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LE BIEN ETRE AU QUOTIDIEN

Une autre technique consiste à ne pas penser au monde mais à se rappeler simplement que VOUS ETES.

Une autre technique consiste à ne pas penser au monde mais à se rappeler simplement que VOUS ETES. 
 
Gurdjieff préconisait la seconde méthode, qui nous vient de la tradition soufist, de l'Islam. C'est une méthode qu'on a extrêmement approfondie. Quelle que soit votre occupation pensez « je suis ». En mangeant, pensez « je suis je suis ». Pensez-y continuellement. En buvant, pensez « je suis ». Ce n'est pas facile parce que vous croyez déjà savoir que VOUS êtes. Alors, à quoi bon y penser sans cesse ? Mais vous n'y pensez pas constamment, vraiment.
Quand vous vous promenez pensez « je suis ». Marchez, promenez vous, mais pensez « je suis ».. Concentrez-vous continuellement sur ce « je suis ». Vous êtes en train de m'écouter, par exemple. Eh bien pensez, à l'instant même. « je suis ». Vous m'écoutez; ne vous sentez pas impliqué. ne vous identifiez pas autant à mes paroles. Vous m'écoutez, vous entendez les mots ; quelqu'un parle. VOUS ETES « je suis je suis je suis ». Laissez ce « je suis » être constamment dans votre conscience.
Ce n'est pas si facile. Essayez, ne serait-ce qu'une minute. Regardez votre montre, regardez les aiguilles tourner une seconde, deux secondes, trois secondes. Regardez le mouvement de la trotteuse et pensez constamment, « je suis, je suis ». A chaque seconde, pensez « je suis ». Vous verrez qu'au bout de cinq à six secondes vous avez déjà oublié « je suis ». Brusquement, vous allez réaliser que plusieurs secondes se sont écoulées et que vous n'avez pas pensé « je suis ».
Le fait même d'y penser une minute entière relève du miracle. Si vous pouvez le faire cette technique est pour vous. Alors, faites-la. Grâce à elle, vous pourrez aller au-delà des rêves et comprendre que les rêves sont des rêves.
Si, pendant toute une journée, vous pouvez penser « je suis », cette pensée pénétrera votre sommeil ; et quand vous rêverez, vous penserez « je suis ». A ce moment-là, le rêve ne sera plus rêve. il ne pourra pas vous tromper. Vous ne pourrez plus le ressentir comme une réalité. Voilà le mécanisme: vous ressentez le rêve comme une réalité parce que vous oubliez que vous êtes, vous oubliez le  « je suis ». S'il y a souvenir du Soi, alors, la réalité, la soi-disant réalité, devient un rêve.
Voilà la différence entre le rêve et la réalité. Pour un esprit porté sur la méditation ou pour la science de la méditation, c'est la seule différence. Si vous ETES, alors, la réalité route entière n'est qu'un rêve. Si vous n'ETES PAS, alors, le rêve devient réalité,
Nagarjuna dit, maintenant, je suis car le monde n'est pas. Quand je n'étais pas, le monde était. Un seul peut exister. ..
 
La première étape sera donc de penser je suis continuellement. Simplement, « je suis ». Ne dites pas « Ram », ne dites pas « Shyam ». Ne prononce pas de nom, parce que votre nom ne vous définit pas. Dite, simplement je suis.
Faites-le tout le temps, quelles que soient vos activités. Puis ressentez-le. Plus vous vous sentirez réel, plus le monde environnant deviendra irréel. Le monde est réel, ou bien le soi est réel. Les deux ne peuvent pas être réels en même temps. En ce moment, vous avez l'impression que vous n'êtes qu'un rêve. Dans ce cas, c'est le monde qui est réel. Renversez la proposition. Devenez réel, et le monde deviendra irréel.
Gurdjieff travaillait avec cette méthode. Son disciple, P.D. Ouspensky, raconte qu'après avoir pratiqué cette méthode trois mois d'affilée, tout s'était arrêtée. Pensées, rêves, tout s'était arrêté. Seule, une musique restait à l'intérieur, une éternelle musique: je suis, je suis, je suis. Ce n'était plus un effort, c'était une activité spontanée et continuelle. A ce moment-là, Gurdjieff permit à Ouspensky de sortir de la maison. Trois mois s'étaient écoulés.
