant dans la matrice féconde de la Nature. Lorsqu'il émergeait de ce sarcophage, le lendemain matin, il symbolisait la résurrection de la Vie, après le changement que l'on appelle la Mort. Dans les Grands Mystères, sa "mort" figurée durait deux jours, jusqu'au moment où, le matin du troisième jour, le Soleil se levait après une dernière nuit remplie des plus cruelles épreuves. Tandis que le Postulant représentait le Soleil – l'orbe omnivivifiant qui ne "ressuscite" tous les matins que pour infuser la vie à tout – le Sarcophage  symbolisait le principe féminin. Ceci pour l'Egypte ; sa forme et son  aspect changeaient dans chaque pays, pourvu que ce fût toujours un vaisseau, un "navis" symbolique, ou un véhicule en forme de bateau et un "récipient" contenant symboliquement les germes ou le germe de la vie. Aux Indes, c'est la Vache d' "Or", que le candidat au Brahmanisme doit traverser, s'il désire être un Brahmane et devenir Dvi-ja, ou "né une seconde fois". L'Argha en forme de croissant des Grecs était le symbole de la Reine du Ciel – Diane ou la Lune. Elle était la Grande Mère de toutes  les Existences, comme le Soleil en était le Père. Les Juifs, avant comme après [IV 20] avoir métamorphosé Jéhova en un Dieu mâle, adoraient Astoreth, ce qui lit dire à Isaïe : "Vos nouvelles lunes et... fêtes, mon âme les hait" 27 ; déclaration évidemment injuste de sa part. Les Fêtes d'Astoreth et de la Nouvelle Lune (le croissant Argha) n'avaient pas, comme genre de culte public, une signification plus mauvaise que la signification occulte de la Lune, en général, qui, au point de vue cabalistique, se rattachait directement à Jéhovah, auquel elle était consacrée, comme on le sait, avec cette seule différence toutefois, que l'une était l'aspect femelle et l'autre l'aspect mâle de la Lune et de l'étoile Vénus.

Le Soleil (le Père), la Lune (la Mère) et Mercure-Thoth (le Fils) constituaient la plus ancienne Trinité des Egyptiens, qui les personnifiaient par Osiris, Isis, Thoth (Hermès). Dans l'Evangile Gnostique intitulé Pistis Sophia, les sept Grands Dieux, divisés en deux Triades et le Dieu suprême (le Soleil), sont les Triples Puissances inférieures (Τριδυνάµεις), dont la puissance réside respectivement en Mars, Mercure et Vénus et la Triade supérieure – les trois "Dieux Invisibles", qui habitent dans la Lune, Jupiter et Saturne 28.

Ceci n'exige aucune preuve. Astoreth était, dans un sens, un symbole impersonnel de la Nature, le Vaisseau de la Vie sur toute la surface de l'Océan Sidéral sans limites, les germes de tous les êtres. Et lorsqu'elle n'était pas identifiée à Vénus, comme toutes les autres "Reines du Ciel" auxquelles on offrait en sacrifice des biscuits et des gâteaux, Astoreth devenait le reflet de "Nouah, la Mère Universelle" des Chaldéens (le Noé femelle, considéré comme ne faisant qu'un avec l'Arche) et celui de la Triade femelle, Ana, Bélita et Davikina, appelée, lorsqu'elle est réunie en une, "Souveraine Déesse, Dame de l'Abîme Inférieur, Mère des Dieux, Reine de la Terre et Reine de, la Fécondité". Plus tard, Bélita ou Tamtou 29 (la mer), la Mère de la Cité d'Erech (la grande Nécropole chaldéenne), devint Eve, et maintenant elle est, dans l'Eglise Latine, la Vierge Marie, représentée debout sur le croissant de la Lune et, parfois, sur le Globe, pour varier le programme. Le Navis, ou aspect en forme de navire du croissant, qui réunit en lui tous les symboles communs du Vaisseau de la Vie,  tel  que  l'Arche de  Noé,  le  Yoni des Hindous  et l'Arche de l'Union, n'est autre que le symbole femelle de l'Universelle [IV 21] "Mère des Dieux" et on le trouve maintenant dans toutes les Eglises sous son symbole chrétien ; la "Nef" (de navis) 30. Le Navis, le Vaisseau Sidéral, est fructifié par l'Esprit de la Vie – le Dieu mâle, ou, comme le savant Kenealy l'appelle avec beaucoup de justesse dans son Apocalypse – le Saint-Esprit. Dans le symbolisme religieux Occidental, le croissant était l'aspect mâle et la pleine Lune l'aspect femelle de cet Esprit universel. Le mot mystique ALM, que le prophète Mahomet mit en tête de beaucoup de chapitres du Coran, se rapporte à elle comme à la Vierge Immaculée des Cieux 31. Et – comme le sublime verse toujours dans le ridicule – c'est de cette racine Alm que nous devons faire dériver le mot Almeh – danseuses égyptiennes. Ces dernières sont des "vierges" dans le genre des Bayadères des Indes et des Kadeshim (femelles), des "êtres saints" des temples juifs – consacrées à Jéhovah qui représentait les deux sexes – et dont les saintes fonctions dans les temples israélites étaient identiques à celles des Bayadères.

27 I. 14.

28 Voyez Schwartze, op. cit., pp. 359, 361 et seqq.

29 Sayce, Hibbert Lectures, 1887, p. 374.

30 Timée de Locres parlant de "l'Arka" (Anche) l'appelle "le principe des meilleures choses" (Άρχὰ τω̃ν ὰρίστων). Le mot arcane "caché" ou secret, en est dérivé. "A personne on ne dévoile les Arcanes, sauf au... Très Haut" (Codez Nazaraeus) – allusion à la Nature, pouvoir femelle et à l'Esprit, pouvoir mâle, Esculape, en qualité de Dieu-Solaire, était appelé Arghagetos, "né de l'Arche", la divine Vierge-Mère des Cieux (Voyez Kenealy, Book of God, p. 10).

31 Kenealy, op. cit., ibid.

32 Celui-ci est composé de dix points rangés triangulairement sur quatre rangs. C'est le Tétragrammaton des Cabalistes Occidentaux.

 

Or, Eustathe déclare que IO (ΙΩ) veut dire la Lune dans le dialecte des Argiens ; c'était aussi l'un des noms de la Lune en Egypte. Jablonski dit :

(ΙΩ), Ioh, Ægyptiis Lunam significat neque habent illi, incommuni sermonis usu, aliud nomen quo Lunam designent proeter IO.

Le Pilier et le Cercle (IO), qui, selon Pythagore, était le nombre parfait contenu dans le Tétraktys 32, devint postérieurement un nombre phallique par excellence – chez les Juifs, surtout, pour lesquels il représente le Jéhovah mâle et femelle.

Voici comment un savant explique cela :

 Je trouve sur la pierre de Rosette d'Uhlemann, le mot mooth (dans Seiffarth aussi), le nom de la Lune, employé comme un cycle de temps, le mois lunaire par conséquent, au moyen de l'hiéroglyphe  M , avec (    )   et (0)  comme  déterminatifs,  qui  sont  donnés  comme  le IOH Copte, ou IOH. Le mot hébreu – (יוה) peut aussi être [IV 22]  employé  comme  IOH,  car  la  lettre  vau  (ו)  était employée  pour  o,  pour  u,  ainsi  que  pour  v  ou  w.  Ceci avant la Massore, dont le point (.) était employé comme ()  =  o ;  (וּ)  =  u  et  (ו)  =  v  ou  w.  Or,  mes  recherches originales  m'avaient  amené  à  cette  conclusion  que  la grande  fonction  distinctive  du  nom  divin  de  Jéhovah désignait  l'influence  de  la  Lune,  comme  la  cause  de  la génération et sa valeur exacte comme année lunaire dans la  mesure  naturelle  des  jours,  comme  vous  le  verrez clairement...  Et  voici  que  ce  même  mot  vient  d'une source   bien   plus  ancienne ;   du   Copte,   ou   plutôt   de l'ancien Egyptien du temps des Coptes 33.

33 Tiré d'un manuscrit.

 

Ceci est encore plus remarquable, lorsque l'Egyptologie le compare avec le peu qu'elle sait au sujet de la Triade de Thèbes – composée de Ammon, Mooth (ou Moot) et leur fils Khonsoo. Cette Triade, lorsqu'elle était unie, était contenue dans la Lune, comme dans son symbole commun et, lorsqu'elle était séparée, c'était Khonsoo qui était le Dieu Lunus, que l'on confondait ainsi avec Thoth et Phtah. Sa mère Moot – ce nom, soit dit en passant, signifiait "la Mère" et non pas la Lune qui n'était que son symbole – est appelée la "Reine du Ciel", la "Vierge", etc., car elle était un aspect d'Isis, de Hathor et d'autres Déesses Mères. Elle était moins l'épouse que la mère d'Ammon, dont le titre distinct est celui "d'époux de sa mère". Dans une statuette qui se trouve à Boulac, au Caire, cette Triade est représentée par une momie tenant dans sa main trois sceptres différents et portant le disque lunaire sur sa tête ; une tresse de cheveux caractéristique prouve l'intention de représenter un Dieu enfant, ou le "Soleil" dans la Triade. C'était, à Thèbes, le Dieu de la Destinée et on le rencontre sous deux  aspects : 1° comme Khonsoo, le Dieu-Lunaire et le Seigneur de Thèbes, Nofirhotpoo, "celui qui est dans le repos absolu" et 2° comme "Khonsoo p. iri-sokhroo", ou "Khonsoo qui accomplit la Destinée" ; le premier préparait les événements et les concevait pour ceux qui naissaient sous son influence génératrice, l'autre les mettait en action 34. A la suite de permutations théogoniques, Ammon devint Horus, Hor-Ammon et Moot (h) – Isis nous est montrée lui donnant le sein, dans une statuette de la période Saïtique 35. Dans cette Triade transformée, Khonsoo devient à son tour Thoth-Lunus, "celui qui accomplit le salut". Son front est couronné par une tête d'ibis décorée du disque lunaire et du diadème appelé Io-tef (IO-tef) 36. [IV 23]

34 Voyez le Guide au musée de Boulac de G. Maspéro, 1884, p. 168, n° 1981.

35 Ibid., p. 169, n° 1998.

36 Ibid, p. 172, n° 2068.

 

Or, tous ces symboles se trouvent certainement reflétés dans le Yavé ou Jéhovah de la Bible(certains croient qu'ils lui sont identiques). Ceci deviendra évident aux yeux de tous ceux qui liront The Source of Measures, ou "The Hebrew-Egyptian Mystery" et qui comprendront les preuves mathématiques, claires et indéniables, qui y sont données pour établir que les fondations ésotériques ou le système suivi dans la construction de la Grande Pyramide et dans les mesures architecturales du Temple de Salomon (que celui-ci soit mythique ou réel), de l'Arche de Noé et de l'Arche de l'Union, sont les mêmes. Si quelque chose au monde peut trancher la question de savoir si les anciens Juifs, aussi bien que les Juifs post-babyloniens plus récents, mais surtout les premiers, ont édifié leur Théogonie et leur Religion sur les fondations mêmes employées par les Païens, c'est le livre en question.

Il serait bon, maintenant, de rappeler au lecteur ce que nous avons dit de I A O dans Isis Dévoilée :

Aucune divinité ne fournit une aussi grande variété d'étymologies que Iaho et il n'existe pas d'autre nom qui puisse être prononcé de tant de façons différentes. Ce n'est qu'en l'associant aux points massorétiques que les Rabbins moins anciens arrivèrent à faire de Jéhovah "Adonaï" – ou le Seigneur. Philon de Byblos l'écrit en lettres  grecques  (ΙΕΥΩΙΕVΟ). Théodoret dit que les Samaritains le prononçaient Iabé (Yahva) et les Juifs Yaho ; ce qui en ferait, comme nous l'avons démontré, I- Ah-O. D'après Diodore, "les Juifs racontent que Moise appelait le Dieu IAO". C'est en nous basant sur l'autorité de la Bibleelle-même que nous soutenons que Moïse, avant d'être initié par Jethro, son beau-père, n'avait jamais connu le mot Iaho 37.

Ce qui précède est corroboré par une lettre privée reçue d'un Cabaliste très érudit. Dans notre premier Volume 38, il est dit qu'au point de vue ésotérique, Brahma (le neutre), que les Orientalistes confondent si inconsidérément et si souvent avec Brahmâ (le mâle), est parfois appelé Kâla-hansa, le "Cygne dans l'Eternité" et le sens ésotérique de A-ham-sa est traduit par "Je [IV 24] suis (lui)", So-ham étant égal à, Sah "lui" et Aham "Je" – un anagramme mystique et une permutation. C'est aussi le Brahmâ "aux quatre faces", le Chatur-mukham (le Cube Parfait), se formant dedans et par le Cercle Infini et de nouveau l'emploi des 1, 3 et 5 et du 7/7 = 14, comme Hiérarchie Esotérique des Dhyân  Chohans, se trouve expliqué. Le correspondant dont j'ai fait mention se livre, à, propos de cette question, aux commentaires suivants :

Au sujet des 1, 3 et 5 et du deux fois 7, signifiant tout spécialement 13514, chiffre qui, placé sur un cercle, peut être lu comme 31415 (ou valeur de π, je crois que le doute est impossible, surtout lorsqu'on les considère avec les marques symboliques sur Sacr' 39, "Chakra", ou Cercle de Vishnou.

37 L'étudiant doit savoir que Jethro n'est pas appelé le "beau-père" de Moise parce que celui-ci était réellement marié à l'une de ses filles. Moïse, s'il n'a jamais existé, fut un Initié et, comme tel, un Ascète, un Nazar, qui ne pouvait être marié. C'est une allégorie comme tout le reste. Zipporah (la "brillante") est la personnification d'une des Sciences Occultes transmises  par  Reuel-Jethro, le prêtre Initiateur Midien, à son disciple égyptien Moise. Le "puits" près duquel Moïse s'assit lorsqu'il fuyait Pharaon, symbolise le "Puits du Savoir".

38 Doctrine Secrète, Stance IV.

39 En hébreu, le symbole phallique du Lingam et du Yoni.

 

Permettez-moi de pousser votre description un peu plus loin : Vous dites, "l'Unique provenant de l'Œuf, le Six  et le Cinq 40, donnent le nombre 1065, la valeur du premier- né". S'il en est ainsi, nous avons dans 1065 le fameux nom de Jéhovah, le Jvé ou Javé, ou Jupiter et en y remplaçant (ה) par (נ), ou h par n, nous avons (יונ) ou le mot latin Jun ou Junon, la base de l'énigme chinoise, la clef servant à mesurer les nombres de Sni (Sinaï) et de Jéhovah descendant de cette montagne, nombre (1065) qui n'est que l'emploi de notre raison de 113 à 335, parce que 1065 = 355 ´ 3, ce qui représente la circonférence d'un diamètre de 113 ´ 3 = 339. Ainsi le premier-né de Brahmâ-Prajâpati (ou de tout Démiurge) indique l'emploi comme mesure d'un rapport circulaire tiré de Chakra (ou Vishnou) et, comme il est dit plus haut, la Manifestation Divine revêt la forme de la Vie et du Premier-né.

Il y a une chose très singulière : A l'entrée du passage qui conduit à la Chambre du Roi, la mesure prise de la surface de la Grande Marche 41 et de la Grande Galerie, jusqu'au sommet de cette même Galerie est, d'après les mesures très soigneusement prises par Piazzi-Smyth, de 339 pouces. Or, si l'on décrit un cercle avec un rayon de 339 : le diamètre de ce cercle sera de 339 ´ 2 = 678, et ces nombres sont ceux mêmes de l'expression "et le corbeau" dans les scènes ou tableaux "de la colombe et du corbeau" du Déluge de Noé (le rayon est pris pour faire ressortir la division en deux parties qui sont de 1065 chaque) ; car 113 (l'homme ´ 6 = 678, et le diamètre d'une circonférence de 1065 ´ 2 – nous avons donc ici une indication de l'homme cosmique sur ce haut degré, à l'entrée de la Chambre du Roi (le Saint des Saints) – qui est la matrice. Or, l'élévation de ce passage est telle que, pour y [IV 25] entrer, un homme doit se courber. Mais l'homme debout est 113, et 113 brisé ou courbé il devient 113 / 2 = 56,5 ou 5,65 ´ 10 (הוהי), ou Jéhovah. C'est-à-dire qu'il le personnifie 42 comme entrant dans le Saint des Saints. Mais d'après l'Esotérisme Hébreu, la fonction principale de Jéhovah était de donner des enfants, etc., et cela parce que, de par les nombres de son nom, il était le mensurateur de l'année lunaire, cycle de temps qui – parce qu'en raison de son facteur 7 (sept), fit concordait si bien avec les périodes d'animation, de viabilité et de gestation – était considéré comme la cause de l'action génératrice et était, par suite, vénéré et imploré.

40 Voyez vol. I, Stance IV, Shloka 3.

41 C'est à cette marche que l'on arrive sur le plan du niveau de l'entrée ouverte de la Chambre du Roi, le "Saint des Saints" Egyptien.

 

Cette découverte rattache encore plus Jéhovah à tous les autres Dieux Créateurs et Générateurs, tant Solaires que Lunaires et particulièrement au "Roi" – Soma, le Deus Lunus Hindou, la Lune, à cause de l'influence Esotérique que l'Occultisme attribue à, cette Planète. Il y a toutefois d'autres corroborations de ceci, dans la tradition hébraïque elle-même. Maimonides, dans le More Névochim (ou  "Guide  du  Perplexe"  –  en effet !), nous présente Adam sous deux aspects ; comme un homme issu, de même que tous les autres, d'un homme ou d'une femme et – comme le Prophète de la Lune ; la raison de ceci est maintenant apparente et doit être expliquée.

Adam, en sa qualité de "Progéniteur supposé de la Race Humaine" est, comme Adam Kadmon, fait à l'image de Dieu – une image priapique par conséquent. Les mots hébreux Sacr' et N'cabvah, traduits littéralement, veulent dire Lingam (phallus) et Yoni (Ctéïs), malgré leur traduction dans la Biblepar "mâle et femelle" 43. Ainsi qu'il y est dit "Dieu créa l'homme à son image ; il le créa à l'image de Dieu ; il les créa mâle et femelle" – l'Adam-Kadmon androgyne. Or, ce nom cabalistique n'est pas celui d'un homme vivant, ni même d'un Etre humain ou divin, mais bien celui des deux sexes ou des deux organes de procréation, appelés en Hébreu, avec une   sincérité   de   langage éminemment [IV 26] biblique, Sacr' et N'cabvah 44 ; ces deux organes constituent donc l'image sous laquelle le "Seigneur Dieu" apparaissait habituellement à son peuple élu. Il est aujourd'hui prouvé, d'une façon indéniable, qu'il en est ainsi, par presque tous les grands symbologistes et les hébraïsants, ainsi que par la Kabalah. Il s'ensuit que, dans un sens, Adam n'est autre que Jéhovah. Ceci rend parfaitement clair une autre tradition, générale en Orient, que Grégoire mentionne dans Notes and Observations upon several Passages in Scripture 45  et que Hargrave Jennings cite dans son Phallicism.

42 Le Candidat à l'initiation personnifiait, toujours le Dieu du Temple auquel il appartenait, comme le Grand Prêtre personnifiait le Dieu à tous moments ; exactement comme le Pape personnifie maintenant Pierre et même Jésus-Christ lorsqu'il entre dans le sanctuaire intérieur – le "Saint des Saints" Chrétien.

43 Genèse, 1, 27.

 

Dieu ordonna à Adam que son corps mort demeurât à la surface de la Terre jusqu'à ce que les temps fussent accomplis pour le déposer... au milieu de la Terre, par les soins d'un prêtre du Dieu Très Haut...

En conséquence,

Noé priait journellement dans l'Arche devant le "Corps d'Adam" 46.

ou devant le phallus qui se trouvait dans l'Arche, ou encore, le "Saints des Saints". Le. Cabaliste qui est habitué aux permutations incessantes des noms bibliques, dès qu'on les interprète numériquement et symboliquement, comprendra la signification.

Les deux mots qui composent le nom de Jéhovah constituent l'idée originale de mâle-femelle, comme source de la naissance car le (י) était le membrum virile et Hovah était Eve. Ainsi... l'être parfait, comme source des mesures, revêt aussi la forme de naissance, comme être hermaphrodite ; de là l'emploi phallique de la forme 47.

 44 Jéhovah dit à Moïse : "la somme de mon nom est sacr' le porteur du germe" – phalllus. "C'est... le véhicule de l'énonciation et, en vérité, en tant que sacr' ou porteur du germe, son emploi a traversé toutes les époques jusqu'au sacr-factum du prêtre Romain et jusqu'au sacr-fice et sacr-ment de la race de langue anglaise" (Source of Measures, p. 236). Aussi le mariage est-il un sacrement pour l'Eglise Grecque et l'Eglise Romaine.

45 Londres, 1864, vol. I, pp. 120, 121.

46 Op. cit., P. 159.

47 Source of Measures, p. 67.

 

En outre, le même auteur expose et démontre, numériquement et géométriquement, que (a) Arets, "terre", Adam, "homme" et H-adam-h, sont analogues et sont personnifiés dans la Biblesous une seule forme, comme le Mars Egyptien et Hébreu, le Dieu de la Génération 48 et (b) que Jéhovah, ou, Jah, est Noé, car "Jéhovah est Noé" s'écrivait en Hébreu (הני), ou littéralement, en Anglais, Inch (pouce).

48 Op. cit., p. 187.

 

Ce qui précède fournit donc une clef de ces traditions. Noé, une permutation divine, le Sauveur supposé de l'Humanité, qui transporte dans son Arche ou Argha (la Lune) les germes de toutes les choses vivantes, fait ses dévotions devant le "Corps d'Adam", corps qui est l'image du Créateur et qui est lui-même [IV 27] un Créateur. C'est pourquoi Adam est appelé le "Prophète de la Lune" l'Argha ou "Saint des Saints" du Yod (י). Ceci explique aussi l'origine de la croyance populaire des Juifs, que la figure de Moïse est dans la Lune – c'est-à-dire les taches de la Lune. En effet, au point de vue cabalistique, Moïse et Jéhovah sont encore des permutations, ainsi que cela a été démontré. L'auteur de The Source of Measures s'exprime ainsi :

Il y a, par rapport à Moïse et à ses œuvres, un fait qui est trop important pour être omis. Lorsqu'il est instruit par le Seigneur au sujet de sa mission, le nom de puissance assumé par la Divinité est, Je suis ce que je suis, ce qui s'écrit ainsi en Hébreu :

 

(היהא-רשא-היהא) ;

une variation de (הוהי). Or, Moïse est (השמ) et égale

 

345

Ajouter la valeur de la nouvelle forme du nom de Jéhovah, 21 + 501 + 21 = 543, ou, en lisant à rebours, 345 ; cela nous montre Moïse comme étant une forme de Jéhovah dans cette combinaison. 210/2 = 105 ou, à rebours, 501, de sorte que asher ou le "ce que" dans la phrase "Je suis ce que je suis" est simplement un guide  pour l'emploi de 21 ou (7 ´ 3) et de (501)2  = (251 ´  103) + 1, un très précieux nombre pyramidal, etc. 49.

Afin de fournir une explication plus claire à ceux qui ne sont pas Cabalistes, nous exposons la chose ainsi : "Je suis ce que je suis" est en Hébreu :

 

Ahiyé (היהא)

5 10 5 1


Asher (רשא)

200 300 1


Ahiyé (אהיה)

5 10 5 1

 

 

Additionnez les nombres de ces mots séparés et vous avez :

 

(היהא) 21


(רשא) 501


(היהא) 21

 

 

Ceci a trait au processus de descente sous forme de Feu sur la Montagne pour faire l'Homme, etc. et c'est expliqué comme étant un obstacle 50 et l'emploi des nombres des montagnes, car d'un  côté nous avons 10 + 5 + 6 = 21, vers le milieu 501 et de l'autre côté 6 + 5 + 10 = 21.

Le "Saint des Saints", tant cabalistique que rabbinique, nous est ainsi présenté comme un symbole international et comme une propriété commune. Aucun des deux n'a pris naissance chez [IV 28] les Hébreux, mais grâce aux manipulations trop réalistes des Lévites à demi initiés, le symbole acquit chez eux une signification qu'il n'a guère chez aucun peuple jusqu'à présent et, qu'à l'origine, aucun véritable cabaliste n'eût jamais songé à lui donner. Le Lingam et le Yoni de l'Hindou moderne, de développement moyen, ne vaut évidemment pas mieux que le "Saint des Saints" rabbinique – mais il n'est pas pire et c'est là un point de gagné sur les détracteurs chrétiens des Philosophies religieuses asiatiques. Pour de tels mystères religieux, et pour le symbolisme occulte d'une croyance et d'une philosophie, c'est en effet l'esprit des dogmes exposés qui devrait décider de leur valeur relative. Qui oserait prétendre que cette soi-disant "Sagesse", examinée sous ses deux faces, employée uniquement pour les besoins et pour le bénéfice d'une seule petite nation ait jamais développé chez celle-ci quelque chose qui ressemblât à une morale nationale ? Les prophètes sont là pour nous montrer la manière de vivre du peuple élu mais "opiniâtre", avant, pendant et après l'époque de Moïse. Qu'il ait possédé à un moment donné la Religion Sagesse, ainsi que l'emploi de son langage universel et de ses symboles, cela est prouvé par l'Esotérisme identique qui existe jusqu'à présent aux Indes au sujet du "Saint des Saints". Cet Esotérisme, comme nous l'avons dit plus haut, consistait et consiste encore dans le passage à travers la Vache d' "Or" dans cette même attitude courbée qu'imposait la Galerie de la Pyramide et qui, dans l'Esotérisme Hébreu, identifiait l'homme avec Jéhovah. Chez les Hindous, comme chez les anciens Egyptiens, cet esprit était et est toujours entièrement métaphysique et psychologique ; chez les Hébreux, il était réaliste et physiologique. Il faisait allusion à la première séparation sexuelle de la race humaine – Eve donnant naissance à Caïn-Jéhovah, ainsi qu'il est démontré dans The Source of Measures ; à la consommation de l'union terrestre physiologique et à la conception – comme dans l'allégorie de Caïn versant le sang d'Abel, car Abel était le principe féminin et enfin à la gestation – processus que l'on représente comme ayant  commencé durant le cours de la Troisième Race, ou avec le Troisième Fils d'Adam, Seth, avec le fils duquel, Hénoch, les hommes commencèrent à se donner le nom de Jéhovah ou Jah-hovah, le Jod mâle et Havah ou Eve, c'est-à-dire des êtres mâles et femelles 51. La différence gît donc dans le sentiment religieux et moral, mais les deux symboles [IV 29] sont identiques. Il est hors de doute que pour les Tanaïm Juifs, complètement initiés, le sens du symbolisme était une abstraction aussi sainte que pour les anciens Dvijas Aryens. Le culte de "Dieu dans l'Arche" ne date que de David et pendant un millier d'années Israël ne connut pas de Jéhovah phallique, tandis que l'antique Kabalah, éditée et rééditée, en est maintenant souillée.

51 La Genèse(IV, 26),donne la traduction erronée : "Et il l'appela Enos (homme) ; alors on commença à invoquer le nom du Seigneur" – ce qui n'a pas de sens, puisque Adam et les autres doivent en avoir fait autant.

 

Chez les anciens Aryens, le sens occulte était grandiose, sublime et poétique, quelque grande que puisse être la contradiction qui existe maintenant entre cette prétention et l'aspect extérieur de leur symbole. La cérémonie du passage à, travers le "Saint des Saints" – symbolisé maintenant par la Vache, mais au début par le temple Hiranya-garbha, l'Œuf Radieux, lui-même un symbole de la Nature Universelle Abstraite – signifiait la conception et la naissance spirituelles, ou plutôt la renaissance de l'individu et sa régénération ; l'homme courbé à l'entrée du Sanctum Sanctorum, prêt à traverser la Matrice de la Nature Mère, ou la créature physique prête à, redevenir l'Etre Spirituel original, l'HOMME pré-natal. Pour le Sémite, cet homme courbé représentait la chute de l'Esprit dans la Matière et cette chute, cette dégradation recevait de lui les honneurs de l'apothéose, ce qui avait pour résultat de rabaisser la Divinité au niveau de l'homme. Pour lAryen, le symbole représentait le divorce de l'Esprit d'avec la Matière, son retour à sa Source primordiale dans laquelle il s'immerge ; pour le Sémite, il signifiait l'union de l'Homme Spirituel avec la Nature Matérielle Femelle, le côté physiologique assumant la prédominance sur le côté psychologique et purement immatériel. L'opinion que l'Aryen avait du symbolisme était celte du monde Païen tout entier ; l'interprétation du Sémite était éminemment celle d'une petite tribu dans le sein de laquelle elle avait pris naissance, donnant ainsi la mesure de ses caractéristiques nationales et des défauts idiosyncrasiques qui caractérisent jusqu'à présent beaucoup de Juifs – réalisme grossier, égoïsme et sensualité. Par l'entremise de leur père Jacob, ils avaient conclu un marché avec  la divinité de leur tribu, exaltée au-dessus de toutes les autres, et convenu avec elle que sa "semence serait comme la poussière de la terre" ; aussi cette divinité ne pouvait-elle être désormais mieux représentée que par le symbole de la génération et par un nombre et des nombres.

Carlyle dit des choses très sages à propos de ces nations. Pour l'Aryen Hindou – le peuple le plus métaphysique et le plus spiritualiste [IV 30] du monde – la religion a toujours été, suivant son expression :

Une éternelle étoile polaire, dont l'éclat augmente dans les cieux, à mesure qu'ici-bas la nuit  devient plus sombre, autour de lui.

La religion de l'Hindou le détache de la Terre ; aussi le symbole de la Vache reste-t-il jusqu'à présent un des plus grandioses et des plus philosophiques, dans son sens intérieur. Pour les "Maîtres" et "Seigneurs" des puissances Européennes, les Israélites, certaines expressions de Carlyle sont admirablement justes ; pour eux,

La religion est un sentiment sage et prudent, basé sur de simples calculs. et il en fut ainsi dès les débuts. Ayant assumé ce fardeau, les nations chrétiennes se voient contraintes de le défendre et de le poétiser  aux dépens de toutes les autres religions.

Mais il n'en était pas ainsi chez les nations anciennes. Pour elles, le passage servant d'entrée et le sarcophage de la chambre du Roi signifiaient régénération – et non génération. C'était le symbole le plus solennel, un Saint des Saints en vérité, dans lequel étaient créés d'Immortels Hiérophantes et des "Fils de Dieu" – mais jamais des hommes mortels, des fils du désir et de la chair, comme maintenant, suivant l'interprétation cachée du Cabaliste Sémite. Le motif de cette différence dans la manière de voir des deux races est facile à expliquer. L'Hindou Aryen appartient aux plus anciennes races qui sont actuellement sur la terre ; le Sémite Hébreu appartient à la plus récente. Le premier est âgé de près d'un million d'années ; le dernier constitue une petite sous-race âgée de quelque 8.000 ans, pas davantage 52.

Le culte phallique ne s'est toutefois développé qu'avec la perte [IV 31] graduelle des clefs du sens intérieur des symboles religieux et il fut un temps où les Israélites avaient des croyances aussi pures que celles des Aryens. Mais le Judaïsme d'aujourd'hui, basé uniquement sur le culte phallique, est devenu l'une des croyances les plus en retard de l'Asie, et, théologiquement, une religion de haine et de malveillance envers tout ce qui est en dehors d'elle. Philon le Juif expose ce que fut la véritable foi Hébraïque. Les Ecritures Sacrées, dit-il, prescrivent ce que nous devrions faire et nous commandent de haïr les païens, ainsi que leurs lois et leurs institutions. Il est vrai qu'ils haïssaient publiquement le culte de Baal ou de Bacchus, mais pour en pratiquer en secret les plus mauvais détails. C'est par des Juifs Talmudiques que les grands symboles de la Nature furent surtout profanés. Ainsi que le démontre aujourd'hui la découverte de la clef qui permet de lire correctement la Bible, la Géométrie, la cinquième Science Divine – "cinquième" dans la série des Sept Clefs du Langage Esotérique universel et du Symbolisme – était profanée par eux et employée à voiler les mystères sexuels les plus terrestres et les plus grossiers, au cours desquels la Divinité et la Religion étaient toutes deux dégradées.

52 A strictement parler, les Juifs constituent une race Aryenne artificielle, née dans les Indes et appartenant à la division Caucasienne. Aucun de ceux qui connaissent les Arméniens et les Parsis, ne peut manquer de reconnaître dans les trois le même type Aryen-Caucasien. Des sept types primitifs de la Cinquième Race, il n'en reste plus maintenant que trois sur la terre. Ainsi que le professeur W. H. Flower le disait avec raison en 1885 : "Je ne puis repousser cette conclusion à laquelle arrivent si souvent divers anthropologistes – à savoir, que l'homme primitif, quoi qu'il ait pu être, s'est séparé au cours des temps en trois types extrêmes, représentés par le Caucasien d'Europe, le Mongolien d'Asie et l'Ethiopien d'Afrique et que tous les individus de l'espèce humaine qui existent peuvent être classés dans ces types" (Discours du Président à l'Institut Anthropologique de la Grande-Bretagne, etc.). Si nous considérons que notre race a atteint sa cinquième sous-race, comment pourrait-il en être autrement ?

 

On nous enseigne qu'il en est exactement de même pour notre Brahmâ-Prajâpati, pour Osiris et pour tous les autres Dieux Créateurs. En effet, lorsque leurs rites sont jugés au point de vue ésotérique et externe ; juste le contraire, lorsque leur signification intime est dévoilée, comme nous le constatons. Le Lingam Hindou est identique au "Pilier" de Jacob – c'est incontestable, mais la différence comme nous l'avons dit, semble résider dans le fait que la signification Esotérique du Lingam était trop réellement sacrée et métaphysique pour être révélée au profane et au vulgaire, de sorte que son apparence superficielle était livrée aux spéculations de la foule. L'Héliophante Aryen et le Brahmane, dans leur orgueilleux exclusivisme et dans la satisfaction de leur savoir, ne se donnaient pas non plus la peine d'en voiler la nudité primordiale sous des fables savamment imaginées, tandis que le Rabbin, ayant interprété le symbole de façon à satisfaire ses tendances personnelles, était obligé d'en voiler le sens trop cru. Ceci servait à atteindre un double but : celui de conserver le secret pour lui-même et de se hausser, dans son monothéisme supposé, au-dessus du païen que sa Loi lui ordonnait de haïr 53 – commandement joyeusement accepté aujourd'hui [IV 32] par les Chrétiens aussi, malgré un autre commandement plus récent, celui de : "Aimez-vous les uns les autres". Les Indes, comme l'Egypte, avaient et ont encore leurs lotus sacrés, qui symbolisent le même "Saint des Saints" – le lotus grandissant  dans  l'eau,  un  double  symbole  féminin  –  le  porteur  de sa propre semence et la racine de tout. Virâj et Horus sont tous deux des symboles mâles, émanant du sein de la Nature Androgyne, l'un de Brahmâ et de sa contrepartie femelle Vâch, l'autre d'Osiris et d'Isis – jamais du Dieu Unique Infini. Dans le système Judéo-chrétien, c'est différent. Au contraire, le lotus, renfermant Brahmâ, l'univers, nous est représenté comme jaillissant du Nombril de Vishnou, le Point Central des Eaux de l'Espace Infini, et Horus comme jaillissant du lotus du Nil Céleste – toutes ces idées panthéistes abstraites sont rapetissées et rendues terrestres et concrètes dans la Bible. On est presque tenté de dire que dans leur forme ésotérique elles sont plus grossières et encore plus anthropomorphiques que dans leur forme exotérique. Prenez comme exemple le même symbole, même dans son application chrétienne – les lys dans la main de l'Archange Gabriel 54. Dans l'Hindouisme, le "Saint des Saints" est une abstraction universelle, dont les dramatis personae sont l'Esprit Infini et la nature ; dans le Judaïsme Chrétien, c'est un Dieu personnel, en dehors de cette nature et de la matrice humaine – Eve, Sarah, etc. ; par conséquent un Dieu phallique anthropomorphique et son image – l'homme.

53 Toutes les fois que l'on a signalé ces analogies entre les Gentils et les Juifs, puis, plus tard, les Chrétiens, ces derniers ont invariablement répondu que c'était l'œuvre du Diable qui forçait les Païens à imiter les Juifs dans le but de souiller la religion de l'unique vrai Dieu vivant. Faber répond très justement à cela : "Certaines personnes ont imaginé que les Gentils copiaient servilement les israélites et que chaque point similaire était emprunté, aux Institutions Mosaïques,  mais cette théorie ne peut en aucune façon résoudre le problème. D'abord parce que nous retrouvons, dans les cérémonies de nations très éloignées de la Palestine, identiquement la même ressemblance que celle que nous constatons chez les nations qui en étaient voisines, ensuite parce qu'il parait incroyable que toutes aient copié celle qui était universellement détestée et méprisée" (Pagan Idolatry, 1, 104).

 54 Luc, I, 28.

55 Leurs Piliers sacrés (en pierres non taillées), érigés par Abraham et Jacob, étaient des Lingams.

 

Nous maintenons donc, qu'au sujet du contenu de la Bible, il faut admettre l'une des deux hypothèses suivantes. Ou bien il y avait, derrière le substitut symbolique Jéhovah, la Divinité Inconnue et  Incommensurable, le cabalistique Aïn Suph, ou bien, dès le début, les Juifs n'ont pas mieux valu que les adorateurs du Lingam 55, pris à la lettre, de l'Inde de nos jours. Nous disons que la première hypothèse est la vraie et que, par suite, le culte [IV 33] secret ou ésotérique des Juifs constituait le même panthéisme que l'on reproche aujourd'hui aux Philosophes Védantins ; Jéhovah était un substitut au Service de la foi nationale exotérique et n'avait ni importance, ni réalité, aux yeux des prêtres érudits et des philosophes – les Saducéens, la plus raffinée et la plus savante des sectes israélites, en sont la preuve vivante avec leur refus méprisant d'accepter aucune croyance, sauf la Loi. Comment ceux qui ont conçu le merveilleux thème connu aujourd'hui sous le nom de la Bible, ou leurs successeurs – qui savaient, comme tous les cabalistes le savent, que ce thème n'avait été conçu que pour servir de "voile" au peuple – comment, nous le demandons, auraient-ils pu éprouver du respect pour le symbole phallique et le nombre qu'était Jéhovah, comme nous le démontrent d'une façon indéniable les ouvrages cabalistiques ? Comment une personne digne du titre de Philosophe et connaissant le véritable sens secret de leur "Pilier de Jacob", de leurs Bethels, phallus enduits d'huile, et de leur "Serpent d'Airain", pourrait-elle vouer un culte à un symbole aussi grossier et le servir en voyant en lui leur "Alliance" – le Seigneur en personne ? Que le lecteur se reporte au Guemara Sanhédrim et juge. Comme l'ont démontré plusieurs auteurs et comme le déclare brutalement Hargrave Jennings dans Phallicism :

Nous savons, grâce aux archives juives, que l'Arche renfermait une table de pierre ; et si l'on peut démontrer que cette pierre était phallique et cependant identique au nom sacré de Jéhovah ou Yéhovah, qui, écrit en Hébreu sans points, au moyen de quatre lettres, est J-E-V-E ou J- H-V-H (l'H n'étant qu'une aspirée semblable à E). Ce procédé nous laisse deux lettres I et V (ou sous une autre de ses formes U) ; si nous plaçons alors l'I dans l'U nous avons le "Saint des Saints" ; nous avons aussi le Linga, le Yoni et l'Argha des Hindous, l'Ishwara (Ishyara) ou "Suprême Seigneur" et nous avons ici tout le secret de sa signification mystique et céleste, confirmée en elle- même comme étant identique au Linyoni (?) de l'Arche de l'Alliance 56.

56 Op. cit, p. 67

 

Les Juifs bibliques de nos jours ne datent pas de Moïse, mais de David même en admettant que les parchemins mosaïques anciens et authentiques soient identiques à ceux qui furent refaits plus tard. Avant cette époque, leur nationalité se perd dans les brumes des ténèbres préhistoriques, dont nous soulevons maintenant les voiles autant que nous le permet l'espace dont nous disposons. Ce n'est que jusqu'à l'époque de la captivité à [IV 34] Babylone que l'Ancien Testament peut être cité par la critique la plus indulgente, comme représentant d'une manière à peu près correcte la façon de voir qui avait cours du temps de Moïse. Même des chrétiens fanatiques et des adorateurs de Jéhovah, comme le Révérend Mgr Horne, sont dans l'obligation  d'admettre  les  nombreux  changements et les nombreuses altérations dus aux nombreux compilateurs du "Livre de Dieu", puisqu'il fut découvert par Hilkiah 57 et puisque :

Le Pentateuque est né de documents primitifs ou plus anciens auxquels on a ajouté un document supplémentaire.

Les textes Elohistiques furent récrits à nouveau 500 ans après l'époque de Moïse ; les textes Jéhovistiques 800 ans après, suivant la chronologie elle-même. Nous maintenons donc que la Divinité, représentée comme l'organe de la génération sous sa forme de pilier et comme un symbole du double organe sexuel dans la valeur numérique des lettres de son nom – le Yod, (י), ou "phallus" et le Hé, (ה), l' "ouverture" ou "la matrice", selon les autorités cabalistiques – est de date beaucoup plus récente que les symboles des Elohims et a été empruntée aux rites païens exotériques, de sorte que Jéhovah marche de pair avec le Lingam et le Yoni que l'on trouve aux Indes sur tous les chemins.

De même que le Iao des mystères était distinct de Jéhovah, de  même le Iao et l'Abraxas, ou Abrasax, postérieurs, de certaines sectes gnostiques, étaient identiques au Dieu des Hébreux, qui était le même que le Horus Egyptien. Ceci est indéniablement prouvé sur les pierres "Païennes", comme sur les pierres Gnostiques "Chrétiennes". Dans la collection des pierres précieuses de ce genre de Matter, il y a un "Horus" –

Assis sur le lotus portant l'inscription (ΑΒΡΑΣΑΞ-ΙΑΩ) (Abraxas-Iao) – invocation exactement équivalente à celle de (ΕΙΣ ΖΕΥΣ ΣΑΡΑΠΙ) (Eis Zeus Sarapi) que l'on trouve sur les pierres païennes contemporaines et qui ne doit, en conséquence, être traduite que par "Abraxas est l'Unique Jéhovah" 58.

