POURQUOI Y A-T-IL DONC TANT DE PRÉJUGÉS CONTRE LA SOCIÉTÉ THÉOSOPHIQUE ?

 

Question – Quand bien même il n'y aurait que la moitié de vrai dans tout ce que vous venez de me dire sur la Théosophie, comment se fait-il alors que l'on mette tant de mauvaise volonté à la recevoir ? Cela me parait un problème encore plus difficile à résoudre que tous les autres.

Réponse – En effet ; mais il ne faut pas oublier [383] que, dès la fondation de notre Société, nous nous sommes fait de nombreux et puissants   adversaires.  Comme je l'ai déjà dit, si le mouvement Théosophique n'était autre chose qu'une de ces manies que l'époque moderne voit naître à chaque instant, manies aussi peu à craindre qu'elles sont passagères, on en rirait tout simplement (comme le font du reste ceux qui n'en comprennent pas la vraie portée) – et on l'éviterait scrupuleusement. Mais il ne s'agit de rien de semblable. La Théosophie est, intrinsèquement, le mouvement le plus sérieux du temps actuel ; elle menace, de plus, l'existence même de préjugés et de formalités vides de sens, sanctionnés par un long usage, ainsi que les misères sociales d'aujourd'hui – misères sur lesquelles sont bâtis le bonheur et le bien-être 1° des Dix qui, avec leurs imitateurs et leurs sycophantes, composent les classes supérieures, 2° de quelques riches douzaines des classes moyennes, mais qui écrasent et affament positivement jusqu'à la mort, des millions de malheureux. Songez à tout cela ; et vous comprendrez aisément  pourquoi la Théosophie est persécutée sans relâche par ceux qui, plus  observateurs et plus perspicaces que d'autres, en saisissent la vraie nature et la craignent.

Question – C'est-à-dire que, selon vous, les quelques personnes qui ont compris où la Théosophie doit nous conduire, sont précisément celles qui cherchent à étouffer ce mouvement ? Mais [384] enfin, si la Théosophie ne mène qu'au bien, vous ne pouvez pas vous proposer d'accuser ces quelques personnes d'une si terrible perfidie d'une si cruelle trahison ?

Réponse – Je me le propose, au contraire. Ce ne sont pas les ennemis que nous avons eu à combattre, durant les neuf ou dix premières années d'existence de la Société, que je considère comme puissants ou comme "dangereux" ; Ce sont ceux qui se sont élevés contre nous, depuis les trois ou quatre dernières années. Et ceux-là ne parlent pas, n'écrivent pas, et ne prêchent pas contre la Théosophie, mais travaillent en silence derrière les pauvres fous qui leur servent de marionnettes ; quoique invisibles pour la plupart de nos membres, ces ennemis sont bien connus des véritables "Fondateurs" et des "Protecteurs" de notre Société, mais leurs noms ne peuvent pas être publiés pour le moment.

Question – Et ces ennemis sont-ils connus de vous seulement, ou de plusieurs autres personnes aussi ?

Réponse – Je n'ai pas dit que je les connaisse. Je puis les connaître ou ne pas les connaître ; ce que je sais, c'est qu'ils existent, et cela me suffit ; mais je les défie de réussir. Ils pourront faire beaucoup de mal, et répandre la confusion dans nos rangs, surtout parmi les craintifs, et parmi ceux qui ne peuvent juger que d'après les apparences. Ils pourront faire de leur mieux, mais [385] ils n'écraseront pas la Société. Outre ces ennemis vraiment dangereux (mais "dangereux", bien entendu, pour les seuls Théosophes qui ne sont pas dignes du nom qu'ils portent, et dont la place est bien plutôt en dehors qu'au milieu de la Société Théosophique), nous avons un nombre fort considérable d'adversaires.

 

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