Gurdjieff lui dit, « venez avec moi ". Ils habitaient Tiflis. Ouspensky a noté dans son journal, « pour la première fois, je pus comprendre ce que Jésus voulait dire quand il disait que l'homme était endormi. La ville toute entière m'apparut comme endormie. Les gens se mouvaient dans leur sommeil. Les commerçants vendaient dans leur sommeil. Les clients achetaient dans leur sommeil. La ville toute entière était plongée dans le sommeil. Je regardai Gurdjieff: lui seul était éveillé. Les gens étaient en colère, ils se battaient, ils s'aimaient, ils achetaient, ils vendaient, mais ils étaient endormis. »
Ouspensky poursuit, « à présent, je pouvais voir leurs visages, leurs yeux. Ils étaient endormis. Ils n'étaient pas là. Quelque chose leur manquait. " Ouspensky dit alors à Gurdjieff, « je ne veux pas rester ici. Qu'est-il arrivé à cette ville ? Tout le monde semble endormi, drogué. "
Gurdjieff lui répondit, « il n'est rien arrivé à cette ville. C'est à toi qu'il est arrivé quelque chose. Tu es désintoxiqué. La ville est telle qu'elle était. C'est la même ville que tu as vue trois mois auparavant. Mais tu ne pouvais pas voir que les autres étaient endormis, parce que toi aussi, tu étais endormi. A présent, tu as atteint une certaine qualité de conscience. Tu peux voir. En pratiquant cette méthode pendant trois mois, dans une certaine mesure, tu as pris conscience. Tu as pris conscience! Tu es allé au-delà des rêves. Voilà pourquoi tu as l'impression que tout le monde est endormi, mort, drogué, comme hypnotisé. »
Ouspensky écrit alors, « je ne pus supporter ce phénomène que tout le monde soit endormi. Dans ce cas, ils ne pouvaient être responsables, quoi qu'ils fassent. Ils ne pouvaient pas être responsables! Comment auraient-ils pu l'être ? »
Il revint alors voir Gurdjieff. « Qu'est-ce que cela signifie ? Veut-on me tromper ? Que m'as-tu fait pour que la ville entière me semble endormie ? Je ne peux en croire mes yeux. »
Voilà ce qui peut arriver à n'importe qui. Si vous êtes capable de voir que VOUS existez, vous verrez, alors, que personne ne sait que son Soi existe et que c'est ainsi que tout le monde vit. Le monde entier est endormi. Pensez « je suis » quand vous êtes éveillé. A chaque fois que vous le pouvez, dites « .je suis ».
Je ne veux pas dire que vous devez sans cesse répéter les mots « je suis », mais plutôt les sentir. En prenant votre bain, sentez « je suis ». Sentez le contact de l'eau sur votre peau et soyez là, derrière, sentez et pensez, « je suis ». N'oubliez pas qu'il ne s'agit pas de répéter les paroles « je suis ». Vous pouvez le faire mais cette répétition ne vous amènera pas à la conscience. La répétition peut même vous entraîner dans un sommeil plus profond. Beaucoup de gens pratiquent la répétition. ils répètent par exemple " Ram- Ram- Ram », mais s'ils ne font que répéter ces mots sans prise de conscience, ce " Ram -Ram -Ram » devient une drogue. Qui peut le, endormir profondément.
C'est pour cette raison que Yogi Mahesh a tant de succès en Occident : parce qu'il donne des mantra à répéter. En Occident, le sommeil est devenu un problème très intérieur. Le sommeil est totalement perturbé. Le sommeil naturel a disparu. On ne peut plus dormir qu'à l'aide de tranquillisants et de drogues. La répétition constante d'une même formule provoque une sorte d'hypnose, de sommeil el voilà la raison du succès du Yogi Mahesh.
Ainsi, ce qu'on appelle la méditation transcendantale n'est pas autre chose qu'un tranquillisant psychologique. Ce n'est rien ce n'est qu'un simple tranquillisant. C’est peut-être une très bonne chose pour le sommeil, mais pas sur la méditation. Si on répète continuellement un mot, l'ennui s'installe et l'ennui est favorable au sommeil.