Mais qu'était donc Abraxas ? Comme le démontre le même auteur :

 57 Voyez Introduction to the Old Testament et aussi Elohistic and Jehovistic Writers, de l'évêque Colenso.

58 Gnosties and their Rematns, de King. p. 327, 2ème édition

 

La valeur numérique ou cabalistique, du nom d'Abraxas se rapporte [IV 35] directement au titre persan du Dieu "Mithra", Souverain de l'année, adoré depuis les  temps les plus reculés sous le nom de Iao 59.

Il était ainsi le Soleil, sous un aspect, et, sous un autre, la Lune ou le Génie Lunaire, cette Divinité Génératrice que les Gnostiques saluaient ainsi : "Toi qui présides aux Mystères du Père et du Fils, qui brilles pendant la nuit, occupant le second rang, premier Seigneur de la Mort."

Ce n'est qu'en sa qualité de Génie de la Lune – celle-ci étant représentée dans l'antique cosmogonie comme la mère de notre Terre – que Jéhovah peut être considéré comme le Créateur de notre Globe et de son Ciel, c'est-à-dire du Firmament.

La connaissance de tous ces détails ne constituera cependant pas une preuve aux yeux des bigots ordinaires. Les missionnaires continueront leurs virulentes attaques contre les religions des Indes et les Chrétiens continueront à lire avec le même sourire de satisfaction ignorante ces paroles absurdes de Coleridge :

Un fait éminemment digne d'être observé, c'est que les écritures inspirées des Chrétiens se distinguent de tous les autres ouvrages qui prétendent être inspirés, des Ecritures des Brahmanes et même du Coran, par leurs vigoureux et fréquents rappels à la vérité (!!)

 59 Ibid., p. 326.

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SECTION IV - LE MYTHE DES "ANGES DECHUS" SOUS SES DIVERS ASPECTS https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/197-section-iv-le-mythe-des-anges-dechus-sous-ses-divers-aspects https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/197-section-iv-le-mythe-des-anges-dechus-sous-ses-divers-aspects

SECTION IV

LE MYTHE DES "ANGES DECHUS" SOUS SES DIVERS ASPECTS

 

 

A — Le Mauvais Esprit Qui et Quoi ?

 

Nous ne nous querellons actuellement qu'avec la Théologie, exclusivement. L'Eglise impose la croyance à un Dieu personnel et à un Diable personnel, alors que l'occultisme démontre la fausseté d'une telle croyance. Pour les Panthéistes et les Occultistes, tout comme les Pessimistes, la "Nature", n'est autre chose "qu'une mère avenante, mais froide comme la pierre" ; mais [IV 36] ceci n'est vrai qu'en ce qui concerne la Nature Physique extérieure. Ils s'accordent à reconnaître que, pour l'observateur superficiel, elle ne vaut guère mieux qu'un immense abattoir, où les bouchers deviendraient des victimes, et où les victimes se transformeraient à leur tour en exécuteurs. Il est tout naturel que le profane aux penchants pessimistes, une fois convaincu des nombreuses imperfections et des nombreux échecs de la Nature et surtout de ses tendances autophages, s'imagine que c'est là la meilleure preuve qu'il n'existe dans la Nature aucune Divinité in abscondito et qu'elle ne renferme rien de divin. Il n'est pas moins naturel de voir le Matérialiste et le Physicien s'imaginer que tout est dû à la force aveugle et au hasard, ainsi qu'à la survivance du plus fort, plus souvent même qu'à celle du plus apte. Mais les Occultistes, qui considèrent la Nature Physique comme un amas d'illusions très variées sur le plan des perceptions trompeuses ; qui ne reconnaissent dans chaque douleur et dans chaque souffrance que les angoisses nécessaires d'une incessante procréation, une série de phases menant à une perfectibilité qui croît sans cesse, comme le démontre l'influence silencieuse de l'infaillible Karma, ou Nature abstraite – les Occultistes, disons-nous, voient la Grande Mère sous un autre jour. Malheur à ceux qui vivent sans souffrir. La stagnation et la mort est le sort réservé à tout ce qui végète sans changements. Or, comment pourrait-il y avoir un changement en mieux, sans souffrances proportionnées pendant la phase précédente ? Ne sont-ce pas uniquement ceux qui ont appris à connaître la nature décevante des espérances humaines et les séductions illusoires de la nature extérieure, qui sont destinés à résoudre les grands problèmes de la vie, de la douleur et de la mort ?

Si nos modernes philosophes – précédés par les savants du Moyen-âge – sont arrivés à s'assimiler plus d'une des vérités fondamentales de l'antiquité, les Théologiens ont édifié leur Dieu et ses  Archanges, leur Satan et ses Anges, en même temps que le Logos et son état-major, en se basant entièrement sur les dramatis personae des antiques Panthéons païens. Ils eussent été les bienvenus, s'ils n'avaient pas habilement déformé les personnages originaux, perverti le sens philosophique et, abusant de l'ignorance de la Chrétienté – résultat de longs siècles d'assoupissement mental, durant lesquels l'humanité n'était autorisée à penser que par l'intermédiaire de mandataires – plongé tous les symboles dans la confusion la plus inextricable. Leur action la plus coupable dans ce genre, fut la transformation de l'Alter Ego divin, pour en faire le grotesque Satan de leur Théologie [IV 37] Comme toute la philosophie du problème du mal repose sur une compréhension correcte de la constitution de l'Etre Interne, de la Nature et de l'Homme, du divin dans l'animal, et qu'il en est de même de la justesse de tout le système exposé dans ces pages, en ce qui concerne l'œuvre maîtresse de l'évolution – l'Homme – nous ne saurions prendre trop de précautions contre les subterfuges théologiques. Lorsque le bon saint Augustin et l'ardent Tertullien appellent le Diable le "Singe de Dieu", nous pouvons attribuer cela à l'ignorance qui régnait à l'époque où ils vivaient. Il serait plus difficile d'excuser nos auteurs modernes pour la même raison. La traduction de la littérature Mazdéenne a fourni  aux auteurs Catholiques Romains un prétexte pour justifier une fois de plus leur opinion à ce sujet. Ils ont profité de la double nature d'Ahura Mazda et de ses Amshaspands dans le Zend Avesta et  la  Vendîdâdpour affirmer avec encore plus d'emphase leurs théories extravagantes. Satan est le plagiaire et le copiste par anticipation de la religion qui naquit bien des siècles plus fard. Ce fut l'un des coups de maître de l'Eglise Latine, son meilleur atout après l'apparition du Spiritisme en Europe. Bien que ne constituant qu'un succès d'estime en général, même parmi ceux que n'intéressent ni la Théosophie, ni le Spiritisme, cette arme est souvent employée par les Cabalistes Chrétiens (Catholiques Romains) contre les Occultistes Orientaux.

Or, les Matérialistes eux-mêmes sont tout à fait inoffensifs et peuvent être considérés comme des amis de la Théosophie, si on les compare à certains Cabalistes fanatiques du continent – qui se donnent le nom de "Chrétiens" et que nous appelons des "Sectaires". Ceux-ci lisent le Zohar, non pas pour y découvrir l'antique Sagesse, mais pour découvrir dans ses versets, en en mutilant le texte et la signification, des dogmes chrétiens, là où l'on aurait jamais pu songer à en mettre, et après avoir prêché ces dogmes avec l'aide collective de la casuistique et du savoir jésuitiques, les soi-disant "Cabalistes" se mettent à écrire des livres et égarent les étudiants moins clairvoyants de la Cabale 60. [IV 38]

Ne nous sera-t-il donc pas permis de draguer les profondes rivières du Passé et d'amener ainsi à la surface l'idée maîtresse qui amena la transformation du Dieu de Sagesse, que l'on avait d'abord considéré comme le Créateur de tout ce qui existe, en un Ange du Mal – en un ridicule bipède cornu, moitié chèvre, moitié singe, ayant des sabots et une queue ? Il est inutile que nous nous livrions à une digression dans le but de comparer les Démons païens de l'Egypte, des Indes ou de la Chaldée, avec le Diable du Christianisme, attendu qu'une telle comparaison est impossible, mais nous pouvons nous arrêter un instant pour jeter un coup d'œil sur la biographie du Diable Chrétien, audacieuse contrefaçon de la mythologie Judéo-Chaldéenne.

L'origine primitive de cette personnification est basée sur la conception que les Akkadiens se faisaient de l'antagonisme incessant et de la lutte des Puissances Cosmiques – les Cieux et la Terre – avec le Chaos. Leur Silik-Mouloudag (? Mouroudoug), "Dieu parmi les Dieux", "gardien miséricordieux des hommes sur la terre", était le fils de Héa (ou Ea), le grand Dieu de Sagesse, appelé Nébo par les Babyloniens. Chez les deux peuples, comme c'est aussi le cas pour les Dieux Hindous, leurs divinités étaient, à la fois, bienfaisantes et malfaisantes. De même que le mal et les châtiments sont les agents de Karma, dans le sens d'une rétribution absolument juste, de même le Mal était le serviteur du Dieu 61. La lecture des briques Chaldéo-Assyriennes l'a aujourd'hui démontré de façon à ne laisser subsister aucun doute. Nous retrouvons la même idée dans  le Zohar. Satan était un Fils et un Ange de Dieu. Pour toutes les nations Sémitiques, l'Esprit de la Terre était, dans son propre royaume, tout aussi créateur que l'Esprit des Cieux. C'étaient des frères jumeaux, interchangeables dans leurs fonctions, lorsqu'ils ne constituaient pas deux en un. Rien de ce que nous trouvons dans la Genèsene fait défaut dans les croyances religieuses Chaldéo-Assyriennes, même dans le peu qui en a été déchiffré jusqu'à présent. La grande "Surface de l'Abîme" de la Genèse, est représentée par le Tohu-Bohu, ("Abîme" ou "Espace Primordial"), ou Chaos des Babyloniens. La Sagesse, le Grand Dieu Invisible – appelé dans la Genèse"l'Esprit de Dieu" – vivait, pour les premiers Babyloniens comme pour les Akkadiens, dans la mer de l'Espace. Vers l'époque décrite par Bérose, cette Mer devint les Eaux visibles sur la surface de la Terre – la demeure cristalline de la Grande Mère, de la Mère d'Ea et de tous les [IV 39] Dieux, qui devint encore plus tard le grand Dragon Tiamat, le Serpent de Mer. La dernière phase de développement est représentée par la grande lutte de Bel avec le Dragon – le Diable !

D'où vient l'idée chrétienne que Dieu avait maudit le Diable ? Le Dieu des Juifs, quel qu'il fût, défendait de maudire Satan. Philon le Juif et Josèphe exposent tous deux que la Loi (le Pentateuque et le Talmud) défend constamment de maudire l'Adversaire, ainsi que les Dieux des Gentils. "Tu n'outrageras pas les Dieux", dit le Dieu de Moïse 62, car c'est Dieu qui "les a répartis entre toutes les nations" 63 et ceux qui parlent mal des "Dignités" (Dieux) sont appelés des "rêveurs corrompus" par Jude.

Car même l'Archange Michel... n'osa pas lancer contre lui (le Diable) une accusation outrageante, mais dit : "Le Seigneur te blâme" 64.

Enfin, la même chose est répétée dans le Talmud 65 :

 60 Le Marquis de Mirville, en France, fut un de ces Pseudo-Cabalistes, qui étudia le Zohar et autres antiques vestiges de la Sagesse Juive avec le Chevalier" Drach, ancien Rabbin Cabaliste converti à l'Eglise Romaine, et qui écrivit, avec son aide, une demi-douzaine de volumes, pleins  de médisances et de calomnies lancées contre tous les Spiritualistes et Cabalistes en vue. De 1848 à 1860, il persécuta sans relâche le vieux Comte d'Ourches, un des premiers Occultistes Orientaux en France, dont le vaste savoir Occulte ne sera jamais correctement apprécié par ses survivants parce qu'il abritait ses véritables croyances sous le masque du Spiritisme.

61 Voyez Hibbert Lectures, 1887, p. 101-105.

 62 Exode, XXII, 28.

63 Deut., IV, 19.

64 Jude, 8, 9.

65 Voyez Isis Dévoilée, III, 185 et seqq.

 66 Voyez Kiddusheem, 81, mais voyez la Qabbalah de Myer, p. 92, 94.

 

Satan apparut un jour à un homme qui avait l'habitude de le maudire quotidiennement et lui dit : "Pourquoi fais-tu cela ? Remarque que Dieu lui-même ne voulut pas me maudire, mais qu'il se borna à dire : "Le Seigneur te blâme, Satan" 66.

Cet échantillon talmudique prouve clairement (a) que saint Michel est appelé "Dieu" dans le Talmud et que quelqu'un d'autre est appelé "Seigneur" et (b) que Satan est un Dieu que le "Seigneur" lui-même craint Tout ce que nous lisons dans le Zohar et dans d'autres ouvrages cabalistiques, au sujet de Satan, prouve clairement que ce "personnage" n'est qu'une personnification du Mal abstrait, qui est l'arme de la Loi Karmique et de Karma. C'est notre nature humaine et l'homme lui-même, puisque l'on dit que "Satan est toujours proche et inextricablement mêlé à l'homme". Toute la question est de savoir si ce Pouvoir est latent ou actif en nous.

Un fait bien connu – par les, savants Symbologistes au moins – c'est que dans toutes les grandes religions de l'antiquité, c'est le Logos Démiurge – le Second Logos, ou la première émanation du Mental, Mahat

– qui est représenté comme donnant, pour, ainsi dire, le ton à ce qu'on pourrait appeler la corrélation entre l'Individualité et la Personnalité, dans le thème évolutif [IV 40] subséquent. Dans le symbolisme mystique de la Cosmogonie, de la Théogonie et de l'Anthropogonie, c'est le Logos que l'on représente comme jouant deux rôles dans le drame de la Création et de l'Etre – celui de la Personnalité purement humaine et de l'Impersonnalité divine de ce qui est appelé les Avatars ou incarnations divines et celui de l'Esprit Universel, appelé Christos par les Gnostiques, et les Fravarshi (ou Férouer) d'Ahura Mazda dans la Philosophie Mazdéenne. Sur les degrés les moins élevés de la Théogonie, les Etres Célestes des Hiérarchies inférieures avaient chacun un Fravarshi, ou "Double" Céleste. C'est une nouvelle assertion, mais sous une forme encore plus mystique, de l'axiome cabalistique, Deus est Demon inversus ; le mot "Demon" toutefois, comme dans le cas de Socrate et suivant le sens qui lui était attribué par toute l'antiquité, veut dire ici un Esprit Gardien, un "Ange" et non pas un Diable d'origine satanique, comme le voudrait la Théologie. L'Eglise Catholique Romaine fait preuve de sa logique et de son bon sens habituels  en acceptant saint Michel comme le Férouer du Christ. Ce Férouer était son "Ange Gardien", comme le prouve saint Thomas 67, ce qui ne l'empêche pas d'appeler les prototypes et les synonymes de Michel, comme Mercure, par exemple, des Diables !

L'Eglise accepte positivement le dogme d'après lequel le Christ a son Férouer, comme l'a tout autre Dieu ou tout autre mortel. De Mirville écrit :

Nous avons ici les deux héros de l'Ancien Testament, le Verbum (?) (ou second Jéhovah) et sa Face (les Protestants traduisent par "Présence"), qui ne font qu'un à eux deux et qui sont pourtant deux, mystère qui nous paraissait insoluble avant que nous n'eussions étudié la doctrine des Férouers Mazdéens et appris que le Férouer était une  puissance spirituelle, à la fois image, face et gardien de l'âme, qui finit par s'assimiler le Férouer 68.

Ceci est presque correct.

Les   Cabalistes   soutiennent,    entre   autres   absurdités,   que   le   mot Métatron, étant divisé en méta-thronon (µετα θρουου), veut dire "proche du trône" 69. Il veut dire juste le contraire, attendu que [IV 41] meta signifie "au-delà" et non pas "proche". Ceci a une grande importance au point de vue de notre argumentation. Saint Michel, le "quis ut Deus", est donc, pour ainsi dire, le traducteur du monde visible, dans le monde visible et objectif.

Ils soutiennent en outre, d'accord avec l'Eglise Catholique Romaine, que dans la Théologie Biblique et Chrétienne, il n'existe pas "après la Trinité, de personnalité céleste supérieure à l'Archange ou Séraphin Michel". D'après eux, le vainqueur du Dragon est l'Archi-Satrape de la Milice Sacrée, le Gardien des Planètes, le Roi des Etoiles, le Meurtrier de Satan et le Puissant Directeur. D'après l'astronomie mystique de ces messieurs, il est le vainqueur d'Ahriman, qui, après avoir renversé le Trône Sidéral de l'usurpateur, se baigne à sa place dans les Feux Solaires et qui, en sa qualité de défenseur du Christ-Soleil, approche son Maître de si près, "qu'il semble ne faire qu'un avec lui" 70. En raison de cette fusion avec le Verbe (Verbum), les Protestants et parmi eux Calvin, finirent par perdre entièrement de vue la dualité et ne virent plus Michel, "mais seulement son maître", écrit l'abbé Caron. Les Catholiques Romains, et particulièrement leurs Cabalistes, sont mieux informés et ce sont eux qui expliquent au monde cette dualité, ce qui leur fournit le moyen de glorifier les élus de l'Eglise et de repousser, en les couvrant d'anathèmes, tous les Dieux qui peuvent gêner leurs dogmes.

67 Marangone, dans son Delle Grandezze del Archangelo Sancti Afikaele, s'écrie : "O grandiose Etoile qui suis le Soleil qui est le Christ !... ô vivante image de la Divinité ! ô grand thaumaturge de l'Ancien Testament ! ô invisible vicaire du Christ dans son Eglise !…" Cet ouvrage est très estimé dans l'Eglise Latine.

68 Pneumatologie, V, 516.

69 Ibid., p. 515.

 

Ainsi les mêmes titres et les mêmes noms sont donnés, tour à tour, à Dieu et à l'Archange. Tous les deux sont appelés Métatron, "le nom de Jéhovah est donné à tous deux lorsqu'ils parlent l'un dans l'autre" (sic), car, d'après le Zohar, ce terme signifie indifféremment le Maître et l'ambassadeur. Tous deux représentent l'Ange de la Face parce que, nous dit-on, si d'une part le "Verbe" est appelé "la Face (ou la Présence) et l'Image de la Substance de Dieu", d'autre part, "Isaïe (?) parlant  du Sauveur aux Israélites, leur dit" que "l'Ange de sa Présence les sauva dans leur affliction" – "il fut donc leur Sauveur" 71. Ailleurs, Michel est très clairement appelé le "Prince des Faces du Seigneur", la "Gloire du Seigneur". Jéhovah et Michel sont tous deux les "Guides d'Israël 72... les Chefs des Armées du Seigneur, les Juges Suprêmes des Ames et même des Séraphins 73. [IV 42]

Tout ce qui précède est donné en se basant sur l'autorité de divers ouvrages écrits par des Catholiques Romains et doit, par conséquent, être orthodoxe. Quelques expressions sont traduites pour montrer ce que les subtils Théologiens et Casuistes veulent dire en employant le terme "Férouer" 74 mot emprunté par quelques auteurs Français au Zend Avesta, comme nous l'avons dit, et utilisé par le Catholicisme Romain dans un but auquel Zoroastre était loin de s'attendre. Dans le Fargard XIX (verset 14) de la Vendîdâdon lit :

Invoque, ô Zarathushtra ! mon Fravarshi, à moi qui suis Ahura Mazda, le plus grand, le meilleur, le plus beau des êtres, le plus solide, le plus intelligent... et dont l'âme est le Verbe sacré (Mâthra Spenta) 75.

70 Ibid., p. 5 14.

71 Isaïe, LXIII, 8, 9.

72 Métator et ηγεµών.

73 Pneumatologie, p. 515. "La Face et le Représentant du Verbe"

74 Ce qui est appelé Fravarshi dans la Vendîdâd, la partie immortelle d'un individu ; ce qui survit à l'homme – l'Ego Supérieur, dit l'Occultiste, ou le Double Divin.

75 Trad. de Darmesteter, p. 208.

76 Orm. Ahr., §§ 112, 113 ; cités par Darmesteter ; "Sacred Books of the East", vol. IV, introd., p. LXXIV.

77 De Idol., II, 373.

 

Les Orientalistes français traduisent Fravarshi, par Férouer.

Or, qu'est-ce qu'un Férouer ou Fravarshi ? Dans certains ouvrages Mazdéens, le texte implique que le Fravarshi est l'Homme interne immortel, ou l'Ego qui se réincarne ; qu'il existait avant le corps physique et qu'il survit à tous les corps de ce genre qu'il lui arrive de revêtir.

Non seulement l'homme est pourvu d'un Fravarshi, mais les Dieux aussi, ainsi que le firmament, le feu, les eaux et les plantes 76.

Ceci prouve d'une façon aussi évidente que possible que le Férouer est "la contrepartie spirituelle" du Dieu, de l'animal, de la plante, ou même de l'élément, c'est-à-dire la partie raffinée et plus pure de la création grossière, l'âme du corps, quoi que puisse être ce corps. C'est pourquoi Ahura Mazda recommande à Zarathushtra d'invoquer son Fravarshi et non lui (Ahura Mazda) ; c'est-à-dire la véritable Essence impersonnelle de la Divinité, qui ne fait qu'un avec le propre Atmâ (ou Christos) de Zoroastre et non la fausse apparence personnelle. Ceci est parfaitement clair.

Les Catholiques Romains se sont emparés de ce prototype divin et éthéré pour établir une prétendue différence entre leur Dieu et ses Anges et la Divinité et ses aspects, c'est-à-dire les Dieux des antiques religions. Ainsi, tout en qualifiant de Diables, Mercure, Vénus, Jupiter (tant comme Dieux que comme Planètes), ils font en même temps de Mercure le Férouer de leur Christ. Ce fait est [IV 43] indéniable. Vossius 77 prouve que Michel est le Mercure des païens et Maury, ainsi que d'autres écrivains français, appuient cette opinion et ajoutent que, suivant les grands Théologiens, Mercure et le soleil ne font qu'un (?) ; il n'est pas étonnant, pensent-ils, que Mercure, qui est si proche de la Sagesse et du Verbe (le Soleil), doive être absorbé par lui et confondu avec lui 78.

Cette manière de voir "Païenne" fut acceptée dès le premier siècle de notre ère, comme le prouve l'original des Actes des Apôtres (la traduction anglaise n'ayant aucune valeur). Michel est si bien le Mercure des nations Grecque et autres, que lorsque les habitants de Listra prirent Paul et Barnabé pour Mercure et Jupiter et s'écrièrent : "Les Dieux sont descendus parmi nous sous la forme humaine", le texte ajoute "Et ils appelèrent Barnabé, Zeus, et Paul, Hermès, parce qu'il était le conducteur du Verbe (Logos)" et non le "Principal orateur", comme le porte la  traduction erronée de la Bible Anglaise autorisée et même de la Bible Anglaise revue et corrigée. Michel est l'Ange de la vision de Daniel, le Fils de Dieu, "qui était semblable à un fils de l'Homme". C'est l'Hermès-Christos des Gnostiques, l'Anubis-Syrius des Egyptiens, le Conseiller d'Osiris dans l'Amenti, le Léontoïde-Michel-Ophiomorphos (όφιοµόρφος) des Ophites, qui, sur certains bijoux Gnostiques, porte une tête de lion comme son père Ildabaoth 79.

L'Eglise Catholique Romaine admet tacitement tout cela et beaucoup de ses auteurs l'avouent publiquement. Incapables de nier l' "emprunt" flagrant de leur Eglise, qui "dépouille" ses aînés de leurs symboles, comme les Juifs avaient "dépouillé", les Egyptiens de leurs bijoux d'argent et d'or, ils expliquent le fait avec une froideur et un sérieux parfaits. Ainsi les auteurs qui avaient été jusqu'alors assez timides pour voir dans cette répétition des idées Païennes, par les dogmes Chrétiens "un plagiat légendaire perpétré par l'homme", sont gravement avertis que loin d'admettre une explication aussi simple de cette ressemblance presque parfaite, il faut l'attribuer à une tout autre cause – "à un plagiat préhistorique, ayant une origine superhumaine".

Si, le lecteur veut savoir comment cela s'est passé, il faut qu'il ait l'obligeance de se reporter au même volume de l'ouvrage de de Mirville 80.

78 Voyez de Mirville, ibid., p. 515.

79 Ibid. ; voyez aussi les planches, dans Gnostics and their Remains de King.

80 P. 518.

 

Notez bien que cet auteur fut le défenseur officiel [IV 44] et reconnu de l'Eglise Romaine et qu'il fut aidé par le savoir de tous les Jésuites. Nous lisons dans ce volume :

Nous avons mentionné divers demi-dieux et aussi des héros "tout à fait historiques" des Païens, qui étaient prédestinés depuis leur naissance pour singer, en même temps qu'ils la déshonoraient, la nativité du  héros qui était tout à fait Dieu et devant qui toute la terre devait s'incliner ; nous les avons montrés naissant comme lui d'une mère immaculée ; nous les  avons  vus étranglant des serpents dans leur berceau, luttant contre  des démons, accomplissant des miracles, mourant dans le martyre, descendant dans le monde inférieur et ressuscitant d'entre les morts. Et nous avons amèrement déploré que de timides chrétiens se fussent crus obligés d'expliquer toutes ces identités par des coïncidences dans le choix des mythes et des symboles. Ils oublient apparemment les paroles du Sauveur, tous ceux qui vinrent avant moi furent des voleurs et des larrons – paroles qui expliquent tout, sans avoir recours à d'absurdes négations et qui ont été commentées par moi en ces termes : "l'Evangile est un drame sublime, parodié et joué avant son heure par des drôles."

Les "drôles" sont, bien entendu, des Démons dont le directeur est Satan. Voilà certes le moyen le plus aisé, le plus sublime et le plus simple, de se tirer d'une difficulté ! Le Rev. Dr. Lundy, un de Mirville protestant, adopta cette heureuse suggestion dans sa Monumental Christianity et le docteur Sepp, de Munich, en fit de même dans les ouvrages qu'il écrivit pour prouver la divinité de Jésus et l'origine Satanique de tous les autres Sauveurs. Ce qu'il y a de pitoyable, c'est qu'un plagiat systématique et collectif, qui fut maintenu sur une gigantesque échelle pendant plusieurs siècles, soit expliqué au moyen d'un autre plagiat, cette fois dans le quatrième Evangile. En effet, la phrase qu'on en cite : "Tous ceux qui vinrent avant moi, etc.", est la répétition textuelle de celle qui se trouve dans le livre d'Enoch. Dans l'introduction de la traduction d'un manuscrit Ethiopien de la Bibliothèque Bodléienne, faite par l'Archevêque Laurence, l'éditeur, lui-même auteur de Evolution of Christianity, fait remarquer que :

 En corrigeant les épreuves du Livre d'Enoch, nous avons été encore plus impressionnés par les rapports qu'il a avec le Nouveau Testament. Ainsi la parabole de la Brebis, délivrée par le Bon Pasteur des gardiens mercenaires et des loups féroces, fut évidemment empruntée par le quatrième Evangéliste au chap. LXXXIX du Livre d'Enoch, dans lequel l'auteur dépeint les pasteurs comme tuant et détruisant la brebis avant l'arrivée de leur Seigneur et dévoile ainsi le véritable sens de ce passage, jusqu'alors mystérieux, de  la  parabole [IV 45] de Jean – "Tous ceux qui vinrent avant moi sont des voleurs et des larrons" – phrase dans laquelle nous découvrons maintenant une allusion évidente  aux pasteurs allégoriques d'Enoch 81.

Il est aujourd'hui trop tard pour prétendre que c'est Enoch qui fit des emprunts au Nouveau Testament, au lieu du contraire. Jude (14, 15) cite mot à mot, un long passage d'Enoch au sujet de la venue du Seigneur avec ses dix mille saints et, en nommant le prophète, il reconnaît la source d'une manière précise.

En (...) complétant le parallélisme entre prophète et apôtre, (nous) avons mis hors de doute, qu'aux yeux de l'auteur d'une Epître acceptée comme révélation divine, le Livre d'Enoch fut la production inspirée d'un patriarche antédiluvien...

La double coïncidence du langage et des idées dans Enoch et chez les auteurs du Nouveau Testament (...) indique clairement que l'ouvrage du Milton Sémitique fut la source inépuisable à laquelle les Evangélistes et les Apôtres, ou les hommes qui écrivirent sous leurs noms, empruntèrent leurs conceptions au sujet de la résurrection, du jugement, de l'immortalité, de la perdition et du règne universel de la justice sous la domination éternelle du Fils de l'homme. Le plagiat évangélique atteint son point culminant dans la Révélation de saint Jean, qui adapte au Christianisme les visions d'Enoch, avec des modifications dans lesquelles nous ne retrouvons pas la sublime simplicité du grand maître des prédictions apocalyptiques, qui prophétise sous le nom du Patriarche antédiluvien 82.

"Antédiluvien", en effet ; mais si le texte date à peine de quelques siècles, ou même de quelques milliers d'années avant notre ère historique, ce n'est plus alors la prédiction originale des événements futurs, niais c'est à son tour la copie d'une partie des Ecritures d'une religion préhistorique.

Durant l'âge Krita, Vishnou, sous la forme de Kapila et d'autres (instructeurs inspirés)... communique... la vraie sagesse (comme le fit Enoch). Durant l'âge Trétâ, il réprime les méchants, sous la forme d'un monarque universel (Chakravartin, le "Roi Eternel" d'Enoch) 83 et protège les trois mondes (ou Races). Durant l'âge Dvâpara, en la personne de Védavyâsa, il divise l'unique Véda en quatre et le distribue en centaines (Shata) de branches 84.

82 Op. cit., pp. 34, 35.

83 Uriel dit dans le Livre d'Enoch (26, 3) : "Ceux à qui l'on a pardonné béniront à jamais Dieu... le Roi Eternel" – qui régnera sur eux.

84 Vishnou Pourâna, III. II ; traduction de Wilson, III, 31.

 

Tout à fait exact ; le Véda des premiers Aryens, avant d'être écrit, se répandit parmi toutes les nations des Atlanto-Lémuriens [IV 46] et y sema les premiers germes de toutes les antiques religions qui existent aujourd'hui. Les rameaux de l'Arbre de Sagesse qui ne périt jamais ont éparpillé leurs feuilles mortes, même sur le Judéo-Christianisme. Et à  la fin de l'âge Kali, notre âge actuel, Vishnou, ou le "Roi Eternel", apparaîtra comme Kalki et rétablira la justice sur la Terre. Le mental de ceux qui vivront à cette époque sera éveillé et deviendra aussi transparent que du cristal.

 Les hommes qui seront ainsi changés, grâce à cette époque particulière (la sixième race), seront comme les semences d'autres êtres humains et donneront naissance à une race qui se conformera aux lois de l'âge Krita de la pureté ;

c'est-à-dire, ce sera la Septième Race, la Race des "Bouddhas", des "Fils de Dieu", nés de parents immaculés.

 

B — Les Dieux de Lumière procèdent des Dieux de ténèbres.

 

Il est donc suffisamment établi que le Christ, le Logos, ou le Dieu dans l'Espace et le Sauveur sur la Terre, n'est qu'un des Echos de cette même Sagesse antédiluvienne si mal comprise. Son histoire commence par la descente sur la Terre des Dieux" qui s'incarnèrent dans l'humanité et ceci constitue la "Chute". Qu'il s'agisse de Brahmâ, précipité sur la Terre par Bhagavân dans l'allégorie, ou de Jupiter par Cronos, tous sont les symboles des races humaines. Une fois qu'il a touché cette Planète composée de Matière dense, les ailes d'une blancheur de neige du plus haut des Anges ne peuvent plus rester immaculées, ou l'Avatar (ou incarnation) être parfait, car chacun de ces Avatars est la chute d'un Dieu dans la génération. Nulle part la vérité métaphysique n'est plus claire, lorsqu'on l'explique ésotériquement (ou plus-voilée pour la conception moyenne de ceux qui, au lieu d'apprécier le côté sublime de l'idée, ne savent que la dégrader) que dans les Upanishads, les glossaires Esotériques des Védas. Le Rig-Véda, comme l'a caractérisé Guignault, "est la plus sublime conception des grandes routes de l'humanité". Les Védas sont et resteront toujours, dans l'Esotérisme du Védanta et des Upanishads, "le miroir de la Sagesse Eternelle".

Depuis plus de seize siècles, les nouveaux masques placés de [IV 47] force sur les visages des Dieux antiques, les ont cachés aux yeux de la curiosité publique, mais ils ont fini par être reconnus comme un accoutrement manqué. Pourtant, la Chute métaphorique, ainsi que la Rédemption et le Crucifiement tout aussi métaphoriques, ont conduit l'Humanité Occidentale par des chemins où elle avait du sang jusqu'aux genoux. Le pire, c'est qu'elle a été amenée à croire au dogme d'un Esprit du Mal distinct de l'Esprit de tout ce qui est Bien, tandis que le premier vit dans toute la Matière et particulièrement dans l'homme. Finalement, cela donna naissance au dogme, déshonorant pour Dieu, de l'Enfer et de la perdition éternelle ; il en résulta qu'un épais brouillard s'étendit entre les intuitions  supérieures  de  l'homme et les vérités divines et, résultat pernicieux entre tous, les gens restèrent dans l'ignorance de ce fait, qu'il n'y avait ni adversaires, ni sombres Démons dans l'Univers, avant  que l'homme lui-même ne fit son apparition sur cette terre et probablement sur d'autres. Aussi les hommes ont-ils été amenés à accepter la pensée du péché originel, en guise de consolation problématique pour les maux de ce monde.

La philosophie de cette Loi de la Nature, qui implante dans l'homme, comme dans tout animal, un désir passionné, inhérent et instinctif, de liberté et de libre arbitre, est du ressort de la Psychologie et ne peut être abordée maintenant, car pour démontrer l'existence de ce sentiment chez les Intelligences supérieures, pour l'analyser et fournir une raison naturelle pour son existence, il faudrait d'interminables explications philosophiques, pour lesquelles la place nous manque ici. La meilleure synthèse de ce sentiment se trouve peut-être dans trois lignes du Paradis Perdu de Milton. "L'Ange Déchu" dit :

Ici nous pouvons régner en sécurité et, à mon avis, Régner est digne d'ambition, fut-ce en enfer !

Plutôt régner en enfer que de servir au ciel !

Plutôt être un homme, le couronnement de la production terrestre et le roi de son opus operatum, que d'être perdu dans le ciel, au milieu des Légions Spirituelles sans volonté.

Nous avons dit ailleurs que le dogme de la première Chute était basé sur quelques versets de l'Apocalypse qui sont, comme l'ont prouvé maintenant quelques savants, un plagiat d'Enoch. Ces versets ont donné naissance à des théories et à des spéculations interminables qui ont acquis peu à peu l'importance d'un dogme et d'une tradition inspirée. Tout le monde a cherché à expliquer le verset où il est question du Dragon à sept têtes, avec [IV 48] ses dix cornes et ses sept couronnes, dont la queue "balaya un tiers des étoiles du ciel et les précipita sur la terre" et dont la place, ainsi que celle de ses Anges, "ne se retrouvait plus au ciel". Ce que signifient les sept têtes du Dragon (ou Cycle) et ses cinq méchants rois aussi, peut être appris dans l'Appendice qui compose les Vème et VIème volumes.

 Depuis Newton jusqu'à Bossuet, d'incessantes spéculations évoluèrent dans les cerveaux chrétiens, au sujet de ces obscurs versets. Bossuet dit :

L'étoile qui tombe n'est autre que l'hérésiarque Théodose... Les nuages de fumée sont les hérésies des Montanistes... Le tiers des étoiles représente les Martyrs et spécialement les docteurs en théologie.

Bossuet aurait cependant dû savoir que les événements décrits dans l'apocalypse n'étaient pas originaux et que l'on peut, comme cela a été prouvé, les trouver dans d'autres traditions païennes. Il n'y avait ni scolastiques, ni Montonistes, aux époques Védiques, ni même beaucoup antérieurement en Chine. Mais la Théologiechrétienne  devait être protégée et sauvée.

C'est tout naturel, mais pourquoi la vérité serait-elle sacrifiée, afin de mettre à, l'abri de la destruction les élucubrations des Théologiens Chrétiens ?

Le "princeps aeris hujus", le "Prince de l'Air" de saint Paul, n'est pas le Diable, mais les effets de la lumière Astrale, ainsi que l'explique correctement Eliphas Lévi. Le Diable n'est pas le "Dieu de cette époque", comme il le dit, attendu que c'est la Divinité de toutes les époques et de toutes les périodes depuis l'apparition de l'homme sur la Terre et que la Matière, sous ses états et sous ses formes innombrables, avait à lutter pour son existence éphémère, contre d'autres Forces désagrégeantes de la Nature.

Le "Dragon" n'est autre que le symbole du Cycle et des "Fils de l'Eternité Manvantarique", qui étaient descendus sur la Terre durant une certaine époque de sa période de formation. Les "nuages de fumée" sont les phénomènes géologiques. Le "tiers des étoiles du Ciel", précipitées sur la Terre, a trait aux Monades Divines – les Esprits des Etoiles, en Astrologie – qui parcourent notre Globe, c'est-à-dire aux Egos humains destinés à accomplir le Cycle entier des incarnations. Cependant, la phrase "qui circumambulat terram", est encore considérée par la Théologie comme se rapportant au Diable, le mythique Père du Mal qui "tomberait comme  l'éclair".  Malheureusement pour cette interprétation,  [IV 49] le "Fils de l'Homme", ou le Christ, doit, d'après le témoignage personnel de Jésus, descendre aussi sur la Terre "comme l'éclair sort de l'Orient" 85, précisément sous la même forme et sous le même symbole que Satan, que l'on voit tomber "comme l'éclair... du Ciel" 86. On doit rechercher en Orient l'origine de toutes ces métaphores et de toutes, ces fleurs de rhétorique, d'un caractère éminemment oriental. Dans toutes les antiques Cosmogonies, la Lumièrevient des Ténèbres. En Egypte, comme ailleurs, les Ténèbres étaient le principe de toutes choses". Aussi Pymandre, la "Pensée Divine", jaillit comme Lumière du sein des Ténèbres. Béhémoth 87 est le principe des Ténèbres, ou Satan, pour la Théologie, Catholique Romaine et pourtant Job dit de lui que Béhémoth est "le premier (principe) des voies de Dieu", "Principium viarum Domini Behemoth !" 88.

La suite dans les idées ne semble pas être une vertu favorite dans aucune des parties de la soi-disant Révélation Divine, du moins telle, qu'elle est interprétée par les Théologiens.

Les Egyptiens et les Chaldéens faisaient remonter l'origine de leurs dynasties divines à l'époque où la Terre créatrice éprouvait les dernières douleurs en enfantant ses chaînes de montagnes préhistoriques, qui ont disparu depuis, ses mers et ses continents. Sa surface était couverte de "profondes Ténèbres et dans ce chaos (Secondaire) se trouvait le principe de toutes choses" qui se développèrent plus tard sur le Globe. Nos Géologues ont aujourd'hui acquis la certitude qu'il se produisit une conflagration terrestre de ce genre durant les premières périodes géologiques, il y a de cela plusieurs millions d'années 89. Quant à la tradition elle-même, toutes les contrées et toutes les nations la possédaient, chacune sous la forme nationale qui lui était propre.

 85 Mathieu, XXIV, 27.

86 Luc, X, 18.

87 La Bible Protestante définit innocemment Méhémoth comme "l'éléphant, comme certains le pensent" ; voyez la note (Job, XL, 15) dans la Version Autorisée.

88 Job, XL, 19.

89 L'Astronomie ne sait pourtant rien au sujet des étoiles qui ont disparu, sauf pour celles qui ont simplement cessé d'être visibles, jamais elle n'a rien su au sujet de celles qui ont cessé d'exister et l'on croit que les nouvelles étoiles de Kepler et de Tycho Brahé, peuvent elles-mêmes être encore vues.

 L'Egypte, la Grèce, la Scandinavie ou le Mexique n'étaient pas seules à posséder leur Typhon, leur Python, leur Loki et leur Démon "tombant" ; la Chine les avait aussi. Les Célestes possèdent toute une littérature qui traite de ce sujet. Il y est dit que [IV 50] par suite de la rébellion contre Ti, d'un Esprit orgueilleux qui prétendait être lui-même Ti, sept Chœurs d'Esprits Célestes furent exilés sur la Terre et "apportèrent un changement dans toute la Nature, le Ciel lui-même se penchant pour s'unir à la Terre".

Dans le Yi-King, on lit :

Le Dragon volant, superbe et révolté, souffre maintenant et son orgueil est puni : il croyait régner dans le Ciel et ne règne que sur la Terre.

Et le Tchoun-Tsiéou ait allégoriquement :

Une nuit, les étoiles cessèrent de briller dans les ténèbres et les désertèrent, tombant, comme une pluie, sur la Terreoù elles sont maintenant cachées.

Ces étoiles sont des Monades.

Les Cosmogonies Chinoises possèdent leurs "Seigneurs de la Flamme" et leur "Vierge Céleste", ainsi que de petits "Esprits pour l'aider et la servir et de grands Esprits pour combattre ceux qui sont les ennemis d'autres Dieux", mais tout cela ne prouve nullement que ces allégories soient des exposés ou des écrits prophétiques, se rapportant tous à la Théologie Chrétienne.

La meilleure preuve à offrir aux Théologiens Chrétiens que les déclarations contenues dans la Bible– dans les deux Testaments – sont l'affirmation de la même idée contenue dans les enseignements archaïques, à savoir que la "Chute des Anges" était simplement une allusion à l'Incarnation des Anges "qui avaient traversé les Sept Cercles", se trouve dans le Zohar. Or, la Cabalede Siméon Ben Iochaï constitue l'âme et l'essence du récit allégorique et la Cabale Chrétienneplus récente est le Pentateuque Mosaïque "obscurci". On y lit (dans  les  manuscrits d'Agrippa) :

 La Sagesse de la Cabale repose sur la Science de l'Equilibre et de l'Harmonie. Les Forces qui se manifestent sans avoir été équilibrées au préalable, périssent dans l'Espace ("équilibrées", veut dire différenciées).

Ainsi périrent les premiers rois (les Dynasties  Divines) de l'Ancien Monde, les Princes auto-générés des Géants. Ils tombèrent comme des arbres sans racines et disparurent car ils étaient l'Ombre de l'Ombre (à savoir, le Chhâyâ des Pitris ombreux 90

90 Ceci se rapporte aux "Rois d'Edom".

 

Mais ceux qui vinrent après eux, et qui,  précipités comme des étoiles filantes, furent enchâssés dans les Ombres, durèrent jusqu'à présent (les Dhyanis qui, s'incarnant, dans ces "Ombres Vides", inaugurèrent, l'ère de l'humanité). [IV 51]

Chaque phrase des anciennes Cosmogonies déroule, sous les yeux de celui qui sait lire entre les lignes, l'identité des idées sous un accoutrement différent.

La première leçon qu'enseigne la Philosophie Esotérique, c'est que la Cause Inconnaissable n'évolue, ni consciemment, ni inconsciemment, mais se borne à exhiber périodiquement des aspects différents d'Elle-même, aux perceptions d'intelligences limitées. Or, le Mental Collectif – l'Universel – composé de Légions variées et innombrables de Pouvoirs Créateurs, si infini qu'il soit dans le Temps Manifesté, est cependant limité lorsqu'on le compare à l'Espace qui n'est Jamais Né et qui est Inaltérable, sous son aspect suprême essentiel. Ce qui est limité ne peut être parfait. En conséquence, ces Légions renferment des Etres inférieurs, mais elles n'ont jamais renfermé, aucun Diable, ni aucun "Ange désobéissant", pour la simple raison que la Loi les gouverne tous. Les Asouras (donnez-leur tout autre nom qu'il vous plaira) qui s'incarnèrent, obéirent en faisant cela, à une loi aussi implacable que les autres. Ils s'étaient manifestés avant les Pitris et comme (dans l'Espace) le Temps procède par Cycles, leur tour était  venu, de là les nombreuses  allégories. Le nom d' "Asoura"  était d'abord indistinctement donné par les Brahmanes à ceux qui étaient les adversaires de leurs mômeries et de leurs sacrifices, comme le fut le grand Asoura nommé Asourendra. C'est probablement à cette époque qu'il faut remonter pour découvrir l'origine de l'idée du Démon, comme  un opposant, un adversaire.

Les Elohims Hébreux appelés "Dieu" dans les traductions et qui créent la "Lumière", sont identiques aux Asouras Aryens. On les appelle aussi les "Fils des Ténèbres", comme contraste philosophique et logique avec la Lumière Immuable et Eternelle. Les premiers Zoroastriens ne croyaient pas que le Mal, ou les Ténèbres fussent co-éternels avec le Bien ou la Lumière et donnaient la même interprétation. Ahriman est l'Ombre manifestée d'Ahura-Mazda (Asoura Mazda), issu lui-même de Zérouâna Akerne, "l'Infini (Cercle du) Temps" ou la Cause Inconnue. Ils disent de cette dernière :

Sa gloire est trop exaltée, sa lumière trop resplendissante, pour que l'intellect humain la comprenne, ou que l'œil mortel la voie.

Son émanation primordiale est la Lumière Eternelle, qui, ayant été préalablement cachée dans les Ténèbres, était appelée à se manifester et c'est ainsi que fut formé Ormazd le "Roi de la Vie". C'est le "Premier-né" dans, l'Espace Infini, mais de [IV 52] même que son antétype (l'idée spirituelle préexistante), il a vécu dans les Ténèbres de toute Eternité.

Les six Amshaspends – sept, avec lui le chef de tous – les Anges et Hommes spirituels primitifs, sont collectivement son Logos. Les Amshaspends Zoroastriens créent aussi le Monde en six jours ou périodes et se reposent le septième, mais dans la Philosophie Esotérique,  ce septième est la première période ou "Jour", ce que l'on appelle la Création Primairedans la Cosmogonie Aryenne. C'est cet Æon intermédiaire qui constitue le Prologue de la Création et qui occupe la limite entre l'Eternelle Causation Incréée et les effets limités produits ; c'est un état d'activité et d'énergie naissantes comme premier aspect de l'Immuable Repos Eternel. Dans la Genèse, au sujet de laquelle on n'a dépensé aucune énergie métaphysique, mais seulement une finesse et une ingéniosité extraordinaires, dans le but de voiler la Vérité Esotérique, la Création commence à la troisième phase de la manifestation. "Dieu" ou les Elohims sont les "Sept Régents" du Pymandre 91. Ils sont identiques à tous les autres Créateurs.

Dans la Genèseelle-même, la rudesse du tableau et les "Ténèbres" qui couvraient la surface de l'Abîme constituent une allusion à cette période. On y montre les Elohims "créant", c'est-à-dire édifiant ou construisant les deux Cieux ou le "double" Ciel (non pas le Ciel et la Terre) ; ce qui veut dire clairement qu'ils séparèrent le Ciel (Angélique) supérieur et manifesté, ou plan inférieur et terrestre ; les Æons (pour nous) Eternels et Immuables, des Périodes qui existent dans l'espace, le temps et la durée ; le Ciel et la Terre, l'Inconnu du Connu pour le profane. Tel est le sens de la phrase du Pymandre où il est dit :

La Penséedivine, qui, est la Lumière et la Vie (Zeruâna Akerne), produisit par son Verbe, ou premier aspect, l'autre Pensée agissante, qui étant le Dieu de l'Esprit et du feu, construisit Sept Régents renfermant dans leur Cercle le Monde des Sens appelé "Destinée Fatale".

Ce dernier se rapporte à Karma ; les "Sept Cercles" sont les sept planètes ou plans, comme aussi les sept Esprits Invisibles, dans les Sphères Angéliques, dont les visibles symboles sont les sept planètes 92, les sept Richis de la Grande Ourse et autres glyphes. Comme le dit Rath, en parlant des Adytias : [IV 53] Ce ne sont, ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles, ni l'aurore, mais les éternels soutiens de la vie lumineuse, qui existent, en quelque sorte, derrière tous ces phénomènes.

91 D'Hermès Trismégiste.

92 Une nouvelle preuve, s'il en fallait, que les anciens Initiés connaissaient plus de sept planètes, peut être trouvée dans la Vishnou Pourâna(II, XII), où, en décrivant les chariots attachés à Dhruva (l'Etoile Polaire), Parashâra parle des "chariots des neuf planètes" qui sont attachés par des cordes aériennes.

 

Ce sont elles – les "Sept Légions" qui, ayant "considéré chez leur père (la Pensée Divine) le plan de l'opérateur", selon l'expression du Pymandre, désirent opérer de même (ou construire le monde avec toutes  ses créatures" ; en effet, comme elles sont nées "dans la, Sphère d'Opérations" – l'Univers en manifestation – telle est la Loi Manvantarique. Vient alors la seconde partie du passage, ou plutôt de deux passages fondus en un seul afin d'en cacher le sens complet. Ceux qui étaient nés dans la Sphère d'Opérations étaient "les frères qui avaient beaucoup d'amour pour lui". Ce dernier – "lui" n'était autre que les Anges Primordiaux ; les Asouras, les Ahriman, les Elohim, ou"Fils de Dieu", au nombre desquels se trouvait Satan – tous ces Etres Spirituels étaient appelés les "Anges des Ténèbres", parce que ces Ténèbres ne sont autres que la Lumièreabsolue, fait qui est aujourd'hui bien négligé, sinon tout à fait oublié par la Théologie. Néanmoins, la spiritualité de ces "Fils" tant décriés "de la lumière" qui n'est autre que les Ténèbres, doit évidemment être aussi grande, si on la compare à celle des Anges de la catégorie suivante, que l'est l'éthéréalité de ces derniers, comparée à la densité du corps humain. Lery premiers sont les "Premiers Nés" et, par suite, si voisins des limites du Pur Esprit Quiescent, que ce ne sont guère – que les "privations" –dans le sens donné par Aristote à ce mot – les Férouers, ou les types idéaux de ceux qui vinrent après. Ils ne pouvaient créer des choses matérielles, corporelles et, en conséquence, on les représenta par la suite comme ayant "refusé" de créer, comme "l'ordonnait Dieu", en d'autres termes, comme s'étant "révoltés".

Ceci est peut-être justifié en se basant sur le principe de la théorie scientifique qui nous enseigne ce qui suit, au sujet de la rencontre de deux ondes sonores de même longueur :

Si les deux sons ont la même intensité, leur coïncidence produit un son quatre fois plus fort que chacun d'eux, tandis que leur interférence produit le silence absolu.

Tout en expliquant quelques-unes des "hérésies" de son [IV 54] époque, Justin le Martyr démontre l'identité de toutes les religions du monde, à leur origine. Le commencement débute invariablement par la Divinité Inconnueet Passive, du sein de laquelle émane une certaine Puissance ou Vertu Active, le Mystère que l'on appelle parfois la Sagesse, quelquefois le Fils et très souvent Dieu, Ange, Seigneur et Logos 93. Ce dernier nom est parfois donné à la première Emanation, mais dans les divers systèmes, elle procède du premier Rayon Androgyne ou Double, qui est produit au début par l'Invisible. Philon dépeint cette Sagesse comme mâle et femelle, mais, bien que sa manifestation première ait eu un commencement, car elle procéda, d'Oulom 94 (Aiôn, le Temps),  le plus élevé des Æons lorsqu'il fut émis par le Père – elle était restée avec le Père avant toutes les créations, car elle est une partie de lui-même 95. Aussi Philon le Juif appelle-t-il Adam Kadmon le "Mental" l'Ennoia de Bythos dans le Système Gnostique. "Que le Mental soit appelé Adam." 96

93 Justin, Cum. Tryphone, p. 294.

94 Une division qui indique le temps.

95 Sanchoniathon appelle Temps, le plus vieux des Æons, Protogonos, le "Premier-Né".

96 Philon le Juif, Caïn and his Birth, p. XVII.

 

Suivant l'explication de l'antique livre des Mages le tout devient très clair. Hegel nous enseigne qu'une chose ne peut exister que par son opposé et il suffit d'un peu de philosophie et de spiritualité pour comprendre l'origine du dogme plus récent, qui est si véritablement satanique  et infernal dans sa méchanceté froide et cruelle. Voici de quelle façon les Mages expliquaient l'Origine du Mal dans leurs  enseignements exotériques. "La lumière ne peut produire que la Lumière et ne peut jamais être l'origine du Mal" ; comment le Mal aurait-il donc été produit, puisqu'il n'y avait rien d'égal ou de semblable à la Lumière dans sa production ? La Lumière, disaient-ils, produisit divers Etres, tous spirituels, lumineux et puissants, mais un Grand Etre (le "Grand Asoura", Ahriman, Lucifer, etc.) eut une pensée mauvaise, contraire à la Lumière. Il douta et, en raison de ce doute, devint sombre.

Ceci se rapproche un peu de la vérité, mais en est encore loin. Ce ne fut pas "une pensée mauvaise" qui donna naissance à la  Puissance opposée, mais bien la Pensée per se ; quelque chose qui, en étant cogitatif et en refermant un dessein et un but, est, par suite, limité et doit naturellement se trouver en opposition avec la pure Quiescence, c'est-à- dire avec l'état tout aussi naturel [IV 55] de la Spiritualité et de la Perfection absolues. C'était simplement la Loi d'Evolution qui s'affirmait ; le progrès du Développement Mental, différencié de l'Esprit, déjà enveloppé et imprégné par la Matière, vers laquelle il est irrésistiblement entraîné. Les idées, par leur nature même et leur essence, en qualité de conceptions ayant trait à des objets, vrais ou imaginaires, sont opposées à la Pensée Absolue, à cet Inconnaissable Tout, au sujet des mystérieuses opérations duquel M. Spencer déclare que l'on ne peut rien dire, mais "qu'il n'a aucune parenté de nature avec l'Evolution" 97,   chose qu'il n'a certainement pas 98.

Le Zohar expose ceci d'une façon fort suggestive. Lorsque l' "Etre Saint" (le Logos) désira créer l'homme, il fit appel aux Anges de la plus haute Légion et leur dit ce qu'il voulait, mais Ils doutèrent de la Sagesse de son désir et répondirent : "L'Homme ne durera pas une seule nuit dans sa gloire" – réponse pour laquelle ils furent brûlés (annihilés ?) par le "Saint" Seigneur. Il appela alors les Anges d'une autre Légion moins élevée et leur dit la même chose. Ceux-ci contredirent l' "Etre Saint", disant "A quoi bon l'Homme ?" Elohim créa cependant l'Homme et lorsque l'Homme pécha, les légions d'Uzza et d'Azael vinrent et blâmèrent Dieu : "Voici, dirent-ils, le Fils de l'Homme que tu as fait ; vois, il a péché !" L'Etre Saint répondit alors "Si vous aviez été parmi eux (les Hommes), vous auriez été plus mauvais qu'eux", et il les précipita du haut de leur position exaltée dans les Cieux, jusque sur la Terre, et "ils furent changés (en Hommes) et péchèrent avec les femmes de la Terre 99". Ceci est parfaitement clair. La Genèse(VI) ne fait aucune mention de ces "Fils de Dieu" subissant un châtiment. La seule allusion qui y soit faite dans la Bible, se trouve dans Jude :

Et, les Anges qui ne conservèrent pas leur première situation, mais quittèrent leur propre habitation, il les a retenus dans des chaînes éternelles au milieu des ténèbres jusqu'au jugement du grand jour 100. [IV 56]

97 Principes of Psychology, 474.

98 Rien ne dépeint mieux l'esprit de négation paradoxale si évident de nos jours, car, tandis que l'hypothèse de révolution a conquis droit de cité auprès de la Science, telle qu'elle est enseignée par Darwin et Haeckel, l'Eternité de l'Univers et la préexistence d'une Conscience Universelle sont toutes deux repoussées par les Psychologues modernes. "Si les Idéalistes avaient raison, dit M. Herbert Spencer, la doctrine de révolution serait un rêve."

99 Zohar, 9 b.

100 Verset 6.

 

Ceci veut simplement dire que les "Anges" condamnés à l'incarnation restent dans les chaînes de la chair et de la matière au milieu des ténèbres de l'ignorance, jusqu'au "Grand Jour", qui arrive comme toujours après, la Septième Ronde, après l'expiration de la "Semaine" du Septième Sabbat, ou dans le Nirvâna Post-Manvantarique.

 C'est, en se reportant aux traductions originales et positives, en Latin et en Grec seulement, que l'on peut reconnaître à quel point Pymandre, la Pensée Divine d'Hermès, est vraiment Esotérique et d'accord avec la Doctrine Secrète. D'autre part, on constate à quel point elle a été défigurée plus tard par les Chrétiens d'Europe, à l'aide des remarques et des inconscientes confessions auxquelles se livre de Saint-Marc dans sa Lettre et Préface à l'Evêque d'Ayre, en 1578. Il donne là tout le cycle des transformations d'un trait Panthéiste et Egyptien en un traité Mystique Catholique Romain, et nous voyons comment Pymandre est devenu ce qu'il est aujourd'hui. Toutefois, dans la traduction de Saint-Marc, on retrouve des traces du véritable Pymandre, la "Pensée Universelle" ou "Mental". Voici la traduction d'une vieille traduction française, dont l'original se trouve dans la note ci-dessous 101, dans son curieux vieux français :

Sept hommes (principes) furent générés dans l'Homme... La nature de l'harmonie des Sept du Père et de l'Esprit. La Nature... produisit sept hommes selon la nature des Sept Esprits... ayant, potentiellement, en eux les deux sexes.

Au point de vue métaphysique, le Père et le Fils sont le "Mental Universel" et "l'Univers Périodique" ; l' "Ange" et l' "Homme". C'est en même temps le Fils et le Père ; dans Pymandre, l'idée active et la Pensée passive qui la génère ; la tonique radicale de la Nature qui donne naissance aux sept notes – l'échelle septénaire des Forces Créatrices et aux sept aspects prismatiques de la couleur, qui naissent tous de l'Unique Rayon Blanc, ou Lumière – généré lui-même dans les ténèbres. [IV 57]

 101 Hermès Trismégiste, Pimandre, chap. I, sec. 16 : "Oh, ma pensée, que s'ensuit-il ? car je désire grandement ce propos. Pimandre dict, ceci est un mystère celé, jusques à ce jour d'hui. Car nature, soi mestant avec l'hôme, a produit le miracle très merveilleux, aiant celluy qui ie t'ay dict, la nature de l'harmonie des sept du père et de l'esprit. Nature ne s'arresta pas là, mais Incontinent a produict sept hâmes, seion les natures des sept gouverneurs en puissance des deux sexes et esleuez... La génération de ces sept s'est donnée en ceste manière..."

Puis Il y a, dans la traduction, une lacune qui peut être partiellement comblée en se reportant au texte Latin d'Apulée. L'évêque commentateur dit "La Nature produisit en lui (l'homme) sept hommes" (sept principes).

 

C — Les nombreuses significations de la "guerre dans le ciel"

 

La Doctrine Secrète signale comme un fait évident que l'humanité, collectivement et individuellement, constitue, avec toute la Nature manifestée, le véhicule (a) du Souffle de l'Unique Principe Universel, dans sa différenciation primordiale et (b) des innombrables "souffles" qui procèdent de ce Souffle Unique dans ses différenciations secondaires ultérieures, attendu que la Nature, avec ses nombreuses "Humanités", procède de haut en bas, vers les plans dont la matérialité va toujours en croissant. Le Souffle Primordial anime les Hiérarchies Supérieures ; le secondaire anime les inférieures, sur les plans constamment descendants.

Or, il existe dans la Biblede nombreux passages qui prouvent à première vue, au point de vue exotérique, qu'à une certaine époque cette croyance fut universelle et les deux passages les plus convaincants se trouvent dans Ezéchiel, XXVIII, et dans Isaïe, XIV. Les Théologiens chrétiens sont libres de les interpréter tous deux comme se rapportant à la Grande Guerre qui précéda la Création, à l'Epopée de la Rébellion de Satan, etc., si cela leur plaît, mais l'absurdité de cette idée n'est que trop apparente. Ezéchiel adresse ses lamentations et ses reproches au Roi  de Tyr ; Isaïe au Roi Achaz, qui s'adonnait au culte des idoles, comme le faisait le reste de la nation, à l'exception de quelques Initiés (appelés les Prophètes), qui cherchaient à l'arrêter dans sa marche vers l'exotérisme ou l'idolâtrie, ce qui est la même chose. Que l'étudiant en juge.

On lit, dans Ezéchiel :

Fils de l'Homme, dis au prince de Tyr : Ainsi a dit le Seigneur Dieu (selon notre interprétation, le "Dieu" Karma) : Parce que ton cœur s'est élevé, et que tu as dit, Je suis un Dieu... quoique tu sois un homme... Voici, je vais faire venir contre toi des étrangers... qui tireront leurs épées contre la beauté de ta sagesse... et ils te feront descendre dans la fosse (ou vie terrestre) 102.

102 XXVIII, 2-8.

 

L'origine du "prince de Tyr" peut – être retrouvée dans les [IV 58]

"Dynasties  Divines"  des  Atlantéens  impies,  des  Grands  Sorciers.   Les paroles d'Ezéchiel ne renferment pas de métaphores, mais, cette fois, de l'Histoire réelle. En effet, la voix qui se trouvait dans le prophète, la voix du "Seigneur", son propre Esprit qui lui parlait, disait :

Parce que... tu as dit : Je suis un Dieu et je suis assis dans le siège de Dieu 103 (les Dynasties Divines), au cœur des mers, quoique tu sois un homme... Voici, tu es plus sage que Daniel ; il n'y a pas de secrets que l'on puisse te cacher par ta sagesse... tu as augmenté tes richesses, et ton cœur s'est élevé à cause de tes richesses. Voici, à cause de cela... des étrangers... tireront leurs épées contre la beauté de ta sagesse... Ils te feront tomber... et tu mourras de la mort de ceux qui sont tués au cœur des mers 104.

Toutes ces imprécations ne sont pas des prophéties, mais simplement des souvenirs du destin des Atlantéens, des "Géants sur la Terre".

103 (Des Dieux).

104 Ibid.

105 Ibid., 17.

 

Quel pourrait être le sens de cette dernière phrase, si ce n'était un récit du destin des Atlantéens ? En outre, la phrase "Ton cœur s'est élevé à cause de ta beauté", 105 peut se rapporter à "l'Homme Céleste" de Pymandre, ou aux Anges Déchus, que l'on accuse d'être tombés à cause de l'orgueil que fit naître en eux la grande beauté et la grande sagesse qui leur échut. Il n'y a là aucune métaphore, sauf peut-être dans les idées préconçues de nos Théologiens. Ces versets se rapportent au Passé et relèvent plus du Savoir acquis durant les Mystères de l'initiation, que de la clairvoyance rétrospective ! La voix dit encore :

Tu as été dans l'Eden, le jardin de Dieu (durant le Satya Youga) ; ta couverture était de pierres précieuses de toutes sortes... le travail de tes tambours et de tes fifres fut préparé en toi le jour où tu fus créé, Tu es le chérubin oint ; ... tu as marché au milieu des pierres de feu. Tu as été parfait dans tes voies depuis le jour où tu fus créé, jusqu'à, ce que, la perversité eut été trouvée en toi. C'est pourquoi je te chasserai... hors de la montagne de Dieu et... je te détruirai 106.

La "Montagne de Dieu" veut dire la "Montagne des Dieux" ou Mérou, dont le représentant, durant la Quatrième Race, fut le Mont Atlas, la dernière forme d'un des divins Titans, si haut à [IV 59] cette époque que les anciens croyaient que les Cieux reposaient sur son sommet. Atlas n'assista-t-il pas les Géants dans leur Guerre contre les Dieux (Hyginus) ? Une autre version nous montre la fable prenant naissance à cause de la passion d'Atlas, fils de Japet et de Clymène, pour l'astronomie, passion qui le poussa à habiter sur les pics des montagnes les plus élevées. La Vérité, c'est qu'Atlas, la "Montagne des Dieux" ainsi que le héros de ce nom, sont les symboles Esotériques de la Quatrième Race et que ses sept filles, les Atlantides, sont les symboles de ses sept sous-races. D'après toutes les légendes, le mont Atlas avait trois fois la hauteur qu'il a aujourd'hui, car il s'est affaissé à deux reprises différentes. Il est d'origine volcanique et, par suite, la voix intérieure d'Ezéchiel dit :

En conséquence, je ferai jaillir un feu du milieu de toi et il te dévorera 107.

Cela ne veut certainement pas dire, comme cela paraît ressortir de la traduction au texte, que ce feu devait jaillir du milieu du Prince de Tyr, ou de son peuple, mais du milieu du Mont Atlas, qui symbolisait la Race fière, savante en Magie et très avancée au point de vue des arts et de la civilisation, dont les derniers vestiges furent détruits presque au pied de la chaîne de ces montagnes jadis gigantesques.

En vérité : "Tu seras un objet de terreur et tu ne seras plus" 108 ; car le nom même de la Race et sa destinée ont aujourd'hui disparu de la mémoire de l'homme. N'oubliez pas que presque tous les rois et les prêtres de jadis étaient des Initiés ; que vers la fin de la Quatrième Race il y eut une guerre entre les Initiés de la Voie de Droite et ceux de la Voie de Gauche, et enfin que le Jardin d'Eden est mentionné par d'autres personnes que les Juifs   de la Race Adamique, puisque Pharaon lui-même est comparé au plus bel arbre de l'Eden, par ce même Ezéchiel qui nous représente :

Tous les arbres de l'Eden comme les mieux choisis et les meilleurs du Liban... soutenus dans les parties inférieures de la Terre. (Car) eux aussi descendirent dans l'Enfer avec lui (Pharaon) 109,

– jusqu'aux parties inférieures qui, par le fait, ne sont autres [IV 60] que le fond de l'Océan, dont le sol s'entre ouvrit largement pour dévorer toutes les terres des Atlantéens et, ceux-ci avec. Si l'on se souvient de tout cela et qu'on compare les divers récits, on constate que les chapitres XXVII et XXXI d'Ezéchiel ne se rapportent pas à Babylone, à l'Assyrie, ou même à l'Egypte, puisque aucun de ces pays n'a été détruit de la sorte, mais que ceux-ci sont simplement tombés en ruines sur la surface de la terre et non au-dessous, et qu'ils se rapportent à l'Atlantide et à la plupart de ses peuples. On constatera aussi que le "Jardin d'Eden" des Initiés n'était pas un mythe, mais une localité aujourd'hui submergée. La lumière se fera et l'on appréciera à leur juste valeur Esotérique, des phrases comme celle-ci : "Tu as été dans l'Eden... tu fus sur la montagne sainte de Dieu" 110, car chaque nation avait, et beaucoup de nations ont encore, des montagnes saintes ; les unes des Pics des Himalayas, d'autres le Parnasse et le Sinaï. Toutes ces montagnes étaient des lieux d'Initiation et les demeures des Chefs des communautés d'Adeptes anciens et modernes. Ecoutez encore :

Voyez, l'Assyrien (pourquoi pas l'Atlantéen, Initié ?) était un cèdre du Liban... sa hauteur était exaltée au- dessus de tous les arbres... Les cèdres du jardin de Dieu ne pouvaient le cacher... de sorte que tous les arbres de l'Eden... le jalousaient 111.

Dans toute l'Asie Mineure, les Initiés étaient appelés les "Arbres de la Droiture" et les Cèdres du Liban et il en fut de même pour quelques rois d'Israël. Il en était ainsi des grands Adeptes des Indes, mais seulement de ceux de la Main Gauche. Lorsqu'on nous raconte dans la Vishnou Pouranaque "le monde était envahi par les arbres", pendant que les Prachetasas, qui "passèrent 10.000 ans en austérités dans le vaste océan", étaient absorbés par leurs dévotions, l'allégorie se rapporte aux Atlantéens et aux Adeptes des débuts de la Cinquième Race, aux Aryens. D'autres "arbres (des Adeptes Sorciers) se, répandirent et ombragèrent la terre sans protection et les peuples périrent... incapables de travailler pendant dix mille ans". On nous montre alors les Sages, les Richis de la Race Aryenne, appelés les Prachetasas, "jaillissant du sein de l'abîme 112 et détruisant avec le vent et la flamme qui sortaient de leurs bouches, les "Arbres" pleins d'iniquités et tout le règne végétal, [IV 61] jusqu'au moment où Soma (la Lune) souveraine du Monde végétal, les pacifia en faisant alliance avec les Adeptes de la Voie de droite, auxquels elle offrit comme épouse Mârishâ, le "rejeton des arbres" 113. Ceci est une allusion à la grande lutte entre les "Fils de Dieu" et les Fils de la Sagesse ténébreuse nos ancêtres ; autrement dit, entre les Adeptes Atlantéens et Aryens.

106 Ibid., 13-16.

107 Ibid., 18.

108 Ibid., 19.

 109 XXXI, 16-17. Le seul Pharaon que la Biblenous représente comme s'abîmant dans la mer Rouge, est celui qui poursuivit les Israélites et dont le nom resta inconnu, sans doute pour d'excellentes raisons, cette histoire fut certainement tirée de la légende Atlantéenne.

110 XXVIII, 13-14.

111 XXXI, 3-9.

112 Vishnou Pourâna, I, XV.

113 Ceci est de l'allégorie pure. Les Eaux sont un symbole de Sagesse et de Savoir occulte – Hermès représentait la Science Sacrée sous le symbole du Feu ; les Initiés du Nord la représentaient sous celui de l'Eau. Celle-ci est la production de Nara, "l'Esprit de Dieu", ou plutôt Paramâtman, "l'Ame Suprême", dit Khulluka Bhatta : Nârâyana, voulant dire celui qui demeure dans l'abîme" ou est plongé dans les Eaux de Sagesse, "l'eau étant le corps de Nara" (Vayou Pourâna). C'est ce qui fit dire que pendant 10.000 ans ils restèrent dans les austérités "dans le – vaste océan" et c'est pour cela qu'on les représente émergeant de son sein. Ea, le Dieu de Sagesse, est le "Poisson Sublime" et Dagon ou Oannès est, l'Homme-Poisom Chaldéen, qui émerge du sein des Eaux pour, éliminer, la Sagesse.

 

Toute l'histoire de cette période est allégoriquement contée dans la Râmâyana, qui est le récit mystique, sous une forme épique, de la lutte entre Râma – le premier roi de la Dynastie Divine des premiers Aryens – et Râvana, la personnification symbolique de la Race Atlantéenne (de Lankâ). Les premiers étaient des incarnations des Dieux solaires : les derniers des incarnations des Dévas Lunaires. Ce fut la grande lutte  entre le Bien et le Mal, entre la Magie Blanche et la Magie Noire pour la suprématie des – forces divines, sur les forces inférieures ou cosmiques.

Si l'étudiant désire mieux comprendre ce dernier exposé, qu'il se reporte à l'Anougîta, épisode de la Mahâbhârata, où le Brâhmana dit à son épouse :

 J'ai perçu au moyen du Soi le siège résidant dans le Soi – (le siège) où demeure le Brahman libéré des paires d'opposés et la lune, avec le feu (ou le soleil), soutenant (tous les)  êtres  (comme  animant  le  principe intellectuel 114.

La Lune est la divinité du mental (Manas), mais seulement sur le plan inférieur. On lit dans un Commentaire :

Manas est double, Lunaire dans la partie inférieure, Solaire dans la partie supérieure.

C'est-à-dire que, sous son aspect supérieur, il est attiré vers Bouddhi et que, sous son aspect inférieur, il descend dans son Ame animale, pleine de désirs égoïstes et sensuels et en écoute la voix ; c'est en cela que réside le mystère de la vie d'un Adepte et d'un profane, de même que celui de la séparation post mortem [IV 62] entre l'Homme divin et l'Homme animal. Mahâbhârata – dont chaque ligne doit être lue au point de vue  Esotérique

–   révèle,   sous   un   symbolisme    et   des   allégories   magnifiques    –   les tribulations de l'Homme et de l'Ame. Le Brâhmana dit dans l'Anougîta :

Dans l'intérieur (dans le corps), au milieu de tous ces (souffles vitaux) (principes ?) qui s'agitent dans le corps et s'avalent mutuellement 115, flamboie le  feu Vaishvânara 116  septuple 117.

Mais l' "Ame" principale, c'est Manas ou le mental ; aussi représente- t-on Soma, la Lune, comme contractant une alliance avec sa partie Solaire, personnifiée par les Prachetasas. Ceci n'est qu'une des sept clefs qui ouvrent les sept aspects qu'a la Râmâyana, comme toutes les autres Ecritures – c'est la clef métaphysique.

 Le "symbole de l'Arbre" pour représenter les divers Initiés, était presque universel. Jésus est appelé "l'Arbre de la Vie", comme le sont aussi tous les Adeptes de la Bonne Loi, tandis que ceux de la Voie de Gauche sont appelés les "arbres qui dépérissent". Jean-Baptiste parle de la "hache" qui "frappe la racine des arbres" 118 et les rois des armées de l'Assyrie sont appelés, les "arbres" 119.

114 Chap. V ; "Sacred Book of the East", vol. VIII p. 257.

115 L'habile traducteur de l'Anougitâ explique ceci dans une note (p. 358) ainsi conçue : "Le sens semble être le suivant : Le cours de la vie de ce monde est dû aux opérations des souffles vitaux qui sont attachés au Soi et conduisent à ses manifestations sous forme d'âmes individuelles."

116 Vaishvânara est un mot souvent employé pour indiquer le Soi, comme l'explique Nilakantha.

117 Ibid., p. 259. Traduit par Kishinath Trimbak Telang. M. A. ; Bombay.

 118 Mathieu, III, 10.

119 Isaïe, X, 19.

120 Op. cit., I, 258.

 

La véritable signification du Jardin d'Eden a été suffisamment exposée dans Isis Dévoilée. Or, l'auteur a entendu plus d'une fois exprimer de le surprise de ce qu'Isis Dévoilée contint si peu de doctrines enseignées aujourd'hui. C'est une grande erreur. En effet, les allusions à ces doctrines sont, nombreuses, si l'enseignement lui-même n'a pas été donné. Il n'était pas encore temps à cette époque, de même qu'aujourd'hui l'heure n'a pas encore sonné de dire tout. "Aucun Atlantéen, de la Quatrième Race qui précéda notre Cinquième Race, n'est mentionné dans Isis Dévoilée", écrivait un jour un critique du Bouddhisme Esotérique. Moi, qui ai écrit Isis Dévoilée, je soutiens que les Atlantéens y sont mentionnés comme nos prédécesseurs. Quoi de [IV 63] plus clair, en effet, que ces lignes, lorsqu'il était question du Livre de Job :

Dans le texte original, au lieu de "choses mortes", il y a Réphaims mort (des géants ou de puissants hommes primitifs), jusqu'auxquels, l' "évolution" pourra un jour faire remonter notre race actuelle 120.

Elle est invitée à le faire dès aujourd'hui, maintenant que cette allusion est clairement expliquée, mais il est hors de doute que les Evolutionnistes refuseront aujourd'hui, comme ils ont refusé il y a dix ans. La Science et la Théologie sont contre nous ; aussi sommes-nous tenus de les discuter toutes deux pour nous défendre. C'est en se basant sur de vagues métaphores disséminées dans les écrits des prophètes et dans l'Apocalypse de Saint-Jean, version majestueuse mais rééditée du Livre d'Enoch, c'est sur cette base si peu sûre que la Théologie chrétienne a édifiée son Epopée dogmatique de la Guerre dans le Ciel. Elle a fait mieux : elle s'est servie des  visions  symboliques,  qui  ne  sont  intelligibles  que  pour  les Initiés, comme de piliers destinés à supporter le poids de l'énorme édifice de sa religion. Or, on a découvert maintenant que ces piliers n'étaient que de faibles roseaux et la savante construction menace de s'effondrer. Le thème chrétien tout entier repose sur ce Jakin et ce Bohaz – les deux forces opposées du Bien et du Mal, du Christ et de Satan, αι̉ άγαθαὶ και κακαὶ δυνάµεις. Enlevez au Christianisme son principal soutien, les Anges Déchus, et le Séjour de l'Eden disparaît dans les airs, avec son Adam et son Eve ; et le Christ, dans son rôle exclusif de Dieu Unique et de Sauveur, et de Victime expiatoire pour les péchés de l'animal-homme, devient dès lors un mythe inutile et sans signification.

Dans un vieux numéro de la Revue Archéologique, un auteur  français,

  1. Maury, fait la remarque suivante :

Cette lutte universelle entre les bons et les mauvais esprits semble n'être que la reproduction d'une autre lutte plus ancienne et plus terrible qui, suivant un mythe antique, eut lieu avant la création de l'univers, entre les légions fidèles et les légions rebelles 121.

121 1845, p. 41.

 

Encore une fois, c'est une simple question de priorité. Si la Révélation de saint Jean avait été décrite durant la période Védique, et si l'on n'était pas aujourd'hui certain que ce n'est qu'une nouvelle version du Livre d'Enoch et des légendes du Dragon de l'antiquité païenne – la grandeur et la beauté des images eût pu [IV 64] influencer l'opinion des critiques en faveur de l'interprétation chrétienne de cette première Guerre, dont le Ciel étoilé fut le champ de bataille et les premiers massacreurs – les Anges. Néanmoins, en l'état actuel des choses, on doit faire remonter l'Apocalypse, événement par événement, à d'autres visions bien plus anciennes. Pour une meilleure compréhension des allégories apocalyptiques et de l'Epopée Esotérique, nous prions, le lecteur de se reporter à l'Apocalypse et d'y lire le Chap. XII, du verset 1 au verset 7.

Ce chapitre a plusieurs sens, et l'on y a découvert bien des choses au sujet de la clef astronomique et de la clef numérique de ce  mythe universel. Ce que nous pouvons exposer maintenant, c'est un fragment, ce sont quelques aperçus de sa signification secrète, incorporant le souvenir d'une guerre réelle, de la lutte entre les Initiés des deux Ecoles. Nombreuses et variées sont les allégories qui existent encore, ayant pour base la même pierre d'assise. Le véritable récit – celui qui donne le sens Esotérique complet – se trouve dans les Livres Secrets, mais l'auteur n'a pu en approcher.

 Dans les ouvrages exotériques, cependant, l'épisode de la Guerre Târaka et quelques Commentaires Esotériques, peuvent peut-être offrir une indication. Dans toutes les Pourânâs, l'événement est décrit avec plus ou moins de variations, qui établissent son caractère allégorique.

Dans la Mythologie des premiers Aryens Védiques, comme dans les récits Pourâniques postérieurs, il est fait mention de Bouddha, le "Sage", un être "instruit dans la Sagesse Secrète", qui est l'évhémérisation de la planète Mercure. Le Hindû Classical Dictionary représente Bouddha comme l'auteur d'un hymne du Rig Véda. Il ne peut donc être, en aucune façon "une fiction postérieure des Brahmanes", mais c'est en vérité une personnification très ancienne.

C'est en scrutant sa généalogie, ou plutôt sa théologie, que l'on découvre les faits suivants. En tant que mythe, c'est le fils de Târâ, l'épouse de Brihaspati, celle "à la couleur d'or" et de Soma, la Lune (mâle) qui, semblable à Pâris, enlève à son mari cette nouvelle Hélène du Royaume Sidéral Hindou. Ceci provoque une grande lutte et une guerre dans Svarga (le Ciel). Cet épisode amène une bataille entre les Dieux et les Asouras. Le Roi Soma trouve, un allié dans Ushanas (Vénus), le chef des Dâvanas ; et les Dieux sont conduits par Indra et Roudra, qui se rangent du côté de Brihaspati. Ce dernier est aidé par Shankara (Shiva), qui, ayant eu pour Gourou le père de Brihaspati, Angiras, [IV 65] favorise son fils. Indra est ici le prototype indien de Michel l'Archistratège et le destructeur  des Anges du "Dragon – puisqu'un de ses noms est Jishnou, "chef de la légion céleste". Tous deux luttent, comme certains Titans luttèrent contre d'autres Titans pour la défense de Dieux vindicatifs, les uns pour la défense de Jupiter Tonnant (aux Indes, Brihaspati est la planète Jupiter, ce qui est une curieuse coïncidence), les autres pour soutenir le toujours-tonnant Roudra. Durant cette guerre, Indra est abandonné par sa garde du corps, les Dieux des Tempêtes (Marout). Le récit est très suggestif dans certains détails.

Etudions-en quelques-uns et cherchons à en découvrir le sens.

 Le Génie ou "Régent" qui préside à la planète Jupiter est Brihaspati, l'époux outragé. Il est l'Instructeur ou le Gourou Spirituel des Dieux, qui sont les représentants des Puissances Procréatrices. Dans le Rig Véda, il est appelé Brahmanaspati, nom "d'une divinité dans laquelle est personnifiée l'action de l'objet du culte sur les Dieux". En conséquence, Brahmanaspati, représente, la matérialisation de la "Grâce Divine", pour ainsi dire, au moyen d'un rituel et de cérémonies, c'est-à-dire le culte exotérique.

Târâ 122, son épouse, est, d'autre part, la personnification de tous les pouvoirs de celui qui est initié dans la Gupta Vidyâ (Savoir Secret), comme on le démontrera.

Soma est la Lune au point de vue astronomique, mais dans la phraséologie mystique, c'est aussi le nom du breuvage sacré que buvaient les Brahmanes et les Initiés pendant leurs mystères et les cérémonies de leurs sacrifices. La plante Soma est l'Asclepias acida qui fournit un jus d'où est tiré le breuvage mystique, la boisson appelée le Soma. Les descendants des Richis, les Agnihotris, ou Prêtres du Feu des grands Mystères, connaissaient seuls tous les pouvoirs de ce breuvage, mais la réelle propriété du vrai Soma était (et est encore) de faire un "nouvel homme" de l'Initié après sa "renaissance", c'est-à-dire lorsqu'il  commence à vivre dans son Corps Astral 123, car sa nature spirituelle dominant sa nature physique, il ne tarderait pas à rompre avec et à se séparer même de cette forme éthéréatisée 124. [IV 66]

122 Voyez, pour plus amples renseignements sur ce qui précède le Hindû Classical Dictionnary de Dowson.

123 Voyez dans Five Years of Theosophy l'article intitulé : "The Elixir of Life".

124 Celui qui participe au Soma, se trouve à la fois rattaché à son corps extérieur et pourtant séparé de ce corps sous la Forme Spirituelle. Libéré du premier, il plane alors dans les régions supérieures éthérées devenant virtuellement "comme un des Dieux", mais conservant cependant dans son cerveau physique le souvenir de ce qu'il voit et apprend. A clairement parler, Soma est le fruit de l'Arbre de la connaissance, défendu par le jaloux Elohim, à Adam et à Eve ou Yah-ve, de peur que l'homme ne devienne comme l'un de nous".

 

Aux temps jadis, le Soma n'était jamais donné au Brahmane non-initié – le simple Grihasta, ou prêtre du rituel exotérique. Ainsi Brihaspati, tout "Gourou des Dieux" qu'il fût, n'en représentait pas moins la lettre-morte du culte. C'est Târâ, son épouse, symbole d'un être qui, bien qu'uni au culte dogmatique, aspire à la vraie Sagesse, qui est représentée comme étant initiée aux mystères du Roi Soma, le distributeur de cette Sagesse. Aussi dans l'allégorie, Soma est représenté comme l'enlevant. Ceci a pour résultat la naissance de Bouddha, la Sagesse Esotérique– Mercure ou Hermès, en Grèce et en Egypte. Il est représenté comme "si beau" que le mari lui- même, bien que sachant que Bouddha n'est pas la progéniture de son culte de la lettre-morte – réclame le "nouveau-né" comme son Fils, le fruit de ses formes rituelles et dépourvues de sens 125. Telle est, en quelques mots, unes des significations de l'allégorie.