Ainsi, tout ce qui est monotone, répétitif, peut aider à dormir. L'enfant, dans le ventre de sa mère, dort neuf mois consécutifs. Et savez-vous pourquoi ? Parce que les battements du coeur de la mère font un " tic-toc » continuel, et c'est l'une des choses les plus monotones qui soient. Ce battement ininterrompu drogue l'enfant, l'endort.
Avez-vous remarqué que pour calmer un enfant qui pleure, qui crie, il suffit que sa mère le prenne dans ses bras et pose la tête de l'enfant sur sa poitrine. Les battements du coeur de sa mère lui font du bien, l'apaisent, l'endorment. L'enfant a l'impression de retourner dans le ventre de sa mère. Il en est de même pour les adultes. Si votre bien-aimée pose votre tête sur son coeur, vous vous sentez bien, apaisé.
Certains psychologues conseillent aux gens qui ne peuvent pas dormir de se concentrer sur le tic-tac du réveil, parce que c'est un bruit monotone, répétitif.
Mais ce « je suis » le fait de se souvenir « je suis », n'est pas un mantra verbal. Il ne faut pas le mettre en mots. Il faut le ressentir. Soyez sensible à votre être. Quand vous touchez la main de quelqu'un, ne sentez pas seulement son contact; sentez le vôtre aussi. Sentez-vous sentez que vous êtes là, dans ce contact, totalement présent. Cette sensation, cette sensibilité doivent vous pénétrer de plus en plus profondément.
Et un jour, brusquement vous vous éveillerez. Vous trouverez votre être pour la première fois. Et alors monde tout entier deviendra un rêve. Alors vous saurez que votre rêve est un rêve.
 
Voilà une erreur que l'on fait communément. Je ne veux pas dire que tout est prédéterminé. Ce n'est pas une théorie pour expliquer l'univers. Ce n'est qu'un instrument.
 
La pensée indienne a toujours employé cet instrument : le des- tin. Mai, cela ne veut pas dire que tout est prédéterminé. Pas du tout! le but de celte proposition est de vous aider à comprendre. Si vous pensez que tout est prédéterminé, si vous croyez, par exemple, que vous allez mourir à une date fixée, TOUT devient un rêve. Mais rien n'est déterminé, rien n'est fixé. Personne ne s'intéresse aussi intensément à vous. Votre existence, le moment où vous aller mourir, n'ont absolument aucun intérêt pour l'unnivers.
Ne croyez pas que vous ayez assez d'importance pour que l'univers tout entier se préoccupe de fixer le jour de votre mort la date la minute, la seconde non! Vous n'êtes pas le CENTRE. Cela ne fait aucune différence pour l’univers, ne vous existe OU si VOUS n'existez pas. C'est une erreur qui est fixée dans votre mental. C'est une idée qui se crée dès l'enfance et que vous gardez inconsciemment.
A, a naissance, un enfant ne peut rien donner au monde. Mai, il lui prend beaucoup. Il ne peut pas rembourser cette dette: il ne peut rien donner en échange. Il est tellement impuissant. Totalement impuissant. Il a besoin d'être nourri. il a besoin d'amour, de sécurité, de chaleur. Il faut tout lui donner.
Un nouveau-né est absolument impuissant particulièrement le petit de l'homme. Aucun animal n'est aussi désarmé à sa naissance. C'est pour cette raison que les animaux n'éprouvent pas le besoin de créer une famille. Mais l'enfant de l'homme est si impuissant, si totalement impuissant qu'il ne peut exister sans une mère pour le protéger, un père, une famille, une société. II ne peut exister seul. Il mourrait immédiatement.
Il est tellement dépendant qu'il faut tout lui donner la mère, le père la famille, lui fournissent ce dont il a besoin. Et l'enfant en vient à penser qu'il est le centre du monde il n'a qu'à demander; il n'a pas besoin de faire d'autre effort.
Ainsi, l'enfant commence à croire qu'il est le centre du monde, que tout existe, tourne autour de lui. L’Existence toute entière semble créée pour lui. L'Existence toute entière n'attendait que sa venue. Et tout ce qu'il demande, il l'obtient.
 
Si ces demandes n'étaient pas satisfaites. il mourrait. C'est une nécessité.