La Guerre dans le Ciel se rapporte à divers événements de ce genre sur différents plans de l'être. Le premier est un fait purement astronomique et cosmique, qui relève de la Cosmogonie. M. John Bentley pensait que pour les Hindous, la Guerre dans le Ciel n'était qu'une figure se rapportant à leurs calculs des périodes de temps 126. Il pensait que ceci servit de prototype aux [IV 67] nations occidentales qui basèrent là-dessus leur Guerre des Titans. L'auteur ne se trompe pas complètement, mais n'est pas non plus tout à fait dans le vrai. Si le prototype sidéral se rapporte effectivement à une période prémanvantarique et repose entièrement sur la connaissance que les Initiés Aryens prétendent avoir de tout le programme et de tous les progrès de la Cosmogonie 127, la Guerre des Titans n'est qu'une copie sous forme de légende déifiée de la véritable guerre dont le Kailâsa Himalayen (le Ciel) fut le théâtre, au lieu que cela se passât dans les abîmes de l'Espace cosmique interplanétaire. C'est le récit de la terrible lutte entre les "Fils de Dieu" et les "Fils des Ténèbres" de la Quatrième et de la Cinquième Race. C'est sur ces deux événements, mélangés à des légendes empruntées aux comptes rendus exotériques de la Guerre entreprise par les Asouras contre les Dieux, que furent édifiées toutes les traditions nationales ultérieures qui traitent de ce sujet.

125 Nous voyons la même chose dans les religions modernes exotériques.

126 Historical View of the Hindu Astronomy. En citant cet ouvrage par rapport à "Argabibatta" (? Aryabhatta), qui donnerait avec une grande approximation le véritable rapport entre les différentes valeurs de pi l'auteur de The Source of Measures reproduit une curieuse assertion. "M. Bentley, dit- on, était très familiarisé avec les connaissances astronomiques et mathématiques des Hindous... Cette déclaration émanant de lui peut donc être considérée comme authentique. Ce même remarquable trait de caractère que l'on rencontre chez tant de nations Orientales et anciennes, et qui consiste à cacher avec persévérance les arcanes de ce genre de savoir, est très marqué chez les Hindous. Ce qui était livré à la publicité pour être enseigné au peuple et pour être soumis à l'examen du public, n'était que l'à peu près d'un savoir plus exact, mais occulte. Cette déclaration même de Bentley constituera un curieux exemple de l'assertion et, une fois expliquée, prouvera qu'elles (l'astronomie et les sciences exotériques des Hindous) sont dérivées d'un système bien plus exact que celui de l'Europe, que, bien entendu, M. Bentley considérait comme étant fort en avance sur le Savoir Hindou, à toute époque et durant n'importe quelle génération." (pp. 86-87).

C'est un malheur pour M. Bentley, mais cela n'enlève rien à la gloire des antiques astronomes Hindous, qui étaient tous des Initiés.

127 La Doctrine Secrète enseigne que tout événement d'une importance universelle, comme un cataclysme géologique à la fin d'une Race et au commencement d'une autre, qui implique, chaque fois, pour l'humanité, un grand changement spirituel, moral et physique, est préconçu et, pour ainsi dire préparé à l'avance, dans les régions sidérales de notre système planétaire. L'Astrologie est entièrement basée sur les rapports mystiques et intimes qui existent entre les corps célestes et l'humanité et c'est là des grands secrets de l'initiation et des mystères Occultes.

 128 Voyez la Vendidâdde Darmesteter. Introd. p. LVIII.

 

Au point de vue ésotérique, les Asouras, transformés par la suite en mauvais Esprits et en Dieux inférieurs, luttant éternellement contre les Grandes Divinités – sont les Dieux de la Sagesse Secrète. Dans les parties les plus anciennes du Rig Véda, ce sont les êtres Spirituels et Divins, le terme Asoura étant employé pour désigner l'Esprit suprême et étant le même que celui de grand Ahoura des Zoroastriens 128. Il fut un temps où les Dieux, Indra, Agni et Varouna faisaient eux-mêmes partie des Asouras.

Dans la Taittiriya Brâhmana, le Souffle (Asou) de Brahmâ-Prajâpati devint actif et de ce Souffle il créa les Asouras. Plus tard, après la Guerre, les Asouras furent appelés les ennemis des Dieux, c'est-à-dire – "A- souras", la lettre initiale a étant un préfixe négatif – soit "Pas-Dieu", car les Dieux sont désignés par le mot Souras. Ceci rattache les Asouras et leurs "légions", énumérées plus loin, aux "Anges Déchus" des Eglises Chrétiennes. Hiérarchie d'Etres Spirituels que l'on retrouve dans tous les Panthéons des nations anciennes et même des modernes – depuis le Zoroastrien jusqu'au Chinois. Ce sont les Fils du Souffle Créateur Primitif, au commencement de chaque nouveau [IV 68] Mahâ Kalpa, ou Manvantara, au même rang que les Anges restés "fidèles". Ceux-ci étaient les alliés de Soma (le père de la Sagesse Esotérique) contre Brihaspati (représentant le culte rituel ou cérémonie). Ils ont évidemment été ravalés dans l'espace et le temps, au rang de Puissances adverses ou Démons, par les fervents du cérémonial, en raison de leur révolte contre l'hypocrisie, le simili-culte et la forme qui s'attache à la lettre-morte.

Quel est donc le caractère réel de tous ceux qui combattirent à leurs côtés ? Ce sont :

  

  1. Oushanas, ou la "Légion" de la Planète Vénus, devenue aujourd'hui, dans le Catholicisme Romain, Lucifer, le Génie de l' "étoile du jour" 129, la Tsaba ou Armée de "Satan".
  2. Les Daityas et Dânavas sont les Titans, les Démons et Géants que nous trouvons dans la Bible 130 – les progénitures des  "Fils de Dieu" et des "Filles des Hommes". Leur nom générique établit le rôle qu'on leur prête et dévoile en même temps l'animus secret des Brahmanes ; en effet, ce sont les Kratou-dvishas – les "ennemis des sacrifices" ou simulacres exotériques. Ce sont les "Légions" qui luttèrent contre Brihaspati, le représentant des religions exotériques populaires et nationales et contre Indra – le Dieu du Ciel visible, du Firmament, qui, dans le Véda primitif, est le Dieu suprême du Ciel cosmique, demeure bien faite pour un Dieu extra-cosmique et personnel, au-dessus duquel aucun culte exotérique ne peut jamais s'élever ;
  3. Puis viennent les Nagas 131, les Sarpas, Serpents ou Séraphins. Ceux-ci aussi, dévoilent leur caractère par le sens caché de leur glyphe. Dans la Mythologie, ce sont des êtres semi-divins, ayant une figure humaine et une queue de dragon. Ce sont donc indubitablement les Séraphim Juifs (comparez avec Sérapis, Sarpa, Serpent) ; le singulier de Séraphim est Saraph, "brûlant, ardent". L'angélologie chrétienne et juive établit une distinction entre les Séraphim et les Chérubim ou Chérubins, qui viennent au second rang ; au point de vue Esotérique et Cabalistique, ils sont identiques, Chérubim n'étant que le nom des images ou portraits d'une quelconque des divisions des [IV 69] Légions célestes. Or, ainsi que nous l'avons déjà dit, Dragons et Nagas étaient les noms donnés aux Initiés-ermites, en raison de leur grande Sagesse et de leur grande Spiritualité et parce qu'ils vivaient dans des cavernes.

 129 Voyez Isaïe, XIV, 12.

130 Genèse, VI.

131 Les Nagas sont décrits par les Orientalistes un peuple mystérieux dont on retrouve jusqu'à présent d'abondantes traces aux indes et qui vivait dans Nâga-dvipa un des sept continents, ou divisions, de Bhâra-tavarsha (l'Inde ancienne) et la Ville de Nagpour est une des plus ancienne cités du pays.

 

Aussi, lorsque Ezéchiel 132 emploie l'adjectif Chérub à propos du Roi de Tyr, et lui dit que grâce à sa sagesse et son intelligence il n'y a pas de secrets qui puissent lui être cachés, il prouve à l'Occultiste qu'il s'agit d'un "Prophète", peut-être même d'un sectateur du culte exotérique, qui fulmine contre un Initié d'une autre école et non pas contre un Lucifer imaginaire, contre un Chérubin tombé des étoiles et ensuite du Jardin d'Eden. La soi- disant "Guerre" est donc aussi, dans un de ses sens, un souvenir allégorique de la lutte entre les deux classes d'Adeptes – de la Voie de Droite et de la Voie de Gauche. Il y avait aux Indes trois classes de Richis, qui étaient les premiers adeptes connus ; les Royaux, ou Râjarshis, rois et princes qui adoptèrent la vie ascétique ; les Divins, ou Dévarshis, ou les fils du Dharma ou de la Yoga et les Bramarshis, descendants des Richis qui furent les fondateurs de Gotras de Brahmanes, ou de races réparties en castes. Laissant pour un moment de côté les clefs mythique et astronomique, nous constatons que les enseignements  secrets nous montrent beaucoup d'Atlantéens appartenant à ces divisions et il y eut entre eux des conflits et des guerres, de facto et de jure. Nârada l'un des plus grands Richis, était un Dévarshi et on le représente comme étant en lutte constante et éternelle avec Brahmâ, Daksha et avec d'autres Dieux et Sages. Nous pouvons donc soutenir sans crainte, que, quel que soit le  sens astronomique de cette légende universellement acceptée, sa phase humaine est basée sur de réels événements historiques, transformés en dogmes théologiques uniquement pour  être adaptés aux desseins ecclésiastiques. En haut comme en bas. Les phénomènes sidéraux et la manière dont les corps célestes se conduisent dans les cieux, furent pris pour modèles, et le même plan fut suivi en bas, sur la Terre. Ainsi l'Espace, dans son sens abstrait, était appelé le "royaume du savoir divin" et par les Chaldéens ou Initiés, Ab Soo, la demeure (ou, le père, c'est-à-dire la source) du savoir, parce que c'est dans l'Espace que demeurent les  Puissances intelligentes qui gouvernent invisiblement l'Univers 133. [IV 70]

De la même manière et sur le plan du Zodiaque dans  l'Océan supérieur ou dans les Cieux, un certain royaume sur la Terre, une mer intérieure, était consacrée et appelée "l'Abîme du Savoir" ; il s'y trouvait douze centres, sous forme de douze petites îles, représentant les Signes Zodiacaux – dont deux demeurèrent durant des siècles les "Signes Mystérieux" 134 – qui servaient de demeures à douze Hiérophantes et Maîtres de Sagesse. Cette "Mer de la Connaissance" ou du Savoir 135 resta pendant des siècles là où s'étend le Désert de Shamo ou Désert de Gobi. Elle existait jusqu'à la dernière grande période glaciaire, époque à laquelle, un cataclysme local balaya les eaux au Sud et à l'Ouest, formant ainsi le grand Désert désolé qui existe actuellement et ne laissant subsister qu'une certaine oasis, au milieu de laquelle se trouvent un lac et une île, en guise de relique sur la Terre de l'Anneau Zodiacal. Durant de longs siècles l'Abîme Liquide – qui, pour les nations qui précédèrent les Babyloniens, était la demeure de la "Grande Mère" post-type terrestre de la "Grande Mère Chaos" dans le Ciel. Mère d'Ea (la Sagesse), elle-même le prototype original d'Oannès, l'Homme-Poisson des Babyloniens – durant de longs siècles, dis-je, l' "Abîme" ou Chaos fut la demeure de la Sagesse et non du Mal. La lutte de Bel, puis de Mérodach, le Dieu Soleil, avec Tiamat, la Mer et ses Dragons – "Guerre" qui se termina par la défaite de cette dernière – a une signification purement cosmique et géologique, ainsi qu'un sens historique. C'est une page arrachée à l'histoire des Sciences Secrètes et Sacrées [IV 71] crées, de leur évolution, de leur développement et de leur mort – pour les masses profanes. Elle se rapporte (a) au dessèchement systématique et graduel de territoires immenses, sous l'influence d'un soleil ardent durant une certaine période préhistorique, à l'une des terribles périodes de sécheresse qui se terminèrent par la transformation graduelle de terres jadis fertiles et abondamment arrosées, qui devinrent les déserts de sable quelles sont aujourd'hui et (b) à la persécution non moins systématique des Prophètes de la Voie de Droite par ceux de la Voie de Gauche. Ces derniers ayant présidé à la naissance et à l'évolution des castes sacerdotales, ont fini par conduire le monde aux religions exotériques, qui ont été inventées pour satisfaire le goût des (οί πολλοὶ) et des ignorants pour la pompe des rituels et pour  la matérialisation du Principe Inconnaissable et à jamais immatériel.

Ceci constituait un certain progrès sur la sorcellerie Atlantéenne, dont, le souvenir est présent dans la mémoire de tous les Indiens lettrés et connaissant le Sanscrit – et se retrouve dans les légendes populaires. Ce n'en était pas moins une parodie et une profanation des Mystères Sacrés et de leur Science. Les rapides progrès de l'anthropomorphisme et de l'idolâtrie conduisirent encore la Cinquième Race primitive, comme ils avaient déjà conduit la Quatrième, à la sorcellerie, bien que, sur une plus petite échelle. Finalement, les quatre "Adams" eux-mêmes (qui symbolisaient, sous d'autres noms, les quatre Races précédentes), furent oubliés et, passant d'une génération à l'autre, surchargés de quelques mythes additionnels, finirent par être noyés dans cet océan de symbolisme populaire que l'on appelle les Panthéons. Ils n'en existent pas moins jusqu'à ce jour dans les plus antiques traditions juives : le premier comme le Tzelem, "l'Adam-Ombre", les Chhâyas de notre doctrine, le second, l'Adam "modèle", la copie du premier et le "mâle et femelle" de la Genèseexotérique ; le troisième, "l'Adam Terrestre" avant  la  Chute,  un androgyne ; et le quatrième, l'Adam après sa "chute", c'est-à-dire séparé en deux sexes, ou le pur Atlantéen. L'Adam du Jardin d'Eden, ou l'ancêtre de notre Race – la Cinquième – est un ingénieux composé des quatre cités plus haut. Ainsi que l'indique le Zohar, Adam, le premier Homme, ne se trouve pas maintenant sur Terre, il "ne se trouve nulle part en Dessous". En effet d'où vient la Terre inférieure ? "De la Chaîne de la Terre et du Ciel au-Dessus", c'est-à-dire des Globes supérieurs, de ceux qui précédent notre Terre et sont au-dessus.

Et il sortit de son sein (de la Chaîne) des créatures digérant les [IV 72] unes des autres. Les unes pourvues de vêtements (solides) (peaux), les autres de coques (Q'lippoth)... les unes de coques rouges, d'autres de noires, d'autres de blanches et d'autres de toutes les couleurs 136.

De même que la Cosmogonie Chaldéenne de Bérose et que  les Stances qui viennent d'être données, certains traités sur la Cabaleparlent de créatures ayant deux faces, d'autres en ayant quatre et d'autres n'en ayant qu'une ; car "l'Adam le plus haut ne descendit pas dans tous les pays, ou n'y eut pas de progénitures et de nombreuses épouses", mais c'est là un mystère.

Le Dragon est aussi un mystère. C'est avec raison que le Rabbin Siméon Ben Iochaï dit, que la faculté de comprendre la signification du Dragon n'est pas accordée aux "compagnons" (étudiants, ou Chélàs), mais seulement aux "petits", c'est-à-dire aux parfaits Initiés 137.

Les compagnons comprennent l'œuvre des débuts, mais ce sont les petits seuls qui comprennent la parabole de l'œuvre du Principium par le Mystère du Serpent de la Grande Mer 138.

136 Zohar, III, 9 b, 10 a, Ed, Brody. – Ed. de Crémone, III, fol. 4 a, col. 14. – Qabbalah de Myer, pp. 416-417.

137 Tel était le nom que l'on donnait dans l'antique Judée, aux Initiés, que l'On appelait aussi les "Innocents" et les "Enfants", c'est-à-dire encore ceux qui sont "re-nés". Cette clef ouvre un horizon sur l'un des mystères du Nouveau Testament ; le massacre de 40.000 "Innocents" par Hérode. Il y a une légende là-dessus et l'événement, qui se passa près d'un siècle av. J.-C., expose l'origine de la tradition mêlée en même temps à celle de Krishna et de son oncle Kansa. Dans le cas du Nouveau Testament, Hérode représente Alexandre Jannée (de la Lydie), dont les persécutions et  les massacres de centaines et même des milliers d'Initiés assurèrent l'adoption du récit de la Bible.

138 Zohar, II, 34.

 

Et les Chrétiens à qui il arrivera de lire ceci, seront éclairés par ce qui précède et comprendront eux aussi ce qu'était leur "Christ", car Jésus déclare à maintes reprises que celui qui "ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera jamais" et si quelques-uns de ses dires s'appliquent aux enfants, sans métaphore, la plupart des allusions aux "petits" que l'on rencontre dans les Evangiles, se rapportent aux Initiés, dont Jésus faisait partie. Paul (Saül) est cité dans le Talmud avec le qualificatif de "petit".

Le "Mystère du Serpent" était le suivant : Notre Terre, ou plutôt notre vie terrestre, est souvent appelée, la Grande Mer dans les Enseignements Secrets et l'expression "Mer de Vie" [IV 73] est demeurée jusqu'à présent une métaphore favorite. La Siphra Dtzeniouthaparle du Chaos Primordial et de l'Evolution de l'Univers après une Destruction (Pralaya), en la comparant à un serpent qui déroule ses anneaux.

S'étendant de tous côtés, sa queue dans sa bouche, sa tête se tordant sur son cou, il est enragé et furieux... Il surveille et se cache. A chaque millième Jour il est manifesté 139.

On lit dans un commentaire des Pourânas :

Ananta-Shwha est une forme de Vishnou, l'Esprit-Saint, de Conservation et un symbole de l'Univers, sur lequel il est supposé dormir pendant les intervalles des Jours de Brahmâ. Les sept têtes de Shesha soutiennent l'Univers.

Ainsi l'Esprit de Dieu "sommeille" au-dessus du Chaos, ou "Couve" le Chaos de la Matière non-différenciée, avant chaque nouvelle "Création", dit la Siphra Dtzenioutha, Or, un Jour de Brahmâ se compose, comme nous l'avons déjà expliqué, de mille Mahâ Yougas et comme chaque Nuit, ou période de repos, a une durée égale à ce Jour, il est facile de voir à quoi se rapporte cette phrase de la Siphra Dtzenioutha– que le Serpent, se manifeste "une fois dans mille jours". Il n'est pas plus difficile de voir où nous conduit l'auteur initié de la Siphralorsqu'il écrit :

 Sa tête est brisée dans les eaux de la Grande Mer, car il est écrit : Tu divises la mer par ta force, tu brises les têtes des Dragons" dans les eaux 140.

Ceci se rapporte aux épreuves des Initiés dans cette vie physique la "Mer de Chagrins", si nous lisons avec l'aide d'une clé ; ceci fait allusion à la destruction successive des Sept sphères d'une Chaîne de Mondes,  dans la Grande Mer de l'Espace, si nous nous servons d'une autre clef, car chaque Sphère ou globe sidéral, chaque monde, chaque étoile ou groupe d'étoiles, est appelé dans le symbolisme une "Tête de Dragons". Mais de quelque façon que l'on lise, le Dragon ne fut jamais considéré comme le Mal, pas plus que le Serpent – dans l'antiquité. Dans les métaphores, astronomiques, cosmiques, théogoniques, ou simplement physiologiques (ou phalliques), le Serpent fut toujours considéré comme un symbole divin. Lorsqu'il est fait [IV 74] mention du "Serpent (Cosmique) qui court avec 370 sauts" 141, cela se rapporte aux périodes cycliques de la grande Année Tropicale de 25.868 ans, divisée dans les calculs Esotériques en 370 périodes ou cycles, de même qu'une année solaire est divisée en 365 jours. Et si Michel fut considéré par les Chrétiens comme le Vainqueur de Satan, le Dragon, c'est parce que, dans le Talmud, ce personnage guerrier est représenté comme le Prince des Eaux, qui commande aux sept Esprits subordonnés – excellente raison pour que l'Eglise Latine en ait fait le saint patron de tous les promontoires de l'Europe. Dans la Siphra  Dtzenioutha, la Force Créatrice "fait de sa création des esquisses au moyen de lignes en spirale, dans la forme d'un Serpent". Il "tient sa queue dans sa bouche", parce qu'il est le symbole de l'éternité sans fin et des périodes cycliques. Ses différentes significations nécessiteraient toutefois un volume et il nous faut terminer.

Le lecteur peut donc se rendre maintenant compte de ce que sont les divers sens de la "Guerre dans le Ciel" et du "Grand Dragon". Ainsi le plus solennel et le plus redouté des dogmes de l'Eglise, l'alpha et l'oméga de la foi Chrétienne et le pilier sur lequel reposent la Chute et sa Rédemption, se réduit à un symbole Païen, parmi les nombreuses allégories de ces luttes préhistoriques.

 139 I § 16.

140 Op. cit., LXXIV, 13.

141 Ibid., 33.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 10:01:46 +0000
SECTION V - LE PLEROME EST-IL LE REPAIRE DE SATAN ? https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/198-section-v-le-plerome-est-il-le-repaire-de-satan https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/198-section-v-le-plerome-est-il-le-repaire-de-satan

SECTION V

LE PLEROME EST-IL LE REPAIRE DE SATAN ?

 

Ce sujet n'est pas épuisé et doit encore être étudié sous d'autres aspects.

Il est impossible de savoir si la description grandiose que Milton donne de la bataille de trois jours livrée par les Anges de Lumière aux Anges de Ténèbres, permet de supposer, qu'il ait eu connaissance de la tradition Orientale correspondante. Néanmoins, s'il n'a pas eu de rapports personnels avec un Mystique, il a dû en avoir avec une personne qui pouvait consulter les ouvrages Secrets du Vatican. Parmi ceux-ci se trouve une tradition concernant les "Beni Shamash" – les "Fils du Soleil" – qui décrit l'allégorie Orientale, avec des détails bien plus [IV 75] minutieux, dans sa triple version, que ceux que l'on pourrait trouver dans le Livre d'Enoch, ou dans la bien plus récente Révélation de saint Jean, au sujet de "l'Antique Dragon" et de ses divers Meurtriers, comme on vient de l'expliquer.

Il semble inexplicable de trouver encore, jusqu'à présent, des auteurs qui appartiennent à des sociétés mystiques et qui persistent dans leurs doutes préconçus au sujet de l'antiquité "supposée" du Livre d'Enoch. Ainsi, l'auteur des Sacred Mysteries among the Mayas and Quiches est porté à voir dans Enoch un Initié converti au Christianisme (!!) 142, et le compilateur anglais desMystères de la Magie d'Eliphas Lévi partage la même opinion. Il fait remarquer que :

A part l'érudition du Dr Kenealy, aucun savant moderne n'attribue à ce dernier ouvrage (le Livre d'Enoch) une antiquité remontant plus loin que le IVème siècle av. J.- C. 143.

142 P. 16.

143 "Biographical and Critical Essay", p. 38.

 

La science moderne s'est rendue coupable d'erreurs plus graves que celle-ci. Tout récemment encore, les plus grands critiques littéraires d'Europe niaient l'authenticité même de cet ouvrage, ainsi que des Hymnes Orphiques et même du Livre d'Hermès ou Thoth, jusqu'au moment où des versets entiers de ce dernier ouvrage furent découverts sur des monuments et des tombeaux égyptiens, des premières dynasties. L'opinion de l'archevêque Laurence est donnée ailleurs.

"L'Antique Dragon" et Satan, qui sont devenus  maintenant, séparément et collectivement, les symboles des "Anges Déchus" et les termes théologiques employés pour les désigner, ne sont décrits sous cet aspect, ni dans la Cabaleoriginale (le Livre des Nombres Chaldéen), ni dans la Cabale moderne. En effet, le très érudit, sinon le plus grand des Cabalistes Modernes, Eliphas Lévi, décrit Satan en ces termes ardents :

C'est cet Ange qui était assez fier pour se croire un Dieu, assez courageux pour acheter son indépendance au prix d'une éternité de supplices ; assez beau pour s'être adoré lui-même en pleine lumière divine ; assez fort pour régner encore dans les ténèbres, au milieu de la  douleur et pour se faire un trône de son inextinguible bûcher. C'est le Satan du républicain et de l'hérétique Milton... le prince de l'anarchie, servie par une hiérarchie de purs esprits (!!) 144. [IV 76]

144 Histoire de la Magie, pp. 16-17.

 

Cette description – qui concilie avec tant d'adresse le dogme théologique avec l'allégorie Cabalistique et trouve même le moyen d'englober un compliment politique dans son texte est tout à fait correcte lorsqu'on la lit convenablement.

Oui vraiment ; c'est l'idéal le plus haut, ce symbole à jamais vivant – on pourrait dire cette apothéose – du sacrifice de soi-même en faveur de l'indépendance intellectuelle de l'humanité ; cette Energie toujours active protestant contre l'Inertie Statique : ce principe en vertu duquel l'affirmation de Soi-même est un crime et pour lequel la Pensée et la Lumière du Savoir sont odieuses. Comme le dit Eliphas Lévi, avec une justice et une ironie, qui n'ont jamais été égalées :

C'est ce prétendu héros des éternités ténébreuses qui, calomnié de laideur, est affublé de cornes et de griffes, qui conviendraient plutôt à son implacable tourmenteur 145.

C'est lui qui a finalement été transformé en un Serpent, le Dragon Rouge, mais Eliphas Lévi encore soumis aux autorités Catholiques Romaines – on pourrait ajouter, était trop jésuite – pour confesser que ce Diable n'était autre que l'humanité et n'avait jamais existé sur la Terre en dehors de cette humanité 146.

145 Ibid., loc. cit.

146 Quel diable aurait pu être plus rusé, plus habile et plus cruel que l'assassin de Whitechapel, "Jack l'Eventreur", de 1888, que sa soif de sang et sa froide méchanceté poussèrent à massacrer et à mutiler froidement sept femmes infortunées et d'ailleurs innocentes ? Il suffit de lire les journaux pour reconnaître, dans les brutes ivres (époux et pères) qui battent les femmes et les enfants et dont un petit nombre est journellement traduit devant les tribunaux, la personnification complète des démons de l'Enfer Chrétien !

 

En ceci, la Théologie Chrétienne, bien que marchant servilement sur les traces du Paganisme, n'a fait que se conformer à sa politique traditionnelle. Elle devait s'isoler et affirmer son autorité. Elle ne pouvait donc mieux faire que de transformer en démons, toutes les Divinités Païennes. Chaque brillant Dieu Solaire de l'antiquité – Divinité glorieuse pendant le jour et son propre adversaire et antagoniste pendant l'a nuit, appelée Dragon de Sagesse, parce qu'elle était supposée renfermer les germes de la nuit et du jour – a été maintenant transformée en une hypothétique ombre de Dieu et est devenue Satan de par la seule autorité, sans sanction, d'un despotique dogme humain.

Après quoi tous ces producteurs de lumière et d'ombre, tous ces Dieux Solaires et Lunaires, ont été maudits, et un Dieu, choisi dans le nombre, puis Satan, ont été ainsi anthropomorphisés [IV 77] tous deux. Mais la Théologie semble avoir perdu de vue la faculté que possède l'homme de discerner et enfin d'analyser tout ce qu'on impose artificiellement à son respect. L'Histoire fait ressortir chez toutes les races et les tribus, surtout chez les nations Sémitiques, une tendance naturelle à exalter la divinité de leur propre tribu au-dessus de toutes les autres, à lui conférer la suprématie sur les Dieux et elle prouve que le Dieu des Israélites était un Dieu de tribu de ce genre et rien de plus, bien que l'Eglise Chrétienne, suivant l'exemple du peuple "élu", trouve bon d'imposer le culte de cette divinité spéciale et de  lancer  l'anathème  contre  toutes  les  autres.  Qu'il  s'agisse  à l'origine, d'une erreur consciente ou inconsciente, c'est une erreur en tout cas. Dans l'antiquité, Jéhovah n'a jamais été qu'un Dieu "parmi" d'autres "Dieux" 147. Le Seigneur apparut à Abraham et tout en lui disant : "Je suis le Dieu tout- puissant", il ajouta : "J'établirai mon union... afin d'être un Dieu pour toi" (Abraham) ; et pour sa descendance après lui 148 mais non pour les Européens Aryens.

Mais il y avait alors la grandiose et idéale figure de Jésus de Nazareth, à placer contre ce fond obscur, pour la rendre plus radieuse par le contraste, et l'Eglise ne pouvait inventer un fond plus obscur. Ne possédant pas la symbologie de l'Ancien Testament, ignorant la computation véritable du nom de Jéhovah – le substitut rabbinique secret du nom Ineffable et Imprononçable – l'Eglise prit pour la réalité, l'ombre savamment fabriquée, prit le symbole générateur anthropomorphisé pour l'Unique Réalité Sans Rivale, la Cause Inconnaissable de Tout. Comme conséquence logique, l'Eglise, dans un but de dualisme, se trouva dans la nécessité d'inventer un Diable anthropomorphisé – créé, comme elle l'enseigne, par Dieu lui- même. Satan est aujourd'hui devenu le monstre fabriqué par Jéhovah- Frankenstein, c'est la malédiction de son père et une épine dans le flanc divin, un monstre, dont aucun Frankenstein terrestre n'eût pu fabriquer une plus ridicule copie.

L'auteur de New Aspects of Life décrit fort correctement le Dieu Juif, en se plaçant au point de vue cabalistique, comme étant :

L'esprit de la Terre, qui s'était révélé au juif comme Jéhovah 149... C'est aussi cet Esprit qui, après la mort de Jésus, prit sa forme et joua son rôle comme Christ ressuscité. [IV 78]

147 Psaume LXXXI.

148 Genèse, XVII, 7.

149 Op. cit., p. 209.

 

C'est, comme on peut le voir, la doctrine de Cérinthe et de plusieurs Gnostiques, avec fort peu de variations, mais les, explications et les déductions de l'auteur sont remarquables :

 Personne ne savait… mieux que Moise... (ni) aussi bien que lui, combien était grande la puissance de ces (Dieux de l'Egypte), avec les prêtres desquels il avait discuté... de ces dieux dont on prétend" que Jéhovah est le Dieu (les Juifs seulement).

L'auteur pose cette question :

Qu'étaient-ce donc ces Dieux, ces Achar dont Jéhovah, l'Achad, aurait été le Dieu... en les dominant ?

L'Occultisme répond à ceci : C'étaient ceux que l'Eglise appelle maintenant les Anges Déchus et, collectivement, Satan,. le Dragon – vaincu, si nous acceptons ce qu'elle dit, par Michel et sa Légion, Michel qui n'était autre que Jéhovah lui-même ou, tout au plus, un des Esprits subordonnés. Aussi l'auteur a-t-il encore raison de dire :

Les Grecs croyaient à. l'existence de... daimons, mais... furent devancés en cela par les Hébreux, qui croyaient qu'il y avait une classe d'esprits représentatifs qu'ils désignaient sous le nom de démons, "acteurs"... En admettant, avec Jéhovah qui affirmait expressément l'existence d'autres dieux, qui... jouaient le rôle du Dieu Unique, ces autres dieux ne constituaient-ils qu'une classe supérieure d'esprits acteurs qui avaient acquis et exerçaient de grands pouvoirs ? Et le rôle joué par d'autres ne constitua-t-il pas la clef du mystère de l'état d'esprit ? Mais, ceci une fois admis, comment pourrons- nous savoir si Jéhovah n'était pas un esprit jouant un rôle, un esprit qui prétendait être, et qui devint aussi, le représentant du Dieu unique, inconnu et inconnaissable ? Comment saurions-nous si l'esprit qui se donnait le nom de Jéhovah ne fut pas cause, en  s'appropriant ses attributs, que sa propre désignation fut imputée à l'Unique qui est en réalité, aussi dépourvu de nom qu'il est inconnaissable 150.

 150 Ibid., pp. 144-145.

 

L'auteur démontre alors que "l'esprit Jéhovah est un acteur" de son propre aveu. Il avoua à Moïse "qu'il était apparu aux patriarches comme le Dieu Shaddai et le Dieu Hélion".

Il assuma d'un seul trait le nom de Jéhovah et c'est sur la foi de l'affirmation de cet acteur que les noms de El, Eloah, Elohim et Shaddai ont été lus et interprétés en juxtaposition avec Jéhovah, comme signifiant le "Seigneur Dieu Tout-Puissant". (Puis quand) [IV 79] le nom de Jéhovah devint ineffable, la désignation d'Adonaï, "Seigneur", lui fut substituée et… c'est par suite de cette substitution que le "Seigneur" passa des Juifs au "Verbe" et au Monde Chrétien comme une désignation de Dieu 151.

Et comment saurions-nous, pourrait ajouter l'auteur, si Jéhovah ne représentait pas de nombreux esprits jouant le rôle de l'apparemment unique – Jod ou Jod-Hé ?

Mais si l'Eglise Chrétienne fut la première à faire de l'existence de Satan un dogme, ce fut, comme on le démontre dans Isis Dévoilée, parce que le Diable – le puissant Ennemi de Dieu (!!) – devait devenir la pierre d'assise et le pilier de l'Eglise. En effet, comme le fait observer avec raison un Théosophe M. Jules Baissac, dans son ouvrage intitulé Satan ou le Diable :

 Il fallait éviter de paraître autoriser le dogme du double principe, en faisant de ce Satan créateur une puissance réelle et pour expliquer le mal originel, on profère contre Manès l'hypothèse d'une permission de l'unique Tout- Puissant 152.

 151 Ibid., p. 146.

152 Op. cit., p. 9. Après le Panthéisme polymorphe de certains Gnostiques, vint le Dualisme exotérique de Manès, qui fut accusé de personnifier le mal et de faire du diable un Dieu – le rival de Dieu lui-même. Nous ne voyons pas que l'Eglise Chrétienne ait beaucoup amélioré cette Idée exotérique des Manichéens, car elle appelle jusqu'à présent Dieu son Roi de Lumière, et Satan le Roi des Ténèbres.

 

Ce choix et cette politique furent en tout cas malheureux. On aurait dû établir une distinction bien tranchée entre le personnage jouant le rôle du Dieu inférieur d'Abraham et de Jacob et le "Père" mystique de Jésus, ou bien les Anges, "Déchus" n'auraient pas dû être calomniés par de nouvelles fictions.

Chaque Dieu des Gentils se rattache à Jéhovah – les Elohim et a des rapports étroits avec lui, car ils ne forment à eux tous "Une Légion, dont les unités ne diffèrent que par le nom dans les Enseignements Esotériques. Il n'y a aucune différence entre les Anges "Obéissants" et les Anges "Déchus", sauf en ce qui concerne leurs fonctions respectives, ou plutôt l'inertie des uns et l'activité des autres, parmi les Dhyân Chohans, ou Elohim, qui eurent pour mission "de créer", c'est-à-dire de fabriquer le monde extérieur à l'aide de la matière éternelle.

Les Cabalistes disent que le véritable nom de Satan est celui de Jéhovah retourné, attendu que "Satan n'est pas un Dieu noir mais la négation de la Divinité blanche", ou de la Lumière[IV 80] de la Vérité. Dieu est la Lumière et Satan représente les Ténèbres ou l'Ombre nécessaire pour la faire ressortir, sans quoi la pure lumière serait invisible et incompréhensible 153.

153  Citons à ce sujet l'admirable ouvrage de M. S. Laing, Modern Science and Modern Thought   (p.222)  : "Il n'y a aucun moyen d'échapper à ce dilemme (l'existence du mal dans le monde), à moins d'abandonner complètement l'idée d'une divinité anthropomorphe et d'adopter franchement l'idée scientifique d'une Cause Première, inscrutable et à l'abri de toute découverte et celle d'un univers dont nous pouvons relever les lois, mais dont l'essence réelle nous est complètement inconnue, tout en soupçonnant ou en soupçonnant vaguement l'existence d'une loi fondamentale qui peut faire de da polarité du bien et du mal une condition nécessaire de l'existence." Si la Science connaissait "l'essence réelle" au lieu de l'ignorer complètement, le vague soupçon se transformerait en une certitude de l'existence de cette loi et la connaissance de cette loi se rattache au Karma.

 

"Pour les Initiés, dit Eliphas Lévi, le Diable n'est pas une personne, mais une Force créatrice, pour le Bien comme pour le Mal." Les Initiés représentaient cette Force, qui préside à la génération physique, sous la mystérieuse forme du Dieu Pan ou de la Nature ; de là les cornes et les sabots de cette figure mythique et symbolique, comme aussi le "bouc" chrétien du "Sabbat des Sorcières". A ce sujet, les Chrétiens ont encore imprudemment oublié que le "bouc" était aussi la victime choisie pour l'expiation de tous les péchés d'Israël, que le bouc émissaire était en réalité le martyr du sacrifice, le symbole du plus grand mystère existant sur la Terre – la "chute dans la génération". Seulement, les Juifs ont depuis longtemps oublié la véritable signification (pour les non-initiés) de leur ridicule héros, tiré du drame, de la vie dans les Grands Mystères représentés par eux dans le désert ; les Chrétiens ne l'ont jamais connue.

Eliphas Lévi cherche à expliquer le dogme de son Eglise par des paradoxes et des métaphores, mais il réussit bien misérablement, en présence des nombreux volumes écrits par les pieux Démonologistes Catholiques Romains, avec l'approbation et sous les auspices de Rome, au cours de notre XIXème siècle. Pour le vrai Catholique Romain, le Diable, ou Satan est une réalité ; le drame joué dans la Lumière Sidérale, suivant le voyant de Patmos – qui voulait, peut-être, renchérir sur le récit que contient le Livre d'Enoch –est un fait aussi réel et aussi historique que toute autre allégorie ou que tout autre événement symbolique que l'on trouve dans la Bible. Les Initiés donnent toutefois une explication qui diffère de celle d'Eliphas Lévi, dont le génie et l'intellect plein de ruse devaient se soumettre à un certain compromis qui lui était dicté de Rome.

Aussi les véritables cabalistes "qui n'acceptent  pas  de compromis" [IV 81] admettent que pour tout ce qui concerne la Science et la Philosophie, il suffit que le profane sache que le Grand Agent Magique, appelé Lumière Astrale par les disciples du Marquis de Saint-Martin, ou Martinistes, Vierge Sidérale et Mysterium Magnum par les Cabalistes et Alchimistes du Moyen Age et Æther, ou reflet de l'Akâsha, par les Occultistes Orientaux, n'est autre que ce que l'Eglise appelle Lucifer. On n'apprendrait rien à personne en disant que les scolastiques latins ont réussi à transformer en Satan l'Ame Universelle et le Plérôme, le Véhicule de Lumière et le réceptacle de toutes formes, une Force répandue dans tout l'Univers, avec ses effets directs et indirects, mais on est prêt maintenant à communiquer aux profanes mentionnés plus haut les secrets mêmes auxquels Eliphas Lévi fait allusion, sans explication suffisante, car le Système de révélations voilées d'Eliphas Lévi ne pourrait conduire qu'à de nouvelles superstitions et à de nouveaux malentendus. Qu'est-ce qu'un étudiant en Occultisme, qui serait un commençant, pourrait tirer de phrases hautement poétiques comme celles d'Eliphas Lévi que nous citons plus bas et qui sont aussi apocalyptiques que les œuvres de n'importe quel Alchimistes ?

 Lucifer (la Lumière astrale)... est une force intermédiaire répandue dans toute la création ; elle sert à créer et à détruire ; et, la chute d'Adam fut le résultat d'une ivresse érotique qui a fait de sa génération l'esclave de cette fatale Lumière... toute passion amoureuse qui envahit les sens est un tourbillon de cette Lumière qui  cherche à nous entraîner vers les abîmes de la mort. La folie, les hallucinations, les visions, les extases sont des formes d'une excitation très dangereuse due à ce phosphore intérieur (?) Enfin, cette lumière est de la nature du feu, dont l'usage intelligent échauffe et vivifie, dont l'excès, au contraire, brûle, dissout et anéantit.

L'homme serait appelé à prendre un souverain empire sur cette Lumière (Astrale) et à conquérir par ce moyen son immortalité et il serait menacé en même temps d'être enivré, absorbé et éternellement détruit par elle.

Cette lumière, en tant que dévorante, vengeresse  et fatale, serait le feu de l'enfer, le serpent de la légende ; l'erreur tourmentée dont elle serait pleine, les larmes et les grincements de dents des êtres avortés qu'elle dévore, le fantôme de la vie qui leur échappe, tout cela, serait le Diable ou Satan 154.

Il n'y a rien de faux  dans  tout  ceci ;  rien,  sauf  une surabondance [IV 82] de métaphores mal employées, comme, par exemple, l'emploi du mythe d'Adam pour donner un exemple des effets astraux. L'Akâsha 155, la Lumière Astrale, peut être définie en quelques mots ; c'est l'Ame Universelle, la Matrice de l'Univers, le Mysterium Magnum d'où naît tout ce qui existe, par séparation ou différenciation. C'est la cause de l'existence ; elle remplit tout l'Espace infini, c'est l'Espace lui-même, dans un sens, ou, tout à la fois, son sixième et son septième principe 156. Mais  en

 

 

 

 

 

tant que fini dans l'Infini, par rapport à la manifestation, cette Lumière doit avoir son côté sombre – ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer. Or, comme l'Infini ne peut jamais être manifesté, il s'ensuit que le monde fini doit se contenter de l'ombre seule, que ses actions attirent sur l'humanité et que les hommes attirent et forcent à l'activité. Aussi, tandis que la Lumière Astrale est la Cause Universelle dans son unité, et dans son infini non- manifesté, elle n'est plus, en ce qui concerne l'humanité, que les effets des causes produites par les hommes au cours de leurs vies pleines de péchés. Ce ne sont pas ses brillants habitants – qu'on les appelle Esprits de Lumière ou de Ténèbres – qui produisent le Bien ou le Mal, mais c'est l'humanité elle-même qui détermine des actions et des réactions inévitables dans le Grand Agent Magique. C'est l'humanité qui est devenue le "Serpent de la Genèse" et qui est ainsi cause, jour par jour et heure par heure, de la Chute et du Péché de la "Vierge Céleste" – qui devient alors, en même temps, la Mère des Dieux et des Diables ; car c'est la Divinité toujours [IV 83] aimante et bienfaisante pour tous ceux qui émeuvent son Ame et son Cœur, au lieu d'attirer vers eux-mêmes l'ombre manifestée de son essence, désignée par Eliphas Lévi sous le nom de "lumière fatale" qui tue et détruit. L'Humanité, dans ses unités, peut surmonter et maîtriser ses effets, mais seulement par la sainteté des vies et en produisant des causes bonnes. Elle n'a de pouvoirs que sur les principes inférieurs manifestés – l'ombre de la Divinité Inconnue et Inconnaissable dans l'Espace. Mais dans l'antiquité, et en réalité, Lucifer, ou Luciferus, était le nom de l'Entité Angélique qui présidait à la Lumière de la Vérité, comme à la lumière du jour. Dans le grand Evangile Valentinien, Pistis Sophia, on enseigne que parmi les trois Puissances qui émanent des Noms Sacrés des trois Triples Pouvoirs (Τριδυνάµεις), celle de Sophia (le Saint Esprit suivant ces Gnostiques – la plus raffinée de toutes), réside dans la planète Vénus ou Lucifer.

 154 Histoire de la Magie, pp. 196, 197.

155 L'Akâsha n'est pas l'Ether de la Science, comme le prétendent certains Orientalistes.

156 Jean Trithème, Abbé de Spanheim, le plus grand Astrologue et Cabaliste de son époque, s'exprime ainsi "L'art de la magie divine réside dans la faculté de percevoir l'essence des choses dans la Lumière de la Nature (Lumière Astrale) et dans l'emploi des pouvoirs de l'âme de l'Esprit pour produire des choses matérielles tirées de l'univers invisible et dans ces opérations d'En-haut, et l'En-bas doivent être réunis et amenés à agir harmonieusement. L'Esprit de la Nature (la Lumière Astrale) est une unité, créant et formant toutes choses, et en agissant avec le concours de l'homme il peut produire des choses merveilleuses. Ces processus sont accomplis conformément à la loi. Vous apprendrez à connaître la loi en vertu de laquelle ces choses sont accomplies, et vous apprenez à vous connaître vous-mêmes. Vous la connaîtrez grâce au pouvoir de l'esprit, qui réside en vous et vous vous y conformerez en unissant votre esprit à l'essence qui jaillit de vous. Si vous voulez réussir dans cette tâche, il vous faut connaître le moyen de séparer l'esprit et la vie dans la Nature et, en outre, de séparer l'âme astrale qui est en vous et de la rendre tangible, après quoi la substance de l'âme apparaîtra visible et tangible, rendue objective par la puissance de l'esprit." (Cité dans le Paracelsus du Dr Franz Hartmann, pp. 164, 165.)

 

Ainsi, pour le profane, la Lumière Astrale peut être Dieu et le Diable à la fois – Demon est Deus inversus – c'est-à-dire qu'à tous les points de l'Espace Infini vibrent les courants magnétiques et électriques de la Nature animée, les vagues qui donnent la vie et la mort, car la mort sur la terre devient la vie sur un autre plan. Lucifer, c'est la Lumière divine et terrestre, le "Saint-Esprit" et "Satan", tout à la fois, l'Espace visible étant véritablement rempli, d'une manière invisible, par le Souffle différencié et la Lumière Astrale, les effets manifestés des deux qui n'en font qu'un, guidée et attirée par nous, est le Karma de l'Humanité, une entité à la fois personnelle et impersonnelle – personnelle, parce que c'est le nom mystique que Saint-Martin donne à la Légion des Créateurs Divins, des Guides et des Souverains de cette Planète ; impersonnelle, en tant que Cause et Effet de la Vie et de la mort Universelles.

La Chute fut le résultat du savoir de l'homme, car ses "yeux furent, ouverts". Il fut, en effet, instruit dans la Sagesse et dans le Savoir Occulte par l' "Ange Déchu", car ce dernier était devenu depuis lors son Manas, son Mental et sa Soi-conscience. Chez chacun de nous, ce fil d'or de la Vie interrompue – passant périodiquement par des cycles actifs et passifs d'existence sensible sur la Terre et suprasensible dans le Dévachan – existe depuis le moment de notre apparition sur cette Terre. C'est le Sûtratmâ, le fil lumineux de l'état de la Monade immortelle, impersonnelle, sur lequel nos "vies" terrestres, ou Egos éphémères, sont enfilées comme des perles – suivant la belle expression de la philosophie védantine. [IV 84]

Il est maintenant prouvé que Satan, ou le Dragon Rouge Ardent, le "Seigneur du Phosphore" – soufre fut une amélioration théologique – et Lucifer ou le "Porte-Lumière", sont en nous : c'est notre Mental, notre Tentateur et Rédempteur, notre intelligent Libérateur et notre Sauveur du pur animalisme. Sans ce principe – émanation et essence même du pur principe divin Mahat (l'Intelligence), irradiation directe du Mental Divin – nous ne vaudrions certainement pas mieux que les animaux. Le premier homme, Adam, ne fut créé que comme une âme vivante (Nephesh), le dernier  Adam  fut  créé  comme  un esprit vivifiant 157   –  dit  saint  Paul, en parlant de la construction ou de la création de l'homme. Sans cet esprit vivifiant, ou ce mental humain, ou cette âme il n'y aurait pas de différence entre l'homme et la bête ; pas plus qu'il n'y en a, par le fait entre les animaux, en ce qui concerne leurs actions. Le tigre et l'âne, le faucon et la colombe, sont tous aussi purs et aussi innocents les uns que les autres, parce qu'ils sont irresponsables. Chacun d'eux obéit à son instinct, le tigre et le faucon tuent avec la même insouciance dont l'âne fait preuve en mangeant un chardon et la colombe en picorant un grain de blé. Si la Chute avait la signification que lui donne la Théologie ; si cette Chute se produisait comme le résultat d'un acte contraire aux intentions de la Nature – si c'était un péché, que dirait-on donc des animaux ? Si l'on nous dit qu'ils procréent leurs espèces d'une façon qui est la conséquence de ce même "péché originel" qui fut cause que Dieu maudit la Terre – et par suite tout ce qui vivait sur elle – nous répondrons par une autre question. La Théologie, ainsi que la Science, nous disent que l'animal existait sur la Terre bien avant l'homme. Nous demanderons donc à la Théologie : Comment cet animal procréait-il son espèce, avant que le Fruit de l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal n'eût été cueilli ? Comme on l'a déjà fait remarquer :

Les chrétiens – infiniment moins clairvoyants que le grand Mystique et Libérateur dont ils ont pris le nom, dont ils ont mal interprété et travesti les doctrines et dont ils ont obscurci la mémoire [IV 85] par leurs actions – prirent le Jéhovah Juif tel qu'il était et, bien entendu, firent de vains efforts pour concilier l'Evangile de Lumière et de Liberté avec la Divinité des Ténèbres et de la soumission 158.

 157 Le véritable texte original de la 1ère aux Corinthiens, XV, 44, traduit au point  de  vue Cabalistique et Esotérique, serait le suivant : "Il est semé un corps animé (non pas un corps "naturel"), il ressuscite un corps spirituel." Saint Paul était un initié et ses paroles ont un sens tout à fait différent lorsqu'on les lit au point de vue Esotérique. Le corps "est semé dans la faiblesse (passivité) ; il ressuscite dans la puissance" (V, 43) ou dans la spiritualité – l'intellect.

 158 "The War in Heaven" (Theosophist, III, 24, 36, 67), par Godolphin Mitford, devenu plus tard Mourad Aly Bey. Né aux Indes, fils d'un missionnaire, G. Mitford fut converti à l'Islam et mourut Mahométan en 1881 Ce fut un mystique très extraordinaire, possédant un grand savoir, et une remarquable intelligence, mais Il abandonna la Voie de Droite et tombe aussitôt sous le châtiment karmique. Comme l'expose si bien l'auteur de l'article cité : "les partisans de "l'Elohim" vaincu, massacrés d'abord par les Juifs victorieux (les Jéhovistes), puis persuadés par les Chrétiens et les Mahométans victorieux, continuèrent (néanmoins)... Quelques-unes (de ces sectes éparses)... ont perdu jusqu'à la tradition de l'exposé raisonné de leurs croyances – pour vouer un culte secret et mystérieux au Principe du Feu, de la Lumière et de la Liberté. Pourquoi les Bédouins Sabéens (ouvertement monothéistes lorsqu'ils habitent des villes Mahométanes), invoquent-ils encore dans la solitude des nuits du désert la "légion sidérale du ciel" ? Pourquoi les Yésidis, les "Adorateurs du Diable", vouent-ils un culte au "Malek-Taous" – au "Seigneur Paon" – l'emblème de l'orgueil et   de

 

Mais il est suffisamment établi maintenant que tous les soi-disant mauvais Esprits que l'on accuse d'avoir fait la guerre aux Dieux, sont identiques en tant que personnalités ; qu'en outre, toutes les anciennes religions enseignaient la même doctrine, sauf la conclusion finale, qui diffère de celle des Chrétiens. Les sept Dieux, primordiaux avaient tous un double état ; l'un essentiel et l'autre accidentel. Dans leur état essentiel ils étaient tous les Constructeurs ou Façonneurs, les Conservateurs et les Souverains de ce Monde et dans leur état accidentel, se revêtant d'un corps visible, ils descendaient sur la Terre et régnaient sur elle en qualité de Rois et d'Instructeurs, des Légions inférieures qui s'étaient incarnées une fois de plus comme homme.

Ainsi la Philosophie Esotérique établit que l'homme :  est véritablement la divinité manifestée sous ses deux aspects : bon et mauvais, mais la Théologie ne peut admettre cette vérité philosophique. Enseignant comme elle le fait le dogme des [IV 86] Anges Déchus, au pied de la lettre et ayant fait de Satan la pierre angulaire et le pilier du dogme, de la rédemption, elle se suiciderait en l'admettant. Puisqu'elle a déclaré que les Anges Rebelles étaient distincts de Dieu et du Logos dans leurs personnalités, si elle admettait que la chute des Esprits désobéissants signifiait simplement leur chute dans la génération et la matière, cela équivaudrait pour elle à déclarer que Dieu et Satan sont identiques. En effet puisque le Logos, ou Dieu, est l'agrégat de la Légion jadis divine qui est accusée d'avoir fait une chute, il s'ensuivrait tout naturellement que le Logos et Satan ne font qu'un.

Telle était pourtant la véritable idée philosophique que se faisait l'antiquité de ce dogme aujourd'hui défiguré. Le Verbe ou le "Fils" était représenté sous un double aspect par les Gnostiques Païens – en fait, c'était un dualisme en pleine unité. De là les innombrables versions différentes. Les Grecs avaient Jupiter, le fils de Cronos, le Père, qui le précipite dans

 

 

 

l'intelligence aux Cent-Yeux (et aussi de l'initiation), qui fut chassé du Ciel avec Satan, suivant une antique tradition Orientale ? Pourquoi les Gholaïtes et les sectes Mahométanes Mésopotamo- Iraniennes, avec lesquelles elles ont des liens de parenté, croient-ils au "Nour Illahi" – à la "Lumière de l'Elohim" – transmis par anastasis par l'entremise de cent Prophètes Guides ? C'est parce qu'ils ont conservé, comme superstition ignorante, la religion traditionnelle des "Divinités de Lumière" que Jahveh, renversa" (p. 69) – que l'on prétend qu'il renversa, plutôt, car en les renversant Il se serait renversé lui-même. Le Mal'k-Taous est Malèkr, "Souverain" comme l'indique la note marginale. Ce n'est qu'une nouvelle forme de Moloch, Mélék, Moléch, Mal-ayak et Malachim – Messager Anges, etc.  les profondeurs du Cosmos. Les Aryens avaient Brahmâ  (dans la Théologie postérieure), précipité par Shiva dans l'Abîme des Ténèbres, etc. Mais la Chute de tous ces Logoï et Démiurges, du haut de la position exaltée qu'ils occupaient primitivement, avait dans tous les cas un seul et même sens Esotérique ; la Malédiction, dans son sens philosophique, consistait à être incarné sur cette Terre ; c'était là-un échelon inévitable de l'Echelle de l'Evolution Cosmique, une Loi Karmique hautement philosophique et appropriée, sans laquelle l'existence du Mal sur la Terre demeurerait un mystère à jamais impénétrable pour la vraie philosophie. Dire, comme l'auteur des Esprits Tombés des païens, que, depuis que :

L'on donne pour base au Christianisme deux piliers, celui du mal (πονηρου̃) et celui du bien (άγαθου̃) ; deux forces en résumé (άγαθαὶ καὶ κακαὶ δυνάµεις). Si nous supprimons le châtiment des forces du mal, la mission protectrice des puissances bienfaisantes n'aura plus ni valeur ni sens.

c'est exprimer la plus antiphilosophique des absurdités. Si elle concorde avec le dogme Chrétien et l'explique, elle obscurcit les faits et les vérités de la Sagesse primitive des anciens âges. Les prudentes allusions de Paul renferment tout le véritable sens Esotérique et il a fallu des siècles de casuistique pour leur donner le faux sens de leurs interprétations actuelles. Le Verbe et Lucifer ne font qu'un sous leur double aspect et le "Prince de l'Air" (princeps aeris hujus) n'est pas le "Dieu de cette [IV 87] période", mais un principe éternel. Lorsqu'il représentait ce dernier comme circulant sans cesse autour du monde (qui circumambulat terram), le grand Apôtre faisait simplement allusion aux cycles ininterrompus des Incarnations humaines, dans lesquels le mal dominera sans cesse, jusqu'au jour où l'Humanité obtiendra sa rédemption grâce à la véritable Lumière divine qui procure une perception correcte des choses.

Il est aisé de dénaturer de vagues expressions écrites dans des langues mortes et oubliées depuis longtemps et de les imposer aux masses ignorantes comme des vérités et du faits révélés. L'identité de la pensée et de la signification est la seule chose qui frappe l'étudiant, dans toutes les religions qui font mention de la tradition des Esprits Déchus et, dans ces grandes religions, il n'y en a pas une qui omette d'en faire mention et de la décrire sous une forme ou sous une autre. Ainsi, Hoàng-ty, le Grand Esprit, voit ses Fils, qui avaient acquis la sagesse active, tomber dans la Vallée des Misères. Leur guide, le Dragon Volant, ayant bu l'Ambroisie interdite, tomba sur la Terre avec sa Légion (les Rois). Dans le Zend Avesta Angra Mainyu (Ahriman), s'entourant de Feu (les "Flammes" des Stances), cherche à conquérir les Cieux 159, lorsque Ahura Mazda, descendant du Ciel solide qu'il habite, pour venir en aide aux Cieux qui tournent (dans le temps et l'espace, les mondes manifestés des cycles comprenant ceux de l'incarnation) et les Amshaspands, les "sept brillants Sravah", accompagnés de leurs étoiles, combattent Ahriman et les Dévas vaincus tombent sur la Terre avec lui 160. Dans la Vendidad, les Daêvas sont appelés "malfaisants" et sont représentés comme se précipitant "dans les abîmes du monde de l'enfer", ou de la Matière 161. C'est là une allégorie qui nous montre les Dévas obligés de s'incarner, dès qu'il se furent séparés de leur Essence-Mère, ou, en d'autres termes, après que l'Unité fut devenue multiple, après la différenciation et la manifestation.

159 Il en est ainsi de tous les Yogis et même de tous les Chrétiens, car l'on doit conquérir le Royaume du Ciel par la violence – nous apprend-on. Dès lors, pourquoi un pareil désir ferait-il de quelqu'un un Diable ?

160 Acad. du Inscrip., XXXIX, 690.

161 Fargard XIX, 47 trad. de Darmesteter, p. 218.

 

Typhon, le Python Egyptien, les Titans, les Bouras et les Asouras appartiennent tous à la même légende d'Esprits peuplant la Terre. Ce ne sont pas des "Démons chargés de créer et d'organiser l'univers visible", mais les Façonneurs ou "Architectes" des Mondes et les Progéniteurs de l'Homme. [IV 88] Ce sont métaphoriquement les Anges Déchus – les "vrais miroirs" de la "Sagesse Eternelle".

Quelle est la vérité complète au sujet de ce mythe universel ; quelle est sa signification Esotérique ? L'essence entière de la vérité ne peut être transmise de bouche à oreille. Aucune plume ne peut non plus la décrire, pas même celle de l'Ange Archiviste, l'homme doit découvrir la réponse dans le sanctuaire de son propre cœur, dans les profondeurs de son intuition divine. C'est le grand Septième Mystère de la création, le premier et le dernier ; et ceux qui lisent l'Apocalypse de saint Jean peuvent découvrir son ombre dissimulée sous le septième sceau. On ne peut le représenter que sous sa forme objective apparente, comme l'éternelle énigme du Sphinx. Si le Sphinx se jeta dans la mer et périt, ce ne fut pas parce  qu'Œdipe  avait  découvert  le  secret  des  temps,  mais  parce qu'en anthropomorphisant l'à-jamais-spirituel et le subjectif, il avait déshonoré pour toujours la grande vérité. Aussi ne pouvons-nous le donner que sur ses plans philosophique et intellectuel, qu'ouvrent respectivement  trois clefs – car les quatre dernières clefs des sept, qui ouvrent toutes grandes les portes des Mystères de la Nature, sont entre les mains des plus hauts Initiés et ne peuvent être livrées aux masses, durant ce siècle, tout au moins.

La lettre-morte est partout la même. Le dualisme dans la religion Mazdéenne est né de l'interprétation exotérique. Le saint Airyaman, le "dispensateur du bonheur" 162, invoqué dans la prière appelée Airyama- ishyô, est l'aspect divin d'Ahriman, "le mortel, le Daêva des Daêvas" 163 et Angra Mainyu est l'aspect matériel sombre du premier. "Préserve-nous de celui qui nous hait, ô Mazda et Armaita Spenta" 164, est une prière et une invocation ayant identiquement le même sens que "Ne nous induis pas en tentation" et elle est adressée par l'homme au terrible esprit de dualisme qui se trouve dans l'homme lui-même. En effet, Ahura Mazda n'est autre que l'homme Spirituel Divin et Purifié, et Armaita Spenta, l'Esprit de la Terre où matérialité, est, dans un sens, le même qu'Ariman ou Angra Mainyu.

La littérature Magienne ou Mazdéenne tout entière – ou ce qui en reste – est magique, occulte et, par suite, allégorique et symbolique, même dans son "mystère de la loi" 165. Or, le Mobed [IV 89] et le Parsi gardent, pendant le sacrifice, les yeux axés sur le Baresma – la divine branche arrachée à l' "Arbre" d'Ormazd ayant été transformée en un faisceau de baguettes métalliques – et s'étonnent de ce que ni les Amesha Spentis, ni "le grand et superbe, Haômas d'or, ni même leur Vohu-Manô (bonnes pensées), ni leur Râta (offrande du sacrifice)", ne les aident beaucoup. Qu'ils méditent sur "l'Arbre de Sagesse" et que, par l'étude, ils s'en assimilent les fruits un à un. La voie qui mène à l'Arbre de la  Vie Eternelle, le Haôma blanc, le Gaokéréna, traverse la Terre d'une extrémité à l'autre et Haôma est dans le Ciel comme il est sur la Terre ; mais pour en devenir encore une fois un prêtre et un "guérisseur", l'homme, doit se guérir lui-même, car ceci doit se faire avant qu'il ne puisse  guérir les autres.

Ceci prouve une fois de plus que, pour que l'on puisse s'occuper des soi-disant "mythes", avec, tout au moins, un degré approximatif de justice, ceux-ci doivent être étudiés de près sous tous leurs aspects. En fait, chacune des sept clefs doit être correctement employée et n'être jamais mélangée aux autres – si l'on veut dévoiler le cycle entier des mystères. A notre époque de Matérialisme lugubre qui tue l'Ame, le terme Prêtres- Initiés est devenu, suivant l'opinion de nos savantes générations, synonyme d'habiles imposteurs qui attisent le feu de la superstition afin d'obtenir une domination plus aisée sur le mental des hommes. C'est là une calomnie qui ne repose sur rien et qui est l'œuvre du scepticisme et des pensées peu charitables. Personne ne croyait davantage qu'eux aux Dieux – nous pourrions les appeler les Puissances aujourd'hui invisibles, ou les Esprits, les Noumènes des phénomènes – et ils croyaient simplement parce qu'ils savaient. Et, bien qu'après avoir été initiés dans les Mystères de la Nature, ils fussent obligés de cacher leur savoir aux profanes, qui en auraient sûrement abusé, ce secret était indéniablement moins dangereux que la politique de leurs usurpateurs et successeurs. Les premiers n'enseignaient que ce qu'ils savaient bien. Les derniers enseignant ce qu'ils ne savaient pas, ont inventé, en guise de port de refuge pour leur ignorance, une Divinité jalouse et cruelle qui interdit à l'homme de scruter ses mystères sous peine de damnation ; ils ont bien fait, car ses mystères peuvent tout au plus être insinués à une oreille cultivée, mais jamais décrits. Reportez-vous à Gnostics and their Remains de King et assurez-vous par vous-mêmes de ce qu'était la primitive Arche d'Alliance, suivant l'auteur, qui dit :

Il existe une Tradition Rabbinique... d'après laquelle les Chérubins – [IV 90] placés au-dessus étaient représentés comme mâle et femelle, durant l'acte de la copulation, afin d'exprimer la grande doctrine de l'Essence de la Formeet de la Matière, les deux principes de toutes choses. Lorsque les Chaldéens envahirent le  Sanctuaire et aperçurent ce stupéfiant emblème, ils s'écrièrent bien naturellement : "Est-ce donc là votre Dieu dont vous êtes si fiers, parce qu'il est tellement attaché à la pureté !" 166.

 King est d'avis que cette tradition "a une saveur qui rappelle trop la philosophie Alexandrine, pour que l'on puisse y ajouter foi", mais nous en doutons. La forme des ailes des deux Chérubins qui se trouvent à la droite et à la gauche de l'Arche, ailes qui se rencontrent au-dessus du "Saint des Saints", sont un emblème assez éloquent par lui-même, sans parler du "saint" Jod qui se trouve dans l'Arche ! Le Mystère de l'Agathodaemon, dont la légende dit : "Je suis Chnumis, Soleil de l'Univers, 700", peut seul résoudre le Mystère de Jésus, dont le nom a pour nombre "888". Ce n'est pas la clef de saint Pierre, ou le dogme de l'Eglise, mais le Narthex – la Baguette du Candidat à l'Initiation – qu'il faut arracher à l'étreinte du Sphinx silencieux des temps passés. D'ici là : "Les Augurcs qui, en se rencontrant, doivent faire des efforts pour réprimer un éclat de rire", sont peut-être plus nombreux à notre époque qu'ils ne le furent jamais aux jours de Sylla.

 166 op.cit., p 441

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 10:02:26 +0000
SECTION VI - PROMETHEE LE TITAN - SON ORIGINE DANS L'INDE ANTIQUE https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/199-section-vi-promethee-le-titan-son-origine-dans-l-inde-antique https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/199-section-vi-promethee-le-titan-son-origine-dans-l-inde-antique

SECTION VI

PROMETHEE LE TITAN

SON ORIGINE DANS L'INDE ANTIQUE

 

A notre époque moderne, il n'y a pas le moindre doute dans l'esprit des meilleurs symbologistes Européens, au sujet de la très grande et de la très mystérieuse signification qu'avait le nom de Prométhée dans l'antiquité. Tout en exposant l'histoire de Deucalion, que les Béotiens considéraient comme l'ancêtre des races humaines et qui était le fils de Prométhée, suivant une légende significative, l'auteur de la Mythologie de là Grèce antique ajoute :

Prométhée est donc quelque chose de plus que l'archétype de l'homme : il en est le générateur. De même que nous avons vu Héphæstos modeler la première femme et lui donner la vie, de [IV 91] même Prométhée pétrit l'argile mouillée dont il façonne le  corps du premier homme qu'il va douer de l'étincelle animique 167. Après le déluge de Deucalion, Zeus, dit-on,  avait ordonné à Prométhée et à Athéna de faire sortir une nouvelle race humaine de la vase déposée par les eaux 168, et au temps de Pausanias, on montrait  encore, en Phocide, le limon dont le héros s'était servi 169. Sur plusieurs monuments antiques, nous voyons en effet Prométhée modelant le corps de l'homme soit seul, soit avec l'aide d'Athéna 170.

167 Apollodore, I, 7, 1.

168 Métam. d'Ovide, I. 81. Etym., M., V. (Προµηθεύς)

169 Pausanias, X. 4, 4.

170 Op. cit. p. 264.

 

Le même auteur nous rappelle un autre personnage, également mystérieux, bien que généralement moins connu que Prométhée, dont la légende présente de remarquables analogies avec celle du Titan. Le nom de ce second ancêtre et générateur est Phoronée, héros d'un antique poème qui n'existe malheureusement plus, les Phonoriades. Sa légende était localisée en Argolide, où une flamme perpétuelle était entretenue sur son autel, pour rappeler qu'il apporta le feu sur la Terre 171. Bienfaiteur des hommes, comme Prométhée, il les avait fait participer à toutes les joies de la Terre. Platon 172 et Clément d'Alexandrie 173 disent que Phoronée fut le premier homme, ou le "père" des mortels". La généalogie, qui lui donne pour père le fleuve Inachos, nous rappelle celle de Prométhée, qui fait de ce Titan le fils de l'Océanide Clymène. Mais la mère de Phoronée était la nymphe Mélia ;  descendance  significative  qui  le  distingue  de Prométhée 174.

171 Pausanias, II, 19, 5 ; cf. 20, 3.

172 Timée, p. 22.

173 Strom., I, p. 380.

174 Decharme, ibid, p. 265.

175 opera et Dies, 142-145. Suivant renseignement occulte, trois Yougas se sont écoulés durant le cours de la Troisième Race-Mère, à savoir : le Satyà, le Tréta et le Dvâpara Youga, qui correspondent à l'Age d'or dans son ignorance primitive, à l'Age d'Argent lorsqu'elle atteignit sa maturité et à l'Age de Bronze lorsque, se séparant en deux sexes, elle devint les puissants demi- dieux de l'Antiquité.

 

Mélia, suivant Decharme, est la personnification dit "Frêne", d'où, selon Hésiode, fut issue la race de l'âge de Bronze 175 et qui, chez les Grecs, est l'arbre céleste commun à toutes les Mythologies aryennes. Le frêne, c'est Yggdrasil de l'antiquité scandinave, que les Nornes arrosent journellement avec les eaux de la fontaine d'Urd, pour qu'il ne dessèche pas. Il reste verdoyant [IV 92] jusqu'aux derniers jours de l'âge d'or. Alors les Nornes – les trois sœurs qui scrutent respectivement le Passé, le Présent et le Futur – font connaître le secret d'Orlog ou du Destin (Karma), mais les hommes ne sont conscients que du présent.

(Mais lorsque) Gultweig (le minerai d'or) arrive, la séduisante enchanteresse... qui, jetée par trois fois dans le feu, en sort chaque fois plus belle "auparavant et remplit les âmes des dieux et des hommes d'un désir que rien n'apaise, alors les Nornes… entrent en existence  et la paix bénie des rêves de l'enfance s'évanouit et le péché naît, avec toutes ses  mauvaises  conséquences  (et Karma) 176.

176 Asgard and the Gods. pp, 11, 13.

 

L'Or trois fois purifié c'est Manas – l'âme consciente.

Chez les Grecs, le Frêne représente la même idée. Ses branches luxuriantes sont le Ciel sidéral, doré le jour et parsemé d'étoiles la nuit – les fruits de Mélia et d'Yggdrasil, sous l'ombre protectrice desquels l'homme vivait durant l'âge d'or, sans désirs, comme sans craintes. "Cet arbre avait un fruit, ou une branche enflammée, qui était l'éclair"  – suppose Decharme.

Ici, entre en scène le mortel matérialisme de l'époque, cette tournure particulière de l'esprit moderne qui, pareille au vent du Nord, courbe tout sur son passage et glace toute intuition, sans lui permettre d'intervenir dans les spéculations du jour. Après n'avoir vu dans Prométhée rien de plus que "du feu par frottement", le savant auteur de la Mythologie de la Grèce antique perçoit dans ce "fruit" un soupçon de plus qu'une simple allusion au lieu terrestre et à sa découverte. Ce n'est plus un feu dû à la chute de la foudre, qui enflamme des matières combustibles sèches et révèle ainsi ses inappréciables bienfaits aux hommes paléolithiques – mais, cette fois, quelque chose de plus mystérieux, bien que toujours aussi terrestre !

Un oiseau divin, niché dans ses branches (du Frêne céleste), dérobait ce rameau (ou le fruit) et l'apportait à son bec sur la terre.

Or, le mot grec (Φορώνευς) est le rigoureux équivalent du mot sanscrit Bhuranyu "le rapide", épithète d'Agni, considéré comme le porteur de l'étincelle divine. Phoronéé, le fils de Mélia, ou du frêne céleste, correspond donc à une conception peut-être  plus ancienne que celle du pramântha (des antiques Hindous Aryens) devenu le Prométhée des Grecs : Il est l'oiseau qui apporte la foudre du ciel sur la terre. Les traditions relatives à la naissance de la génération d'airain, et celles, qui faisaient de Phoronée le père des Argiens, [IV 93] témoignent que cette foudre, comme dam la légende d'Héphæstos et dans celle de Prométhée, avait été l'origine du genre humain 177.

Ceci ne nous fournit encore rien de plus que le sens externe des symboles et de l'allégorie. On suppose maintenant que le nom de Prométhée a été déchiffré, mais les Mythologues et les Orientalistes modernes ne voient plus en lui ce qu'y voyaient leurs pères, suivant toute l'antiquité classique. Ils y trouvent seulement quelque chose de bien plus approprié à l'esprit, de l'époque, c'est-à-dire un élément phallique. Mais le nom de Phoronée, tout comme celui de Prométhée, ne comporte pas un seul, ni même deux, mais bien toute une série de sens ésotériques. Tous deux se rapportent aux sept Feux célestes ; à Agni Abhimânin, ses trois fils et leurs quarante-cinq fils, qui constituent les quarante-neuf Feux. Tous ces nombres ne se rapportent-ils qu'au feu terrestre et à la flamme des passions sexuelles ? L'esprit Hindou Aryen ne s'est-il jamais élevé au-dessus de ces conceptions purement sensuelles : cet esprit que le professeur Max Müller déclare être le plus spirituel et le plus enclin au mysticisme de tout le globe ? Rien que le nombre de ces feux aurait dû faire soupçonner une partie de la vérité.

On nous assure qu'il n'est plus permis, à notre époque, de pensées rationnelles, d'expliquer le nom de Prométhée comme le faisaient les anciens Grecs. Il semble que ces derniers :

Se fondant sur l'apparente analogie de (προµηθεύς) avec le verbe (προµανθάνω), voyaient en lui le type de l'homme "prévoyant", auquel, pour la symétrie, ils avaient donné un frère – Epiméthée, "celui qui prend conseil après l'événement" 178.

177 op. cit., P. 266.

178 Ibid., p. 258.

 

Mais aujourd'hui les Orientalistes en ont décidé autrement. Ils connaissent le véritable sens des deux noms, mieux, que ceux qui les inventèrent.

 La légende est basée sur un événement d'une importance universelle.

Elle fut créée pour commémorer

Un grand événement qui avait vivement frappé l'imagination de ses premiers témoins et dont le souvenir ne devait jamais s'effacer de la mémoire populaire 179.

Quel est cet événement ? Laissant de côté toutes les fictions [IV 94] poétiques, tous les rêves de l'âge d'or, imaginons-nous – disent les savants modernes – dans un réalisme brutal, le misérable état primitif de l'humanité, dont Lucrèce, après Eschyle, nous a fait un tableau saisissant et dont la science confirme aujourd'hui l'exactitude ; nous pouvons alors mieux comprendre qu'une nouvelle existence commença véritablement pour l'homme, le jour où il vit la première étincelle produite par le frottement de deux morceaux de bois, jaillissant des veines d'un morceau de silex. Comment les hommes auraient-ils pu s'empêcher d'éprouver de la gratitude pour cet être mystérieux et merveilleux qu'ils pouvaient désormais créer à volonté et qui n'était pas plutôt né, qu'il grandissait, se répandait et se développait avec une étrange puissance.

Cette flamme terrestre n'était-elle pas d'une nature analogue à celle qui, d'en haut, leur envoyait sa  lumière et sa chaleur, ou qui les épouvantait dans la foudre ? Ne provenait-elle pas de la même source ? Et si elle tirait son origine du Ciel, ne fallait-il pas qu'elle eût été apportée un jour ici-bas sur la Terre ? S'il en était ainsi, quel était l'être puissant, l'être bienfaisant Dieu ou homme, qui l'avait conquise ? Ces questions que dut se poser de bonne heure la curiosité des Aryas trouvaient, en Grèce, leurs réponses dans le mythe de Prométhée 180.

179 Ibid, p. 257.

180 Ibid, p. 258.

 

La Philosophie de la Science occulte relève deux points faibles dans les réflexions qui précèdent et va les indiquer. L'état misérable de l'humanité décrit par Eschyle et Lucrèce n'était pas plus pitoyable, durant les premiers jours des Aryens, qu'il ne l'est aujourd'hui. Cet "état" était limité aux tribus sauvages et les sauvages qui existent aujourd'hui ne sont en aucune façon plus heureux ou plus malheureux que ne le furent leurs ancêtres, il y a un million d'années.

Un fait accepté par la Science, c'est que "de grossiers ustensiles, ressemblant exactement à ceux qui sont en usage parmi les sauvages actuels, sont découverts dans le gravier des fleuves et dans les cavernes qui, au point de vue géologique, "doivent être d'une énorme antiquité". Cette ressemblance est si grande, nous dit l'auteur de The Modern Zoroastrian, que,

Si la collection des haches et des têtes de flèches en pierre qu'emploient les Bushmen de l'Afrique du Sud et qui se trouvent à l'Exposition Coloniale, était placée à côté d'une des collections du [IV 95] British Museum, d'objets tirée des cavernes du Kent ou de la Dordogne, un expert seul pourrait les distinguer entre elles 181.

S'il existe aujourd'hui, à notre époque de haute civilisation, des Bushmen qui ne sont pas intellectuellement supérieurs à la race d'hommes qui habitait le Devonshire et le midi de la France pendant l'époque Paléolithique, pourquoi ces derniers n'auraient-ils pas pu être les contemporains d'autres races aussi civilisées pour leur époque que nous le sommes pour la nôtre et vivre en même temps qu'elles ? Le fait que la somme des connaissances de l'humanité augmente chaque jour, "mais que la capacité intellectuelle n'augmente pas avec elle", est prouvé lorsqu'on compare l'intellect, sinon le savoir physique, d'Euclide, de Pythagore, de Pânini, de Kapila, de Platon et de Socrate, avec celui de Newton, de Kant et des modernes Huxley et Haeckel. En comparant les résultats obtenus par le docteur J. Barnard Davis, l'anthropologiste 182, en ce qui concerne la capacité interne du crâne – son volume étant pris comme base pour juger des capacités intellectuelles – le docteur Pfaff trouve que cette capacité, chez les Français (qui occupent certainement un des plus hauts rangs dans l'humanité), est de 88 pouces cubes et 4 dixièmes, soit "sensiblement inférieure à celle des Polynésiens en général, qui, même chez de nombreux Papous et Alfuras de la plus basse catégorie, atteint 80 pouces cubes et 89 pouces cubes et 7 dixièmes" ; ce qui établit que c'est la qualité du cerveau et non sa quantité qui est la cause de la capacité intellectuelle. La dimension moyenne des crânes parmi les différentes races, ayant été maintenant reconnue comme "un des indices les plus caractéristiques de la différence qui existe entre les diverses races", la comparaison suivante est très suggestive :

La largeur moyenne chez les scandinaves (est) de 75 ; chez les Anglais de 76 ; chez les habitants du Holstein de 77 ; à Brisgau de 80. le crâne de Schiller a une largeur de 82... et les Nadourais de 82 aussi !

Enfin la même comparaison entre les plus anciens crânes connus et ceux des Européens, met en lumière ce fait étonnant que :

La plupart de ces anciens crânes, appartenant à l'âge de pierre, ont un volume plutôt supérieur qu'inférieur au volume moyen du cerveau de L'homme actuel. [IV 96]

Si nous calculons en pouces la hauteur, la largeur et la longueur, prises sur la moyenne des mesures de plusieurs crânes, nous obtenons  les résultats suivants :

  1. Anciens crânes du Nord, de l'âge de pierre                  18,877 pouces
    1. Moyenne de 48 crânes de la même époque d'Angleterre                                                                    18,858      –
  2. Moyenne de 7 crânes de la même époque, de la principauté de Galles                                                     18,649      –
  3. Moyenne de 36 crânes de l'âge de pierre, de France                                                                             18,220      –

La moyenne des Européens actuels est de 18,579 pouces ; celle des Hottentots de 16,705 pouces !

Ces chiffres établissent clairement que :

La dimension du cerveau des plus anciens peuples connus de nous n'est pas de nature à les placer sur un niveau inférieur à celui des habitants actuels de la Terre 183.

Ils font en outre disparaître "l'anneau manquant" dans les airs. Nous en reparlerons du reste plus tard : revenons maintenant au sujet que nous traitons.

Comme nous le dit le Prométhée enchaînée d'Eschyle, la race que Jupiter désirait si ardemment "étouffer, afin d'en implanter une nouvelle à sa place" (V. 241), endura des souffrances mentales et non physiques. Le premier bienfait de Prométhée envers les mortels, comme il le dit au Chœur, fut de les empêcher de "prévoir la mort" (V. 256) ; il "empêcha la race mortelle de tomber consumée dans les ténèbres du Hadès" (V. 244) et "en outre de cela, il lui donna alors seulement, le feu (V. 260). Ceci établit clairement le caractère, à tout le moins double, du mythe de Prométhée, si les Orientalistes se refusent à accepter l'existence des sept  clefs qu'enseigne l'occultisme. Ceci a trait au premier épanouissement des perceptions spirituelles de l'homme et non pas à la première fois où il vit ou "découvrit" le feu. En effet, le feu ne fut jamais découvert, mais il exista sur la Terre dès les débuts. Il existait dans l'activité sismique des premiers âges, car les éruptions volcaniques étaient aussi fréquentes et aussi constantes à cette époque que le brouillard l'est aujourd'hui en Angleterre. Et si l'on vient nous dire que l'homme apparut si tard sur la Terre, que presque tous les volcans étaient déjà éteints et que les désordres géologiques avaient fait place à un état de choses plus stable, nous [IV 97] répondrons ceci :Qu'une nouvelle race d'hommes – qu'elle descende des Anges ou, des Gorilles – apparaisse aujourd'hui sur un point inhabité quelconque du Globe, sauf peut-être le Sahara, et il y aurait, mille chances contre une pour qu'il ne s'écoulât pas une année ou deux avant qu'elle ne "découvrît le feu", grâce à la foudre qui enflammerait les herbes ou autre chose. Cette croyance que l'homme primitif vécut longtemps sur la Terre avant de connaître le feu, est, entre toutes, une des plus cruellement illogiques. Mais le vieil Eschyle était un Initié et  savait  bien  ce qu'il disait 184.

 183 The Age and Origin of Man.

184 La tentative moderne de certains savants grecs (ils auraient passé pour de pauvres savants et des pseudo-savants à l'époque des antiques auteurs grecs !) ayant pour but d'expliquer le sens réel des Idées d'Eschyle – qui n'étant qu'un Ignorant Grec antique, ne pouvait les exposer aussi bien lui- même – est risiblement absurde.

185 Revue germanique, 1861, pp. 356 et seqq. Voyez aussi les Mémoires de la Société de Linguistique, I, pp. 337 et seqq.

186 Cité par Decharme, op. cit, pp. 258 à 259. Il y a une pièce de bois supérieure et une inférieure, qui sont employées pour produire le feu sacré, par attrition, lors des sacrifices, et c'est l'Arani qui renferme l'alvéole. Ceci est établi par une allégorie. que l'on trouve dans la Vayou Pourânaet dans d'autres Pouranas et qui, nous raconte que Némi, le fils d'Ikshvâkou, n'avait, pas laissé de successeur et que les Richis, redoutant de laisser la Terre sans souverain, introduisirent le corps du roi dans l'alvéole d'un Arani comme un Arani supérieur et produisirent ainsi un prince appelé Janaka. "Ce fut à cause de la singulière façon dont il fut engendré qu'il reçut le nom de Janaka."