Mais cette nécessité devient dangereuse. Il grandit en pensant toujours qu'il est le centre. Et il demande de plu" en plus. Les demandes d'un bébé sont très simples, on peut les satisfaire. Mais quand l'enfant grandit, ses demandes deviennent de plus en plus complexes. Il est souvent impossible de les satisfaire.
Plus l'enfant grandit, plus ses exigences deviennent complexes et impossibles à 'satisfaire. Alors, la frustration s'initiale. L'enfant commence à penser qu'on l'a trompé. Il présumait qu'il était le centre du monde, le roi, il ~ sent détrôné. Une fois adulte, il comprendra vraiment qu'il n'est pas le:centre du monde. Mais au plus profond de 'ion inconscients il je l’admettrai jamais.
Les gens viennent souvent me demander "i leur destinée est déterminée. En fait, ce qu'ils demandent revient à dire : lui, je si important pour cet univers que ma vie est déjà tracée ? « Quel est le but de mon existence ? » demandent-ils". ,. Pourquoi m'a- t-on créé ? » Ils se posent ce" questions, en réalité, parce qu'il" pensent toujours qu'ils sont le centre du monde.
Vous n'avez pas été créé dans un but particulier. Et cela est bon. Autrement, vous ne seriez qu'une machine. On crée une machine pour remplir une fonction déterminée. Mais l'homme n'est pas créé dans un but déterminé. Non! La création de l'homme est due à un not, un débordement de l'Existence. Toute chose est. Tout simplement. Les neurone sont là, les étoiles sont là, et vous êtes là. Tout est débordement de vie, de joie ; c.est une célébration de l'Existence, sans aucun but.
Le problème, c'est que nous prenons cette théorie du destin, de la prédétermination en tant que tel, et non pas comme un simple instrument. Nous pensons, alors, que tout est déterminé à l'avance. Mais rien n'est déterminé. Ce n'est qu'une technique. Dont voici le but: si on prend la vie comme une pièce de théâtre déjà écrite, tout devient rêve. Par exemple, si je savais qu'aujourd'hui, ce soir, j'allais vous parler et que tout mon discours était déjà fixé, au point que je ne puisse pas en changer un seul mot, alors, je n'aurais aucun lien avec le processus, parce que je ne serais pas la source d'action.
Si tout est fixé d'avance, si chaque parole échangée est écrite par l'univers, par le Divin, ou quel que soit le nom qu'on lui donne, alors, je n'en suis plus la source. Alors, je peux devenir un simple observateur.
Si vous pensez que la vie est écrite à l'avance, alors, vous pouvez l'observer. Alors, vous n'êtes pas impliqué dans le processus. Si vous êtes un raté, vous n'y pouvez rien; si vous avez du succès, vous n'y pouvez rien. Et dans ce cas, échec ou réussite prennent la même valeur, deviennent synonymes. On est Ravam, ou bien on est Ram. Et il est inutile que Ravam se sente coupable ou que Ram se sente supérieur. Nous ne sommes plus que des acteurs. Nous sommes simplement sur une scène, en train de jouer un rôle.
Et le but de cette méthode est de vous donner le sentiment que vous jouez un rôle, de vous donner l'impression que vous agissez selon un modèle prédéterminé, de vous donner ce sentiment pour que vous parveniez à le transcender. Ce n'est pas facile, parce que nous sommes tellement habitués à penser au destin comme à une théorie, ou pire encore, comme à une loi. Nous ne parvenons pas à considérer cette théorie, cette loi, comme un simple instrument.
Je vais vous raconter une histoire qui peut vous être utile. Un jour, un homme vint me voir. C'était un musulman, mais je ne le savais pas, car il était habillé comme un Hindou et parlait comme un Hindou.
Il me posa cette question: « les musulmans, les chrétiens, di- sent qu'il n'y a qu'une vie. Les Hindous, les bouddhistes, les Jaïnistes, disent qu'il yen a plusieurs, et qu'à moins d'être Délivré, on ne cesse de renaître et de renaître encore. Qu'en dite-vous ? Si Jésus était un Eveillé, il devait le savoir. Ou encore Mahomet ou Moïse. Ils devaient le savoir, puisque c'était des Eveillés. Et si vous dites qu'ils ont raison, alors, que faites- vous de Mahavir ,Krishna, Bouddha ou Shankara ? Une chose est certaine, c'est qu'ils ne peuvent être tous à la fois des Eveillés.