 

Aucun Occultiste connaissant le symbolisme et, sachant que la Sagesse nous est venue de l'Orient, ne niera un seul instant que le mythe de Prométhée a passé de l'Aryâvarta en Europe. Il ne niera probablement pas non plus que, dans un sens, Prométhée représente "le feu par frottement". Aussi admirera-t-il la sagacité de M. P. Baudry, qui, dans "Les Mythes du Feu et du Breuvage célestes" 185, décrit un des aspects de Prométhée et son origine indienne. Il montre au lecteur le processus primitif supposé qui était employé pour obtenir du feu et qui est encore en usage maintenant aux Indes pour allumer la flamme du sacrifice. Voici ce qu'il dit :

Ce processus, tel qu'il est minutieusement décrit dans les Soutras Védiques, consiste à faire tourner rapidement un bâton dans un trou creusé au centre d'une pièce de bois. Le frottement développe une chaleur intense et finit par faire prendre feu aux éléments ligneux en contact. Le mouvement du bâton, n'est pas une rotation constante, mais une série de tours en sens contraire, au moyen d'une corde fixée au milieu du bâton ; l'opérateur en tient un bout dans chaque main et tire alternativement l'une et l'autre... L'acte entier est désigné en sanscrit par le verbe manthâmi, mathnâmi qui veut dire "frotter, agiter, secouer et obtenir par frottement" et s'applique spécialement au frottement rotatoire, comme le prouve son dérivé mandala qui signifie un cercle... Les pièces de bois qui servent à produire le feu ont chacune un nom en sanscrit. Le bâton qui tourne est dit pramantha ; le disque qui le reçoit s'appelle arani et "arant" ; "les deux aranis" désignent l'ensemble de l'instrument 186. [IV 98]

 Il reste à voir ce que les Brahmanes ont à répondre à cela. Mais en supposant même que Prométhée, sous un des aspects de son mythe, eût été considéré, comme le producteur du feu au moyen du Pramantha,  ou comme un Pramantha animé et divin, ceci impliquerait-il que le symbolisme n'avait que le seul sens phallique qui lui est attribué par les symbologistes modernes ? Decharme, tout au moins, semble avoir entrevu une lueur exacte de la vérité, car il corrobore inconsciemment tout ce qu'enseignent les Sciences Occultes au sujet des Mânasa Dévas, qui ont doté l'homme de la conscience de son âme immortelle – de cette conscience qui empêche l'homme "de prévoir la mort" et lui fait savoir qu'il est immortel 187. "Comment Prométhée entra-t-il en possession de l'étincelle (divine) ?" demande-t-il.

Le feu ayant son séjour dans le ciel, c'est là qu'il dut aller le chercher avant de le communiquer aux hommes et, pour approcher des Dieux, il a fallu qu'il fût lui-même de race divine 188.

Les Grecs le tenaient pour un membre de la Race Divine, "fils du Titan Japet" 189  ; les Hindous le tenaient pour un Déva.

Mais, le feu céleste appartenait d'abord aux Dieux seuls ; c'était un trésor qu'ils se réservaient... sur lequel ils veillaient avec un soin jaloux... "Le prudent fils de Japet, dit Hésiode, trompa Jupiter en dérobant et en cachant dans le creux d'un narthex, l'infatigable feu à l'éclat resplendissant" 190… Le bien dont Prométhée venait de gratifier les hommes était une conquête faite dans le ciel. Or,  [IV 99],  entraînait  nécessairement  une  expiation...

 Voyez aussi le Sanscrit Dictionary de Goldstucker, sub voce (Vishnou Pourana, Traduction de Wilson. III. 330). Dévaki, mère de Krishna, est appelée dans une prière qui lui est adressée, "l'Arani dont l'attrition engendre le feu".

187 La Monade de l'animal est aussi immortelle que celle de l'homme mais la brute n'en sait rien ; elle vit d'une vie animale de sensations, exactement, comme auraient vécu les premiers humains, en atteignant le développement physique au cours de la Troisième Race, n'eût été l'intervention des Agnishvâttas et des Mânasa Pitris.

188 Op. cit., p. 259.

189 Ίαπετιονιδης. Theog. p. 528

190 Theog., 565

 

Prométhée appartenait, en outre, à la race des Titans révoltés 191 contre les Dieux et que le maître de l'Olympe suivant les grecques (identique sur ce point, à celles des Occultistes), cette conquête arrachée à Jupiter, cet empiétement des humains sur la propriété des Dieux précipita dans le Tartare ; comme eux, il est un génie du mal, condamné à subir une peine cruelle 192.

Ce qu'il y a de plus révoltant dans les explications qui suivent, c'est le point de vue exclusif auquel on se place pour étudier ce mythe important entre tous. Les écrivains modernes qui possèdent le plus d'intuition, ne peuvent pas ou ne veulent pas hausser leurs conceptions au-dessus du niveau de la Terre et des phénomènes cosmiques. On ne nie pas que l'idée morale dans le mythe, tel qu'il est présenté dans la Théogonied'Hésiode, ne joue un certain rôle dans les conceptions grecques primitives. Le Titan est plus qu'un voleur du feu céleste. Il représente l'humanité – active, industrieuse, intelligente, mais en même temps ambitieuse, qui vise à égaler les pouvoirs divins. C'est en conséquence l'humanité qui est punie dans la personne de Prométhée, mais il n'en est ainsi que pour les Grecs. Pour eux, Prométhée n'est pas un criminel, si ce n'est aux yeux des Dieux. Dans ses rapports avec la Terre, lui-même est, au contraire, un Dieu, un ami de l'humanité (Φιλάνθρωπος) qu'il éleva jusqu'à la civilisation et qu'il initia à la connaissance de tous les arts ; c'est une conception qui trouva en Eschyle son interprète le plus poétique. Mais pour toutes les autres nations

– qu'est-ce que Prométhée ? L'Ange Déchu, Satan, comme le voudrait l'Eglise ?

Point du tout ! Il est simplement l'image des redoutables et pernicieux effets de la foudre, Il est le "feu malfaisant" (mal feu) 193 et le symbole du divin organe mâle de reproduction.

Réduit à sa plus simple expression, le mythe que nous cherchons à expliquer n'est donc qu'un génie (cosmique) du feu 194.

 191 Les Anges Déchus, par conséquent ; les Asouras du Panthéon Indien.

192 Decharme, op. cit., pp. 259, 260.

193 Ibid., p. 263.

194 Ibid., p. 261.

 

C'est la première idée (l'idée phallique) qui était éminemment Arienne, si nous en croyons Adalbert Kuhn 195  et F. Baudry. Car :

Le feu dont l'homme se servait étant le résultat de l'action du pramantha dans l'arani, les Aryas durent supposer (?) que le feu [IV 100] céleste avait la même origine et ils durent 196 s'imaginer (?) qu'un dieu armé du pramantha, et qu'un pramantha divin, exerçait au sein des nuages une friction violente qui donnait naissance à l'éclair et à la foudre 197.

D'après le témoignage de Plutarque 198, les Stoïciens croyaient que le tonnerre est un combat de nuées, et l'éclair un embrasement par friction, et Aristote voyait dans la foudre le résultat de nuages qui se froissent l'un contre l'autre. Qu'était-ce que cette théorie sinon la traduction savante de la production  du  feu  par la friction ?... Il y a donc tout lieu de croire que, dès l'antiquité la plus haute, avant la dispersion des Aryas, on pensait que le pramantha allumait le feu dans la nuée orageuse aussi bien que dans les aranîs 199.

Ainsi des suppositions, de simples hypothèses, sont représentées comme des vérités qui auraient été découvertes. Les défenseurs de la lettre-morte biblique ne pouvaient aider les auteurs de traités à l'usage des missionnaires, plus effectivement que ne le firent les Symbologistes en tenant ainsi pour certain que les anciens Aryens basaient leurs conceptions religieuses sur des idées qui ne dépassaient pas le niveau physiologique.

 195 Die Herabkunft des Feuers und des Göttertranks (Berlin ; 1859).

196 Les italiques sont de nous ; elles montrent comment les suppositions sont, de nos jours, élevées au rang de lois.

197 Decharme, op. cit., p. 262.

198 Philosoph. Placit., III, 3.

199 Baudry, Revue Germanique, 14 avril 1861, p. 368.

 

Mais il n'en est pas ainsi et l'esprit même de la Philosophie Védique s'oppose à une pareille interprétation. En effet, si, comme l'avoue Decharme lui-même :

Cette idée de la puissance créatrice du feu  est expliquée... par l'antique assimilation de l'âme humaine à l'étincelle céleste 200.

200 Op. cit., pp. 264, 265.

 

comme le prouvent les images souvent employées dans les Védas lorsqu'il est question d'Aranî, cela signifierait quelque chose de supérieur aux grossières conceptions sexuelles. On cite comme exemple un  hymne à Agni qui se trouve dans le Véda :

Voici le pramantha : le générateur est prêt. Amenez la maîtresse de la race (l'aranî femelle). Produisons le feu par attrition, suivant l'ancien usage.

Ceci n'est rien de pire qu'une idée abstraite exprimée dans le langage des mortels. L'Aranî femelle, la "maîtresse de la race", c'est Aditi, la Mère des Dieux, ou Shékinah, la Lumière Eternelle[IV 101] – dans le Monde de l'Esprit, le "Grand Abîme" et le chaos ; ou bien c'est la substance Primordiale dans son premier passage du sein de l'Inconnu dans le Cosmos manifesté. Si, bien des âges plus tard, le même qualificatif est appliqué à Dévakî, la mère de Krishna ou du Logos incarné et si le symbole, en raison de la diffusion graduelle et irrésistible des religions exotériques, peut être maintenant considéré comme ayant une signification sexuelle, ceci ne change en rien la pureté originale de l'image. Le subjectif a été transformé en objectif ; l'Esprit est tombé dans la matière. La polarité cosmique universelle de l'Esprit Substance s'était transformée dans l'esprit humain, en union mystique, mais néanmoins sexuelle, de l'Esprit et de la Matière et avait ainsi revêtu une teinte anthropomorphique qu'elle n'avait jamais eue au début. Il existe, entre les Védas et les Pourânas, un abîme dont ils sont les pôles, comme le sont le septième principe, l'Atmâ, et le premier ou principe inférieur, le Corps Physique, dans la constitution septénaire de l'Homme. Le langage primitif et purement spirituel des Védas, conçu des dizaines de milliers d'années avant l'époque des récits pouraniques, trouva son  expression  purement humaine pour décrire les événements qui se passaient il y a 5.000 ans, lors de la mort de Krishna, époque à laquelle le Kali Youga, ou Age noir, commença pour l'humanité.

De même qu'Aditi est appelée Sourârani, la Matrice ou "Mère" des Souras ou Dieux, de même Kunti, la mère des Pandavas, est appelée dans le Mahâbhârata Pândavârani 201 – et le terme est maintenant pris physiologiquement. Mais Dévakî, l'antétype de la Madone Catholique Romaine, est une forme anthropomorphisée postérieure d'Aditi. Cette dernière est la Déesse-mère, ou Déva-mâtri, de sept Fils (les six et les sept Adityas de l'époque védique primitive) ; la mère de Krishna, Dévakî, renferme six embryons déposés dans sa matrice par Jagad-dhâtri, la "Nourrice du Monde", le septième, Krishna, le Logos, étant transféré dans celle de Rohinî. Marie, la Mère de Jésus, est la mère de sept enfants, de cinq fils et de deux filles (transformation de sexe ultérieure) dans l'Evangile de saint Matthieu 202. Aucun des adorateurs de la Vierge Catholique Romaine ne se refuserait à réciter en son honneur la prière adressée par les Dieux à Dévakî. Que le lecteur en juge.

Tu es cette Prakriti (essence), infinie et subtile, qui jadis renfermait Brahmâ dans son sein... Toi, l'être éternel, renfermant dans [IV 102] ta substance l'essence de toutes les choses créées, tu étais identique à la création ; tu étais la mère du triple sacrifice, devenant le germe de toutes choses. Tu es le sacrifice, d'où procèdent tous les fruits ; tu es l'Aranî, dont l'attrition engendre le feu 203. Comme Aditi, tu es la mère des dieux... Tu es la lumière (Jyotsna, le crépuscule du matin) 204, qui donne naissance au jour. Tu es l'humilité (Samnati, une fille de Daksha), la mère de la sagesse ;  tu  es  Niti,  la  mère  de l'harmonie (Naya) 205 ; tu es la modestie, la progénitrice de l'affection (Prashraya, expliquée par Vinaya) ; tu es le désir d'où naît l'amour... Tu es... la mère du savoir (Avabodha) ;   tu es la patience (Dhriti), la mère de la force d'âme (Dhairya) 206.

201 Voyez la Vishnou Pourana, trad. de Wilson, V, 96, note.

202 XIII, 55, 56.

203 "Matrice de Lumière", "Vase Sacré", sont des qualificatifs de la vierge.

204 On invoque souvent la Vierge en l'appelant "Etoile du matin" et "Etoile du Salut".

205 Wilson traduit ainsi : "Tu es la politique royale, la mère de l'ordre".

 206 Vishnou Pourâna. Trad. de Wilson, IV, pp. 264, 265.

207 III, 290.

 

Ceci prouve que l'Aranî n'est autre chose que le "Vase d'Election" Catholique Romain. Quant à sa signification primitive, elle était purement métaphysique. Dans l'esprit ancien, aucune pensée impure ne traversait ces conceptions. Même dans le Zohar – bien moins métaphysique dans sa symbologie que tous les autres symbolismes – l'idée est une abstraction et rien de plus. Ainsi, quand le Zohar, dit :

Tout ce qui existe, tout ce qui a été formé par les anciens, dont le nom est saint, ne peut exister qu'à l'aide d'un principe mâle et d'un principe femelle 207 :

Cela signifie tout simplement que l'Esprit de Vie s'unit sans cesse à la Matière. C'est la volonté de la Divinité qui agit et l'idée est purement de l'école de Schopenhauer.

Lorsque Attikah Kaddosha, l'ancien et le caché des cachés, voulut former toutes choses, il forma tout comme mâle et femelle. Cette sagesse englobe tout lorsqu'elle se manifeste.

Aussi représente-t-on Chokmah (la Sagesse mâle) et Binah (la Conscience femelle ou Intellect) comme créant tout à elles deux – le principe actif et le principe passif. De même que l'œil expert du joaillier discerne, sous la rude et grossière coquille d'huître, la perle pure et immaculée, cachée dans son sein et que [IV 103] sa main ne touche à la coquille que pour arriver à son contenu, de même l'œil du véritable Philosophe lit entre les lignes des Pourânas les sublimes vérités védiques et corrige la forme à l'aide de la Sagesse Védantine. Cependant nos Orientalistes n'aperçoivent jamais la perle sous l'épais revêtement de la coquille et agissent en conséquence.

Par tout ce qui a été dit dans cette Section, on voit clairement qu'il y a un abîme entre le Serpent et l'Eden et le Diable du Christianisme. Seul le marteau à deux mains de l'Antique Philosophie est capable de détruire ce dogme.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 10:03:14 +0000
SECTION VII - ENOÏCHION - ENOCH https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/200-section-vii-enoichion-enoch https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/200-section-vii-enoichion-enoch

SECTION VII

ENOÏCHION

ENOCH

 

L'histoire de l'évolution du Mythe Satanique ne serait pas complète si nous omettions de noter le mystérieux et Cosmopolite Enoch, diversement dénommé Enos, Hanoch, et enfin, par les Grecs, Enoïchion. C'est de son livre que furent tirées, par les premiers auteurs chrétiens, les premières notions concernant les Anges Déchus.

On déclare le Livre, d'Enoch apocryphe, mais qu'est-ce qu'un apocryphe ? L'étymologie même de ce mot indique que c'est simplement un livre secret, c'est-à-dire un livre appartenant au catalogue des librairies des temples, placées sous la garde des Hiérophantes et des Prêtres Initiés et nullement destiné aux profanes. Apocryphon vient du verbe crypto (κρύπτω) cacher". Durant des siècles, l'Enoïchion, le Livre du Voyant, était conservé dans la "cité des lettres" et des ouvrages secrets – l'antique Kirjath-Sepher, plus tard le Débir 208.

208 Voyez Josué, XV, 15.

209 Sourât XIX.

 

Certains auteurs que ce sujet intéressait – surtout des Maçons – ont cherché à identifier Enoch avec Thoth de Memphis, avec l'Hermès Grec et même avec le Mercure Latin. En tant qu'individus, tous ceux-ci sont distincts les uns des autres ; au point de vue professionnel – si l'on peut se servir de cette expression, dont le sens est aujourd'hui si limité – tous appartiennent à la même catégorie d'auteurs sacrés, d'Initiateurs et de Conservateurs de l'Antique Sagesse Occulte. Ceux  auxquels  on donne, [IV 104] dans le Coran 209, le nom générique d'Edris, ou de "savants", les Initiés, portaient en Egypte le nom de Thoth, l'inventeur des Arts, des Sciences de l'écriture ou des lettres, de la Musique et de l'Astronomie. Chez les Juifs, Edris devint "Enoch" qui, d'après Bar Hébraeus, "fut le premier inventeur de l'écriture", des livres, des Arts et des Sciences, le premier qui coordonna en un système les mouvements des planètes 210. En Grèce, il était appelé Orphée et changeait ainsi de nom dans chaque nation. Comme le nombre sept se rattachait à chacun de ces Initiateurs 211 primitifs, de même que 365, le nombre de jours de l'année astronomique,  il identifiait la mission, le caractère et la fonction sacrée de tous ces hommes, mais certainement pas leurs personnalités. Enoch est le  septième Patriarche ; Orphée est le possesseur du Phorminx, la lyre aux sept cordes, qui n'est autre que le septuple mystère de l'Initiation. Thoth, portant sur sa tête le Disque Solaire (les 365 degrés) et saute au dehors à chaque quatrième année (ou saut) pour un jour. Enfin, Toth-Lunus est le Dieu septénaire des sept jours de la semaine. Au point de vue Esotérique et Spirituel, Enoïchion veut dire "le Voyant de l'Œil Ouvert".

Le récit fait par Josèphe, au sujet d'Enoch et d'après lequel il aurait caché ses précieux Rouleaux ou Livres sous les piliers de Mercure ou Seth, est le même que celui qui est fait au sujet d'Hermès, le "Père de  la Sagesse" qui cacha ses Livres de Sagesse sous un pilier, puis, ayant découvert, les deux piliers de pierre, trouva la Science écrite dessus. Pourtant Josèphe, malgré ses efforts constants pour assurer à Israël une glorification imméritée et bien qu'il attribue à cette Science (de Sagesse) à l'Enoch Juif – écrit de l'histoire. Il représente ces piliers comme existant encore à son époque 212. Il nous dit qu'ils furent édifiés par Seth et il se peut qu'ils l'aient été, seulement ce ne fut ni par le Patriarche de ce nom, le fils d'Adam selon la fable, ni par le Dieu Egyptien de la Sagesse – Teth, Set, Thoth, Tat, Sat (le Satan postérieur), ou Hermès, qui ne font qu'un à eux tous mais par les "Fils du Dieu Serpent", ou, "Fils du Dragon", noms sous lesquels étaient connus les Hiérophantes de l'Egypte et de Babylone, avant le Déluge, comme le furent leurs ancêtres, les Atlantéens. [IV 105]

210 Voyez le Royal Masonic Cyclopœdia de Mackenzie, sub voce "Enoch".

211 Khanoch, ou Hanoch, ou ésotériquement, Enoch, veut dire "Initiateur" et "Instructeur" de même qu'Enos, le "Fils de l'Homme". (Voyez la Genèse, IV, 26.)

212 De Mirville, Pneumatologie, III, 70.

 

Aussi ce que nous dit Josèphe, en laissant de côté l'emploi que l'on en a fait, doit être allégoriquement vrai. D'après sa version, les deux fameux piliers étaient entièrement recouverts d'hiéroglyphes qui, après leur découverte, furent copiés et reproduits dans les coins les plus secrets des Temples inférieurs de l'Egypte et devinrent ainsi la source de la Sagesse et de son savoir exceptionnel. Ces deux "piliers" sont toutefois les prototypes des deux "tables de pierre" taillées par Moïse sur l'ordre du "Seigneur". Aussi, lorsqu'il dit que tous les grands Adeptes et Mystiques de l'Antiquité –    tels qu'Orphée, Hésiode, Pythagore et Platon – tirèrent les éléments de leur Théologie de ces hiéroglyphes, il a raison, dans un certain sens et tort dans un autre. La Doctrine Secrète nous enseigne que les Arts, les Sciences, la Théologie et, tout spécialement, la Philosophie de toutes les nations qui précédèrent le dernier Déluge universellement connu, mais non pas universel, avaient été transmis idéographiquement et tirés  des traditions orales primitives de la Quatrième Race et que c'était là l'héritage transmis à cette dernière par la Troisième Race-Mère, avant la chute allégorique. Il s'ensuit que les piliers Egyptiens, les tablettes et même la "pierre blanche de porphyre oriental" de la légende maçonnique – qu'Enoch, dans la crainte que les réels et précieux secrets ne fussent perdus, cacha, avant le Déluge, dans les entrailles de la Terre – n'étaient que les copies, plus ou moins symboliques et allégoriques, des Traditions primitives. Le Livre d'Enoch est une de ces copies, et, en outre, un précis Chaldéen, aujourd'hui très incomplet. Comme nous l'avons déjà dit, Enoïchion veut dire, en grec, l' "Œil interne" ou le Voyant ; en Hébreu, avec l'aide des points Massorétiques, il veut dire "Initiateur" et "Instructeur" (רונה). Enoch est un titre générique, et de plus, sa légende est celle de plusieurs autres prophètes, Juifs et Païens, avec quelques changements de détails, mais le fond est le même. Elie est aussi transporté "vivant" dans le Ciel et l'astrologue de la Cour d'Isdubar, le Chaldéen Héa- bani, est aussi enlevé jusqu'au Ciel par le Dieu Héa, qui était son patron, comme Jéhovah était celui d'Elie, dont le nom veut dire en hébreu "Dieu- Jah", Jéhovah (םילא) 213, de même que celui d'Elihu, qui a le même sens. Ce genre de mort facile, ou euthanasia, a une signification Esotérique. Il symbolise la "mort" de tout Adepte qui a atteint la puissance et le degré, ainsi que la purification, qui lui permettent de "mourir" dans le corps physique et de continuer à vivre d'une vie consciente dans son [IV 106] corps astral. Les variations sur ce thème sont innombrables, mais le sens occulte est toujours le même. La phrase de Paul 214, "qu'il ne verrait pas la mort" (ut non videret mortem), renferme donc un sens Esotérique, mais rien de surnaturel. Les interprétations tronquées de quelques allusions bibliques, d'après lesquelles Enoch, "dont les années égaleront celles du monde" (de l'année solaire de 365 jours), partagera avec le Christ et le Prophète Elie les honneurs de la béatitude du dernier Avent et de la destruction de l'Antéchrist 215 – signifie, ésotériquement, que quelques-uns des Grands adeptes reviendront durant la Septième Race, lorsque toutes les Erreurs seront dissipées et que l'avènement de la Vérité sera proclamé par ces Shishta, les saints "Fils de la Lumière".

L'Eglise Latine ne se montre pas toujours logique, ni prudente. Elle déclare que le Livre d'Enoch est apocryphe et va jusqu'à prétendre, par l'organe du Cardinal Cajetan et d'autres Lumières de l'Eglise, qu'il faut écarter du Canon le Livre même de Jude, qui, en sa qualité  d'apôtre inspiré, cite et, par conséquent, sanctifie le Livre d'Enoch, que l'on tient pour une œuvre apocryphe. Heureusement, quelques dogmatiques s'aperçurent à temps du danger. S'ils avaient accepté la proposition de Cajetan, ils eussent été forcés d'écarter en même temps le Quatrième Evangile, attendu que saint Jean emprunte littéralement à Enoch et met une phrase entière de lui dans la bouche de Jésus 216 !

Ludolph, le "père de la littérature Ethiopienne", chargé d'étudier les divers manuscrits Enochiens offerts par le voyageur Pereisc à la Bibliothèque Mazarine, déclara "qu'aucun Livre d'Enoch ne pouvait exister chez les Abyssiniens !" Comme tout le monde le sait, des recherches et des découvertes ultérieures ont mis à néant cette assertion par  trop dogmatique. Bruce et Ruppel découvrirent le Livre d'Enoch en Abyssinie et, mieux encore, l'apportèrent quelques années après en Europe, où il fut traduit par l'Evêque Laurence. Mais Bruce le méprisa et tourna en dérision son contenu, comme le firent tous les autres savants. Il déclara que c'était un ouvrage Gnostique, traitant de l'Epoque des Géants qui dévoraient les hommes – et ressemblant à l'Apocalypse. Des géants ! Encore un conte de fées !

215 De Mirville, ibid., p. 71.

216 Comparez avec l'incident des "Voleurs et des Larons". (sec. IV).

217 De Mirville, ibid., p. 73.

 

Telle ne fut cependant pas l'opinion de tous les critiques de [IV 107] valeur.  Le  Docteur  Hanneberg  classe  le  Livre  dEnoch 217  ainsi que le troisième livre des Macchabées 218 – en tête de la liste des ouvrages dont l'autorité se rapproche le plus de celle des ouvrages canoniques.

En vérité, "le ou les docteurs sont en désaccord !…"

Comme toujours, néanmoins, ils ont tous raison et ils ont tous tort. Considérer Enoch comme un personnage biblique, comme une personne vivante équivaudrait à considérer Adam comme le premier homme. Enoch était un nom générique donné à des vingtaines d'individus, à toutes les époques et dans toutes les races et nations. On peut en arriver facilement à cette conclusion en se basant sur le fait que les anciens Talmudistes et les professeurs de Midrashim ne sont généralement pas d'accord dans leurs opinions au sujet de Hanokh, le fils de Yered. Les uns disent  qu'Enoch était un grand Saint, ami de Dieu et "transporté vivant dans le Ciel", c'est- à-dire un être ayant atteint Moukti ou le Nirvâna, sur la Terre, comme Bouddha l'atteignit et comme d'autres l'atteignent encore ; les autres soutiennent que c'était un sorcier, un magicien pervers. Ceci prouve simplement que le nom "Enoch", ou son équivalent, était, même à l'époque des derniers Talmudistes, un terme qui signifiait "Voyant", "Adepte de la Sagesse Secrète", etc., sans aucune indication du caractère de celui qui portait ce titre. Josèphe, parlant d'Elie et d'Enoch 219, fait remarquer que :

On lit dans les ouvrages sacrés qu'ils (Elie et Enoch) disparurent, mais sans que personne sût qu'ils fussent morts.

Ceci veut simplement dire qu'ils étaient morts dans leurs personnalités, comme les Yogis meurent jusqu'à présent aux Indes, ou même comme meurent certains moines chrétiens – pour le monde. Ils disparaissent aux yeux des hommes et meurent – sur le plan terrestre – même en ce qui les concerne. C'est apparemment une façon de parler, mais elle est littéralement vraie.

218 Ibid., p. 76.

219 Antiquités. IX, 2.

220 Chap. VIII.

 

"Hanoch transmit à Noé la science des calculs (astronomiques) et de la computation des saisons", dit le Midrash Pirkah 220  ; R. Eléazar, rapporte à Enoch ce que d'autres rapportent à Hermès Trismégiste, car les deux sont identiques dans leur sens Esotérique. Dans ce cas "Hanokh" et sa "Sagesse", [IV 108] appartiennent au cycle de la Quatrième Race Atlantéenne 221 et Noé à celui de la Cinquième 222. Tous deux représentent alors les Races-Mères, la Race actuelle et celle qui l'a précédée. Dans un autre sens, Enoch disparut, "il marcha avec Dieu et il ne fut plus, parce que Dieu le prit" ; allégorie se rapportant à la disparition, parmi les hommes, du Savoir Sacré et Secret ; parce que "Dieu" (ou Java-Aleim – les Grands Hiérophantes, les Chefs des Collèges de Prêtres Initiés) 223 le prit ; en d'autres termes, les Enochs ou les Enoïchions, les Voyants avec leur Savoir et leur Sagesse, devinrent strictement confinés dans les Sacrés Collèges des Prophètes pour les Juifs et dans les Temples, pour les Gentils.

Interprété à l'aide de la simple clef symbolique, Enoch est le type de la double nature de l'homme – spirituel et physique. Il occupe par suite le centre de la Croix Astronomique, comme la donne Eliphas Lévi en la tirant d'un ouvrage occulte ; croix qui est une Etoile à Six pointes, l' "Adonaï". Dans l'angle supérieur du Triangle supérieur, se trouve l'Aigle ;  dans l'angle inférieur de gauche se trouve le Lion ; dans le Droit, le Taureau ; tandis qu'entre le Taureau et le Lion, au-dessus d'eux et au-dessous de l'Aigle, se trouve la face d'Enoch ou de l'Homme 224. Or, les figures du Triangle supérieur représentent les Quatre Races, en omettant la Première, les Châyâs ou ombres et le "Fils de l'Homme", Enos ou Enoch, est au centre, où il se tient entre la Quatrième et la Cinquième Race, car il représente la Sagesse Secrète des deux. Ce sont les quatre Animaux d'Ezéchiel et de la Révélation. Ce double Triangle en face duquel  se trouve, dans Isis Dévoilée, l'Ardhanâri Hindou, est de beaucoup  le meilleur. Dans le dernier, en effet, ne sont symbolisées que les trois Races historiques (pour nous) ; la Troisième, la Race Androgyne, par Ardha- nâri ; la Quatrième, symbolisée par le Lion robuste et puissant et la Cinquième, la Race Aryenne, par ce qui est jusqu'à présent son symbole le plus sacré, le Taureau (et la Vache).

 221 Le Zohar dit : "Hanoch avait un livre qui ne faisait qu'un avec le Livre de la Génération d'Adam ; ceci est le Mystère "de la Sagesse".

222 Noé est l'héritier de la Sagesse d'Enoch ; en d'autres termes la Cinquième Race est l'héritière  de la Quatrième.

223 Voyez Isis Dévoilée, II, 398 et seqq.

224 Voyez la gravure dans Isis Dévoilée, IV, 141.

 

Un homme d'une grande érudition, un savant Français, M. de Sacy, relève, dans le Livre dEnoch 225, plusieurs déclarations [IV 109] très singulières, "dignes de l'examen le plus sérieux", dit-il. Par exemple :

L'auteur (Enoch) fait constater l'année solaire en 364 jours et paraît avoir connaissance de périodes de trois, cinq et de huit ans, suivies par quatre jours supplémentaires, qui, dans son système, semblent être ceux des équinoxes et des solstices.

Il ajoute à cela un peu plus loin :

Je ne vois qu'un moyen de les pallier (ces "absurdités") ; c'est de supposer que l'auteur expose un système, fantaisiste qui peut avoir existé avant que l'ordre de la Nature n'eût été  altéré  à  l'époque  du  Déluge Universel 226.

Précisément, et la Doctrine Secrète enseigne que cet "ordre de la nature" a été altéré de cette façon, ainsi que la série des humanités de la Terre. En effet, comme l'ange Uriel le dit à Enoch Vois, je t'ai montré toutes choses, ô Enoch, et je t'ai révélé toutes choses. Tu vois le soleil, la lune et ceux qui conduisent les étoiles du ciel, qui provoquent toutes leurs opérations, leurs saisons et leurs départs pour revenir ensuite. Aux époques des pécheurs les années seront raccourcies... la lune changera ses lois... 227.

225 voyez la critique de Sacy par Daniélo, dans les Annales Philosophiques, p. 393, deuxième article.

226 De Mirville, ibid., pp. 77, 78.

227 Ch. LXXIX. Trad, de Laurence.

 

A ces époques aussi, bien des années avant le Grand Déluge qui emporta les Atlantéens et changea la face de toute la Terre (parce que "la Terre(ou son axe) s'inclina"), la Nature, aux points de vue géologique, astronomique et cosmique en général, n'aurait pas pu être la même, précisément parce que la Terre s'était inclinée. Citons Enoch :

 Et Noé s'écria d'une voix amère. Ecoute-moi ; écoute- moi ; écoute-moi ; trois fois. Et il dit... La Terre travaille et elle est violemment secouée. Sûrement, je périrai avec elle 228.

Ceci, soit dit en passant, ressemble à une des nombreuses "contradictions" que l'on rencontre dans la Biblesi elle est prise littéralement. En effet, c'est, tout au moins, une crainte très étrange de la part d'un être qui avait "trouvé grâce aux yeux du Seigneur" et auquel il avait été prescrit de construire une Arche ! Ici, au contraire, nous voyons le vénérable [IV 110] Patriarche manifester autant de terreur que s'il avait été un des Géants condamnés par la Divinité irritée, au lieu d'être un "ami" de Dieu. La Terre s'était déjà inclinée et le déluge des eaux n'était plus qu'une question de temps et pourtant Noé ne semblait rien savoir de son salut projeté.

Un décret avait été promulgué en vérité ; le décret de la Nature et de la Loi d'Evolution, ordonnant que la Terre changerait sa Race et que la Quatrième Race serait détruite pour faire place à une race meilleure. Le Manvantara avait atteint son point tournant de trois Rondes et demie et la gigantesque Humanité physique avait atteint le plus haut, degré de matérialité grossière. De là le verset apocalyptique qui fait mention d'un commandement ordonnant sa destruction, ordonnant "que sa fin soit accomplie" – la fin de la Race.

Car ils connaissaient (vraiment) tous les secrets des anges, tous les pouvoirs oppresseurs et secrets des Satans et tous les pouvoirs de ceux qui se rendent coupables de sorcellerie, ainsi que de ceux qui fabriquent des images fondues sur toute la Terre 229.

228 Ibid. – chap. IV-IX.

229 Ibid., toc. cit., V, 6.

 

Et maintenant une question naturelle se pose. Qui avait pu renseigner l'auteur apocryphe de cette puissante vision – peu importe l'époque qu'on lui assigne avant celle de Galilée – indiquant que l'axe de la Terre pouvait occasionnellement s'incliner ? D'où aurait-il tiré de pareilles connaissances astronomiques et géologiques, si la Sagesse Secrète, à la source de laquelle avaient bu les anciens Richis et Pythagore, n'était qu'une, fantaisie, une invention des époques postérieures ? Enoch aurait-il, par hasard, lu prophétiquement les lignes suivantes dans l'ouvrage de Frédéric Klée sur le Déluge :

 La position du globe terrestre, par rapport au soleil, a évidemment été, dans les temps primitifs, différente de ce qu'elle est maintenant et cette différence doit avoir eu pour cause un déplacement de l'axe de rotation de la Terre.

Ceci rappelle la déclaration anti-scientifique faite par les prêtres égyptiens à Hérodote ; à savoir que le Soleil ne s'était pas toujours levé là où il se lève maintenant et que dans les temps jadis, l'écliptique avait coupé l'équateur à angles droits 230. [IV 111]

Il y a un grand nombre de ces "dires obscurs" éparpillés dans les Pourânas, la Bibleet autres Mythologies et, pour les Occultistes, ils divulguent deux faits : a) que les Anciens connaissaient l'Astronomie, la Géodésie et la Cosmographie aussi bien et peut-être mieux que les modernes et (b) que la manière d'être du Globe s'est modifiée plus d'une fois depuis l'état primitif des choses. Ainsi Xénophane sur la foi aveugle de son "ignorante" religion, qui enseignait que Phaéton, dans son désir d'apprendre la vérité cachée, avait fait dévier le Soleil de sa route habituelle – déclare quelque part que "le Soleil se tourna vers une autre contrée", ce qui est un pendant – légèrement plus scientifique, toutefois, sinon aussi audacieux – au récit de Josué arrêtant tout à fait la marche du Soleil. Cette déclaration peut cependant expliquer l'enseignement de la Mythologie Septentrionale, suivant lequel, avant l'ordre actuel des choses, le Soleil se levait au Sud et la Zone Glaciale (Jéruskoven) se trouvait à l'Est, tandis que maintenant, elle se trouve au Nord 231.

230 Bailly. Astronomie ancienne, Liv. VI. § 11. p. 166 et, "Eclaircissements", § 14, p. 405 ; de Mirville, ibid., p. 79.

231 De Mirville, ibid., p. 80.

 

Bref, le Livre d'Enoch est un résumé, un composé des traits principaux de l'histoire des Troisième, Quatrième et Cinquième Races ; renfermant très peu de prophéties se rapportant à l'époque actuelle du monde ; un long sommaire prophétique, rétrospectif et introspectif, d'événements universels et tout à fait historiques – géologiques, ethnologiques, astronomiques et psychiques – avec une couche de Théogonie tirée des archives antédiluviennes. Le Livre de ce mystérieux personnage est abondamment cité dans Pistis Sophia, ainsi que dans le Zohar et dans ses plus antiques Midrashim. Origène et Clément d'Alexandrie le tenaient en haute estime. Prétendre que c'est une œuvre fabriquée durant l'époque Post-Chrétienne, est donc une véritable absurdité ; c'est se rendre coupable d'un anachronisme, car Origène, entre autres, qui vivait au deuxième siècle de l'ère chrétienne, en parle comme d'un ouvrage antique et vénérable. Le secret du Nom sacré et sa puissance sont bien et clairement décrits quoique d'une façon allégorique, dans l'antique volume. Du dix-huitième au cinquantième chapitre, les Visions d'Enoch sont toutes des descriptions des Mystères de l'Initiation, dont l'un est la Vallée Ardente des "Anges Déchus".

Saint Augustin avait peut-être tout à fait raison de dire que l'Eglise repoussait le Livre d'Enoch de son canon, en raison de sa trop grande antiquité (ob nimiam antiquitatem) 232. Les [IV 112] événements qui étaient racontés ne trouvaient pas place dans les limites des 4.004 ans avant Jésus- Christ assignés au monde depuis sa "création" !

232 Cité de Dieu, XV, XXIII.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 10:04:09 +0000
SECTION VIII - LE SYMBOLISME ET LES NOMS MYSTERIEUX DE IAO ET DE JEHOVAH, AINSI QUE LEURS RAPPORTS AVEC LA CROIX ET LE CERCLE https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/201-section-viii-le-symbolisme-et-les-noms-mysterieux-de-iao-et-de-jehovah-ainsi-que-leurs-rapports-avec-la-croix-et-le-cercle https://digitoworld.com/HIERARCHIE/MM/la-doctrine-secrete-vol-4/201-section-viii-le-symbolisme-et-les-noms-mysterieux-de-iao-et-de-jehovah-ainsi-que-leurs-rapports-avec-la-croix-et-le-cercle

SECTION VIII

LE SYMBOLISME ET LES NOMS MYSTERIEUX DE IAO ET DE JEHOVAH, AINSI QUE LEURS RAPPORTS AVEC LA CROIX ET LE CERCLE

 

Lorsque l'abbé Louis Constant, plus connu sous le  nom d'Eliphas Lévi, déclara, dans son Histoire de la Magie, que le Sepher Jetzirah et l'Apocalypse de saint Jean étaient les chefs-d'œuvre des Sciences Occultes, il eut dû, pour être correct et claire ajouter : en Europe. Il est très vrai que ces ouvrages renferment "plus de signification que de mots" et que leurs "expressions sont poétiques", bien "qu'en ce qui concerne les nombres", ils soient "exacts". Malheureusement, avant que l'on puisse apprécier  la poésie des expressions, ou l'exactitude des nombres, on doit apprendre la signification et le sens réel des termes et des symboles employés. Mais l'homme, n'apprendra jamais cela, tant qu'il restera dans l'ignorance du principe fondamental de la Doctrine Secrète, aussi bien dans l'Esotérisme Oriental que dans la Symbologie Cabalistique, tant qu'il ignorera la clef, soit la valeur, sous tous leurs aspects, des noms des Dieux, des noms des Anges et des noms des Patriarches, qui se trouvent dans la Bible, leur valeur mathématique ou géométrique et leurs rapports avec la nature manifestée.

En conséquence, si, d'une part, le Zohar "étonne (le mystique) par la profondeur de ses vues et par la simplicité de ses images", d'autre part, cet ouvrage déroute l'étudiant par des expressions comme celles qui sont employées à propos d'Aïn Suph et de Jéhovah, malgré l'assurance que :

L'ouvrage a bien soin d'expliquer que la forme humaine dont il revêt Dieu n'est qu'une image du Verbe, et que Dieu ne doit être exprimé par aucune pensée, ni par aucune forme.

Il est notoire qu'Origène, Clément et les Rabbins ont confessé que la Cabaleet la Bibleétaient des ouvrages voilés et secrets, [IV 113] mais peu de personnes savent que l'Esotérisme des ouvrages Cabalistiques,  tels qu'ils sont actuellement réédités, n'est autre qu'un nouveau voile, encore plus savant, jeté sur le symbolisme primitif de ces volumes secrets.

 L'idée de représenter la Divinitécachée par la circonférence d'un cercle et la Puissance Créatrice, mâle et femelle, ou le Verbe Androgyne – par le diamètre qui le coupe, est un des symboles les plus anciens. C'est sur cette conception que toutes les grandes Cosmogonies ont été basées. Chez les anciens Aryens, les Egyptiens et les Chaldéens, le symbole était complet, car il embrassait l'idée de la Pensée Divine éternelle et immuable, dans son sens absolu, entièrement séparée de la phase du début de la soi- disant "création" et comprenait l'évolution psychologique et même spirituelle, ainsi que son œuvres mécanique, ou sa construction cosmogonique. Chez les Hébreux, toutefois (bien que l'on puisse clairement découvrir cette conception dans le Zohar et dans le Sepher Jetzirah, ou dans ce qu'il en reste) ce qui fut incorporé plus tard dans le Pentateuque proprement dit et particulièrement dans la Genèse, ne consiste que dans cette phase secondaire, c'est-à-dire que dans la loi mécanique de la création, ou plutôt de la construction, tandis que la Théogonie est à peine esquissée, si même elle l'est.

Ce n'est que dans les premiers chapitres de la Genèse, dans le Livre d'Enoch que l'on refuse d'accepter et dans le poème de Job, mal interprété et mal traduit, que l'on peut retrouver maintenant des échos véridiques et de la Doctrine Archaïque. La clef qui permet de la comprendre est aujourd'hui perdue, même parmi les plus savants Rabbins, dont les prédécesseurs, au début du moyen Age, poussés par leur exclusivisme et par leur orgueil national et surtout par leur haine profonde du Christianisme, préférèrent la plonger dans l'oubli le plus profond, plutôt que d'en partager la connaissance avec leurs implacables et féroces persécuteurs. Jéhovah appartenait à leur propre tribu, était inséparable  de la Loi Mosaïque et incapable de jouer un rôle dans aucune autre loi. Violemment arraché à son cadre original, pour lequel il était fait et qui était fait pour lui, le "Seigneur Dieu d'Abraham et de Jacob", ne pouvait guère être englobé dans le nouveau Canon Chrétien, sans être endommagé et brisé. Etant les plus faibles, les Juifs ne pouvaient empêcher la profanation. Ils n'en gardèrent pas moins le secret de l'Origine de leur Main. Kadmon, ou de leur Jéhovah mâle-femelle et le nouveau tabernacle se trouva complètement impropre à l'antique Divinité. En vérité, ils furent vengés.

L'affirmation que Jéhovah était le Dieu de la tribu des Juifs et [IV 114] rien de plus, sera démentie comme le sont tant d'autres choses.

 Pourtant, dans ce cas, les Théologiens ne sont pas en état de nous faire connaître le sens des versets du Deutéronome, qui disent très clairement :

Lorsque le Très-Haut (non pas le "Seigneur", ni "Jéhovah") distribua aux nations leur héritage, lorsqu'il sépara les fils d'Adam, il traça les limites... suivant le nombre des enfants d'Israël... La part du Seigneur (Jéhovah) c'est son peuple :  Jacob est sa part d'héritage 233.

Ceci tranche la question. Les traducteurs modernes de Bibles et d'Ecritures ont été si imprudents et ces versets sont si nuisibles, que chaque traducteur, suivant la route tracée pour lui par les vénérables Pères de l'Eglise, a expliqué ces lignes à sa façon. Alors que la citation donnée plus haut est tirée textuellement de la Version Anglaise autorisée, nous trouvons dans la Bible  Française 234  les  mots  "Très-Haut"  remplacés par "Souverain !", les mots "fils d'Adam" rendus par "enfants des hommes" et le "Seigneur" transformé en "Eternel". Il semble donc, qu'en fait d'imprudents tours de passe-passe, l'Eglise Protestante Française a surpassé même les Ecclésiastiques Anglais.

Une chose est claire néanmoins : la "part du Seigneur (Jéhovah)" c'est son "peuple élu" et rien d'autre, car Jacob seul constitue sa part d'héritage. Qu'ont donc les autres nations, qui se qualifient d'Aryennes, à faire de cette Divinité Sémitique ; de ce Dieu de tribu d'Israël ? Astronomiquement, le "Très-Haut" c'est le Soleil et le "Seigneur est une de ses sept planètes, que ce soit Iao, le Génie de la Lune, ou Ildabaoth-Jéhovah, le Génie  de Saturne, suivant Origène et les Gnostiques Egyptiens 235. Que "l'Ange Gabriel", le "Seigneur" de l'Iran, veille sur son peuple, et Michel-Jéhovah sur ses Hébreux. Ces Dieux ne sont pas ceux des autres nations et ne furent non  plus  jamais  ceux  de  Jésus.  De  même  que  chaque  Dev  persan est enchaîné à sa planète 236, de même chaque Déva Hindou (un "Seigneur") [IV 115] a une part qui lui est attribuée ; un monde, une planète, une nation ou une race. La pluralité des mondes implique la pluralité des Dieux. Nous croyons à la première et nous pouvons admettre, mais nous n'adorerons jamais la seconde 237.

233 Op. cit., XXXII, 8, 9.

234 De la Société Biblique Protestante de Paris, suivant la version révisée en 1824 par J.  E. Ostervald.

235 Pour les Gnostiques Egyptiens. Thoth (Hermès) était le chef des Sept (voyez le Livre des Morts). Leurs noms sont donnés comme il suit par Origène : Adonaï (du Soleil), Iao (de la Lune), Eloi (Jupiter), Sabao (mars), Oral (Vénus). Astaphoi (Mercure) et enfin Ildabaoth (Saturne). Voyez Gnostics and their Remains de King, p. 314.

 236 Voyez la copie d'Origène de la Carte ou du Diagramme des Ophites, dans son Contra Celsum. 237 Voyez la III, partie de ce volume, Section IV, B : "Des chaînes de Planètes et de leur Pluralité" 238 Exode, XXXIII, 18, 19 ; voyez la Qabbalahde Myer, p. 226.

 

Nous avons fait remarquer à maintes reprises dans cet ouvrage que tout symbole religieux et philosophique possède sept significations, chacune relevant du plan de pensée auquel il appartient, c'est-à-dire purement métaphysique ou astronomique, psychique ou  physiologique, etc. Prises en elles-mêmes, ces sept significations et leurs interprétations sont assez difficiles à apprendre, mais leur interprétation et leur compréhension correctes deviennent dix fois plus  embarrassantes, lorsqu'au lieu d'être en corrélation, de découler l'une de l'autre ou de se suivre, chacune de ces significations, ou l'une quelconque d'entre elles, est acceptée comme représentant la seule et unique explication de tout l'ensemble de l'idée symbolique. Nous pouvons en donner un exemple qui éclaire admirablement cette assertion. Voici deux interprétations, données par deux savants cabalistes, d'un seul et même verset de l'Exode. Moïse supplie le Seigneur de lui montrer sa "gloire". Evidemment ce n'est pas le sens littéral de la phrase que l'on trouve dans la Biblequ'il faut accepter. Il y a sept significations dans la Cabaleet nous pouvons donner deux d'entre elles telles qu'elles ont été interprétées par les deux savants en question. L'un d'eux traduit et explique ainsi :

"Tu ne peux voir Ma face... Je te mettrai dans une fente du rocher et je te couvrirai de Ma main en passant. Puis je retirerai Ma main et tu verras mon a'hoor", c'est-à-dire mon dos 238.

Puis le traducteur ajoute en guise de commentaire :

 C'est-à-dire : Je te montrerai "mon dos", ou Mon univers visible, Mes manifestations inférieures, mais, en qualité d'homme encore incarné, tu ne peux voir Ma nature invisible. Ainsi continue la Qabbalah 239.

C'est correct et c'est l'explication cosmo-métaphysique. L'autre Cabaliste prend alors la parole et donne la signification [IV 116] numérique. Comme elle implique un bon nombre d'idées suggestives et qu'elle est exposée d'une façon bien plus complète, nous pouvons lui consacrer plus d'espace. Ce résumé est tiré d'un manuscrit qui n'a pas été publié et il explique d'une façon plus explicite ce qui a été exposé dans la Section III au sujet du "Saint des Saints" 240.

239 Ibid. loc. cit.

240 V. ci-dessus, p. 15.

 

Les nombres du nom de "Moïse" sont ceux de "Je suis ce que je suis", de sorte que les noms de Moïse et de Jéhovah ont la même harmonie numérique. Le mot de Moïse est השמ (5+ 300 + 40) et le total de la valeur de ses lettres est de 345 ; Jéhovah – le Génie par excellence de l'Année Lunaire – a une valeur de 543, ou l'inverse de 345.

Dans le troisième chapitre de l'Exode, dans le 13ème, et le 14ème, verset, on lit :

 "Et Moïse dit... Voyez, je viendrai auprès des enfants d'Israël et je leur dirai :

"Le Dieu de vos pères m'a envoyé vers vous" et ils me diront : "Quel est son nom ?" Que leur répondrai-je ? Et Dieu dit à Moïse :

 "Je suis ce que Je suis"

Les mots hébreux pour cette phrase sont âhiyé, asher, âhiyé et la valeur totale de leurs lettres est ainsi représentée

היהא  רשא היהא

21   501   21

 ... Ceci étant son nom (celui de Dieu), le total des valeurs dont il se compose, soit 21, 501, 21, est 543, ou simplement l'emploi des chiffres du nom de Moïse... mais rangés maintenant de façon à ce que le nom de 345 soit renversé et devienne 543.

De sorte que lorsque Moïse adresse cette demande : "Laisse-moi voir Ta face ou Ta gloire", l'autre répond avec raison : "Tu ne peux voir ma face... mais tu me verras par derrière". C'est le sens véritable, bien que les mots ne soient pas précis, car le coin et l'envers de 543 n'est autre que la face de 345. C'est

Pour arrêter et conserver l'emploi strict d'un groupe de nombres pour développer certains  résultats importants, en vue desquels ils sont spécialement employés.

Comme le dit le savant Cabaliste :

Dans d'autres emplois des nombres, ils se virent face à face. Il est curieux de constater que si nous ajoutons 345 à 543 cela nous donne [IV 117] 888, ce qui était la valeur Cabalistique Gnostique du nom du Christ, qui était Jéhosué ou Josué. De même, la division des 24 heures de la journée donne trois huit pour quotient... Le but principal de tout ce système de Contrôles Numériques était de conserver perpétuellement la valeur exacte de l'Année Lunaire dans la mesure Naturelle des Jours.

Telles sont les significations astronomique et numérique dans la Théogonie Secrète des Dieux sidéro-cosmiques inventés par les Chaldéo- Hébreux – deux significations sur sept. Les cinq autres étonneraient encore plus les Chrétiens.

La liste des Œdipes qui se sont efforcés de deviner l'énigme du Sphinx est longue en vérité. Pendant de longs siècles, il a dévoré les plus brillantes et les plus nobles intelligences de la Chrétienté, mais maintenant le Sphinx est vaincu. Au cours de la grande lutte intellectuelle qui s'est terminée par la victoire complète des œdipes du Symbolisme, ce n'est pourtant pas le Sphinx qui, consumé par la honte de la défaite, a dû s'ensevelir dans la mer, mais bien le symbole aux nombreuses faces dénommé Jéhovah, que les Chrétiens – les nations civilisées – ont accepté pour leur Dieu. Le symbole de Jéhovah s'est effondré à la suite d'une analyse trop stricte et il est – submergé. Les Symbologues ont découvert avec effroi que la divinité acceptée par eux n'était qu'un masque servant à beaucoup d'autres Dieux, qu'une planète éteinte évhémérisée, qu'elle n'était, tout au plus,  que le Génie de la Lune et, de Saturne pour les Juifs, du Soleil et de Jupiter pour les premiers Chrétiens ; que la Trinité – à moins d'accepter les significations plus abstraites et plus métaphysiques que lui donnent les Gentils – n'était, à vrai dire, qu'une triade astronomique, composée du Soleil (le Père) et de deux planètes, Mercure (le Fils) et Vénus (le Saint- Esprit), Sophia, l'Esprit de Sagesse, l'Amour et la Vérité, et Lucifer, comme le Christ, la "brillante étoile du matin" 241. En effet, si le Père est le Soleil (le "Frère Aîné", dans la Philosophie Orientale occulte), la planète la plus voisine de lui est Mercure (Hermès, Bouddha, Thoth), dont la Mère avait pour nom Maïa sur la Terre. Or, cette planète reçoit sept fois plus de lumière que, toutes les autres, fait qui poussa les Gnostiques à donner à leur Christ, et les Cabalistes à leur Hermès (dans le sens astronomique) le nom de "Lumière Septuple". Enfin, ce Dieu n'était autre que Bel – car le Soleil s'appelait Bel chez les Gaulois ; Hélios chez les Grecs ; Baal chez les Phéniciens et El chez les Chaldéens, d'où El-ohim, Emmanu-el, et El "Dieu", chez les [IV 118] Hébreux. Mais le Dieu Cabalistique a lui-même disparu dans les élaborations rabbiniques et il faut maintenant s'attacher au sens métaphysique le plus profond du Zohar pour y trouver quelque chose qui ressemble à Aïn Suph, la Divinité Sans Nom et l'Absolu, que les Chrétiens revendiquent si impérieusement et à haute voix. Par contre, on ne le trouve certainement pas dans les ouvrages mosaïques, au moins si l'on cherche à les lire sans en avoir la clef. Depuis la perte de cette clef, Juifs et Chrétiens n'ont Cessé de s'évertuer à mêler ces deux conceptions, mais en vain. Ils n'ont finalement réussi qu'à dépouiller la Divinité Universelle elle-même de son caractère majestueux et de sa signification primitive.

Ainsi que nous l'avons dit dans Isis dévoilée :

Il semblerait donc tout naturel d'établir une distinction entre ιωα le dieu mystérieux adopté dès la plus haute antiquité par tous ceux qui participaient au savoir ésotérique des prêtres, et ses  contreparties   phonétiques, que nous voyons les Ophites et autres Gnostiques traiter avec si peu de révérence 242.

241 Voyez l'Apocalypse, XXII, 16.

242 Op. cit., III, 406.

243 Gnostics and their Remains.

244 II. Samuel.

 

Dans les joyaux Ophites de King 243, nous  trouvons le nom de Iao répété et souvent confondu avec, celui de Iévo, alors que ce dernier représente tout simplement un des Génies en antagonisme avec Abraxas... Mais le nom le Iao n'a pas pris naissance chez les Juifs et ne leur appartenait pas en propre. Même s'il avait plu à Moïse de donner ce nom à l' "Esprit" tutélaire, au prétendu protecteur, à la divinité nationale du "peuple  élu d'Israël", cela ne constituerait aucune raison pour que les autres nationalités le reconnussent comme le Dieu vivant Suprême et Unique. Mais nous nions absolument ceci. On se trouve, en outre, en présence de ce fait que Iaho ou Iao était un "moins mystérieux" dès les débuts, car הוהי et יה ne furent jamais employés avant l'époque du  roi David. Avant cette époque, bien peu de nom propres, ou même aucun, ne furent composés avec le Iah ou Jah. Il semble plutôt que David ait rapporté le nom de Jéhovah de chez les Tyriens et les Philistins 244, au milieu desquels il avait vécu. Il nomma Zadok grand prêtre et c'est de lui que viennent les Zadokistes ou Saducéens. Il vécut et gouverna d'abord à Hébron ןורבה, Habir-on ou Kabeir- ville, où les rites des quatre (dieux mystérieux) étaient célébrés. Ni David, ni Salomon,  ne reconnaissaient Moïse ou la loi de Moïse. Ils aspiraient à élever  un temple à הוהי dans le genre des constructions élevées par Hiram en l'honneur d'Hercule et de Vénus, d'Adon et d'Astarté.

Fürst dit : "Le très ancien nom donné à Dieu, Yâho, que les [IV 119] Grecs écrivent Ιαω semble, sans tenir compte de sa dérivation, avoir été un antique nom mystique de la Divinité Suprême des Sémites. Il fut par suite communiqué à Moïse, lorsque celui-ci fut initié à Hor-eb – la Cavernesous la direction de Jethro, le prêtre Kénite (ou Caïnite) de Midian. Dans une antique religion des Chaldéens, dont on retrouve les restes chez les Néo-Platoniciens, la Divinité Suprême, trônant au-dessus des sept Cieux, représentant le Principe Lumineux Spirituel... et que l'on concevait aussi comme Démiurge 245, était appelée Ιαω והי qui était comme le Yâho Hébreu, mystérieux et impossible à mentionner et dont le nom était communiqué aux Initiés. Les Phéniciens avaient un Dieu Suprême, dont le nom formé de trois lettres était secret et c'était Ιαω 246.

245 Très peu de personnes pensaient ainsi, car les créateurs de l'univers matériel furent toujours considérés comme des Dieux subordonnés à la Divinité Suprême.

246 Op. cit., III, 400. Fürst donne à l'appui de ses dires, des citations tirées de Lydus et de Cedrenus.

 

La croix disent les Cabalistes, répétant ainsi ce qu'enseignent les Occultistes, est un des plus anciens, peut-être même le plus ancien des symboles. Ceci a été démontré aux débuts mêmes de la Préface du Premier Volume. Les Initiés Orientaux la représentent comme contemporaine du Cercle de l'Infini Divin et de la première différenciation de l'Essence, de l'Union, de l'Esprit et de la Matière. Cette interprétation a été repoussée et l'allégorie astronomique a seule été acceptée et amenée à cadrer savamment avec des événements terrestres imaginaires.

Procédons à la démonstration de cette proposition.  En astronomie, ainsi que nous l'avons dit, Mercure est le fils de Cœlus et de Lux – du Ciel et de la Lumière, ou du Soleil ; en Mythologie, c'est la progéniture de Jupiter et de Maïa. C'est le "Messager" de son père Jupiter, le Messie du Soleil ;  en  Grec,  son  nom  d'Her-mès  signifie,  entre  autres       choses, l' "Interprète" – le Mot, le Logos ou Verbe. Or Mercure est né sur le Mont Cyllène, au milieu de bergers et il est le patron de ceux-ci. En sa qualité de Génie psychopompe, il conduisait au Hadès les Ames des Morts et les ramenait ensuite, emploi attribué à Jésus après sa Mort et sa Résurrection. Les symboles d'Hermès-Mercure (Dii Termini) étaient placés le long des grandes routes et à leurs points de croisement, comme sont aujourd'hui placées les croix en Italie et ils étaient cruciformes 247. Tous les sept jours les prêtres oignaient d'huile ces Termini et une fois par an les [IV 120] ornaient de guirlandes, aussi étaient-ils les oints. Mercure, lorsqu'il parlait par la bouche de ses oracles, disait :

247 Voyez la planche 77 du Vol. I des Antiquités de Montfaucon. Les disciples d'Hermès vont, après leur mort, dans cette planète de Mercure leur Royaume du Ciel.

 

Je suis celui que vous appelez le Fils du Père (Jupiter) et de Maïa. Quittant le roi du Ciel (le Soleil), je viens, mortels, pour vous aider.

Mercure guérit les aveugles et rend la vue, mentale et physique 248. Il était souvent représenté avec trois têtes et appelé Tricéphale ou Triplex, comme ne formant qu'un avec le Soleil et Vénus. Enfin Mercure, comme nous l'expose Cornutus 249, était quelquefois représenté sous une forme cubique et sans bras, parce que "la faculté de parler et l'éloquence peuvent prédominer, sans le secours de bras ou de pieds". C'est cette forme cubique qui rattache directement les Termini à la Croix et c'est l'éloquence et la faculté de parler de Mercure qui fit dire à Eusèbe : "Hermès est l'emblème du Verbe qui crée et interprète tout", car c'est le Verbe Créateur et il nous montre Porphyre enseignant que la Parole d'Hermès – interprétée maintenant comme "Parole de Dieu" (!) dans Pymandre – une Parole Créatrice (Verbum), est le Principe Séminal répandu dans tout l'Univers 250. En Alchimie "Mercure" est le Principe "Humide" Radical, l'Eau Primitive ou Elémentaire renfermant les Semences de l'Univers, fécondées par les Feux Solaires. Pour exprimer ce principe fécondant, un phallus était souvent ajouté à la croix (l'union du mâle et de la femelle, ou du vertical et de l'horizontal) par les Egyptiens. Les Termini cruciformes représentaient aussi cette double idée, que l'on retrouvait en Egypte dans l'Hermès cubique. L'auteur de Source of Measures nous dit pourquoi 251.

Comme il l'explique, le cube devient, une fois développé, une croix de la forme du Tau, ou forme égyptienne, ou bien "le cercle attaché au Tau donne la croix ansée", des antiques Pharaons. Ils la connaissaient depuis des siècles par leurs prêtres et leurs "Rois Initiés" et ils savaient aussi ce qui signifiait "le placement d'un homme sur la croix", idée "que l'on coordonnait avec celle de l'origine de la vie humaine, et, par suite, avec celle de la forme phallique". Seulement cette dernière n'entre en action que des æons et des siècles après l'idée du Charpentier et de l'Artisan des Dieux, Vishvakarmâ, crucifiant "l'Initié-Soleil" [IV 121] sur le tour en forme de croix. Ainsi que l'écrit le même auteur :

Le placement d'un homme sur la croix… était d'usage chez les Hindous dans cette forme de développement 252.

248 Cornutus.

249 Lydus. De Mensibus, IV.

250 Preparat. Evang. I, III, 2.

251 Voyez la fin de la Sec. II, au sujet des Priapes Gnostiques.

 252 Op. cit., p. 52.

253 Ibid., pp. 3, 4.

 

Mais on le "coordonnait" avec l'idée d'une nouvelle renaissance de l'homme par une régénération spirituelle, mais non physique. Le Candidat à l'Initiation était attaché sur le Tau, ou croix astronomique, en vertu d'une idée bien plus haute et bien plus noble que celle de l'origine de la simple vie terrestre.

D'autre part, les Sémites paraissent n'avoir eu dans la vie aucun but plus élevé que celui de procréer leur espèce. Aussi, au point de vue géométrique et en lisant la Bibleau moyen de la méthode numérique, l'auteur de The Source of Measures a parfaitement raison.

Le système (Juif) tout entier paraît avoir été considéré anciennement comme un système basé sur la nature et qui fut adopté par la nature, ou Dieu, comme la base ou loi en vertu de laquelle s'exerce pratiquement le pouvoir créateur – c'est-à-dire que c'était le projet créateur dont la création était l'application pratique. Ceci paraît établi par le fait que, dans le système exposé, les mesures des temps planétaires servent au même degré comme mesures de la dimension des planètes et des particularités de leurs formes – c'est-à-dire dans l'extension de leurs diamètres équatorial et polaire... Ce système (celui du projet créateur) paraît servir de base à tout l'édifice biblique, comme la fondation sur laquelle repose son ritualisme et le déploiement des œuvres de la Divinité, en fait d'architecture, par l'emploi de l'unité sacrée de mesures, dans le jardin d'Eden, l'arche de Noé, le Tabernacle et le, Temple de Salomon 253.

Ainsi, d'après l'exposé même des défenseurs de ce système, il est prouvé que la Divinité Juive n'est, tout au plus, qu'une Dyade manifestée, mais jamais l'Unique Tout Absolu. Expliqué géométriquement, c'est un nombre ; symboliquement, c'est un Priape évhémérisé et ceci ne saurait guère satisfaire une humanité qui a soif de la démonstration de réelles vérités spirituelles et de la possession d'un Dieu ayant une nature divine et non pas anthropomorphe. Il est étrange que les plus savants Cabalistes modernes ne puissent voir dans la croix ou le cercle autre chose qu'un symbole de la Divinité créatrice et androgyne manifestée, [IV 122] dans ses rapports avec ce mode phénoménal 254. Un auteur croit que :

Bien que l'homme (lisez, le Juif et le Rabbin) ait obtenu la connaissance de la mesure pratique... par laquelle la nature était supposée ajuster les dimensions des planètes afin de les mettre en harmonie avec la notation de leurs mouvements, il semble qu'il l'obtint et en apprécia la possession comme un moyen d'arriver à se faire une idée de la Divinité – c'est-à-dire qu'il approcha de si près la conception d'un Etre ayant un mental comme le sien, mais infiniment plus puissant, qu'il pût se faire une idée d'une loi de création instituée par cet Etre, qui doit avoir existé avant toute création (appelé cabalistiquement le Verbe) 255.

254 Que le lecteur se reporte au Zohar, et aux deux Qabbalahs d'Isaac Myer et de S. L. Mac-Gregor Malhers, et, à leurs interprétations, s'il veut se rendre compte de ceci.

255 1bid., p. 5.

 

Ceci peut avoir satisfait l'esprit pratique des Sémites, mais l'Occultiste Oriental ne peut que repousser l'offre d'un tel Dieu ; en vérité,  une Divinité, un Etre, "ayant un mental comme celui de l'homme, mais infiniment plus puissant", n'est pas un Dieu ayant une place au-delà du cycle de la création. Il n'a aucun rapport avec la conception idéale de l'Univers Eternel. C'est, tout au plus, un des pouvoirs créateurs subordonnés, dont la Totalité est appelée les Séphiroth, l'Homme Céleste et l'Adam Kadmon, le Second Logos des Platoniciens.

On retrouve clairement cette même idée au fond des plus habiles définitions de la Cabaleet de ses mystères ; par exemple par John A. Parker, tel qu'il est cité dans le même ouvrage :

 La clef de la Cabale est supposée être le rapport géométrique de la surface d'un cercle inscrit dans le carré, ou du cube, avec la sphère, donnant naissance au rapport du diamètre avec la circonférence d'un cercle, avec la valeur numérique de ce rapport exprimée en intégrales. Le rapport du diamètre à la circonférence est un rapport suprême qui se rattache aux noms divins d'Elohim et de Jéhovah (termes qui sont respectivement des expressions numériques de ces rapports – le, premier exprimant la circonférence et le dernier le diamètre) et qui embrasse sous lui tous les autres rapports inférieurs. Deux expressions, en intégrales, du rapport de la circonférence au diamètre sont employées dans la Bible : [1] La parfaite et [2] l'imparfaite. Un des rapports entre elles est tel que si [1] est soustrait de [2] il reste une unité de la valeur d'un diamètre en termes, ou dans la dénomination de la  valeur  de  la  circonférence  d'un [IV 123] cercle parfait, ou une unité en ligne droite ayant une valeur circulaire parfaite, ou un facteur d'une valeur circulaire 256.

256 Ibid., p 12.

 

De pareils calculs ne peuvent conduire qu'à déchiffrer le mystère de la troisième phase de l'Evolution ou de la "Troisième Création de Brahmâ". Les Hindous initiés savent opérer la "quadrature du cercle" bien mieux qu'aucun Européen, mais nous reviendrons là-dessus plus tard. Le fait est que les Mystiques Occidentaux ne commencent leurs spéculations qu'à la phase durant laquelle l'Univers "tombe dans la matière" comme disent les Occultistes. Dans toute la série des ouvrages cabalistiques nous  n'avons pas rencontré une seule phrase indiquant une allusion, même lointaine, au côté psychologique et spirituel, aussi bien qu'aux secrets mécaniques et physiologiques de la "création". Devons-nous donc considérer l'évolution de l'Univers comme n'étant, sur une gigantesque échelle, qu'un prototype de l'acte de la procréation, comme un phallisme "divin" et nous livrer là- dessus à des élucubrations semblables à celles que l'on doit à l'auteur mal inspiré d'un récent ouvrage du même nom ? Nous ne le croyons pas et nous nous croyons en droit de parler ainsi, puisque l'étude la plus attentive de l'Ancien Testament – tant au point de vue ésotérique qu'au point de vue exotérique – ne paraît pas avoir conduit les chercheurs les plus enthousiastes au delà de la certitude mathématique que du premier au dernier chapitre du Pentateuque, chaque scène, chaque personnage et chaque événement ont un rapport direct ou indirect avec l'origine de la naissance sous sa forme la plus crue et la plus brutale. En conséquence, si intéressantes et si ingénieuses que soient les méthodes rabbiniques, l'auteur, d'accord avec d'autres Occultistes Orientaux, doit préférer celle des Païens.

Ce n'est donc pas sur la Bibleque doivent porter nos recherches pour retrouver l'origine de la croix et du cercle, mais sur la période qui précède le Déluge. Aussi, pour en revenir à Eliphas Lévi et au Zohar, nous répondrons au nom des Occultistes Orientaux et nous dirons en mettant en pratique le principe, ils sont absolument d'accord avec Pascal, qui dit que :

Dieu   est  un   cercle   dont  le  centre  est   partout    et  la circonférence nulle part.

Tandis que les Cabalistes disent le contraire et ne le [IV 124] soutiennent qu'en raison de leur désir de voiler leur doctrine. La définition de la Divinité par un cercle, soit dit en passant, n'est pas du tout de Pascal, comme le pensait Eliphas Lévi. Cette définition fut empruntée par le philosophe français, soit à Mercure Trismégiste, soit à l'ouvrage latin du Cardinal Cusa, qui a pour titre De Doctâ Ignorantiâ et dans lequel elle est employée. De plus, cette définition est défigurée par Pascal, qui remplace les mots "Cercle Cosmique", que l'on trouve symboliquement dans l'inscription originale, par le mot Théos. Chez les anciens, les deux mots étaient synonymes.

 

A — Croix et Cercle

 

Dans l'esprit des anciens philosophes, quelque chose de divin et de mystérieux s'est toujours rattaché à la forme du cercle. Le monde antique, en cela d'accord avec son symbolisme et avec ses intuitions panthéistes, qui unifiaient l'Infini visible avec l'Infini invisible, représentait la Divinité, ainsi que son Voile – par un cercle. Cette fusion des deux en une unité et le nom de Théos donné indifféremment aux deux, se trouvent expliqués et deviennent ainsi encore plus scientifiques et philosophiques.  L'étymologie que  donne  Platon  du  mot  théos  (θεὸς),  a  été  exposée  ailleurs.  Dans  son Cratyle, il le fait dériver du verbe thé-ein (θέειν) "se mouvoir" comme le suggère  le  mouvement  des  corps  célestes  qu'il  rattache  à  la  Divinité. D'aprèsla Philosophie Esotérique, cette Divinité, durant ses "nuits" et ses "jours", ou Cycles de Repos et d'Activité, constitue l'Eternel Mouvement Perpétuel", "l'Incessant Devenir, ainsi que l'éternel Présent universel et le Toujours Existant". Ce dernier est l'abstraction fondamentale ; le premier constitue la seule conception possible pour l'esprit humain, s'il sépare cette Divinité  de  toute  apparence  ou  forme.  C'est  une  évolution  perpétuelle, incessante,  retournant,  au  cours  de  ses  incessants  progrès  à  travers  les æons de temps, vers son état d'origine – l'Unité Absolue.

Ce n'était qu'aux Dieux, inférieurs que l'on faisait porter les attributs symboliques des Dieux supérieurs. Ainsi, le Dieu Shoo, la personnification de Ra, qui apparaît comme le "Grand Chat du Bassin de Persœa dans An" 257, était souvent, représenté sur [IV 125] les monuments égyptiens, assis et tenant une croix, symbole des quatre Quartiers, ou des Eléments, rattachés à un cercle.

Dans le très savant ouvrage de Gerald Massey intitulé The Natural Genesis, on trouve, sous le titre de "Typology of the Cross", plus d'informations au sujet de la croix et du cercle, que dans tout autre ouvrage que nous connaissions. Celui qui désire avoir des preuves de l'antiquité de la croix est prié de se reporter à ces deux volumes. L'auteur dit :

Le cercle et la croix sont inséparables... La croix ansée réunit le cercle et la croix aux quatre coins. En raison de cette origine, le cercle et la croix devinrent parfois interchangeables. Par exemple, le Chakra, ou disque de Vishnou, est un cercle. Le nom dénote l'action de tourner en cercle, de tourner en rond, la périodicité, la roue du temps. Le dieu l'emploie comme une arme qu'il lance contre l'ennemi. Thor, lance de même son arme,  le Fylfot, une forme de la croix à quatre pieds (Svastika) et un type des quatre quartiers. Ainsi la croix équivaut au cercle de l'année. L'emblème de la roue unit la croix et le cercle, comme le font aussi le gâteau hiéroglyphique et le nœud d'Ankh ∝ 258.

De plus, le double glyphe n'était pas sacré pour le profane, mais seulement pour les Initiés. En effet, Raoul Rochette démontre que : 259

257 Voyez le Livre des morts, XVII, 45-47.

258 Op. cit., I. 421-422.

259 De la Croix Ansée, Mém. de l'académie des Sciences, pl. 2, N° 8, 9 et aussi 16, 2, p. 320 ; cité dans Natural Genesis, p. 423.

260 Vol. XVIII, p. 393, pl. 4 ; Inman, fig.38 ; Gerald Massey, op. cit., ibid, p. 422.

 

Le signe ♀ apparaît comme l'envers d'une monnaie phénicienne, avec un bélier sur la face... Le même signe, appelé parfois le Miroir de Vénus, parce qu'il typifiait la reproduction, était employé pour marquer l'arrière-train des précieuses juments poulinières de race corinthienne, ou d'autres belles races de chevaux.

Ceci prouve qu'à cette époque reculée la croix était déjà devenue le symbole de la procréation humaine et que l'oubli de l'origine divine de la croix et du cercle avait commencé.

Une autre forme de la croix est donnée d'après le Journal of the Royal Asiatic Society 260 :

A chacun des quatre coins, se trouve placé un quart d'arc d'une courbe oviforme et quand les quatre, sont réunis, ils forment un ovale ; la figure combine ainsi la croix avec le cercle autour, en quatre parties correspondant aux quatre pieds de, la croix. Les quatre [IV 126] segments répondent aux quatre pieds de la croix Svastika et au Filfot de Thon. La fleur de lotus à quatre feuilles de Bouddha est également figurée au centre de cette  croix, le lotus étant un type égyptien et hindou des quatre quartiers. Les quatre quarts d'arc formeraient, si on les réunissait, une ellipse et l'ellipse est aussi figurée, sur chaque bras de la croix. Cette ellipse indique donc la voie de la terre...

Sir J. Y. Simpson a  copié  le  spécimen  suivant  que nous reproduisons ici, comme la croix des deux équinoxes et des deux solstices, placés dans le tracé de la voie de la terre. La même figure ovoïde, ou en forme de bateau, apparaît parfois dans les dessins hindous, avec sept marches à chaque extrémité, comme une forme ou un mode de Mérou.

Tel est l'aspect astronomique du double glyphe. Il y a toujours six autres aspects et l'on peut tenter d'en interpréter quelques-uns. Le sujet est si vaste qu'il exigerait à lui seul de nombreux volumes.

Le plus curieux de ces symboles égyptiens de la croix et du cercle, mentionné dans l'ouvrage cité plus haut, est un symbole dont l'explication complète et la couleur finale dérivent de symboles aryens de même nature. L'auteur s'exprime ainsi :

La Croix aux quatre bras, n'est autre que la croix des quatre quartiers, mais le signe de la croix n'est pas toujours simple 261. C'est un type qui se développe en partant d'un point de départ que l'on peut identifier et qui fut adapté plus tard de façon à exprimer différentes idées. La croix la plus sacrée d'Egypte, que tenaient en leurs mains les Dieux les Pharaons et les morts momifiés, est, l'Ankh ☥ le signe de la vie, le vivant, un serment, l'alliance… Son sommet n'est autre que le Rou hiéroglyphe, placé droit sur la croix de Tau. Le Rou  est la porte, l'entrée, la bouche, l'issue. Ceci indique le lieu de naissance dans le quartier nord des cieux, où renaît le Soleil. En conséquence, le Rou du signe d'Ankh est le type féminin du lieu de naissance représentant le nord. C'était dans le quartier nord que la déesse des sept Etoiles, appelée la "Mère des Révolutions", donna naissance au temps dans le premier cycle de l'année. Le premier signe de ce cercle et cycle primordial fait dans le ciel, est la forme primitive de la croix d'Ankh ∝ une simple boucle, qui renferme à la fois un cercle et la croix dans une seule image. Cette boucle ou ce nœud est porté devant la plus ancienne génitrice, Typhon de la Grande Ourse, comme son Arch, l'idéographe d'une période, d'une terminaison, d'un temps, destiné à exprimer une révolution. Ceci représente donc le cercle décrit dans le Ciel du nord par [IV 127] la Grande Ourse et qui constituait la première année de temps, fait d'où nous concluons que la bouche ou Rou du Nord représente ce quartier, le lieu de naissance du temps, lorsqu'il est figuré par le symbole de Rou ou de l'Ankh. En vérité, ceci peut être prouvé. Le nœud est une Arche ou Rek servant de type pour compter. Le rou de la croix d'Ankh se continua dans l'R chypriote, ⍜ et dans le Ro copte, Р 262. Le Ro fut transporté dans la croix grecque ☧ qui est formée du Ro et du Chi ou R-K... le Rek ou Arche était le signe de tout commencement (Arche), par conséquent, et le nœud de l'Arche est la croix du Nord, la partie arrière du ciel 263.

261 Certainement pas : en effet. il y a souvent des symboles employés pour symboliser d'autres symboles et ceux-ci sont là leur tour employés comme idéographes.

Or, ceci aussi, est entièrement astronomique et phallique. La version pouranique des Indes expose toute la question sous un autre jour. Sans détruire l'interprétation ci-dessus, elle révèle une partie de ses mystères à l'aide de la clef astronomique et offre ainsi un exposé plus métaphysique. Le nœud d'Ankh ∝ n'appartient pas à l'Egypte seule, Il existe, sous le nom de Pâsha, une corde que le Shiva aux quatre bras tient dans la main de son bras droit d'arrière 264. Le Mahadéva est représenté dans l'attitude d'un ascète comme Mahâyogi, avec son troisième œil "qui n'est autre que le Rou placé verticalement sur la  croix de Tau", sous une autre forme, Le Pâsha est tenu dans la main de façon à ce que le premier doigt et la main, près du pouce, fassent la croix, ou la boucle et le croisement. Nos orientalistes voudraient qu'il représentât une corde servant à attacher les coupables récalcitrants, peut-être bien parce que Kâli, l'épouse de Shiva, a le même Pâsha pour attribut !

262 L'R des alphabets Slavonien et Russe (alphabet Kyriletza) est aussi la lettre P latin.

263 Ibid., p. 423.

264 Voyez le Hindû Pantheon de Moor, planche XIII.

 

Le Pâsha a ici un double sens, tout comme le Trisûla de Shiva et tous les autres attributs divins. Le double sens a trait à Shiva, car Roudra a certainement la même signification que la Croix Ansée Egyptienne, dans son sens cosmique et mystique. Dans la main de Shiva, le Pâsha tient du lingam et du yoni. Shiva, comme nous l'avons déjà dit, est un nom inconnu dans les Védas. C'est dans le Yajur Véda blanc qu'il apparaît pour la première fois comme le Grand Dieu, Mahâdéva, dont le symbole [IV 128] est le Lingam. Dans le Rig Véda, il est appelé Roudra le "hurleur", la Divinité à la fois bienfaisante et malfaisante, le Guérisseur et le Destructeur. Dans la Vishnou Pourâna, il est le Dieu qui jaillit du front de Brahmâ, qui se divise en mâle et femelle et il est le père des Roudras ou Marouts, dont la moitié sont brillants et doux et d'autres noirs et féroces. Dans les Védas, il est l'Ego Divin aspirant à retourner à son pur état déifique et c'est en même temps cet Ego Divin emprisonné dans une forme terrestre, dont les passions féroces font de lui le "rugissant", le "terrible". Ceci est bien prouvé dans la Brihadâranyaka Oupanishad, où les Roudras, les descendants de Roudra, Dieu du Feu, sont appelés les "dix souffles vitaux (prana, vie), avec le cœur (manas) comme onzième" 265, tandis qu'en qualité de Shiva, il est le destructeur de cette vie. Brahmâ l'appelle Roudra et lui donne, en outre, sept autres noms, signifiant sept autres formes de manifestation et aussi les sept pouvoirs de la nature qui ne détruisent que pour créer de nouveau, ou régénérer.

265 Voyez le Hindû Classical Dictionary de Dowson, sub voce "Roudra".

 

De sorte que le nœud cruciforme, ou Pâsha, qui est dans la main de Shiva, quand il est représenté comme un ascète, le Mahâyogin, n'a aucun sens phallique et il faut, en vérité, avoir une imagination  fortement orientée dans cette direction pour découvrir un pareil sens, même dans un symbole astronomique.

 En tant qu'emblème "de porte, d'entrée, de bouche, de sortie", il signifie la "porte étroite" qui conduit au Royaume du Ciel, bien plus que le "lieu de naissance" dans un sens physiologique.

C'est vraiment une croix et un cercle, et une Croix Ansée, mais c'est une croix sur laquelle doivent être crucifiées toutes les passions humaines, avant que le Yogi ne puisse franchir la "porte étroite", le cercle étroit, qui s'élargit en un cercle infini, aussitôt que l'Homme Interne a franchi le seuil.

Quant aux sept mystérieux Richis de la constellation de la Grande Ourse, si l'Egypte les a consacrés à "la plus ancienne génitrice, "Typhon", l'Inde a rattaché depuis des siècles ces symboles aux révolutions du Temps ou révolutions Youga et les Saptarishis se rattachent intimement à notre époque actuelle le sombre Kali Youga 266. Le grand Cercle du Temps,  sur la surface duquel la fantaisie indienne a représenté le Marsouin, ou Sishumâra, a la croix placée sur lui, en raison de la nature de [IV 129] ses divisions et de la localisation des étoiles, planètes et constellations. Dans la Bhâgavata Pourâna 267, il est dit :

A l'extrémité de la queue de cet animal, dont la tête est dirigée vers le sud et dont le corps a la forme d'un anneau (cercle), Dhrouva (l'ex-étoile polaire) est placée ; le long de sa queue sont Prajâpati, Agni, Indra, Dharma, etc. ; en travers de ses reins les sept Richis 268.

C'est donc le plus ancien symbole de la croix et du cercle formé par la Divinité, symbolisé par Vishnou, le Cercle Eternel du Temps sans limites, Kâla, sur le plan duquel se tiennent en croix tous les Dieux, toutes les créatures et toutes les créations dans l'Espace et dans le Temps – qui, suivant la Philosophie, meurent tous au Mahâpralaya.

266 Décrit dans la Mission des Juifs, par le marquis Saint-Yves d'Alveydre, l'hiérophante et le chef d'un vaste groupe de Cabalistes Français, comme étant l'Age d'Or !

267 V. XXIII.

268 Traduit d'après la traduction française de Burnouf, citée par Fitzédward Hall, dans la Vishnou Pourânade Wilson, II, 307.

 

En attendant, ce sont les sept Richis qui marquent le temps et la durée des événements dans notre cycle vital septénaire. Ils sont aussi mystérieux que leurs épouses supposées, les Pléïades, dont une seule – celle qui se cacha – s'est montrée vertueuse. Les Pléïades, ou Krittikâs, sont les nourrices de Kârttikeya, le Dieu de la Guerre (le Mars des Païens d'Occident), qui est appelé le Commandant des Armées Célestes, ou plutôt des Siddhas – Siddha-Sena (traduit par Yogis dans le Ciel et par Sages saints sur la Terre) – ce qui rendrait Kârttikeya identique à Michel, le "Chef des Légions Célestes" et, comme lui, un Koumâra, vierge 269. Il est vraiment le Gouha, l' "Etre mystérieux", autant que le sont les Saptarshis et les Krittikâs, les sept Richis et les Pléïades, car l'interprétation combinée de tous ceux-ci révèle à l'Adepte les plus grands mystères de la Nature Occulte. Un point mérite d'attirer l'attention dans cette question de la croix et du cercle, car il se rapporte fortement aux éléments du Feu et de l'Eau, qui jouent un si grand rôle dans le symbolisme de la croix et du cercle. De même que Mars, qu'Ovide représente comme né de sa mère Junon seule, sans l'intervention d'un père, ou de même que les Avatars (Krishna, par exemple) – en occident comme en Orient – Kârttikeya naît d'une façon plus miraculeuse encore, sans être conçu, ni par un père, ni par une mère, mais simplement de la semence de Roudra-Shiva, qui fut [IV 130] jetée dans le Feu (Agni), puis fut reçue par l'Eau (le Gange). Il est donc né du Feu et de l'Eau – un "garçon brillant comme Soleil et, beau comme la Lune". C'est pourquoi il est appelé Agnibhoû (fils d'Agni) et Gangâpoutra (fils du Gange). Ajoutez à cela le fait que les Krittikâ, ses nourrices, comme le prouve la Matsya Pourâna, sont présidées par Agni, ou, d'après les termes identiques, "les sept Richis sont sur la même ligne que  le brillant Agni" et, par suite, "Krittikâ a pour synonyme Agnéya" 270 – et le rapprochement est facile à suivre.