 
 « Si ce sont les chrétiens qui ont raison, alors les bouddhistes ont tort. Mahavir a tort. Krishna a tort. Et si ces derniers ont raison, alors, Mahomet, Jésus et Moïse ont tort. Quel est votre avis ? Je suis complètement perdu. Je suis dans le brouillard. Les deux théories ne peuvent être justes en même temps. Soit il y a plusieurs vies, soit il n'y en a qu'une. Comment peuvent-elles être toutes deux justes ? "
C'était loin d'être un homme inculte, et il poursuivit, « vous ne pouvez pas éluder le problème et dire que tout le monde a raison. Ce n'est pas possible. Logiquement, ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas avoir tous raison. ~
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Je lui répondis, « il n'est nul besoin qu'ils aient raison. Votre approche est fausse. Les deux théories ne sont que des instruments. Aucune n'est fausse ou vraie. Ce ne sont que des instruments. " Mais il ne parvenait pas à comprendre ce que j'entendais par instrument.
Mahomet, Jésus, Moïse, s'adressaient à une certaine façon de penser. Bouddha, Krishna, s'adressaient à une toute autre mentalité. En réalité, il y a deux grands courants religieux l'Hindouisme et le Judaïsme. Toutes les religions nées en Inde, nées de l'Hindouisme, croient en la réincarnation et toutes les religions nées de la pensée juive les musulmans, les chrétiens croient en une vie unique. Mais ce ne sont que des instruments.
Essayez de comprendre. Certaines attitudes sont tellement fixées dans notre façon de penser que nous ne parvenons pas à nous délivrer des théories. Tant de gens viennent me voir pour me dire, « un jour, vous dites que cela est vrai, et un autre jour, vous dites exactement le contraire. Les deux choses ne peuvent être vraies. " Naturellement, elles ne peuvent pas être vraies, mais personne ne sait si elles sont vraies. Le fait qu'elles soient vraies ou fausses n'a pas d'importance. Ce qui est important, c'est qu'elles fonctionnent.
En Inde, on utilise l'argument de la réincarnation. Pourquoi ? Pour de nombreuses raisons. Toutes les religions occidentales, en particulier, celles qui découlent du Judaïsme, étaient, à l'origine, des religions de gens pauvres. Leurs prophètes n'étaient pas instruits. Jésus n'était pas instruit. Mahomet n'était pas instruit, Moïse n'était pas instruit. C'étaient tous des gens simples, sans instruction, et qui s'adressaient à des gens tout aussi simples.
Pour un homme pauvre, une seule vie est bien suffisante. Il meurt de faim, il gagne durement son pain. Si on lui dit qu'il ya plusieurs vies, qu'il va renaître indéfiniment, qu'il est dans une roue de mille et une vies, il se sentira pour le moins frustré. « Que dites-vous là ? » demandera-t-il. « Une vie, c'est déjà trop. Alors ne me parlez pas de mille et une vies à venir. Ne me dites pas ça. Donnez-moi le paradis tout de suite après celle-ci. » Dieu ne devient une réalité que si on peut l'atteindre après une vie immédiatement.
Bouddha, Mahavir, Krishna, s'adressaient à une société très riche. Il est difficile de se l'imaginer, parce que la roue a tourné. A présent, c'est l'Occident qui est riche et l'Orient qui est pauvre. Mais à l'époque, c'était le contraire. Tous les Avatars des Hindous, tous les Teerthankers des Jaïns (les Maîtres du monde), tous les Bouddhas (les Eveillés), étaient des princes. Ils appartenaient à des familles royales. Ils étaient cultivés, éduqués, raffinés. Bouddha ne pouvait être plus raffiné. Même s'il arrivait parmi nous, maintenant, il n'y aurait rien à lui apprendre.
Ainsi, ils s'adressaient à une société riche. Et vous savez bien que dans une société prospère, de nombreux problèmes se posent. Le plaisir perd sa signification, le paradis ne veut rien dire. Dans une société pauvre, le paradis semble merveilleux. Quand une société a déjà atteint le paradis sur terre, ce dernier ne veut plus rien dire. On ne peut donc pas faire miroiter aux gens une vie meilleure. On ne peut pas faire naître le désir d'y entrer. On y est déjà. Et on s'ennuie.