Ce sont donc les Richis qui marquent l'époque et les périodes du Kali Youga, l'âge du péché et des chagrins. Comme nous le dit la Bhâgavata Pourâna :

Lorsque la splendeur de Vishnou, appelée Krishna, s'en alla au ciel, alors que le Kali Youga, l'âge durant lequel les hommes se délectent dans le péché, envahit le monde.

 269 D'autant plus qu'il est réputé être le meurtrier de Tripourâsoura et du Titan Târaka. Michel est le vainqueur du Dragon et Indra Kârttikéya sont souvent représentés comme identiques.

270 Ibid., IV, 235.

 

Lorsque les sept Richis se trouvaient dans Maghâ, l'âge Kali, qui comprend 1.200 années (divines), (432.000 années communes), commença et lorsque, quittant Maghâ, ils atteindront Poûrvâshâdhâ, cet age Kali atteindra son plein développement, sous Nanda et ses successeurs 271.

C'est la révolution des Richis.

Lorsque les deux premières étoiles des sept Richis (la Grande Ourse) se lèvent dans les cieux et qu'un astérisme lunaire est visible la nuit, à une égale distance entre elles, alors les sept Richis restent stationnaires dans cette conjonction pendant cent ans.

Ainsi qu'un ennemi de Nanda le fait dire à Parâshara. Suivant Bentley, ce fut pour démontrer l'importance de la précession des équinoxes, que cette notion prit naissance parmi les astronomes.

Elle reposait sur la conception d'une ligne imaginaire, ou grand cercle, passant par les pôles de l'écliptique et le commencement du Maghâ fixe, et ce cercle était supposé couper quelques-unes des [IV 131] étoiles de la Grande Ourse… Les sept étoiles de la Grande Ourse étant appelées les Richis, le cercle ainsi conçu fut appelé la ligne Richis et comme il était invariablement fixé au commencement l'astérisme lunaire Maghâ, on pouvait calculer la précession en notant comme index le degré, etc., de toute maison lunaire mobile coupée par cette ligne ou cercle 272.

271 Op. cit., XII, II, 26-32 ; cité dans la Vishnou Pourâna, trad. de Wilson, IV. 230. Nanda est le premier souverain bouddhiste, Chandragoupta, contre lequel tous les Brahmanes étaient tellement soulevés : il était de la Dynastie Morya et grand-père d'Asoka. C'est là l'un des passages qui n'existent pas dans les manuscrits pouraniques primitifs. Ils furent, ajoutés par les Vaishnavas, qui, par haine de sectaires, furent presque d'aussi grands interpolateurs que les Pères Chrétiens.

272 Historical View of the Hindû Astronomy, p. 65, suivant la citation de Wilson, op. cit., p. 253.

 

Il y a eu et il existe encore, au sujet de la chronologie des Hindous, des controverses en apparence interminables. Voici toutefois un point qui pourrait aider à déterminer – au moins approximativement – l'époque à laquelle commencèrent le symbole des sept Richis et leurs rapports avec les Pléiades. Lorsque Kârttikeya fut remis par les Dieux aux Krittikâ pour être nourri, elles n'étaient que six, aussi Kârttikeya est-il représenté avec six tètes, mais lorsque l'imagination poétique des premiers symbologues Aryens fit d'elles les épouses des sept Richis, elles étaient sept. On connaît leurs noms qui sont, Amba, Doulâ, Nitatoui, Abrayanti, Maghâyanti, Varshayanti et Choupounika. Il y a cependant d'autres séries de noms qui diffèrent. En tout cas, sept Richis furent représentés comme épousant les sept Krittikâ avant la disparition de la septième Pléïade. Autrement, comment les astronomes hindous pourraient-ils parler dune étoile que personne ne peut voir sans l'aide des plus puissants télescopes ? C'est pour cette raison, peut-être, que dans tous les cas de ce genre, la majorité des événements décrits dans les allégories des Hindous, sont classés comme "de très récentes inventions, ne remontant certainement pas au delà de l'ère chrétienne".

Les plus antiques manuscrits sanscrits sur l'astronomie commencent leur série de Nakshatras, les vingt-sept astérismes lunaires, par le signe de Krittikâ et il en résulte que l'on ne peut guère leur assigner une date plus récente que celle de 2780 ans avant J.-C. Ceci s'accorde avec le "Calendrier Védique" qui est accepté même par les Orientalistes, bien que ceux-ci tournent la difficulté en disant que ce Calendrier ne prouve pas que les Hindous connussent l'Astronomie à cette date et ils assurent à leurs lecteurs, qu'en dépit des calendriers, les Pandits Indiens peuvent avoir acquis des Phéniciens leur connaissance des maisons lunaires en tête desquelles se trouve Krittikâ, etc. Quoi qu'il en soit, les Pléïades constituent le groupe central du système de symbolisme sidéral. Elles sont situées dans le cou de la constellation – [IV 132] du Taureau, considérée par Madler et par d'autres astronomes, comme le groupe central du système de la Voie Lactée et par la Cabaleet l'Esotérisme  Oriental, comme le Septennat Sidéral né du premier côté manifesté du triangle supérieur, le L caché. Ce côté manifesté, c'est le Taureau, le symbole de l'UN (le chiffre 1), ou de la première lettre de l'alphabet Hébreu, Aleph (א) "taureau" ou "bœuf", dont la synthèse est Dix (10), ou Yod (י), la lettre parfaite et le nombre parfait. Les Pléïades (particulièrement Alcyone) sont donc considérées, même en astronomie, comme le point central autour duquel tourne notre univers d'étoiles fixes, comme le foyer d'où sort et dans  lequel  rentre  le  souffle  Divin,  le  Mouvement,  dans son travail incessant durant le Manvantara. Aussi, parmi les symboles sidéraux de la Philosophie Occulte, est-ce ce cercle, avec la croix étoilée sur sa surface, qui joue le rôle le plus en vue.

La Doctrine Secrète nous enseigne que tout ce qui se trouve dans l'Univers, ainsi que l'Univers lui-même, est formé ("créé") durant ses manifestations périodiques dans le monde phénoménal – par  le mouvement accéléré mis en activité par le Souffle de la Puissance qui doit rester à jamais inconnue –inconnue pour l'humanité actuelle, tout  au moins. L'Esprit de la Vie et de l'Immortalité était symbolisé partout par un cercle ; par suite, le serpent qui se mord la queue représente le Cercle de la Sagesse dans l'Infini, tout comme la croix astronomique – la croix inscrite dans un cercle – et le globe ailé que devient ensuite le Scarabée sacré des Egyptiens et dont le nom même suggère l'idée secrète qui s'y rattache. En effet, dans les papyrus égyptiens, le Scarabée est appelé Khopirron et Khopri, du verbe khopron "devenir" et a été ainsi choisi comme symbole et comme emblème de la vie humaine et de ce que "devient" successivement l'homme, au cours des pérégrinations diverses et des métempsychoses ou réincarnations de l'âme libérée. Ce symbole mystique démontre clairement que les Egyptiens croyaient à la réincarnation et aux vies et existences successives de l'Entité Immortelle. Toutefois, comme c'était une doctrine Esotérique, révélée aux Candidats durant les mystères seulement, par les Prêtres Hiérophantes et les Rois Initiés, on la gardait secrète. Les Intelligences Incorporelles (les Esprits Planétaires ou Puissances Créatrices) étaient toujours représentées sous la forme de cercles. Dans la Philosophie primitive des Hiérophantes, ces cercles invisibles étaient les causes et les constructeurs prototypiques de tous les orbes célestes, qui constituaient les corps ou enveloppes visibles dont ils étaient les [IV 133] âmes. Dans l'antiquité, c'était certainement un enseignement universel 273. Comme le dit Proclus :

Avant les nombres mathématiques, il y a les nombres auto-moteurs ; avant les figures apparentes – les figures vitales, et avant de produire les mondes matériels, qui se meuvent en cercle, la Puissance Créatrice produisit les cercles invisibles 274.

"Deus enim et circulus est", dit Phérécyde dans son Hymne à Jupiter. C'était un axiome hermétique et Pythagore prescrivait une prosternation et une posture circulaire de ce genre, pendant les heures de contemplation. "Le dévot doit se rapprocher le plus possible de la forme d'un cercle parfait", dit le Livre Secret. Numa essaya de répandre la même coutume parmi le peuple, dit Pierius à ses lecteurs et Pline dit :

Durant notre adoration, nous enroulons pour ainsi dire notre corps en anneau – totum corpus circumagimur 275.

La vision du prophète Ezéchiel rappelle fortement ce mysticisme du cercle, lorsqu'il vit un "tourbillon" d'où sortit "une roue sur la terre" dont le travail "était en quelque sorte celui d'une roue au milieu d'une roue" – "car l'esprit de la créature vivante était dans les roues" 276.

"[L'Esprit] tourbillonne sans cesse et... revient de nouveau en suivant ses circuits" – dit Salomon 277, auquel, dans la traduction [IV 134] anglaise, on fait parler du "vent" et qui dans le texte original, fait allusion à l'esprit et au Soleil, à la fois. Mais le Zohar, la seule vraie traduction littérale du Prédicateur Cabalistique, dit – pour expliquer ce verset, qui est peut-être vague et difficile à comprendre – :  Il semble dire que le Soleil se meut en circuits, tandis qu'il a trait à L'Esprit sous le Soleil, appelé le Saint- Esprit, qui se meut circulairement, vers les deux côtés, afin qu'ils (Lui et le Soleil) soient unis dans la même essence 278.

273 Voyez Ezéchiel, I.

274 In. Quint. Lib. Euclid.

275 La déesse Basht, ou Pasht, était représentée avec une tête de chat. En Egypte, cet animal était considéré comme sacré pour plusieurs raisons. C'était un symbole de la Lune, "l'Œil d'Osiris", ou le "Soleil" pendant la nuit. Le chat était aussi consacré à Sokhit. Une des raisons mystiques de ce fait était que son corps se trouvait roulé en cercle pendant le sommeil. Cette posture est prescrite dans un but occulte et magnétique, afin de régulariser, d'une certaine manière, la circulation du fluide vital, dont le chat est éminemment pourvu. "Les neufs vies d'un chat" est un dicton populaire basé sur de bonnes raisons physiologiques et occultes. M. Gerald Massey en donne aussi une raison astronomique que l'on peut trouver dans le Vol. II de cet ouvrage, p. 3 : "Le chat voyait le Soleil, l'avait dans ses Yeux la nuit (était l'œil de la nuit), alors qu'il était invisible pour les hommes (de même que la lune reflète la lumière du Soleil, le chat était supposé la refléter à cause de ses yeux phosphorescents). Nous pouvons dire que la Lune réfléchissait la lumière solaire, parce que nous avons des miroirs. Pour eux l'œil du chat était le miroir". (Luniolatry Ancient and Modern, p. 2)

276 Ezéchiel, I. 4, 15, 16, 20.

277 Eccles., I, 6.

278 Fol. 87, col. 346.

 

"L'Œuf d'Or" Brahmanique, du sein duquel émerge Brahmâ, la Divinité Créatrice, est le "Cercle avec le Point Central" de Pythagore et son symbole bien approprié. Dans la Doctrine Secrète, l'Unité cachée – qu'elle représente Parabrahman, ou le "Grand Extrême" de Confucius,  ou la Divinité cachée par Phtah la Lumière Eternelle, ou encore l'Ain Suph juif, est toujours symbolisée par un cercle ou par le "zéro" (le Rien absolu, parce qu'elle est l'Infini et le Tout), tandis que le Dieu manifesté (par ses œuvres) est désigné par le diamètre de ce Cercle. Le symbolisme de l'Idée latente est ainsi rendu évident : la ligne droite passant par le centre d'un cercle possède, au point de vue géométrique, la longueur, mais n'a ni largeur, ni épaisseur ; c'est un symbole féminin imaginaire qui traverse l'éternité et qui est amené à se reposer sur le plan d'existence du monde phénoménal. Il possède une dimension, tandis que le cercle n'en possède pas, ou, pour employer un terme algébrique, c'est la dimension d'une équation. Une autre manière de symboliser l'idée se trouve dans la Décade sacrée de Pythagore, qui synthétise dans le double nombre Dix (l'un et un cercle, ou zéro), le Tout Absolu se manifestant par le Verbe, ou la Puissance Génératrice de Création.

 

B — La chute de la Croix dans la matière

 

Ceux qui seraient disposés à discuter ce symbole de Pythagore en faisant observer que l'on ne sait pas encore à quelle époque de l'antiquité le zéro est apparu pour la première fois – surtout aux Indes – sont invités à se reporter à Isis dévoilée 279. [IV 135]

279 Vol. III, 403 et seqq.

 

Même en admettant, dans l'intérêt de la discussion, que le monde ancien ignorât nos méthodes de calculs et nos chiffres arabes – bien qu'en réalité nous sachions le contraire – l'idée du cercle et du diamètre n'en serait pas moins là pour établir que ce fut le premier symbole en Cosmogonie. Avant les Trigrammes de Fo-Hi, Yang, l'unité et Yin, le binaire Yang Yun assez habilement expliqué par Eliphas Lévi 280, la Chine avait son Confucius et ses Taoïstes. Le premier inscrit le "Grand Extrême" dans un cercle traversé par une ligne horizontale ; les derniers placent trois cercles concentriques au-dessous du grand cercle, tandis que les Sages Sung représentaient le "Grand Extrême" dans un cercle supérieur et le Ciel et la Terre dans deux cercles inférieurs et plus petits. Les Yangs et les Yins sont des inventions bien plus récentes. Platon et son école ne se représentèrent jamais autrement la Divinité, malgré les nombreuses épithètes que Platon appliquait au "Dieu au-dessus de tout" (ό έπὶ πα̃σι θεός). Platon en sa qualité d'Initié, ne pouvait admettre un Dieu personnel – une ombre gigantesque de l'homme. Ses épithètes de "Monarque" et de "Législateur de l'Univers" ont un sens abstrait, fort bien compris par les occultistes, qui, non moins que tout Chrétien, croient, à une Loi Unique qui gouverne l'Univers et reconnaissent en même temps qu'elle est immuable. Comme le dit Platon :

Au-delà de toutes les existences limitées et de toutes les causes secondaires, de toutes les Lois, de toutes les idées et  de  tous  les  principes,  il  existe  une  Intelligence  ou Mental  (νου̃ς),  premier  principe  de  tous  les  principes, idée  suprême  sur  laquelle  sont  basées  toutes  les  autres idées... substance ultime d'où toutes les choses tirent leur être  et  leur  essence,  Cause  Première  et  efficace  de  tout l'ordre et de toute l'harmonie, de toute la beauté, de toute l'excellence et de toute la bonté, qui pénètre l'Univers.

Ce Mental est appelé, en raison de sa prééminence et de son excellence, le Bien Suprême 281, "le Dieu" (ό Θεός) et le "Dieu au-dessus de tout". Ces mots ne s'appliquent, comme le démontre Platon    lui-même, ni au "Créateur", ni au "Père" de nos Monothéistes modernes, mais à la Cause Idéaleet [IV 136] Abstraite. Comme il le dit, en effet : "Ce θεός ce Dieu au-dessus de tout, n'est pas la vérité ou l'intelligence, mais son Père" et sa Cause Première. Est-ce Platon, le plus grand élève des Sages archaïques, lui-même un Sage, pour lequel la vie n'a qu'un seul but – atteindre le Vrai Savoir – est-ce Platon qui aurait jamais pu admettre une Divinité qui maudit les hommes et les damne à jamais, en réponse à la moindre des provocations ? 282 Ce n'est certes pas lui qui ne considérait comme de véritables philosophes et de véritables chercheurs de la vérité, que ceux qui possédaient la connaissance du réellement existant, par opposition à ce qui paraît simplement l'être ; du toujours existant par opposition au transitoire et de ce qui existe d'une façon permanente par opposition à ce qui grandit, disparaît et est alternativement développé et détruit 283. Speusippe et Xénocrate marchèrent sur ses traces, L'Unique, l'original, n'avait pas d'existence, au sens que les mortels donnent à ce mot, le τίµον (l'honoré) habite aussi bien au centre que sur la circonférence, mais ce n'est que le reflet de la Divinité – de l'Ame du monde 284 – le plan de la surface du cercle. La croix et le cercle sont une conception universelle – aussi ancienne que le mental humain lui-même. On les trouve en tête de la liste de la longue série de ce qu'on pourrait appeler les symboles internationaux, qui exprimaient très souvent de grandes vérités scientifiques, sans parler de leurs rapports directs avec les systèmes psychologiques et même physiologiques.

280 Dogme et Rituel de la Haute Magie, I. 124. Aussi dans Tsang-t-ung-ky par Wei-Pa-Yang.

281 Christianity and Greek Philosophy, de Cocker, XI, p. 377.

282  Le cri de désespoir poussé par le Comte de Montlosier, dans ses Mystères de la Vie Humaine (p.

117) est un garant que la Cause de "l'excellence et de la bonté" qui, d'après Platon, imprégnait l'univers, n'est ni sa Divinité, ni notre Monde. Au spectacle de tant de grandeur opposé à celui de tant de misère, l'esprit qui se met à observer ce vaste ensemble, se représente je ne sais quelle grande divinité, qu'une divinité plus grande et plus Puissante encore, aurait comme brisée et mise en pièces, en dispersant les débris dans tout l'univers". La "divinité plus grande et plus puissante encore" que le Dieu de ce monde – supposé être si "bon" – n'est autre que Karma. Et cette vraie Divinité montre bien que l'inférieure, notre Dieu intime (personnel pour le moment), n'a aucun pouvoir pour arrêter la main puissante de la Divinité plus haute – de la Cause éveillée par nos actions générant de plus petites causes – et que l'on appelle la Loi de Rétribution.

283 Voyez Isis Dévoilée, II, 176.

284 Stobée, Ecl. I. 862.

 

On n'explique rien en se bornant à dire, comme le fait Eliphas Lévi, que Dieu, l'Amour Universel, ayant fait creuser par l'Unité mâle un abîme dans le Binaire femelle, ou Chaos, produisit ainsi le monde. Outre que la conception est très grossière, elle ne résout pas la difficulté qu'on éprouve à la concevoir, [IV 137] sans perdre toute vénération pour les procédés par trop humains de la Divinité. C'est pour éviter toute conception anthropomorphe de ce genre, que les Initiés n'employaient jamais le mot "Dieu" pour désigner le Principe Unique et Sans second de l'Univers et que –   fidèles en cela aux plus antiques traditions de la Doctrine Secrète dans le monde entier – ils niaient qu'un travail aussi imparfait et souvent assez impur, pût jamais être produit par la Perfection Absolue. Il est inutile de mentionner ici d'autres difficultés métaphysiques encore plus grandes. Entre l'Athéisme spéculatif et l'Anthropomorphisme idiot, il doit exister un juste milieu philosophique et une conciliation. La Présence du Principe Invisible dans toute la Nature et sa plus haute manifestation sur la Terre – l'Homme, peuvent seules nous aider à résoudre le problème, qui est celui d'un mathématicien dont l'x doit toujours éluder l'atteinte de notre algèbre terrestre. Les Hindous ont tenté de le résoudre par leurs Avatars, les Chrétiens croient qu'ils l'ont résolu – par leur unique Incarnation divine. Au point de vue Exotérique – tous les deux ont tort ; au point de vue Esotérique – tous les deux approchent la vérité de très près. Seul, parmi les Apôtres de la religion Occidentale, Paul semble avoir compris – sinon révélé – le mystère archaïque de la croix. Quant à tous les autres qui, en crucifiant et en individualisant la Présence Universelle, l'ont synthétisée en un seul symbole – le point central du crucifix – ils prouvent par-là qu'ils n'ont jamais compris le véritable esprit de l'enseignement du Christ, mais qu'ils l'ont plutôt dégradé, de plus d'une façon, par leurs interprétations erronées. Ils ont oublié l'esprit de ce symbole universel et l'ont monopolisé avec égoïsme – comme si l'Illimité et l'Infini pouvait jamais être limité et conditionné en une seule manifestation individualisée en un seul homme, ou même en une seule nation !

Les quatre bras de la X ou croix décussée et ceux de la croix Hermétique, dirigés vers les quatre points cardinaux – étaient bien compris par les intelligences mystiques des Hindous, Brahmanes et Bouddhistes, plusieurs centaines d'années avant que l'on n'en entendît parler en Europe, attendu que ce symbole a été et est encore rencontré dans le monde  entier.

Ils replièrent les extrémités de la croix et en firent leur Svastika, qui est maintenant la baguette magique du Bouddhiste Mongolien 285. Elle implique que le point central" n'est pas limité à [IV 138] un seul  individu si parfait qu'il soit : que le Principe (Dieu) est dans l'Humanité et que l'Humanité, comme tout le reste, est en Lui, comme les gouttes d'eau sont dans l'océan, les quatre extrémités étant dirigées vers les quatre points cardinaux et, par suite, se perdant dans l'infini.

Isarim, un Initié, passe pour avoir trouvé à Hébron, sur le corps mort d'Hermès, la Table d'Emeraude si connue, qui, dit-on, contenait l'essence de la Sagesse Hermétique. En d'autres phrases, on lisait gravées sur elle :

Sépare la Terre du feu, le subtil du grossier...

Monte... de la Terre au Ciel, puis redescends de nouveau sur la Terre.

L'énigme de la croix est renfermée dans ces mots et son double système est résolu – pour l'occultiste.

La croix philosophique, les deux lignes suivant des directions opposées, l'horizontale et la perpendiculaire, la hauteur et la largeur, que la Divinité qui fait de la géométrie divise au point d'intersection et qui forme le quaternaire magique, tout comme le quaternaire scientifique, lorsqu'elle est inscrite dans le carré parfait, est la base de l'Occultiste. Dans ses limites se trouve la clef maîtresse qui ouvre la porte de toutes les sciences, tant physiques que spirituelles. Elle symbolise notre existence humaine, car le cercle de la vie circonscrit les quatre pointes de la croix, qui représente successivement, la naissance, la vie, la mort et l'immortalité 286.

"Attache-toi, dit l'Alchimiste, aux quatre lettres du tétragramme, disposées de la façon suivante. Les lettres du nom ineffable sont là, bien que tu puisses ne pas les discerner tout d'abord. L'axiome impossible à communiquer y est cabalistiquement contenu et  c'est là ce que les maîtres appellent l'arcane magique" 287.

285 La Svastika est certainement un des plus antiques symboles des Anciennes Races. Durant notre siècle, dit Kenneth R. H. Mackenzie (Royal Masonic Cyclopoedia), la Svastika "a survécu sous la forme du maillet" dans la Fraternité Maçonnique. Parmi les "significations" données par "l'auteur. nous ne trouvons pas la plus importante, les Maçons ne la connaissant évidemment pas.

286 Isis Dévoilée, II. 306.

287 Ibid., II, 302.

288 Ibid., II, 394.

289 Ezéchiel, IX. 4.

 

Et encore :

Le Tau Τ et la croix astronomique d'Egypte Å sont visibles dans plusieurs ouvertures des ruines  de Palenqué. Dans un des bas reliefs du Palais de Palenqué, du côté ouest, on voit un Tau sculpté comme un hiéroglyphe juste au-dessous du personnage assis.  Le [IV 139] personnage debout, qui se penche au-dessus du premier, est représenté au moment où il couvre sa tête de la main gauche, avec le voile de l'initiation, tandis qu'il avance la droite avec l'index et le médius dirigés vers le ciel. C'est précisément l'attitude d'un évêque chrétien qui donne sa bénédiction, ou celle dans laquelle Jésus est souvent représenté durant les dernières Agapes 288.

L'Hiérophante égyptien avait une coiffure carrée qu'il devait toujours porter lorsqu'il remplissait ses fonctions. Ces coiffures carrées sont portées jusqu'à présent par les prêtres arméniens. Le Tau parfait – formé de la ligne perpendiculaire (rayon mâle descendant) et la ligne horizontale (Matière, principe femelle) – et le cercle du monde, étaient les attributs d'Isis, et ce n'était qu'à la mort que la croix égyptienne était placée sur la poitrine de la momie. La prétention de considérer la croix comme un symbole purement chrétien, introduit après notre ère, est vraiment étrange, lorsque nous voyons Ezéchiel imprimer le signum Thau sur le front des hommes de Juda qui craignaient le Seigneur 289, ainsi que l'indique la traduction de la Vulgate. Dans l'Hébreu antique, ce signe était ainsi tracé, mais dans lés hiéroglyphes égyptiens originaux, il était tracé comme une  croix  parfaite chrétienne (Tat, l'emblème de la stabilité). Dans l'Apocalypse aussi, "l'Alpha et l'Oméga", l'Esprit et la Matière, le premier et le dernier, imprime le nom de son père sur le front des élus. Moïse 290 ordonne aux hommes de son peuple de marquer les montants et  les linteaux de leurs portes avec du sang, de peur que le "Seigneur Dieu" ne vint à se tromper en frappant quelqu'un de son peuple élu, au lieu des Egyptiens condamnés. Et cette marque est un Tau ! – identiquement la croix ansée égyptienne, talisman avec la moitié duquel Horus ressuscitait les morts, comme le prouvent des sculptures sur une des ruines de Philae.

On en a dit assez dans le texte au sujet de la Svastika et du Tau. En vérité, l'on peut retrouver les traces de la croix jusque dans les profondeurs des insondables époques archaïques ! Le mystère qui l'enveloppe s'épaissit, plutôt qu'il ne s'éclaircit, lorsque nous la retrouvons sur les statues de l'Ile de Pâques, dans l'antique Egypte, dans l'Asie Centrale, gravée sur le roc, sous forme de Tau et de Svastika, dans la Scandinavie Pré-Chrétienne, partout enfin ! L'auteur de Source of Measures reste perplexe, en présence de l'Ombre sans fin qu'elle projette sur [IV 140] l'antiquité et il est incapable d'en faire remonter l'origine à une nation particulière ou à un homme donné. Il démontre que les Targums transmis par les Hébreux, sont obscurcis par la traduction. Dans Josué 291 lu en arabe et dans le Targum de Jonathan ; il est dit "Il crucifia le roi Ai sur un arbre."

La traduction de la Version des Septantes est suspendue pour un double mot ou une croix (Wordsworth sur Josué)... La plus étrange expression de ce genre se trouve dans les Nombres (XXV, 4) où elle est traduite, par Onkélos (?) par : "Crucifie-les devant le Seigneur (Jéhovah) contre le Soleil". Le mot est ici עקת, clouer sur, traduit avec raison (Fuerst) par la Vulgate, par crucifier. La construction même de cette phrase est mystique 292.

C'est ainsi, mais l'esprit de la phrase a toujours été mal compris. "Crucifier devant (non pas contre) le Soleil" est la phrase employée dans l'Initiation. Elle vient d'Egypte et, primitivement, des Indes. L'énigme ne peut être déchiffrée qu'en en cherchant la clef dans les Mystères de l'Initiation. L'Adepte Initié, qui avait subi avec succès toutes les épreuves, était attaché, non pas cloué, mais simplement lié, sur une couche en forme de  Tau  (T)  en  Egypte ;  en  forme  de  Svastika  sans  les prolongements additionnels (+ et non ) aux Indes,  puis  plongé  dans  un profond sommeil – le "Sommeil de Siloam" comme l'appellent jusqu'à présent les Initiés de l'Asie Mineure, de la Syrie et même de la Haute-Egypte. Il était laissé dans cet état pendant trois jours et trois nuits, période pendant laquelle son Ego Spirituel était considéré comme "causant" avec les "Dieux", comme descendant dans le Hadès, l'Amenti, ou Pâtâla –  suivant le pays – et comme accomplissant des œuvres charitables en faveur des Etres invisibles, Ames d'hommes ou Esprits Elémentaux ; pendant tout ce temps son corps restait dans la crypte d'un temple ou dans une caverne souterraine. En Egypte, ce corps était placé dans le Sarcophage de la Chambre du Roi de la Pyramide de Chéops et, pendant la nuit  qui précédait le troisième jour, il était transporté à l'entrée de la galerie, où, à une certaine heure, les rayons du Soleil levant éclairaient la figure du Candidat en catalepsie, qui s'éveillait pour être initié par Osiris et Thot, le Dieu de Sagesse.

290 Exode, XII, 22.

291 VII, 29.

292 Op. cit., p. 204.

 

Que le lecteur  qui  met  ce  récit  en  doute  consulte  les  originaux [IV 141] Hébreux, avant de nier. Qu'il se reporte à quelques bas-reliefs égyptiens très suggestifs et, spécialement, à l'un de ceux qui se trouvent dans le temple de Philae et qui représente une scène de l'Initiation. Deux Dieux-Hiérophantes, l'un avec une tête de faucon (le Soleil), l'autre avec une tête d'Ibis (Mercure, Thot, le Dieu de Sagesse et du Savoir Occulte, l'assesseur d'Osiris-Soleil), se tiennent au-dessus du corps d'un Candidat qui vient d'être initié. Ils sont en train de verser sur sa tête un courant d' "Eau" (l'Eau de la Vie et de la Renaissance) et les courants sont entrelacés en forme de croix et pleins de petites croix ansées. C'est une allégorie du réveil du Candidat, qui est désormais un Initié, lorsque les rayons du Soleil du matin, Osiris, frappent le sommet de sa tête ; son corps en catalepsie étant placé sur son Tau de bois, de façon à recevoir les rayons. Alors apparaissaient les Hiérophantes-Initiateurs et les paroles sacramentelles étaient prononcées, ostensiblement adressées au Soleil- Osiris, mais, en réalité, à l'Esprit-Soleil interne, illuminant l'homme nouvellement né.

 Que le lecteur médite sur le rapprochement entre le Soleil et la croix, dès la plus haute antiquité, dans sa double capacité génératrice et spirituellement régénératrice. Qu'il examine la tombe de Baite-Oxly, sous le règne de Ramsès II, et il y découvrira des croix de toutes les formes et dans toutes les positions, de même que sur le trône de ce souverain et enfin sur un fragment provenant de la Salle des Ancêtres de Touthmès III et représentant l'adoration de Bagkan-Aléaré, qui se trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris. Cette sculpture et cette peinture extraordinaires représentent le disque du Soleil rayonnant sur une croix ansée, placée elle- même sur une croix dont celles du Calvaire sont de parfaites copies. Les manuscrits en font mention comme des "rudes couches de ceux qui étaient en travail (spirituel) dans l'acte de se donner naissance à eux-mêmes". Une quantité de ces "couches" cruciformes, sur lesquelles les Candidats, plongés dans une profonde catalepsie à la fin de leur suprême Initiation, étaient placés et fixés, furent découvertes dans les salles souterraines des temples égyptiens, après leur destruction. Les vénérables et saints Pères du type de Cyrille et de Théophile en faisaient librement usage, pensant qu'elles avaient été apportées et cachées là par de nouveaux convertis. Origène seul et après lui Clément d'Alexandrie et d'autres ex-initiés, en savaient davantage, mais ils préférèrent garder le silence.

Que le lecteur lise aussi les "fables" hindoues, comme les [IV 142] appellent les Orientalistes et qu'il se souvienne de l'allégorie de Vishvakarmâ, la Puissance Créatrice, le Grand Architecte du Monde, appelé dans le Rig Véda, le "Dieu qui voit tout", qui "se sacrifie à lui- même". Les Egos Spirituels des mortels sont sa propre essence et, par suite, ne font qu'un avec lui. Souvenez-vous qu'il est appelé Déva- vardhika, le "constructeur des Dieux" et que c'est lui qui attache le Soleil, Soûrya, son beau-fils, sur son tour – dans l'allégorie exotérique, mais sur la Svastika dans la tradition Esotérique, car, sur la Terre, il est le Hiérophante-Initiateur – et tranche une partie de son éclat. Vishvakarmâ, souvenez-vous en aussi, est le fils de Yoga-siddhâ, c'est-à-dire du saint pouvoir de la Yoga et le fabricant de "l'arme flamboyante", de la magique Agneyâstra 293. Le récit est donné ailleurs d'une façon plus complète.

293 Voyez le Hindû Classical Dictionary de Dowson.

 

L'auteur de l'ouvrage cabalistique si souvent cité, s'exprime ainsi :

 L'emploi théorique du crucifiement doit donc avoir certains rapports avec la personnification de ce symbole (la structure du Jardin du Paradis symbolisée par un homme crucifié). Mais comment ? Et pour représenter quoi ? Le symbole était celui de l'origine des mesures, laissant vaguement apparaître la loi créatrice et le dessein. Que pouvait pratiquement indiquer le réel crucifiement, en ce qui concerne l'humanité ? Cependant, le fait qu'il était considéré comme l'effigie d'une mystérieuse action du même système, résulte de l'emploi même que l'on en faisait. La mystérieuse action de ces valeurs numériques, semble se dissimuler dans des abîmes de plus en plus profonds – (le symbole des rapports qui existent entre 113 : 355 et 6561 : 20612 représenté par un homme crucifié). Non seulement il est démontré que leur action s'exerce dans le cosmos, mais... par sympathie, elles semblent faire naître des conditions se rapportant à un monde invisible et Spirituel et les prophètes paraissent avoir reçu la connaissance des liens qui s'y rattachent. La réflexion paraît plus pénétrante lorsque l'on considère que la puissance d'expression exacte de la loi, au moyen de nombres définissant clairement un système, ne fut pas le  résultat d'un accident de langage, mais constituait son essence même et sa construction organique primordiale.  C'est pourquoi, ni le langage, ni le système mathématique qui s'y rattache, n'ont dû être inventés par l'homme à moins d'être tous deux basés sur un langage antérieur qui plus tard tomba en désuétude 294.

L'auteur en donne la preuve par des explications complémentaires et révèle la signification secrète du sens littéral de plus [IV 143] d'un récit, en établissant que, probablement, שיא, homme, fut le mot primordial :

Le tout premier mot possédé par les Hébreux, quels qu'ils fussent, pour suggérer, au moyen du son, l'idée d'un hommeL'essentiel de ce mot était 113 (la valeur numérique de ce mot) dés le début et comportait les éléments du système cosmique manifesté 295.

294 The Source of Measures, p. 204.

295 Ibid., p. 205.

296 Voyez le Hindû Pantheon de Moor, où le pied gauche de Vittoba porte, dans la représentation de son idole la marque des clous.

 

Ceci est établi par le Vittoba hindou, une forme de Vishnou, comme nous l'avons déjà exposé. La figure qui représente Vittoba jusque et y compris les marques des clous sur les pieds 296, est celle de Jésus crucifié, dans tous ses détails, sauf la croix.

Ce qui prouve une fois de, plus que cette figure représentait l'homme, c'est le fait que l'Initié renaissait après son crucifiement sur l'Arbre de la vie. Cet "arbre" – en raison de son emploi par les Romains comme d'un instrument de torture et par suite de l'ignorance des premiers organisateurs chrétiens est exotériquement devenu l'arbre de la mort.

Ainsi, l'un des sept sens Esotériques que sous-entendait ce mystère de crucifiement, dans l'esprit des inventeurs mystiques de ce système – et dont l'élaboration et l'adoption remontent à l'époque même de l'institution des Mystères – est découvert dans les symboles géométriques contenant l'histoire de l'homme. Les Hébreux – dont le prophète Moïse était si versé dans la Sagesse Esotérique de l'Egypte et qui empruntèrent leur système numérique aux Phéniciens et plus tard aux Gentils, auxquels ils empruntèrent aussi la majeure partie de leur Mysticisme Cabalistique – adaptèrent très ingénieusement les symboles cosmiques et anthropologiques des nations "Païennes" à leurs propres  traditions secrètes. Si la classe sacerdotale chrétienne a aujourd'hui perdu la clef de ceci, les premiers compilateurs des Mystères Chrétiens étaient très versés dans la Philosophie Esotérique et dans la Métrologie occulte des Hébreux et s'en servaient avec dextérité. Ils prenaient ainsi le mot Aish, une des formes hébraïques du mot homme et l'employaient conjointement avec le mot Shânâh ou année lunaire, qui se rattache d'une façon si mystique au nom de Jéhovah, le "Père" supposé de Jésus et incorporèrent l'idée mystique dans une valeur et une formule astronomique.

L'idée originale de l' "homme crucifié" dans l'espace, appartient certainement aux anciens Hindous. Moor démontre ceci [IV 144] dans son Hindu Pantheon, dans les gravures qui représentent Vittoba.  Platon l'adopta dans sa croix décussée dans l'espace, la X, le "second Dieu qui s'imprima sur l'univers sous la forme de la croix" ; on nous montre de même Krishna "crucifié" 297. Cela se trouve encore répété dans l'Ancien Testament, dans la curieuse injonction de crucifier les hommes devant le Seigneur, le Soleil – ce qui n'est nullement une prophétie, mais a une signification directement phallique. Dans le même ouvrage très suggestif sur les significations cabalistique, nous lisons encore ceci :

Dans le symbole, les clous de la croix ont leurs têtes en forme d'une solide pyramide et les clous eux-mêmes ont une tige carrée et terminée en pointe, en forme d'obélisque, ou emblème phallique. Si l'on considère la position des trois clous, fixant les extrémités de l'homme sur la croix, on constate qu'ils forment ou indiquent un triangle à chacun des sommets duquel se trouve un clou. Les plaies, ou stigmates, des extrémités, sont nécessairement au nombre de quatre et désignent le carré... Les trois clous et les trois plaies forment un total de 6, qui indique les 6 faces du cube déployé (qui constitue la croix ou la forme de l'homme, ou 7, en comptant trois carrés horizontaux et quatre carrés verticaux), sur lequel l'homme est placé et celui-ci, à son tour, suggère l'idée de la mesure circulaire transportée sur les bords du cube. La plaie unique des pieds se divise en deux lorsque les pieds sont séparés, formant ensemble trois en tout et quatre une fois séparés, ou 7 en tout – autre nombre basique  féminin  très  saint  (pour les Juifs) 298.

297 Voyez Monumental Christianity du Dr. Lundy, fig. 72.

298 Source of Measures, p. 52.

 

Ainsi, tandis que la signification phallique ou sexuelle des "clous du crucifiement est établie par l'interprétation géométrique et numérique, leur sens mystique est indiqué par les brèves remarques faites ci-dessus et qui établissent un rapport entre eux et Prométhée. Celui-ci est une autre victime, car il est crucifié sur la Croix d'Amour, sur le roc des passions humaines ; sacrifice dû à son dévouement à la cause de l'élément spirituel de l'Humanité.

Or, le système primordial, le double glyphe caché sous l'idée de la croix, n'est pas une "invention humaine", parce qu'il a pour base l'Idéation Cosmique et la représentation spirituelle de l'Homme-Ego Divin. Plus tard il s'élargit et devint la belle idée adoptée et représentée dans les Mystères, celle de l'homme régénéré, du mortel qui, en crucifiant l'homme de chair et ses passions sur le lit de torture de Procuste, naquit à nouveau comme [IV 145] Immortel. Laissant derrière lui le corps, l'homme animal, attaché sur la Croix de l'Initiation, comme une chrysalide vide, l'Ame-Ego devint aussi libre qu'une abeille. Plus tard encore, par suite de la perte graduelle de la spiritualité, la croix finit par n'être plus, dans la Cosmogonie et l'Anthropologie, qu'un symbole phallique.

Pour les Esotéristes des époques les plus reculées, l'Ame Universelle ou Anima Mundi, le reflet matériel de l'Idéal Immatériel, était la Source de la Vie de tous les êtres et du Principe Vital des trois règnes. Celui-ci était considéré comme septénaire par les Philosophes Hermétiques, ainsi que par tous les Anciens. Il est, en effet, représenté sous forme d'une croix septuple, dont les branches sont respectivement, la lumière, la chaleur, l'électricité, le magnétisme terrestre, la radiation astrale, le mouvement et l'intelligence, ou ce que certaines personnes appellent la soi-conscience.

Comme nous l'avons dit ailleurs, bien longtemps avant que la croix ou son signe ne fussent adoptés comme symbole du Christianisme, le signe de la croix était employé comme signe de reconnaissance parmi les  Adeptes et les Néophytes et ces derniers étaient appelés Chrests – de Chrestos, l'homme des tribulations et du chagrin. Eliphas Lévi dit :

Le signe de la croix adopté par les Chrétiens ne leur appartient pas exclusivement. Il est également cabalistique et représente les oppositions et l'équilibre quaternaire des éléments. Nous voyons par le verset occulte du Pater... qu'il y avait à l'origine deux manières de le faire, ou, du moins, deux formules bien différentes pour le caractériser : une réservée aux prêtres et aux initiés ; l'autre donnée aux néophytes et aux profanes. Ainsi, par exemple, l'initié, portant sa main à son front, disait : A toi, puis il ajoutait, appartiennent et continuait, en portant sa main à sa poitrine : le royaume ; puis, à l'épaule gauche, la justice et à l'épaule droite et la miséricorde. Puis on joignait alors les mains en ajoutant : dans les cycles générateurs – Tibi sunt Malchut et Geburah et Chassed per Æonas – signe de croix absolument et magnifiquement cabalistique, que les Profanations du Gnosticisme ont fait perdre complètement à l'Eglise militante et officielle 299.

L'Eglise militante et officielle" fit plus : ayant fini par atteindre ce qui ne lui avait jamais appartenu, elle se contenta de prendre ce qu'avait le "Profane" – la signification cabalistique des Séphiroths mâle et femelle. Elle n'a jamais perdu la signification intime et supérieure, attendu qu'elle ne l'avait [IV 146] jamais connue – en dépit de la complaisance d'Eliphas Lévi envers Rome. Le signe de la croix adopté par l'Eglise Latine était phallique dés le début, tandis que celui des Grecs n'était autre que la croix des néophytes, des Chrestoï.

 299 Dogme et Rituel de la Haute Magie, II, 88.

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bon.christo@free.fr (Super User) LA DOCTRINE SECRETE VOL 4 Sat, 17 Jan 2015 10:05:10 +0000