C'est pourquoi Bouddha, Mahavir ou Krishna ne parlent pas de paradis. Ils parlent de Liberté, de Délivrance. Ils ne parlent pas d'un au-delà merveilleux. Ils évoquent un monde où ni la douleur ni le plaisir n'existent. Le paradis de Jésus n'aurait eu aucun attrait pour eux. Ils y étaient déjà.
Pour l'homme riche, le véritable problème, c'est l'ennui. Pour l'homme pauvre, c'est la souffrance. Il faut lui promettre le plaisir dans l'avenir.
Mahavir, Bouddha, Krishna, ont tenu compte de ce problème. Ils ont dit, « si vous ne faites rien, vous allez renaître et renaître encore. La roue tourne. La vie se répète. Vous retrouverez les mêmes richesses, la même nourriture, le même palais. Mille et une fois, la roue tournera. »
Pour l'homme riche qui a connu tous les plaisirs, ce n'est pas une perspective enivrante. Cette répétition lui pose plutôt des problèmes. Il veut autre chose. Et Mahavir, Bouddha, Krishna, disaient, « il n'y a rien de nouveau. Le mode est vieux. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Vous avez déjà goûté à tous les plaisirs, et vous continuerez à les goûter. La roue tourne. Les choses se ressemblent. Allez au-delà, sortez de la roue.  Pour l'homme riche, la seule chose qui peut l'incliner à la méditation, c'est de lui dire que son ennui ira toujours s'intensifiant. Si vous parlez d'ennui à un homme pauvre, il ne comprendra pas. L'homme pauvre ne connaît pas l'ennui. Il pense à l'avenir. Il va arriver quelque chose et tout sera merveilleux. L'homme pauvre a besoin de promesses, mais si la promesse est trop longue à se réaliser, elle devient dénuée de sens. Il faut que sa réalisation soit immédiate.
On rapporte que Jésus a dit, « de mon vivant, de votre vivant, vous verrez le Royaume des Cieux ». Cette déclaration a hanté la Chrétienté pendant vingt siècles. Jésus a dit, « de VOTRE vivant, vous verrez le Royaume des Cieux », et ce Royaume n'est toujours pas là. Alors, que voulait-il dire ?
Jésus a dit, « ne perdez pas de temps. C'est bientôt la fin du monde. Ne perdez pas de temps! Ce sera bientôt la fin du monde, et vous devrez vous repentir, répondre de vos péchés. »
Jésus a voulu créer un sentiment d'immédiateté. Bouddha et Mahavir aussi. Mais ils l'ont fait de différentes manières parce qu'ils s'adressaient à des gens différents. Jésus savait. Bouddha et Mahavir savaient aussi. Mais ce qu'ils savaient n'est pas dit. Ce qui est dit, c'est ce qu'ils ont inventé: un moyen de créer un sentiment d'immédiateté, d'urgence, pour pousser les gens à agir.
 
L'Inde était un vieux pays, un pays riche. Ce n'était pas en promettant un paradis futur qu'on pouvait créer ce sentiment d'urgence, mais au contraire en affirmant que cet ennui dont ils souffraient se répéterait à l'infini. A ce moment-là, la réaction immédiate est de se demander, « comment, mais comment se libérer de cette roue ? Tout ce qu'il y a à connaître, je le sais déjà. Si la vie doit se répéter indéfiniment, c'est un véritable cauchemar je veux quelque chose de nouveau. »
Voilà pourquoi Bouddha et Mahavir ont dit, « il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Tout est toujours pareil. L'existence n'est que répétition. Si vous voulez échapper à cette monotonie, il faut sauter de la roue. »
Le moyen est différent. Mais le but est le même. Sautez! Bougez ! Transformez-vous !
Si on considère les doctrines religieuses comme des instruments, alors, la contradiction n'existe plus jésus, Krishna, Mahomet et Mahavir disent la même chose. Ils proposent des voies différentes parce qu'ils s'adressent à une société différente. Ils proposent des techniques différentes pour satisfaire un mode de penser différent. Mais ce ne sont pas des principes qu'il faut combattre ou discuter. Ce sont des instruments qu'il faut utiliser pour les transcender et les rejeter ensuite.
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